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Annalynne & Clay /

Toutes ses petites réflexions qu'elle me lance, qu'elles soient verbales ou bien gestuelles, soyons clairs, j'en ai rien à carrer, surtout dans mon état. Aussi quand elle me demande si ma proposition tient de la connerie ou du sérieux, je ne prends même plus la peine de la regarder, encore moins lorsqu'elle se met à pouffer d'un rire nerveux. Qu'ai-je dis de si risible nom de Dieu. Si nos places avaient été inversées.... Non, évitons le sujet car par politesse, je ne l'aurais pas non plus accepté. Voir une femme à quatre pattes essuyer un plancher, bien sûr que cela m'aurait fait jubiler, surtout sachant du milieu dont elle est issue. Mais ce serait inconvenant pour une fille de noble lignée et bien que je sois un con fini qui ruine les biens des autres apparemment, j'ai tout de même un peu de respect pour ces personnes.  « On va en rester à l’aspirine et au moment où tu te casses, tu crois pas ? »  C'est une façon de me dire élégamment de dégager, encore une fois. Mon regard croise le sien qui, sans le moindre doute, n'a plus rien d'affectueux. Où est donc cette piété dont elle a fait preuve en fin de soirée? Que je suis con, c'est vrai, je l'ai connement noyée. « Je vais appeler l’équipe de nettoyage. Et ce mec là, pour le parquet, je sais même pas ce que c’est son métier. » Mes yeux roulent sur elle dès la première phrase et ce coup-ci c'est à moi de douter. Est-elle sérieuse? Je sais qu'elle est friquée mais de là à épargner le poil qu'elle a dans la main ou à refuser mon aide juste par vanité... Et face à l'ignorance dont elle fait preuve soudainement, je ne peux qu'élever les yeux rapidement au ciel bien que cela me coute, physiquement parlant. Fille de bourge, y'a pas à dire. Un parqueteur....

Mais puisqu'elle s'est foutu de mal gueule juste avant, j'abandonne finalement face à sa résolution et fais demi-tour, reprends le couloir détrempé, ne cherchant même plus à me faire le plus léger, quitte à asperger ce qui m'entoure. C'est ce qu'elle souhaite après tout, que je sorte d'ici quoiqu'il lui en coute. Arrivé à sa hauteur, je m'abaisse vers elle pour lui siffler avec ce dégout que son milieu m'inspire " Comme Madame voudra " Et retrouve le chemin du salon où mes chaussures gisent toujours. Récupérées à la volée, c'est pieds nus que je prends la sortie. Mais une chose avant tout, une autre saloperie m'inspire. Mes pas me conduisent vers la commode et j'empoigne le verre dont l'effervescence a disparue avant de le brandir devant ses yeux. " Et une plante, au risque de t'apprendre un truc, çà s'arrose... " comme le cœur des femmes au risque de le voir se flétrir... Ma main retourne le verre dont le contenu se répand sur la motte de terre desséchée en contre bas. Ce ne sera que la seconde fois qu'elle se prend de l'acide sur les racines mais quel mal cela peut-il lui faire dans l'état où elle est? En reposant violemment le verre sur le bois où il était posé précédemment, mes yeux chutent sur les fameux clichés et rajoute, amer, " M'étonne pas qu'il ait divorcé l'autre con. Il en faut du courage. " Étrangement j'ai choisi l'option du couple séparé aux vues du caractère insupportable de pimbêche qu'elle se plait à jouer. Je n'ai moi-même pas pu tenir plus d'une nuit et pourtant Dieu sait que je ne suis pas non plus facile à vivre.

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Annalynne & Clay /

Je n’aspire pas à le voir encore plus longtemps dans mon appartement, j’avoue que je l’ai déjà supporté bien assez longtemps. Qu’après je suis habituée à la solitude et que je commence à en avoir ras le bol de son ingratitude. Après, je ne crois pas avoir eu de merci pour hier, ouais parce que même si c’est ma faute, j’aurai bien pu le laisser dormir sur l’asphalte, cet idiot. M’enfin, à la façon dont il me regarde, je devine bien vite que nos mondes sont différents, et j’ai presque envie de lui demander si lui il le connait, le nom de son métier, au mec du parquet. Et ses prunelles se relèvent vers le ciel, et les miennes font de même vers l’éternel. Le jugement qu’il semble porter dans tous ses gestes m’insupporte un peu plus, et là encore, j’ai de plus en plus le besoin de le voir sortir de mon espace vital. Besoin qui s’accroit lorsqu’il s’approche de moi et crache avec dégout de sa voix. " Comme Madame voudra " Et si ce n’était pas le matin, et si je n’en avais pas marre de notre joute sans fin, bien évidemment que j’aurai répondu à sa provocation, bien sur que je lui aurais précisé que je pensais qu’il en avait plus dans le ventre, ou dans le pantalon, pauvre con.

A nouveau dans le salon, son énervement dans ses actes se traduit, et presque, j’en viens à le trouver affreusement sexy. Il attrape le verre, mais au lieu de le porter à ses lèvres, le jette dans cette plante qui depuis des mois déjà meurt et je ne m’en soucie pas. " Et une plante, au risque de t'apprendre un truc, çà s'arrose... " Même sa théâtralité, je tends à l’apprécier. Elle m’arrache un sourire quand il s’apprête enfin à rendre à mon univers son calme contrôlé. Cependant le fait est que je vends la peau de l’ours avant de l’avoir tué, je pense trop vite à sa sortie, sans envisager qu’il ne le fera pas sans un dernier commentaire. Et pour le coup, c’est avec une gifle j’aimerai le faire taire. " M'étonne pas qu'il ait divorcé l'autre con. Il en faut du courage. " Mes phalanges dans un automatisme étrange, s’accrochent à son bras, voilà que c’est finalement moi qui le retient dans l’habitacle. Comme si je devais réellement me justifier. Pourtant, je ne peux pas m’empêcher de lui souffler. « Quand on ne sait pas, on se tait. » Je ne plaiderais pas victime d’enfance martyrisée, je ne vendrai pas non plus mon enfermement dans une prison dorée. Non, je sais parfaitement que celui qui se dit être mon père m’a sauvée, d’une vie où je n’aurai été qu’une esclave d’une Inde démodée. Je le sais. Mais acheter un enfant, n’en fait pas un pantin, même si le monde entier le voit comme le bon samaritain. Peu importe, rien ne me force à lui dire, puisqu’il va rester, cet inconnu que j’ai plumé. Ouais, je jure que sa belle gueule, je veux plus jamais la croiser. « La porte est ouverte. » Tu serais adorable de la refermer.

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Je m'attendais à tout sauf au geste qu'elle vient de se permettre et regarde fermement sa main posée sur mon bras. Cette proximité est plus que dérangeante et pour tout dire je ne la supporte pas. Surtout après avoir été traité d'abruti sans la moindre raison alors que j'allais lui apporter mon aide dans le couloir. Faudrait pas me prendre pour une poire. Et pourtant je la laisse me toucher et ce n'est pas faute de me braquer. Non. Mais je l'ai offensée, c'est certain. Et moi qui croyais qu' ébranler son amour propre me comblerait de joie, j'éprouve à présent des remords - légers - à la voir dans cet état. « Quand on ne sait pas, on se tait. » qu'elle me souffle tandis que je tente encore vainement d'interpréter les clichés. Stoïque, j'essaye de comprendre encore le pourquoi quand elle me lance peu de temps après  « La porte est ouverte. » L'ironie de la situation, c'est qu'elle ne m'a toujours pas lâché alors allez comprendre le message subliminal qu'elle semble vouloir me faire passer... J'y comprends rien non plus, je l'avoue, et plante un regard confus sur ses doigts toujours agrippés. Aussi bien je me fais sans doute des idées. Elle ne tente en rien de m'attendrir mais plutôt de cultiver ce qu'il reste en moi d'humanité et de bon sens. " Pas besoin de me guider, je trouverais seul le chemin " si tant est que je m'en souvienne. Alors je m'ébroue pour qu'enfin elle me relâche et puisse reprendre mes aises. Les godasses à la main, je vais d'un pas décidé en direction de l'une des deux seules portes que je n'ai encore empruntées ce matin et de ma main libre sur la poignée, lance un dernier regard - hautin - vers la vipère qui semble pour le moins amusée. Mauvaise comme elle est, c'est encore une tentative pour me déstabiliser. La cloche tombe lorsque je me retrouve nez à nez avec ses wc... Mauvaise pioche c'était la porte d'à coté. Complètement blasé par cette nouvelle mésaventure, je n'ose même plus la regarder et relâche toute cette frustration accumulée en levant la main avant qu'elle ne dise quoi que ce soit. J'en ai assez pris dans la gueule pour la journée, c'est bon, mon quota est atteint. La porte est aussitôt refermée sans le moindre ménagement et je me dirige vers la seconde en priant silencieusement que cette fois-ci je ne me retrouverais dans l'une de ses penderies. Mais que j'ai été con, j'aurais réfléchis de secondes avant...Le judas sur celle-ci ne laisse aucun doute planer quand à la bonne surprise que je vais trouver derrière. Cette fois-ci, je la toise beaucoup plus confiant tout en ouvrant la porte et lui balance" Ravi de t'avoir rencontrée et.... au déplaisir de te r'croiser. "

Une fois sur le palier, c'est une putain de claque que je me prends en détaillant les alentours. " Merde " . Et dire que je trouvais son appart familier, c'était peu dire... Je me retourne alors juste après avoir entendu la porte claquer, perdu dans mon propre couloir, dans mon propre bâtiment. Mes yeux viennent vaguement identifier le numéro de son logement, chose qui me sera certainement très utile la prochaine fois que je voudrais faire chier mon monde puis reprends, un peu hagard forcément, le chemin de mon propre appartement à quelques mètres plus loin seulement...  

La reine noire a finalement éjecté le cavalier blanc,  mais crois-moi je t'aurais la prochaine fois, je m'en fais le serment.

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" Pas besoin de me guider, je trouverais seul le chemin " De ma gorge s’échappe un ricanement, et après sa phrase surfaite, mes doigts deviennent électrisés, le lâchent et lui dictent de prendre la route qu’il me chante connaitre par cœur. Je soupire, pleine de rancœur, et mes prunelles se posent sur les photos qui lui ont inspiré sa précédente réplique. Et je le regarde, bougon, avec ses chaussures à la main s’avancer vers la porte de mes wcs, je suis donc à la limite de le plaindre, et oui, je le ferai, c’est vrai, s’il n’était pas aussi …  et moi autant ... Je jure que pour ne pas rire, je me retiens, et que pour le coup, surtout, c’est compliqué, parce qu’en plus il rajoute à son acte un regard assassin en ma direction, et moi, j’ai envie de le traiter de pauvre con. Il ouvre finalement la porte, et j’avoue pouffer un peu, sans pour autant rajouter quelque chose, parce que dans le fond, j’ai l’impression que notre joute verbale a assez duré, je lui laisse du répit, pour ne plus trop blesser sa fierté, je pense qu’il en a eu plus qu’il ne le fallait. Puis son regard fuit le mien, et sa main accroche cette fois la bonne poignée. Je m’entends soupirer quand il ouvre et se permet de me lancer. " Ravi de t'avoir rencontrée et.... au déplaisir de te r'croiser. " Blasée je hausse les épaules, pour lui signifier que j’en ai strictement rien à foutre de ses plaisirs ou pas. Alors en m’approchant de ma propre pour la faire claquer et fermer à double tour la serrure – parce qu’on ne sait jamais – je ne me risquerai pas à le voir faire intrusion à nouveau dans mon quotidien. Et je marmonne afin de conclure toute cette mascarade « Ouais, c’est ça, à jamais. » Encore heureux, que du fric, dans son portefeuille, y en avait.