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Un peu plus tôt dans la journée, je les avais filé silencieusement jusqu'au Mont Auburn sous un déluge pour les observer peu après pleurer des larmes perdues dans la pluie, devant une stèle gravée " ci git Clay F. Cooper... Beloved son and brother ". Quatre mots dont la force m'avait mis à rude épreuve la première fois que j'étais allé me recueillir sur cette tombe, plus par curiosité que par raison. Père et mère n'avaient pas lésiné sur les fleurs cette fois-ci mais comme d'habitude, ils s'étaient mépris sur leur choix et se surprirent à trouver les anciennes compositions florales sur la stèle voisine. De mon vivant, je n'avais jamais aimé les chrysanthèmes alors patientant à l'orée du cimetière, je les avais laissé repartir et sans en éprouver la moindre gène, avais discrètement échangé mes fleurs mortuaires contre les lys de mon voisin qui ne pouvait plus en respirer les effluves vagabondes.

Quelques heures après, toujours dans cet état de semi-léthargie, j'errais l'âme en peine dans les ruelles mal éclairées  de Somerville à la recherche d'une proie pour la nuit. Entendez-bien un homme et non une femme et là je vous vois venir... Vous vous dites certainement que le Clay a viré sa cuti. Non non. Mes poings me démangeaient d'avantage que le reste et c'était encore sans conteste l'un des meilleurs moyens d'évacuer mon mal-être. Toujours cette inscription en tête, mes pas me menèrent finalement jusqu'à une enseigne lumineuse aux couleurs érotiques, un rouge carmin souligné d'un bleu curaçao incitant aux pensées lubriques. Les lettrines éclairées de style calligraphique, élégantes, étaient enchevêtrées dans une silhouette élancée, légèrement cambrée.  Quitte à ne pas trouver le moyen de me calmer par la violence, autant le faire par une...danse. Baigné de cette lumière provocatrice dès mes premiers pas à l'intérieur, je pris place auprès d'un autre homme accoudé contre le podium. Devant nos yeux alanguis se trémoussait une négresse au galbe rebondit, à la peau tatouée et aux sous-vêtements pailletés réfléchissant les lueurs des néons au rythme de son déhanché." Putain elle est bonne..." Sans commentaire de sa part, j'observai mon voisin qui semblait totalement subjugué par les frétillements rapides de son fessier. Puis, par un coup du hasard, sans arrière pensée, mes yeux se déportèrent rapidement sur une chose surprenante avant d'en rire à haute voix tout en le pointant du doigt: " Mais c'est..."Son froc venait de bouger. Le mec gesticula un peu, le regard fuyant et les mains croisées, visiblement gêné de s'être fait grillé.  J'étais parti dans un fou rire incontrôlable avant de me reprendre soudainement, mes yeux croisant ceux d'une jeune femme me fusillant du regard un peu plus loin, cheveux couleur ébène, peau aussi mate que celle qui se contorsionnait à quelques centimètres.

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Avec une force contrôlée je noue de manière lente les lacets en cuir que comporte ma paire de spartiate à talons, quinze centimètres destinés à galber mon corps, attirer les regards et attiser les portes feuilles. La ruse est si bête, si dégoulinante qu’elle me plait, manipuler les hommes est en devenir mon passe-temps préféré. Ecoutant à moitié ce que les filles ont à raconter. Rien d’intéressant, rien qui ne fasse que mes lendemains en seront changés, j’écoute, je ris, je parle, mais surtout, je me tais, pour ne pas risquer de les froisser, ses pauvres, pauvres, petites poupées, pétasses cachées. Différente d’elle j’ai pourtant bien réalisé que la façon correcte de le penser, serait de dire qu’elles le sont de moi, parce que peut-être dans un élan de compassion je pourrai virer de leur côté, croire à moitié qu’elles n’avaient tout simplement pas le choix.

Shelly, de son alias en tous les cas, j’avoue ne pas être intéressée par le véritable prénom qu’elle pourrait porter, une belle blonde pulpeuse, le genre de bimbo dont on a du mal à croire l’existence tant tout ce qu’elle peut faire pourrait se signer par un regard criant braguette, m’aide à lacer à présent les ficelles en imitation cuir bon marché qui sont censé tenir en place mon bustier qui lui porte à penser que bientôt, tout va craquer. C’est d’un vulgaire déprimant, mais ça me fait rire autant que ça peut exciter les gens.

L’heure de prendre mon service sonne enfin et c’est en ayant choisi une mini-jupe pour parfaire ma tenue que je me dirige finalement en salle afin d’apaiser la soif de ceux qui sont venus se perdre en ce lieu, qui recèle du monde le plus vieux des secrets, ou peut-être bien le plus vieux des métiers, une apogée classifiée par un rythme bien trop de fois déhanché. Travaillant ici depuis quelques années déjà, je me permets des libertés que d’autres ne pourraient pas, contrôlées sans arrêt par le patron de l’endroit, non pas qu’il soit mauvais, loin de là, sinon, je ne serai pas là.

Sans demander la permission, je me choisis un temps de pause que je passe assise sur le comptoir à parler lorsque je le dois, aguicheuse jusqu’aux bouts des doigts. Mon regard papillonne dans l’antre de la luxure et je m’amuse à compter les habitués, ceux que je ne pourrai surement pas berner. Puis finalement s’arrêtent mes prunelles sur un binôme que je n’ai jamais pu encore réellement observer ou connaitre, j’en conclu donc qu’ils ne viennent pas souvent faire la fête. En sautillant je descends du comptoir, non sans prendre une main bien placée sur mon derrière qui n’a rien demandé. « Si tu le refais, je connais des gens qui pourraient te buter. » Ou presque, en tous cas, je pourrai en trouver, faudra juste patienter deux petites années.

 Mes pas me mènent jusqu’aux deux hommes précédemment repérés, et un sourire s’étend sur mes lèvres lorsque l’un des deux se mets à rire bruyamment, et en lançant un coup d’œil furtif sur le second, je comprends de quoi il s’agit, preuve en est que j’avais raison de penser qu’au moins l’un des deux n’est pas habitué. En me baissant vers celui qui quelques secondes encore rie à demi voix, je passe ma main sur son épaule et la laisse nonchalamment là, tactile par stratégie, rien que ça. « C’est pas beau de se moquer d’un truc qui pourrait t’arriver. » Évidemment je parle bien, de la trique de son petit voisin. Mes lèvres qui se pincent, faussement innocente, ma langue qui glisse sur ses dernières, intriguant. « Je te sers un verre, peut-être, ou tu n’es là que pour mater ? » Les deux réponses me vont, le fait est que la finalité sera la même, un joli vide pour son porte-monnaie. Puisque je dois attendre pour avoir l’argent de papa, autant gaspiller ceux des autres avant ça.

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Elle se déhancha et glissa de son promontoire sous mes yeux hagards. On dirait que j'ai attiré son attention, ce que je trouvais plutôt flatteur pour un gars qui était entré quelques minutes auparavant  seulement, n'est-ce pas... Mais attention aux filles de joie et garces qui pullulaient en ce genre d'endroit, je n'en connaissais que trop bien la réputation pour avoir côtoyé durant des mois un club similaire dans les basfonds de New York. Et tandis qu'elle continuait de s'approcher de nous, mon voisin étant devenu mon pote d'infortune subitement, je prolongeai le contact mais le perdis lorsque, arrivée à ma hauteur, elle s'amusa à me frôler l'épaule. Le contact était sans conteste lascif bien que je le redoutais intéressé. Ceci dit, avec toutes les femmes qui se contorsionnaient dans des tenues plus exotiques et légères les unes que les autres, ce genre de caresse n'était d'aucun effet.  « C’est pas beau de se moquer d’un truc qui pourrait t’arriver. » Je déglutis à ses mots, à l'idée de me retrouver dans une situation aussi gênante. « Je te sers un verre, peut-être, ou tu n’es là que pour mater ? »  La tentation était trop grande, c'était si gentiment proposé. Détourant le regard vers elle, le sourire jusqu'aux oreilles, je lui fis part de mes plus intimes pensées. " Ça dépend, tu fais quoi toi ?  " Je n'avais pas du tout compris qu'elle travaillait ici en tant que serveuse mais l'avait direct cataloguée au rang d'entraineuse.  Ma main vint s'égarer sur sa cuisse tandis que de l'autre, je sortis de mon jeans une liasse parsemée de calligraphies d'un vert grisé, prêt à changer de main si tant est qu'elle daigne satisfaire mes envies.  

"Je crois qu'elle n'est...." " Hey, c'est à moi qu'elle cause. T'es gentil Bob, tu fais la queue." Non, pas queue...non...pas ce mot. Mes yeux vacillèrent à nouveau et malgré moi sur sa trique. " Tu sais quoi. Vas t'en payer une Bob, de suite,.. Je te l'offre." Et tandis que je continuais d'observer la beauté métissée, ma paume vint poser machinalement quelques dollars sur la table pour ce bon vieux Bob, à présent sorti de mes pensées. "Mais... Je ne m'appelle pas Bob" Je ne l'écoutais plus, ostensiblement hypnotisé par la grâce de cette femme, attendant patiemment sa réponse.  

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Alors je réalise que son sourire de jeune premier, qui est à l’évidence ici pour s’éclater, je le vomis déjà. " Ça dépend, tu fais quoi toi ?  " J’arque de ce fait les sourcils face à sa question, qui est, soyons honnête, pour le coup, des plus cons. Mais je ne vais pas lui faire un cours d’expression maintenant, sauf que si on reprend ma phrase, je n’ai jamais signifié que j’allais lui offrir un verre, mais bel et bien que j’allais lui en faire consommer un. Donc serveuse, et non prostituée, pas encore prête à danser. Un sourire les lèvres, je l’excuse, plutôt vite d’ailleurs, parce que l’afflux de sang premier de son corps n’est surement pas dirigé vers ses neurones dans l’instant, il est surement plus bas, entre ses jambes, ouais, juste là. Quand sa main s’aventure je ne ressens rien, habituée à leur faire croire que ça fait du bien, la mienne passe dans mes cheveux, parfaitement contrôlée, ne quittant pas son visage de mes yeux. Détournant finalement le regard au moment où son autre main place devant moi une liasse de billet. Pour peu, à me prendre pour sa pute attitrée, il pourrait me vexer.

Quand je m’apprête à lui répondre, c’est son pote qui prend la parole, le nigaud qui avait la gaule. "Je crois qu'elle n'est...."  Pas si con que ça apparemment. " Hey, c'est à moi qu'elle cause. T'es gentil Bob, tu fais la queue." J’en grince des dents afin de réprimer un sourire déplacé, ouais, c’est finalement à mon tour de me moquer. Mais gentiment, je le promets. J’arque les sourcils en attendant de voir comment il va se sortir de ça, celui qui semble si sur de lui, mais aussi si certain de celle que je suis moi. " Tu sais quoi. Vas t'en payer une Bob, de suite,.. Je te l'offre." Accompagnant ses paroles d’un dépôt de billet sur la table, tout à côté. Comme s’il était un grand seigneur, avec une clémence incroyable, incomparable. Je dois lui rappeler qu’il ne vient pas de signer la paix dans le monde mais seulement dans le caleçon du voisin ?

Cependant je ne vais pas mentir, son attitude me plait, c’est le genre de gentil gars qu’on aime à plumer. « T’aime bien tout contrôler ? » Je lui demande en souriant encore, taquine comme je me sais capable de l’être, maligne comme il l’ignore que je le suis. Un pas ou deux me font contourner complétement son fauteuil et me conduisent face à lui, sur lequel en riant un peu, je m’assoie. « Je suis pas facile à dompter, il parait. » Je murmure à moitié. Juste assez haut pour contrer la musique et l’atteindre comme je l’espère. Deux doigts sur sa joue, courent lentement, s’amusant ; « Mais allez dis-moi, je vaux combien, tu crois ? » quittent sa peau, viennent trouver la mienne, m’aidant à mimer le fait que j’attends sa prochaine réflexion, se calant contre mon menton. Mords ma lèvre et puis … réponds, réponds, brave couillon.  

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Elle osa enfin m'aborder d'un  franc « T’aime bien tout contrôler ? ». Je n'eus même pas le temps de répliquer que la voilà qui se faufilait, gracile, et prit place sur mes cuisses, ce qui eut le don de me couper direct la chique. Elles faisaient çà ici? Je m'étais plutôt imaginé me retrouver dans une cabine en aparté pour avoir le plaisir de la mater en toute discrétion. Cambridge avait bien changé depuis ces deux dernières années. Cependant, ce n'était pas comme si j'avais auparavant pris le temps d'écumer beaucoup de ces établissements. Peut-être que le Cortiagini à la clientèle new-yorkaise un peu moins respectable se devait d'imposer un règlement un peu plus drastique concernant ses femmes. Alors j'attendais, curieux, lorsqu'elle posa la question tant redoutée, moi qui n'avais jamais acheté les faveurs d'une dame mais qui, en contrepartie de mes bons et loyaux services, s'en était fait offrir bon nombre de fois les charmes.

« Mais allez dis-moi, je vaux combien, tu crois ? »  J'en fronçai les sourcils, quelque peu méfiant face à ses tendres intentions tactiles. Le bon vieux Bob à coté, qui n'avait toujours pas bougé, nous observait lorsque brusquement il détala. Déportant mon attention sur lui, je vis alors sa silhouette se faufiler et bousculer sur son passage quelques piliers de comptoir, pour le moins éméchés, qui pelotaient les quelques serveuses dénudées. Mes yeux le perdirent de vue lorsqu'il se glissa derrière une porte à double battant ornée d'une silhouette en argent, communément appelé commodités ou vide burnes pour les initiés et fervents pratiquants. A toute à l’heure Bob! A l'imaginer se palucher, j'en avais le fou rire lorsqu'elle se fit plus présente, se laissant peser sur moi tel un poids mort.

Alors la dévisageant et reprenant possession d'elle mes mains fermement apposées sur ses jambes, le sourire béat tout en la contemplant, je me permis de lui souffler une réflexion des plus vraies: " Pour en avoir une idée, faudrait que j'puisse en voir d'avantage ", car il était vrai que je ne comptais en aucun cas lui donner un ordre de grandeur qu'elle s'amuserait à surenchérir, logique. Mais après quelques incertitudes passées sous silence, le regard bercé de faux semblants, je me décidai finalement à lui proposer plus déterminé que jamais une alternative. " La blonde là bas prend 60$ pour une danse privée. Tu crois faire mieux qu'elle? " Foutre Dieu, je ne connaissais même pas le prénom de cette stripteaseuse à l'autre bout de la pièce que je venais de cibler d'un geste de la tête. Mais c'était à peu près dans ces ordres de prix que les effeuilleuses de NY te gratifiaient de leur chaleureuse présence durant cinq minutes.

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Hautainement, je garde le regard accroché au sien, le défiant et attendant sa sentence, préparant déjà ma prochaine réaction pleine de véhémence. Mais il tarde à se faire connaitre son avis sur la question, puisque Bob – étant donné que c’est le prénom qu’il lui a donné – détale vers les toilettes, pour se faire – à mon humble avis – une petite branlette.

Relayée par mes soins, parce que je le veux bien, au rang de femme objet, je laisse à ses mains le droit et loisir de me peloter, mais qu’on ne s’y trompe pas, ce n’est pas parce que cela me plait, juste parce qu’il m’a donné l’envie de jouer. " Pour en avoir une idée, faudrait que j'puisse en voir d'avantage " Mes paupières se plissent en un automatisme, comme si cet acte pouvait m’aider à mieux lire dans ses pensées. Le monsieur serait-il réellement en train de me demander de lui faire une démonstration de mes talents afin de pouvoir mettre sur mon visage et corps un prix, il blesserait mon égo, et j’en viens à le penser un peu macho, le tout beau. " La blonde là bas prend 60$ pour une danse privée. Tu crois faire mieux qu'elle? " Mon regard se tourne alors vers la blonde désignée, j’incline le visage, fais mine d’être attristée avant de me tourner vers lui a nouveau, diriger mes lèvres au creux de son cou, proche de son oreille pour lui murmurer. « Tu la penses plus sexy que moi ? » A la vérité, je me fiche totalement de comment il la trouve vraiment, ce n’est pas comme si, j’avais un problème de complexe à mon égard, bien au contraire, les hommes avec lesquels j’accepte de rentrer ont toujours été satisfait, alors ma question je l’avoue parfaitement surjouée.  

J’éloigne mon visage de son oreille pour le laisser proche du sien, à une distance ayant totalement enfreint les limites de la décence. « Si … » Je lui souris, toujours maligne, sure de moi, parce que c’est ce que je suis et ça ne changera pas. « Et je dis bien si. » Je laisse planer le doute, m’amuse, simplement, fais en sorte que le service passe plus vite, accélère ma nuit. « Un jour je danse pour toi, me déshabille ou je-ne-sais-quoi. » Ma langue caresse avec délicatesse ma lèvre inférieure, espère raviver le rythme de son cœur. « Tu n’arriveras plus à me sortir de ta tête, hantée par une fille dont tu ne connais même pas le prénom, ce serait con. » Je lui sers un clin d’œil, avant de me relever, de façon lascive, c’est vrai. Mes cheveux je les envoie valser d’une main derrière ma nuque, et lui fait face en souriant grandement. « Ton verre alors c’était quoi ? » Non parce que mon boulot, c’est ça, bien qu’il ne le sait pas. « Un bikini, c’est ça ? » Je me rapproche un peu, m’abaisse à nouveau « Ça te fera 10$, mon chou. »    

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 Elle s'approcha d'avantage et titilla mes sens d'un souffle brulant déposé au creux de mon oreille. « Tu la penses plus sexy que moi ? » Mes lèvres s'arquèrent en un rictus désolé, tout comme elle, pour aussitôt se transformer en un sourire amusé. " Disons que le temps que tu retires tes fringues, je crains d'être déjà à découvert. Alors autant me fixer un tarif. Hum? " Diantre, maintenant que je la regardais d'un peu de plus près et avec un peu plus de recul, il était vrai que quelque chose chez cette femme me dérangeait. A commencer par sa tenue, aguichante mais bien trop recouverte pour en être. Et merde. Puis elle se recula légèrement mais tout en conservant une proximité au-delà de ce qui pouvait être toléré dans tout autre établissement de bonne prestance. « Si … Et je dis bien si. » Encore une provocation que je ne pu éviter, cette langue se dérobant entre ses lèvres dans l'unique but de m'aguicher. Et cette chaleur putain, cette chaleur qui m'empourprait et qui me plombait les traits... Je me connaissais l'alcool amoureux, tendre et joyeux. Mais à cet instant c'était plutôt ce sentiment de appréhension qui me dominait, cherchant au fond de ses yeux une réponse qui ne saurait venir.

J'osai croire que l'incitation à la consommation faisait de cet endroit un lieu de débauche particulier, où bon nombre d'hommes seraient prêts à sacrifier quelques billets juste pour le plaisir des yeux et ceci sans en avoir conscience faute de leur état d'ébriété. C'est d'ailleurs ce que je m'apprêtai à faire lorsque de sa voix mielleuse elle me questionna, se positionnant avec légèreté plus confortablement  sur mes jambes.... L’atmosphère prit alors quelques degrés et la glace fut bel et bien définitivement brisée. « Un jour je danse pour toi, me déshabille ou je-ne-sais-quoi. Tu n’arriveras plus à me sortir de ta tête, hantée par une fille dont tu ne connais même pas le prénom, ce serait con. » Défis relevé Lady. Elle se releva, quittant son perchoir à mon grand désarrois avant de rajouter, l’œil vif « Ton verre alors c’était quoi ? » Mon regard se déporta sur le récipient déjà vide apposé sur le comptoir « Un bikini, c’est ça ? »  L'aspect laiteux dépeignant les contours du verre m’écœurèrent à l'idée de ce con de Bob et de sa gaule vertigineuse. " Ouais...heu.... Finalement j'vais pt changer. Un Cuba Libre. " Ma gêne se fit sentir tandis que j'écartai le contenant de ma vue. Elle se rapprocha alors « Ça te fera 10$, mon chou. » Ah ouais , vraiment...On en était déjà arrivé à ce degré d'intimité? Pas que j'étais contre ses mots doux mais j'avais du mal à m'imaginer ce que seraient nos conversations après cette danse que j’espérai tant... D'ailleurs elle avait élégamment détourné le sujet de notre conversation. Mes doigts effeuillèrent rapidement la liasse pour faire glisser la somme réclamée sous son nez ainsi qu'un léger supplément faute de ne savoir si ce cocktail était plus onéreux. " Garde la monnaie... ou considère çà comme une avance. " Parce que je compte bien obtenir ce que je veux..

Et quand je lui demande s’il la trouve plus sexy, je n’attends  de sa part, aucune réponse. Parce que l’estime que j’ai pour moi, va bien plus loin que toutes les pensées que pourraient avoir un homme se retrouvant assis dans un de ces fauteuils ici-bas. Alors mon sourire ne diminue pas, puisque de toutes les manières toutes les provocations qu’il pourrait me faire, n’arrêteront pas de faire tourner ma terre. " Disons que le temps que tu retires tes fringues, je crains d'être déjà à découvert. Alors autant me fixer un tarif. Hum? " Un rire mutin s’échappe de mes lèvres sans que je ne puisse réellement le contrôler, faut dire que pour ne pas lâcher le morceau il est doué. Au moins, je lui concède le fait qu’il ne m’ennuie pas, c’est déjà ça. Sans répondre pour autant je m’éloigne de lui, puisqu’avec les clients, normalement, je n’ai pas le droit à des familiarités aussi poussées.

Cependant ce n’est pas pour cette raison que cela va m’empêcher de jouer avec lui, j’avoue que mon attention, il a su la capter, et que si je voulais être honnête je dirai que je pourrai bien y passer la nuit. A faire semblant que je vais finir par me dessaper pour lui, s’il y met le prix. Alors je joue les mystérieuses, manipulatrice à souhait, pétasse avant que son intérêt trépasse. Lui chante les louanges de mon corps dénudé et du fait qu’il ne pourrait plus s’en passer si je le lui donner à contempler. Pour finalement me relever, face à lui et en revenir à son verre et au fait que je suis serveuse et qu’il n’obtiendra rien de moi. Peut-être pour attiser encore plus son attention, le faire, un peu, c’est vrai, passer pour un con. " Ouais...heu.... Finalement j'vais pt changer. Un Cuba Libre. " Je secoue le visage en signe du fait que je ne suis pas du genre à juger, surement que je devrai lui rappeler dans quel endroit on vient de se rencontrer. Mais peu importe, je lui dis le prix à payer, en attendant les billets pour disparaitre de son espace de gravité. Ma langue claque un surnom et je ne mentirai pas, je l’ai prononcé juste pour l’agacer, l’aguicher, entre les deux, il n’y qu’un pas, oui, rien que ça.

De ses mains il tire les billets de son porte feuilles afin de me les présenter, et pour le coup, le fait qu’il me donne plus ne m’échappe pas. J’incline le visage sans comprendre, ou plutôt pour lui démontrer que de son pourboire je n’en veux pas, non, un ou deux dollars ne me suffisent pas. L’argent, il m’en faut toujours plus. " Garde la monnaie... ou considère çà comme une avance. " J’arque les sourcils pour une fraction de seconde avant de rire sans me retenir cette fois. « Tu ne t’avoues jamais vaincu, hein ? » Je ris encore en prenant l’argent pour retourner derrière mon comptoir lui préparer son cocktail, encore amusée.

Le rhum, le citron, le coca, de manière méthodique je travaille en silence observant mon compagnon ayant surement déjà reporté son attention sur la fille en train d’ôter ses fringues sur le podium dans une danse lascive qu’aucune bienséance ne peut cautionner. Sur mon plateau se place alors un autre verre à l’aide de mes doigts, se rempli de vodka et d’un jus de pomme ambré avant d’être rejoint par de la glace pilée. Je récupère les deux avant d’aller le retrouver. Pose à côté de lui ce pourquoi il vient de payer avant de lui préciser. « Pour celui là. » Celui que je tiens, que je lui montre, que je porte à mes lèvres. « Ça fera dix de plus. » Evidemment, je ne paie pas mes conso’ en temps normaux, mais autant lui faire penser que si, et qu’il vient de m’en offrir une, n’est-ce pas ? Et gagner dix dollars aussi, c’est vrai, je suis prête à le confesser que je veux un tout petit peu le faire banquer.

« Donc … » Je mords ma lèvre après avoir bu une autre gorgée. « On parlait d’une danse, c’est ça ? » Je bois encore et dans mon intérieur, ça me dévore. « Tu crois pouvoir patienter ? » Je le provoque, continue mon petit jeu, espère en tirer ce que je veux. Je ne saurai même pas dire pourquoi c’est tomber sur lui, pour troubler l’ennuie qui partage parfois mes nuits ici. « Je crois que t’as compris que je ne suis pas engagée pour ça. » Et je l’attise en finissant ma tirade par cela. « Faudra attendre que je rentre chez moi. » Sous-entendu avec lui, n’est-ce pas ? S'il a le cran et l'argent. Je respire comme je mens.

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Femme qui rit, femme à moitié dans ton lit... J'avais donc bon espoir de ne pas finir seul ce soir. Autant dire que cette petite danse m'était quasiment assurée si je continuais dans cette lancée. « Tu ne t’avoues jamais vaincu, hein ? » Je regardais bêtement les doigts martelant lentement le bois avant de murmurer tandis qu'elle s'éloignait mon fric entre de bonnes mains. " Non c'est vrai..." Mais songeur déjà, j'imaginai les courbes de cette femme et sa peau satinée remplacer celle de la danseuse qui s'exposait vulgairement sous mes yeux à quelques mètres. Spectacle aguichant lorsque la chaise à mes cotés se mit à grincer, me forçant à quitter des yeux la créature se déhanchant insidieusement... Bob était finalement revenu de sa purge. " Finit de te branler l'ami? "  Il m'adressa un simple sourire, bien trop couillon pour ne savoir quoi dire, avant de récupérer sa veste restée là et de repartir. " A un autre soir Bob ! " lançai-je sans grand intérêt lorsqu'un verre trouva sa place entre mes mains. « Pour celui là. Ça fera dix de plus. » J'avais un peu de mal à capter cette insinuation les premières secondes. Puis, déclic. * P'tain , culottée la petite...* Mes yeux se perdirent sur le galbe impeccable de sa jupe * ...ou pas *. Son arrogance était tout à son honneur. Je ne l'avais pas invitée à prendre un verre sur mon compte mais si j'espérais plus qu'un simple rencard ce soir, un geste de ma part s’avérait être un bon début. Alors resserrant l'emprise sur le mien, je l'invitai silencieusement à trinquer avant d'en boire quelques gorgées.

« Donc … On parlait d’une danse, c’est ça ? » J'hochai machinalement la tête, ne perdant pas une miette du balancé de la strip teaseuse. « Tu crois pouvoir patienter ? » Subitement  je me redressai le regard amusé. Venait-elle de douter de mes capacités ou craignait-elle que je porte mon dévolu sur une toute autre qu'elle pour le restant de la soirée? Alors assurément, il me fallait soulager ses inquiétudes: " Rassure-toi, j'suis endurant à tous points de vue." Et pour lui montrer à quel point j'assurai, le cocktail disparut en un trait suivit du bruit percutant du verre sur le bois, le tout souligné d'un regard entendu... Allez, on remet çà, mais pas avant qu'elle ne termine le sien, question de courtoisie.

« Je crois que t’as compris que je ne suis pas engagée pour ça. Faudra attendre que je rentre chez moi. » Pas pour danser, je l'avais bien pigé dès lors que je l'avais vue pratiquer derrière le comptoir. Humm? La voilà mon invitation au parjure. J'en riais. Voilà qui ressemblait à bien plus à présent qu'à un simple rendez-vous galant. Alors tout sourire, tel un gosse au matin de Noël devant ses présents, j'argumentai mon impatience: " J'serais sage. Tu termines à quelle heure? "   

De façon experte j’intensifie le mystère et ses envies. Lui demande de patienter, fais semblant d’avoir besoin qu’il me prouve que je suis la seule qu’il est prêt à désirer. Agrémente mes questions d’un sourire, et dans chacun de mes gestes il ne réalise pas que je lui promets le pire, à défaut de monts et merveilles, je lui sers une prose teintée d’irréel. " Rassure-toi, j'suis endurant à tous points de vue." Mes iris se relèvent vers le ciel quand intérieurement je ne peux m’empêcher de le penser mignon, même s’il ne réalise pas à quel point il peut aussi me paraitre couillon. Mes paupières se closent de moitié, un sourire sur mes lèvres, satisfait, quand il boit son verre entièrement, me prouve qu’il est capable d’attendre et de jouer dans la cours des grands. Je pourrai le prendre au sérieux s’il n’y avait pas en moi cette chose qui me dit de ne penser qu’à moi, égoïste jusqu’aux bouts de doigts, pour ce soir et la majorité des autres, ça m’a réussi jusque-là.

Vidé il pose le récipient tout à côté, et pour connaitre les hommes je devine qu’il attend, que je fasse de même, que je lui démontre que je n’ai pas peur de le défier, de relever un tant soit peu le niveau de la soirée. Mais je me penche dans un premier moment sur le reste de la soirée, use de sourire, de gestes insidieux et lui promets faussement mon pieu. Son rire transperce ma peau, s’infiltre en moi et me prouve que si je le voulais il serait vraiment à moi. C’est presque trop simple et pour le coup, j’en perds de mon intérêt à son sujet. " J'serais sage. Tu termines à quelle heure? " Délicatement, afin de continuer à jouer, je bois une nouvelle gorgée, gardant son regard dans le mien, le jaugeant pour constater à quel point il peut être sérieux. « Ok. » Alors je finis mon verre d’un trait, à son image précédente, pour démontrer la même chose, que je ne suis plus une enfant, qu’il en aura pour son argent, ou que j’en aurai pour le sien, ce serait plus correct dans ce sens-là. « 3h. » Je ris encore un peu, la soirée n’est pas des plus entamée, je suis presque tentée de demander l’heure à un des clients, pour savoir combien de temps il va devoir patienter, mais le fait est que j’adore l’idée de le  tester. Avant de le contourner pour de bon et le laisser continuer sa soirée, je laisse ma main glisser sur son épaule, doucereuse, intrusive, la remarque musclée, en souris comme une débutante qui vient de commencer, m’abaisse encore, prononce peu fort. « Comme une image alors, à tout à l’heure. » Et je m’éloigne, presque  à regret, retourne derrière mon bar et recommence à bosser.

Les minutes défilent et je mentirai si je disais que je ne perds pas quelques secondes parfois à l’observer. Rapidement je me faufile, dans les loges, les coulisses, là où de leurs vêtements naissent tous les vices. Croise une de mes amies, ou connaissance, une collègue, que j’apprécie de loin, comme je le fais avec le monde entier, peu importe c’était elle que je cherchais. « Amy. » De son alias. « J’ai besoin d’un service. » Elle est belle, bonne à en crever, elle ferait pâlir n’importe quel homme je le sais, différente de moi, mais capable d’affoler les foules, je le sais. « Dis moi. » Suspicieuse, je sais qu’elle va me demander de l’argent, et je la maudis d’avance, m’en veux presque de l’avoir envisagé comme amie. « Y a ce mec dans la salle, je veux que tu lui sortes le grand jeu. » Elle attend encore des explications, peut-être des détails, surement oui, ce n’est pas comme s’il n’y avait qu’un mec dans la salle. « Châtain, baraqué, yeux bleus, sourire craquant et charisme affolant. » Haussant les sourcils j’attends de savoir si elle a compris de qui je parlais. « Celui sur qui tu trainais ? » Salope, comme si je vérifiais moi, pour lesquels elle laisse tomber la culotte. Je hoche finalement la tête quand elle finit par me dire. « D’accord. » Enfin. Ni plus ni moins, je retourne derrière le comptoir, et trouve un nouvel intérêt à le regarder. Parce qu’il est toujours assis et que je vois Amy s’approcher de lui. Sage qu’il a dit.

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