Alejandro lâcha la bouteille de vin pour se diriger vers la salle de bain à l'instant même où je lui posais ma question. Son côté attentionné n'avait pas faibli avec le temps, et c'était toujours aussi agréable. Merci Alejandro ! Et soit tranquille, je ne toucherais pas aux serviettes roses ! disais-je en riant. Elle m'a l'air d'avoir un sacré caractère ta coloc', ça doit être sympa chez vous ! ajoutais-je en faisant référence au caractère tout aussi fort d'Alejandro. Je me dirigeais ensuite vers la salle de main et refermais la porte derrière moi. La pièce était tout aussi grande, spacieuse et bien décorée que le reste de l'appartement. Je pris quelques minutes pour regarder tout autour de moi. Voir les fameuses serviettes roses dans un coin me fit rire intérieurement. Sérieusement, rose ? Je défis enfin ma serviette et me déshabillai avant d'entrer dans la douche. L'eau chaude me faisais un bien fou.
La douche fut rapide mais complète. Je sortais bien vite, et enroulais autour de moi une nouvelle serviette. Prenant au passage mes affaires que j'avais rassemblé, je sortis et retrouvais le chemin du salon. Je laissais mes sous-vêtements avec mes autres habits et secouais mes cheveux en bataille pour les sécher. Alejandro était sur le balcon. Je le regardais un instant de loin avec un petit sourire, réalisant combien cette journée avait été imprévue, et dans le bon sens du terme. De caractère, il ne semblai pas avoir beaucoup changé depuis toutes ces années, et il était physiquement toujours aussi beau, bien que clairement plus homme qu'avant. J'avais de la chance de le compter parmi mes amis.
J'avançais finalement vers lui, le rejoignais sur le balcon et pris de ses mains un des deux verres de rouge qu'il tenait. Je fis tourner mon verre doucement, et respirais toutes les saveurs de ce vin que je goûtais ensuite. Hum .. très bon choix !

Je m'accoudais sur le rebord du balcon, le verre de rouge entre les mains, et regardais au loin d'un air rêveur. L'air était chaud, mais avec une légère brise fraîche. Les alentours étaient bordées de fleurs nouvellement écloses, et je pouvais sentir leur parfum doux de là où j'étais. L'instant était parfait. C'était tellement agréable d'être là, tranquille, libre de tout soucis et bien loin des révisons qui m'avaient accaparées depuis des semaines. Ça ne durera pas, mais ça n'en était pas moins plaisant. Oui, je suis d'accord. Il n'y a pas beaucoup de produits venus d'ailleurs disponibles ici. J'ai aussi droit à mes paquets quotidiens d'affaires et de spécialités anglaises. Je ne sais pas si je pourrais survivre sans. répondais-je en riant. Je me tournais ensuite vers Alejandro, et il dit qu'il me trouvait belle. Je lui souriais avec sincérité et douceur, touchée par son compliment. Ça me touche beaucoup, merci. Et ça ne m'aurait pas dérangé que ça le soit .. dis-je, taquine, en faisant référence à ce qu'il avait ajouté ensuite, lorsqu'il avait dit qu'il le disait pas ça pour me charmer. Je restais un instant silencieuse à le regarder avec le même air rêveur que lorsque je l'avais observé après être sortie de la salle de bain. C'était drôle, quand j'y pensais, que le destin m'amène à lui lorsque ma vie devenait à nouveau morne et terne, comme lorsque je l'avais rencontré. Tu m'as manqué. dis-je simplement. Je ne savais pas si ça avait été dit parce que j'avais été soudainement prise d'un élan de nostalgie, mais c'était sorti tout seul. C'était honnête, et je n'attendais rien en retour.

Alejandro dit qu'il était content que je n'ai pas changé à ce niveau là non plus, et je répondis à sa remarque par un regard malicieux. Je suppose que quand on a vécu des moments si forts avec une personne, rien ne s'efface jamais vraiment. Il était un ami qui m'était cher maintenant, mais je doutais que l'aspect un peu plus ambiguë de notre relation et séducteur parfois s'en aille un jour. Il me plaisait toujours autant, et je savais que je ressentirais toujours une tendresse toute particulière quand il s'agirait de lui. Je pris une gorgée de vin, puis une autre. Le rouge n'avait jamais été mon préféré, mais celui-là était réellement bon. A son goût riche et sa belle robe, il était évident que c'était une très bonne bouteille. Alejandro sourit à ma remarque, et dit que maintenant nous aurions l'occasion de nous voir plus souvent. Je voyais dans son regard qu'il était sincère. Oui, ça me plairait bien. Il me proposa de lui faire signe dès que je m’ennuierais, alors je lui répondis en riant. Je n'y manquerais pas ! Et toi aussi, tu as mon numéro. Il prit une dernière gorgée et finis son verre, et je fis de même. Voyant nos deux coupes vides, Alejandro proposa de nous resservir. Non non ça ira merci. Je ferais mieux de partir, je ne voudrais pas t'accaparer toute la journée. Et puis il faut que je retourne à mes révisions.

Je lui fis un clin d'oeil après sa réponse et fila dans la chambre d'ami lorsqu'il m'y invita. La pièce était grande et tout aussi bien décorée que les autres pièces de l'appartement. Faudrait que je lui demande le nom de sa décoratrice, au cas où d'autres mathers voudraient saccager à nouveau ma chambre et me laisser la possibilité de tout refaire à neuf, encore. Je me remis en tenue de sport, vérifiais dans un grand miroir que j'étais présentable et quittais enfin la pièce pour le salon, où je rassemblais mes dernières affaires. Il sortit peu après moi, changé de la tête au pied et dans une tenue beaucoup plus adéquat. Dommage, il me plaisait bien rien qu'en short de bien. Je quittais ensuite l'appartement et le suivait jusqu'au garage, puis dans sa voiture qu'il conduisit jusqu'à la Eliot House. En chemin, je le remerciais de me raccompagner, mais aussi de m'avoir fait passé une après-midi aussi agréable. On arriva bien vite sur le campus d'Harvard, puis devant le grand bâtiment de la confrérie. Il arrêta la voiture, et je me tournais vers lui pour le prendre à nouveau dans mes bras en guise d'au revoir, et déposer un baiser sur sa joue. Faudra que tu me réserves une danse, au bal. dis-je doucement.