Je lui lançais un petit air interrogatif quand il évoqua son égo, et le fait que celui-ci lui avait joué des tours. J'étais curieuse de savoir en quoi, mais décidais de ne rien demander, du moins pour le moment.
Il me donna ensuite son avis sur Harvard. C'était dingue, je me retrouvais exactement dans ses paroles, quand il parlait de la personnalité un peu dual des américains, froids mais familiers en même temps. Puis il me parla des réactions assez négatives auxquelles il avait du faire face. Sérieusement ? Ça me dérange vraiment ça chez eux, leur petit côté fermé d'esprit, intolérant mais moralisateur à la fois. Bon d'accord, j'étais vraiment très mal placée pour parler de ça, mais mon intolérance à moi n'était pas poussée au point de faire preuve de racisme. Je levais les yeux au ciel, légèrement en colère, surtout parce que cette intolérance avait été à l'encontre de mon ami. C'était vraiment dingue de voir que des personnes pouvaient encore penser comme ça. Oui c'est sûr .. enfin pour certains j'ai vraiment du mal à trouver des points communs, chez les mather notamment. La voiture prit un tournant, ralenti, et passa une large ouverture qui donnait sur un sous-sol. Alejandro se gara à côté d'autres magnifiques voitures que je savais siennes, et me guida jusque dans l'ascenseur, jusqu'à une piscine intérieur. Voici votre piscine miss Wildingham. L'endroit était parfait. Épuré, lumineux, et surtout vide. Je lançais un petit sourire à Alejandro et commençais à enlever mes baskets d'un coup de pied, puis mon tee-shirt. Ferme les yeux. J'enlevais ensuite le reste de mes vêtements, ne gardant que mes sous-vêtements, m'approchais du bord et plongeais. Allez viens, elle est bonne !

J'arquais un sourcil lorsqu'il dit qu'il ne fermerait surement pas les yeux, et il finit pas céder, du moins en apparence. Non pas que je sois pudique -bien au contraire-, ou qu'il ne m'ait jamais vu nu, mais c'était par principe. J'avais un minimum de classe et d'éducation. Et surtout, je n'étais pas de ces filles aguicheuses qui se déshabillent comme ça devant un homme. Même s'il le savait, je ne voulais quand même pas lui renvoyer cette image là.
Je plongeais dans l'eau ensuite, presque avec soulagement, et l'appelais à me rejoindre .. avant qu'il ne quitte la pièce soudainement, me laissant bredouille. Je suppose qu'il nous faudrait bien des serviettes ensuite, en effet. En l'attendant, je fis quelques longueurs, plongeais quelques fois de plus. J'étais sur le dos, immobile, les yeux fixés sur le plafond lorsqu'il revenu avec les fameuses serviettes et dans une tenue bien plus appropriée. Mon Dieu qu'il était beau, et bien fait. Je le regardais rapidement de haut en bas, et mes yeux s'attardèrent quelques secondes sur son torse, et son visage parfait. Oui, il était bien facile de comprendre pourquoi j'avais craqué en Espagne. Il me rejoint dans l'eau et s'approcha de moi. Si, affreusement .. T'as pas honte de m'avoir laissé comme ça ? lui répondis-je sur le ton de la plaisanterie.

Alejandro répondit à ma plaisanterie en sortant la carte de l'homme attentionné, qui ne voulait juste pas que je prenne froid lorsque l'heure serait venue de sortir de l'eau. Moais .. répondis-je, dubitative. Je savais qu'il était sincère, ça lui ressemblait bien d'être si gentleman. Le garçon que j'avais connu semblait être devenu un homme accomplis, aux bonnes manières qui plus est, en plus d'être incroyablement bien fait. Il parla ensuite des lieux, ou plus particulièrement de son immeuble en général. Pour le peu que j'en ai vu oui, c'est pas mal du tout. Tu dois t'y plaire ! Mais ça ne te fait pas bizarre d'avoir quitté la vie en communauté pour un appartement seul comme ça, loin d'Harvard ? Il fit ensuite demi-tour, sortit de l'eau, et s'avança vers le bord en me lançant un défi. Que j'acceptais immédiatement, compétitrice comme j'étais. Je fis quelques brasses, atteignais le bord à mon tour et sortis de l'eau. Confiante, et ne me souciant pas le moins du monde d'être en sous-vêtements -une chance qu'ils ne soient pas blancs d'ailleurs- j'arrivais à sa hauteur et lui lançais, avec un regard taquin. Ça dépend, tu es prêt à perdre ?

Moi qui pensait qu'il habitait seul, je fus surprise d'apprendre qu'il ne l'était pas tant que ça. Et qu'il partageait son appartement avec une femme, qui plus est. Une amie ? Je vois. répondis-je du tac au tac, oubliant presque ce qu'il m'avait dis avant. Le regard que je lui lançais par la suite s'était voulu taquin, mais était un peu plus froid et distant que je ne l'aurais souhaité. Elena, Isabel, ça en faisait beaucoup autour de lui dis donc. Non pas que je sois jalouse .. possessive plutôt, dirons-nous.

Puis vint le moment du départ. Alejandro se mis en position, et je fis de même. Les bras au dessus de la tête, le yeux rivés sur l'eau, je pris une profonde inspiration et plongeais lorsqu'il annonça le départ. Immédiatement, je donnais tout ce que j'avais et fonçais le plus rapidement possible sans même prendre le temps de saisir où Alejandro en était. J'avais envie de gagner, comme toujours, et comme toujours, je prenais chaque compétition beaucoup trop au sérieux. J’atteignis l'autre bord, me retournais sous l'eau et pris de l'élan pour rejoindre l'autre côté, toujours aussi rapidement. La vitesse avait toujours été ma force, contrairement à l'endurance. Lorsque j'arrivais à notre point de départ, j'ouvris les yeux pour voir où il en était, et force était de constater que nous étions arrivé au même point au même moment. Il m'aurait été impossible de dire si j'avais quelques secondes d'avance sur lui, ou s'il m'avait devancé. Punaise, tu n'as pas perdu de ta vitesse ! Ça s'est joué peu près, je ne saurais même pas dire qui est arrivé en premier .. dis-je en reprenant mon souffle. Enfin, comme d'habitude, je suppose que c'est moi. poursuivais-je en riant.

Il avait beau me dire que cette fameuse Isabel était en couple, je n'en pensais pas moins que d'être en collocation avec une femme était suspicieux. Et puis maintenant que j'y pensais bien, je me rappelais en effet d'une Isabel, que j'avais rencontré à la vente aux enchères Winthrop il y a quelques semaines. Elle m'avait semblé sympathique, plutôt canon aussi il fallait le dire. Un petit français ne serait qu'un obstacle si quelque chose devait se passer entre eux, j'avais assez vu et connu de retournements de situation et d'histoires rocambolesques pour le savoir. Je ne dis rien d'autre qu'un petit 'hum' pas convaincu. Pourquoi est-ce que je me prenais la tête avec ça d'ailleurs ? C'était ridicule.

Arrivée au point de départ de notre course, je retrouvais Alejandro qui semblait ne pas savoir non plus qui de nous deux avait gagné, mais m'accordait la victoire par galanterie. J'eus un petit rire moqueur. Quelle bonté ! Fais pas genre, tu dis juste ça pour garder un peu de dignité face à ta défaite cuisante ! dis-je, taquine. Je passais la tête sous l'eau et remontais à la surface, faisant attention à placer mes cheveux en arrière. Oui ça a été assez intense, on n'a pas gagné de beaucoup. Bonne ambiance, bonnes équipes .. c'est à vivre au moins une fois ! Je ne pense pas participer aux compétitions l'année prochaine par contre, c'est beaucoup d'investissement et pour le moment, mes études sont ma priorité. Et puis défendre les couleurs d'Harvard, aussi bien que l'université soit, me tenait moins à cœur que celles d'Oxford. Je restais muette quelques secondes, avant de poser la question qui me trottait dans la tête. Dis .. tout à l'heure à l'heure tu disais avoir commis des erreurs par orgueil .. tu pensais à quelque chose en particulier ? Qu'est-ce qui s'est passé ?