Tu étais belle et tu avais bien conscience des charmes dont tu disposais. Tu n'étais pas une cabot pour rien, tu représentais à toi seule la classe, la féminité, le glamour. Oui tu avais une telle estime de toi-même que tes chevilles devaient déjà faire la taille d'un ballon de baudruche. Tu levas les yeux au ciel, sachant que le jeune homme devait surement blaguer. Ou pas d'ailleurs. Tu l'admirais, avec ton regard inquisiteur tachant de deviner ses pensées. Tu laissas échapper un petit rire en entendant ses propos. Bien évidemment que tu ne te gênais pas! Après tout tu admirais simplement la vue qui se trouvait sous tes yeux. Tu n'allais pas fermer les yeux en marchant, cela aurait été complètement stupide. Stupide et dangereux. "Je regarde, je ne fais que ça." Tu n'étais pas encore au stade où tu allais prendre une photo telle une psychopathe, pour pouvoir baver devant tous les soirs avant de te coucher ou un truc du genre, mais pas loin.
"Si ça se trouve Ken à des origines cachées, il est peut-être plus espagnol que tu le crois...Mais effectivement, tu ressembles beaucoup plus à Barbie avec ses magnifiques cheveux blonds et sa poitrine qui fait du H"ajoutas-tu en t'esclaffant, rejoignant ton ex dans son délire enfantin. Pour une fois que c'était lui qui disait une connerie et pas toi. Amen.
Puis tu avais tournée sur toi même, encore et encore, les yeux pleins d'étoiles. Ta carte était tombée de ta poche, et pour de vrai, tu ne l'avais pas prévu. Le destin avait apparemment décidé que c'était l'heure de révéler ton plan à monsieur. Curieuse de sa réaction, tu laissais le jeune Eliott ramasser ce qui t'appartenait. Avec ses lunettes de soleil sur le nez, tu avais bien du mal à distinguer son expression. Tu ne savais pas trop s'il était content, ou bien le contraire. "Bah dit donc c'est dingue, je ne sais vraiiiment pas comment ça pu atterrir ici." rispostas-tu bien décidé à jouer la carte de la parfaite imbécile, de la blonde. Puis monsieur Ortega posa ses mains chaudes et rugueuses sur ton épaule, t'empêchant de te désister. Bien évidemment que tu savais ce que ça voulait dire, tu avais porté ce fardeau durant le reste de l'été.Maintenant vous étiez tous les deux au courant, plus de secret ou de cachotteries. Soudain, au moment où tu t'y attendais le moins, tu te sentis valser en arrière. Tu mis à peine quelque micro secondes pour comprendre ce qui t'arrivait. Tu tentas de t'accrocher sur l'unique chose qui était à ta porté Alejandro. Dans un geste de dernier espoir tu tentas d'attraper son bras, sa main, son pouce, enfin n'importe quoi. Mais tu échouas, t'écroulant comme une crotte sur le sol. L'espagnol semblait particulièrement content de son coup. "Maaaais j'ai rien fait"protestas-tu en le regardant de bas, parce que c'était là où tu étais, avachi sur le sol.

Alejandro répliqua du tact au tact quand Brynn parlait des origines cachées de Ken. Décidément, il n'y a qu'avec la princesse qu'il peut avoir des conversations de ce genre, complétement délirante.

-Je? Non, tu ressembles à Barbie. Puis Ken n'a rien d'espagnol, il a une tête d'Américain ce type, ça se voit au premier coup d’œil.

Fallait l'entendre argumenter le plus sérieusement du monde... Bon d'accord, peut-être pas si sérieusement que cela en fait. Puis, on connait la suite, une carte tombe des poches de son ex' et Alejandro découvre le pot aux roses, à savoir, que Brynn n'est pas seulement de passage à Harvard, mais qu'elle y étudie en fait, puisqu'elle possède la vénérable carte étudiante. Le jeune homme était content, c'est certain, mais de l'autre côté, il réalisait combien Brynn s'était bien moquée de lui depuis le début de cette histoire. Hey, si ça se trouve, quand ils se sont vus au yacht, elle savait qu'elle allait étudier à Harvard et n'a pas pensé lui en parler, sans doute pour lui faire la surprise d'aujourd'hui. Tout à coup, certaines allusions devenaient plus claires.

Inutile de jouer les innocentes, cette fois, Alejandro n'était plus dupe. Pour un mec sensé être perspicace, elle l'avait bien eu, mais il a ses limites quand même et d'ailleurs, il prenait tout de suite une petite revanche, en faisant planter au sol la belle blonde et après, il se couchait au-dessus d'elle, comme pour s'assurer qu'elle ne file pas nul part. Mine de rien, cette... position, pour ainsi dire, lui rappelait quelques souvenirs.

-Tu me prends vraiment pour un guignol, c'est dingue.

Le grand Alejandro Ortega qui se faisait avoir comme un bleu. Oh, il se marrait, comprenez bien, après tout, Brynn avait bien fait son coup et de son côté, il ne pouvait pas s'en douter. Il voyait plutôt d'un bon œil en tout cas les études à Harvard de son ex'. La source de leur séparation était la distance et leur temps trop occupé. Qu'en est-il si la distance est éliminée?

-Je pourrais me relever, mais j'aime bien la vue que j'ai.

C'était à son tour de jouer les innocents. Faut dire que leurs corps étaient assez proches, puis le jeune homme avait ses bras plantés chaque côté du corps de la belle, leurs jambes étaient un brin en contact, de loin, tout cela avait sans doute l'air un peu compromettant, mais peu importait l'Espagnol.

Petit détail, mais Alejandro fit tomber Brynn dans l'herbe, le gazon et non pas du gravier, autrement, la princesse aurait pu se faire mal et ce n'était pas du tout le but de la manœuvre. D'ailleurs, comme ils étaient dans un talus, elle a peut-être un peu eu tendance à glisser vers le bas en tombant, mais heureusement, ou malheureusement, le bel Espagnol n'a pas tardé à venir la rejoindre, au contraire, cela faisait parti de son plan.

C'est vrai que d'habitude, ce n'est pas le genre d'Alejandro de se donner en spectacle, mais s'il y en a bien une qui arrive à le faire sortir de ses habitudes, c'est bien Brynn. C'est bon de se lâcher aussi et puis, Alejandro n'est pas seulement le gentleman sage qu'il prétend être. Ceux qui le connaissent vraiment le savent. En tout cas, elle, comme lui, semblait étrangement capté à sa personne, incapable de dévier son regard. Elle ne semblait pas mal à l'aise non plus, ni ne cherchait à le repousser et ce regard, avec les yeux pétillants, il le connaissait bien.

-Créature que j'ai fait chaviré en moins de deux.

Il y a quelques secondes cela, alors bon, qui est le plus malin? Brynn probablement, à bien y songer, mais Alejandro aime bien se faire défiant quand même et toujours lui relancer la balle. Après quoi, la princesse lui proposait de la relooker quand il va décider à se relever. C'est une idée, mais à cet instant, une autre idée traverse son esprit, le genre d'idée qui tient plus de la pulsion, mais comme ça, sans prévenir et sans plus attendre, Alejandro vint embrasser Brynn. C'était un peu comme faire un all-in au poker, on risque tout, pour tout gagner, quitte à tout perdre.

À la réplique de Brynn, Alejandro esquissa un fin sourire teinté de malice avec un petit air fier en prime qui montrait que peu importe le volet machiavélique de sa stratégie, il était quand même heureux de son coup et d'avoir su reprendre le dessus en moins de deux. Puis, d'abord, elle devrait toujours savoir que quand on s'en prend à lui, vous pouvez être certain que d'une manière ou d'une autre, Alejandro répliquera. S'il avait un défaut à nommer chez lui, c'est sans doute sa rancœur. Aucune rancune ici par contre, c'était juste pour s'amuser.

Amusement qui prend une tournure différente, plus intime, lorsque le bel Espagnol vient embrasser la jolie princesse. Moment digne d'un conte de fée quand on y pense, tous deux dans l'herbe de ce talus, avec les étudiants qui marchent autour, le soleil haut dans le ciel, ses grands arbres qui datent peut-être de la fondation du campus... oui, il y a pire comme scène. Et le baiser? Il retrouvait les lèvres douces et accueillantes de cette princesse qui fut sienne il y a quelques années. Brynn ne le repoussa pas, mieux encore, elle répondit, moment où il décide de venir caresser son visage angélique, sa joue, de sa main.

Franchement, il sentait qu'il pourrait très vite y reprendre goût, mais en moins de deux, son ex' le repoussait. Appelons cela le retour à la réalité. Sur le dos et à côté d'elle, parce qu'il avait fait mine de se laisser tomber de côté, Alejandro avait un grand sourire sur le visage, pas l'air de regretter son geste le moins du monde. La tête tournée vers Brynn, il voyait bien la surprise chez elle. De son côté, il enlevait ses lunettes fumées.

-Dis ce que tu veux, mais je ne crois pas me tromper en disant que tu en avais envie au moins autant que moi. J'ai été galant, j'ai fait le premier pas.

Le beau brun rigole un brin après cette affirmation et se tourne plus de côté, ce qui lui donnait une meilleure vue de Brynn aussi.

-Brynn, je sais bien que nous deux, c'est du passé et je ne veux pas précipiter quoique ce soit, seulement... lo que era morada; ce qui était demeure.

Alejandro venait-il de commettre une erreur en se lâchant un peu? Peut-être, il n'en était pas certain et ce n'est pas toujours facile de lire Brynn non plus. Seulement, ce qui est fait est fait et il n'allait pas prétendre qu'il regrettait ce baiser, bien au contraire. En tout cas, la blonde, après un moment de réflexion, finit par répliquer et d'une façon plutôt cassante même qui vit le sourire de l'Espagnol disparaître. Comme on dit dans le langage commun, elle venait de le remettre à sa place.

-Si tu le dis...

C'est l'impression qu'il donne? De vivre dans un monde de bisounours. Il ne le savait pas, lui qui croit toujours avoir une tête sur les épaules et de faire preuve d'un bon degré de réalisme. D'ailleurs, Alejandro exposa un peu plus son point de vue, qui ne fit que provoquer un soupir chez Brynn, ce qui n'est pas bon signe en règle générale. Selon la princesse, tout cela n'était que pure nostalgie. Peut-être...

-Peut-être... Faut dire aussi que nous ne nous sommes pas laissés parce qu'on ne s'aimait plus. On s'est laissé pour des raisons qui nous dépassait.

Alejandro ne croit pas être du genre à vouloir revenir en arrière, au contraire. Comme il vient de le dire, ce serait tout autre chose s'il avait plaqué Brynn ou vice-versa, hors, ce n'était pas vraiment le cas, ils s'étaient laissés sur un commun accord, mais malgré cela, il y avait toujours quelque chose entre eux et c'est peut-être même encore le cas aujourd'hui. L'Espagnol se leva finalement et récupéra son sac.

-Je vois bien que tout cela te met mal à l'aise. J'imagine que si on a l'occasion de se côtoyer ici, on sera à même de voir si ce n'est que de la nostalgie, mais ça, c'est seulement si tu en as envie. Si tu préfères qu'on en reste à se saluer une fois de temps en temps, je ne t'en voudrai pas.

Après tout, il ne sait pas la vie qu'elle a maintenant et si elle a quelques autres intentions que de renouer petit à petit avec un ex' et d'ailleurs, jusqu'à il y a quelques secondes, ce n'était pas son intention non plus.

Brynn avait eu le mérite d'être franche. Il savait reconnaître l'honnêteté chez quelqu'un et de son côté, il ne jouait pas les hypocrites non plus, il ne se voilait pas le visage. C'est certain que Brynn lui plait encore physiquement, son caractère aussi, ce n'est pas pour rien s'il y a eu déjà eu quelque chose entre eux dans un passé relativement récent. Est-ce l'amour avec un grand "A"? Alejandro sait seulement qu'il est un être de passion et que quand il a une idée, un but, elle arrive vite à l'obséder. En tout cas, cette fois, c'est peut-être sa réaction qui fut cassante lorsque, se levant, son ex' lui dit qu'elle l'aime encore un petit peu.

-Ne dis pas ça, s'il te plait.

Pour être honnête, ce n'était pas le genre de phrase qu'il avait envie d'entendre en ce moment, c'était plus retourner le couteau dans la plaie qu'autre chose. Brynn se leva à son tour et il eut un petit sourire en la voyant épousseter sa robe. Bien joli tout ça. La belle blonde voulait qu'ils continuent de se voir, évidemment. Du coup, Alejandro acquiesça doucement.

-Bien, alors on fait quoi? Tu veux m'accompagner jusqu'à ma voiture? Tu pourras me raconter en chemin dans quelle maison étudiante que tu es, où tu résides...

Faire comme si ce baiser n'avait pas eu lieu? Le jeune homme se dit que c'est sans doute ce qu'il y a de mieux à faire en ce moment. Chose certaine, il ne se ferait pas prendre deux fois.