J’expliquai l’histoire à Dante, ou du moins une partie de l’histoire, et plus j’avançai dans le récit, plus il semblait énervé. Je ne savais pas si c’était contre moi ou contre Andrew, mais je n’aimais pas ce que je voyais. Dante me faisait peur. Il regardait autour de lui, cherchant probablement Andrew des yeux. Il serrait les poings, il était prêt à frapper. Lorsque je finis, il me demanda d’une voix chargée de colère où il était. Une des raisons pour laquelle j’étais contente de ne pas être revenue tout de suite après, c’était que sinon il aurait suivi Andrew pour lui flanquer une raclée. Maintenant, même moi je ne savais pas où il était. Sans relever les yeux et sans un mot, je pris son poing serré dans ma main gauche, la paume ne me faisant pas souffrir car elle avait été protégée, et de la droite, j’ouvris ses doigts. Arrête, tu ne veux pas faire ça, Dante. Ça va, je n’ai que quelques écorchures. Elles me font un peu souffrir, mais il n’y a rien de grave. Je t’en prie, rentrons ensemble. Il n’y a plus rien à faire ici… Je ne voulais pas le voir faire une bêtise, j’avais peur pour lui. Andrew était très entouré, Dante avait été élu pire Eliot il y avait peu. S’il y avait une bagarre, elle serait loin d’être équitable. Je pris Dante dans mes bras et collai ma joue contre son torse. -S’il te plaît, rentrons…

Je lui avais saisi la main en espérant qu’il changeât d’avis. Je ne voulais pas qu’il se fasse tabasser par ma faute. Il était vraiment énervé, ça se voyait. Pourquoi lui en avais-je parlé ? J’avais été stupide… Soudain, il enleva sa main des miennes d’un coup sec et annonça qu’il partait. Visiblement, c’était sans moi. Ma lève inférieure trembla. Non pas ça… Tout mais pas ça… Je relevai les yeux dans sa direction. Je pris une profonde inspiration. -Peut-être que ça vaut mieux. Je suis désolée que rien ne se soit passé comme prévu, Dante. Je le retins cependant : je farfouillais dans mon sac à main à la recherche d’un bout de papier et d’un stylo. Je griffonnais quelques mots rapidement et glissai le papier dans ses doigts. -Tu liras ça quand tu auras deux petites secondes, si jamais tu penses à moi. C’est ce que je ne peux pas te dire, ce qui te fera fuir loin de moi. Rentre, prends ta voiture et… et oublie-moi. Je ne suis qu’une trainée. Sur ce, je lui tournai le dos en demandant un autre cocktail a barman. Il n’y avait plus qu’une chose à faire ce soir-là : boire à n’en plus finir. Boire jusqu’à la limite.

Sur le papier que je lui avais remis, les quelques mots disaient : « Andrew est le père de ma fille ». Bon sang, Dante, je ne voulais pas te perdre, pas toi... Tu m'étais trop précieux...

Je m'étais surpris d'avoir interrompu un moment comme sa surtout que Birdy était en conversation avec cet étranger mais on me piquait pas ma cavalière comme sa. Je soutenais le regard du type en souriant de défi a ses propos comme s'il m'apprenait quelque chose. J'avouais avoir été distrait le moment de laisser ma cavalière comme une proie sur la piste de danse ne doutant aucunement qu'elle resterait seule bien longtemps, je ne pouvais que respecter le choix de ce type d'avoir saisi l'occasion qui s'offrait a lui. Restant près de Birdy, je lui dis: ''J'avoue avoir risquer gros l'ami mais t'inquiète, il n'est pas dans mes habitudes de laisser une perle rare seul une deuxième fois.'' Plus tard, j,allais m,excuser de ce manque de politesse, il était évident mais j'avais surtout surgi comme sa parce que je devais parler a Birdy car j'écoutais seulement ses conseils. Je me rappelais que Birdy avait mentionné moi celui dont elle avait parlé. Pour rendre la situation moins embarassante pour moi, je retournais le sujet de côté en faisant moins l'emmerdeur et plus le blagueur et laissant sous entendre ''Tu avais parler de moi Birdy? En bien j'espère, je ne verrais pas pourquoi aussi non. Est-ce que j'ai bousillé un moment?

Voilà, c’était fait, je venais de noyer ma relation avec Dante. Je venais de lui avouer qu’il vaudrait sans doute mieux qu’il ne restât pas avec moi. Si lui était un connard, moi j’étais une salope. J’avais pris peur lorsqu’il s’était mis en colère, je n’étais pas dans sa tête mais je voyais bien qu’il en avait contre moi. Je lui avais donc laissé un bout de papier. 7 mots. C’était là tout mon secret. Il se résumait en 7 mots. Dante partit de son côté, et moi du mien. Je ne pensais plus qu’à une chose : boire pour oublier. Je n’avais jamais voulu le perdre de cette manière. Encore pire, je souhaitais que jamais il ne découvrit mon rôle de mère. S’il avait lu le mot, il ne devait pas avoir une très haute estime de moi. Je pouvais me traiter de tout un tas d’insultes, elles tourbillonnaient en masse dans ma tête. Et puis non, la soirée été finie pour moi, autant quitter ce maudit endroit et retourner dans ma chambre. Là-bas, je pourrais me saouler et dégriser autant que je voulais. Je me levai après avoir jeté un dernier coup d’œil à la piste de danse. J’avais presque les larmes aux yeux de rage en pensant que s’il n’y avait pas eu Andrew, rien de tout ça ne serait arrivé. Dante et moi serions encore en train de parler comme si de rien n’était. Je me levai et marchai vers la sortie, quand je sentis quelqu’un attraper mon poignet. Quand j’étais à fleur de peau (ce qui était le cas en l’occurrence), j’avais horreur d’être touchée, surtout si ne m’y attendais pas. Je fis un bond, tressailli et me retournai, prête à insulter l’importun qui avait osé poser la main sur moi. Et je me retrouvai face à Dante. Encore. Il n’était pas censé être parti ? Non, il voulait parler, en privé. Allons dehors dans ce cas. Ma voix était voulue neutre pour ne pas trembler. Je ne savais pas ce que pensait Dante, mais s’il était revenu, il y avait une raison. Plusieurs hypothèses tournaient dans ma tête : voulait-il se venger de l’offense ? Me le faire payer ? Réclamer compensation ? Nous étions sortis, et je trouvai un coin tranquille et un peu à l’abri. Je me mis face à Dante, mais je ne pouvais pas soutenir son regard. Tu voulais me parler de quoi ?

Je l’avais emmené dehors, pour savoir ce qu’il voulait exactement. Il pouvait avoir tellement de trucs à me reprocher… Mais comme je m’y étais attendue, c’était d’Aliénor dont il voulait parler. Bien sûr… Il m’avait jeté un regard incrédule et c’était ensuivie sa longue explications. Il fit une pause entre deux points, mais je refusais de le couper dans ce qu’il disait. Je l’avais mérité. Je serrai les poings (du moins autant que je pouvais serrer le gauche) et baissai la tête. A chaque phrase, je voyais notre lien fragile comme du verre voler un peu plus éclat. Même ma main ne me faisait pas autant souffrir que ses paroles. Je mordais ma lèvre inférieure à sang, et lorsqu’il eut fini sur une insulte, je risquai à prendre ma défense d’une petite voix. Si toi, c’est la première chose que tu dis, moi pas. Quand aurais-je pu ? Sur le bateau ? En te sortant de la piscine ? Dans ma cabine ? Essaie juste un instant de te mettre à ma place, tu vois quelqu’un débarquer dans ta vie, et tu as l’impression de respirer à nouveau. Avec toi, tout me parait… paraissait si simple. Tu étais tellement sympathique, chaleureux, aimable… Ma fille n’est pas une honte, mais je ne peux pas le dire… A personne… A personne… répétai-je. Je tremblais comme une feuille. Le seul moyen pour se débarrasser d’une douleur mentale est de se créer une douleur physique. Du moins, c’était ma méthode. J’enlevai précipitamment mon bandage à la main et griffai frénétiquement ma main tailladée. J’étais en panique totale. Mon sang battait dans mes tempes. Mon cœur s’était emballé. Mes jambes flageolèrent et se dérobèrent sous moi. Je me trouvais à genou sur le sol devant Dante. J’avais un poids énorme sur la poitrine. Il m’empêchait de respirer. J’étais en train de faire une crise. Je voyais tout mon monde se briser autour de moi. Dante m’avait apporté une lumière, mais je ne la discernais plus. Et ma main qui me démangeait ! Je me mis les mains sur les oreilles, il y avait trop de bruit, j’avais l’impression qu’on faisait exploser une bombe tout près de moi. Stop… Je fermai les yeux. Trop de lumière. J’étais parfaitement consciente que toutes ses espèces d’hallucinations n’étaient créées que par moi, mais je ne pouvais plus lutter. Dante était-il toujours là ? Avait-il fuit ? Je ne pouvais ouvrir les yeux pour vérifier. Tout ce que je savais, c’était que j’étais à genoux sur le sol. J’étais seule, pas physiquement, il y avait du monde autour, mais je perdais tout repère dans ma tête. Tout s’embrouillait, se chevauchait, s’emmêlait ; ma fille, j’entendais ma fille pleurer. Et je voyais Dante disparaître derrière mes paupières closes. Il s’en allait. Il n’avait dû se passé qu’une poignée de secondes entre le moment où ma crise avait débuté et l’instant présent, mais j’avais l’impression que ça faisait déjà plusieurs minutes. Je savais que tout allait s’apaiser, tout finit toujours par s’apaiser, mais la question est : au bout de combien de temps ?
OUT