J'étais atteint d'un virus qu'on ne connait ni d'Eve ni d'Adam, fantastique, ma vie est une formidable réussite. Mais finalement, peut-être que c'était la meilleure chose qui pourrait m'arriver à bien y réfléchir... Un virus mortel qui pourrait bien avoir ma peau et en finir avec toute cette souffrance qui s'accumulait sans jamais pouvoir sortir. Une bonne excuse pour mourir sans qu'on m'dise que j'ai abandonné mes proches, sans qu'on m'en veuille. J'croyais pas au destin, mais depuis que j'avais été enfermé dans cet immense immeuble stérilisé, j'avais de l'espoir que cette connerie existe vraiment et ait décidé que c'était fini pour moi. Que j'serais un nom de plus parmi les victimes d'une épidémie mortelle. Je suivais les infirmiers qui veillaient sur moi dans leur costume qui ressemblait bizarrement à une tenue d'astronaute, ironie du sort pour un mec qui rêve d'aller dans l'espace, pas vrai ? Je fixais mes pieds, accroché à la barre en faire où pendaient toutes les infusions qu'on m'administrait pour essayer de calmer toutes ces douleurs physiques qui me faisaient de plus en plus mal au fur et à mesure que les minutes s'écoulaient. On voulait m'voir, j'avais de la visite, alors on m'emmenait jusqu'à e long couloir vitré qui permettait de voir, de l'autre côté, les personnes non-infectées. J'arrivai finalement à destination sous les regards attentifs des médecins qui guettaient la moindre crise pour intervenir alors que je cherchais du regard la personne qui voulait me voir. J'avais les mains moites, de la fièvre, des cernes énormes et le corps entier meurtri par ce virus qui se répandait un peu plus à mesure que le temps passait, sans parler des grosseurs au niveau des jambes et qui faisaient atrocement mal. Mon cœur loupa un battement quand j'aperçus Briony déglutissant péniblement. C'était elle ? A en juger par la tête qu'elle faisait, oui. Je m'approchai donc doucement, traînant avec moi toutes mes infusions d'une main. Je m'arrêtai à son niveau, le cœur au bord des lèvres et posant ma deuxième main sur la vitre pour m'appuyer. Bri, tu vas bien... Thanks god, je serais devenu fou à la retrouver du côté des malades avec moi.

J'comprenais rien à c'qui s'passait. Personne ne comprenait même. Qui l'pourrait ? C'tait au delà de l'inimaginable. Une épidémie. Comme la peste autrefois. Les gens tombaient un à un et j'avais vu aux informations pas plus tard que ce matin que certains malades étaient aux portes de la mort. Les médecins ignoraient quoi faire et ne pouvaient qu'apaiser certains symptômes. C'tait de la survie plus simplement. C'tait inhumain et j'tais bien contente de ne pas être contaminée.. fin vous m'direz, vu l'peu d'fois que j'sors, c'normal que j'sois encore en bon état. D'autres avaient moins d'chance.. et les prénoms circulaient facilement. Plusieurs de mes proches avaient été pris dans la vague de maladies. Dont un plus particulièrement. Un pour qui j'aimerai absolument pu rien ressentir après l'bal qu'il m'avait fait le dernier jour de 2013. Andy. Il était hospitalisé depuis quelques jours j'crois.. et à peine avais-je eu la confirmation de cette nouvelle que j'préparais mes affaires. Pour l'voir. Pour être avec lui. Il était juste hors de question que j'le laisse seul. Parce que même si on était pu ensemble, même si il m'avait blessé, même si il voulait pu d'moi.. j'l'aimais. J'l'aimais comme une folle et j'voulais être à ses côtés dans de tels moments. J'tais donc allée en début d'aprem à l'hosto, demandant à voir Andy McDougall. Par la suite, on m'avait amené dans un corridor weird, avec une baie vitrée au milieu. Mmh. C'est vraiment.. spécial comme ambiance, moi j'vous l'dis, ça foutait des frissons dans l'dos. J'tais bien contente d'être de mon côté.. surtout quand j'voyais l'état des malades. Et celui d'Andy de l'autre côté de la vitre.. Mon coeur se serra et j'avais envie d'le prendre d'un coup dans mes bras. Mon dieu.. il avait vraiment mais vraiment pas l'air au point, ça m'faisait vraiment bizarre. Il faisait peur. Putain pourquoi est-ce qu'ils peuvent pas le soigner bon sang ? C'pas compliqué d'faire un antidote, à quoi ça sert à la science ? Bri, tu vas bien... Il me rejetait pas.. et thanks god, vous pouvez pas imaginer à quel point ça m'faisait du bien.. J'm'étais rapprochée par automatisme en même temps que lui vers la vitre et j'avais posé ma main au même endroit que la sienne de l'autre côté du verre. J'avais l'coeur au bord des lèvres, j'voulais être avec lui, pas séparée de cette manière. Et toi tu vas vite guérir, d'accord.. ? Faut y croire Andy, s'il te plaît, laisses pas tomber.

Au moins l'année passée, j'avais été dans le coma. La souffrance, je ne l'avais pas tant ressentie qu'à l'heure actuelle, je ne me rappelais pas avoir eu si mal pour esquisser le moindre mouvement et pourtant, je n'étais pas parmi les pires des malades. Non, les pires, ils sont aux étages au-dessus, ceux qui sont à deux doigts d'y laisser leur peau, ceux qui ne peuvent plus bouger tant leur corps entier n'en peut plus d'avoir aussi mal. J'serai bientôt comme eux. J'le sentais, j'le... voulais ? J'aurais préféré éviter la case souffrance, très honnêtement, mais elle semblait inévitable. Briony s'était rapprochée pour poser sa main au niveau de la mienne contre la vitre ; je l'entendais, mais il m'était impossible de sentir la chaleur de sa main, ou même l'odeur de son parfum et j'aurais jamais cru en souffrir autant. Mmh, j'devais avoir l'air d'être un cadavre ambulant, la peau blanche comme de la craie qui contrastait avec mes yeux injectés de sang et soulignés par des cernes violets tirant sur le noir. Une partie de moi aurait préféré que Briony ne me voit jamais ainsi, mais en même temps... Si j'étais destiné à crever entre ces murs, elle n'aurait plus d'autre occasion de me voir. Je baissai les yeux vers nos mains en l'entendant parler, évitant son regard et le cœur battant. Je jetai un bref coup d’œil aux médecins qui surveillaient les malades avant de reporter mon attention sur Bri. Peut-être, ou peut-être pas... J'vais juste attendre. Attendre de voir c'qu'il va advenir de moi, de toute façon, j'ai pas peur d'partir, quand bien même ça pourrait paraître lâche. Je lâchai doucement la barre en fer, baissant les yeux vers mon poignet. J'suis pas seul, de toute manière. Non, je parle pas d'Apple. Doucement, je remontai la manche, juste assez pour montrer à Briony le dernier tatouage que j'avais fait, dont les contours étaient encore rouges tant il était récent. Le ILY qu'elle avait fait au marqueur, qui avait disparu depuis, je me l'étais fait refaire de manière permanente un peu après le bal. Elle serait toujours là, avec moi, ma Briony.

Il était à un centimètre de moi. A un putain de centimètre de verre. Et sans c'truc, j'pourrais l'prendre dans mes bras, j'pourrais lui redonner l'envie de vivre, j'pourrais l'secouer pour qu'il garde la foi, pour qu'il veuille encore vivre. L'fait qu'Andy ne me regarde absolument pas quand j'lui parlais de guérison m'fit mal au coeur et m'poussait encore plus à chercher une solution pour que j'puisse le rejoindre. J'tais incapable de le laisser dans un tel état et à l'heure actuelle, j'aurai bien aimé avoir un compte en banque aussi énorme que l'homme que j'aimais.. pour pouvoir graisser la patte des médecins afin qu'ils me laissent venir. Peut-être, ou peut-être pas... Non.. j'veux pas que tu meures, j'veux pas que tu rejoignes tous les autres. Non, c'est sûr Andy. Ptete que j'tais pas la bonne personne pour lui remonter les bretelles, sûrement pas même. C'tait à Apple, la femme de sa vie, celle avec qui il voulait avoir un avenir qui devait lui dire c'genre de choses.. mais là, elle est où ? J'la vois nulle part. J'vais faire un campement ici, j'vais pas quitter Andy. J'suis pas seul, de toute manière. Mon coeur se brisa. Oui, merci d'enfoncer le couteau dans la plaie, c'est charmant de ta part alors que j'viens d'soutenir. T'as Anya, t'as Apple, t'as Reaghan, t'as tous tes potes.. Mais moi non. Andy souleva un peu sa manche pour que j'puisse voir son poignet et.. ILY. Ma bouche s'ouvrit en un "O" sous la surprise et j'y amena ma main devant par réflexe. Mon dieu.. il l'avait fait ? C'tait moi, j'en étais certaine. Il m'avait dans la peau pour un ptit moment maintenant.. j'avais envie de pleurer là maintenant et ça m'donnait encore plus envie d'enfreindre les lois. J'suis pas mather pour rien vous m'direz. J'voulais pas penser au fait que ce tatouage était plus dramatique qu'autre chose, car il était là même si on ne pouvait pas être ensemble. J'voulais juste m'dire que j'comptais plus que l'autre greluche. Parce que moi, j'tais avec lui. Tout l'temps. Et Apple.. ? Pourquoi est-ce que j'avais demandé ça ? Est-ce qu'il avait un autre tatouage.. ? Pourquoi est-ce qu'il m'avait fait l'coup batard au Nouvel An.. ? Trop tard, j'commence à pleurer. Le trou béant dans ma poitrine qui était là depuis la rupture ? C'tait bizarre.. d'un côté, il était toujours là, douloureux.. mais de l'autre, voir cette magnifique preuve d'amour.. ça le calmait.. Faut absolument que j'trouve Léo.

L'idée que j'puisse me laisser bouffer par la maladie lui était insupportable, mais j'étais pas en état de mentir. De toute manière, feinter avoir la hargne pour vivre aurait été peu crédible, ça faisait un petit moment que je ne faisais rien d'autre que survivre. Briony avait été ma bouffée d'oxygène, celle que je n'avais désormais plus et qui faisait qu'aujourd'hui encore, je m'étouffais. J'en avais tellement marre de me redresser après toutes les épreuves que la vie nous faisait traverser. Je ne répondis rien, ne souhaitant pas m'étaler sur ce sujet-là qui était bien trop épineux pour moi, j'en avais conscience, quand bien même Briony ne pourrait pas y faire grand-chose. Je décidai donc de lui montrer le tatouage, ça lui ferait probablement chaud au cœur, autant que ça la ferait souffrir du moins... De voir que je l'avais littéralement dans la peau, que ça ne s'en irait pas. Oui, c'était vrai, j'étais à elle en quelques sortes. J'avais eu beau dire le contraire, je savais que ce que je ressentais pour elle ne s'en irait pas malgré mes efforts. Les yeux de Briony s'embuèrent et..... sa question me laissa un peu perplexe. C'était pas vraiment celle à laquelle je m'attendais pour le coup. M'humidifiant les lèvres, je la vis alors se mettre à pleurer et m'appuyai contre la vitre, les deux mains à plat comme dans l'espoir que j'puisse être avec elle. J't'en prie pleure pas... Je rebaissai doucement les mains en sentant mes épaules me tirailler, cherchant mes mots. J'ai voulu t'blesser, pour me défendre... Apple a accepté d'm'aider, au bal on t'a suivie et... Et tu connais la suite. On s'est foutus dans ce couloir parce qu'on savait que tu nous verrais. C'était prémédité, fait exprès. J'tais pas vraiment en couple avec. Je n'ajoutai rien, mal à l'aise et le cœur battant la chamade. God, ça m'fatiguait encore plus que je ne l'étais déjà, à ce rythme-là j'allais finir par terre. Je lâchai pourtant pas Briony du regard, j'm'en voulais tellement à l'heure actuelle.

Andy avait dit qu'il n'était pu mien. Il avait dit que notre histoire n'était pas forte. Il avait massacré le coeur que j'lui avais confectionné comme métaphore du mien. Il m'avait blessé comme jamais en disant le jour de notre "seconde rupture" qu'il était déjà allé voir ailleurs pour oublier. Il avait remarqué sûrement la douleur que j'avais ressenti à ces mots et avait délibérément été voir Apple. Pour coucher avec. Son ex femme. Celle avec qui tout avait commencé. Il avait absolument tout orchestré pour que j'ai encore plus mal j'suppose, car sinon il aurait pu s'cacher. Pour que la trahison soit faite des deux côtés. Après avoir parlé de réconciliation avec l'une et de nom de chien avec l'autre. Il m'avait humilié, ridiculisé, piétiné. Et pourtant, j'tais là. Face à lui à l'hôpital. Parce que j'l'aimais de toutes mes forces, parce que même si ça faisait un mois, mes sentiments continuaient de se renforcer.. et la théorie comme quoi il était l'homme de ma vie se renforçait. L'fait d'voir qu'Andy avait tout comme moi avec mes étoiles un tatouage nous représentant me fit vraiment plaisir autant qu'il m'fit bizarre. Après tout ce qu'il y avait eu.. y avait encore des sentiments ? J'comprenais plus rien. Vraiment plus rien. J'avais juste envie de craquer encore une fois. Comme tous les jours depuis plusieurs semaines. Il me manquait terriblement putain. Et j'refusais qu'il soit là, derrière cette putain de vitre. J'voulais prendre sa place moi. J'veux pas qu'il souffre.. tout sauf ça.. J't'en prie pleure pas... J'osais pas regarder Andy. J'avais peur de ce qu'il allait m'dire pour Apple. Qu'ils s'étaient remis ensemble ? Que le divorce était annulé ? Qu'il l'aimait ? J'en sais rien, j'm'attendais vraiment à tout pour l'coup. J'ai voulu t'blesser, pour me défendre... Apple a accepté d'm'aider, au bal on t'a suivie et... Boum, prends ça en pleine face Briony. Vengeance vengeance vengeance. Il ne l'aimait pas.. il ne l'aimait pas putain, mets toi ça dans l'crâne ma petite, t'es la seule. J'savais pas comment j'devais réagir.. être soulagée, en colère, attristée ? Don't know. T'as parfaitement réussi ton plan. Avec brio même, félicitations.. lançais-je avec un sourire triste, le regard rivé vers le sol encore quelques secondes avant que je ne le plonge dans celui bleuté d'Andy. Wow, il était vraiment mal au point. L'Eliot avait vraiment l'air.. de se sentir concerné ? Coupable ? J'en savais rien, j'savais pas comment juger la situation pour être honnête. J'espère que ça t'a fait du bien en tout cas. chuchotais-je. Malgré tout ça, vous savez c'quoi l'pire ? C'est qu'après avoir fini cette discussion, qu'importe son issue.. j'irai voir mon pote médecin. Ca rend fou l'amour j'vous dis..

J'avais mal au crâne, tellement... tellement mal. J'm'étais jamais senti aussi mal de toute ma vie. Est-ce que c'était à cause de la maladie, ou à cause de mes propres démons qui me dévoraient littéralement, faisaient remonter tous mes remords à la surface en me disant qu'j'allais y rester ? Ouais, je flippais. Les médecins essayaient de réconforter les malades mais je nous voyais tomber comme des mouches, les uns après les autres, avec des symptômes de plus en plus horribles. J'allais en baver, ils disaient qu'ils faisaient de leur possible pour nous aider mais aucune amélioration n'était en vue... ils savaient pas comment guérir c'truc-là, ils savaient pas comment nous soulager vraiment de tout ce mal. Briony pleurait encore de l'autre côté de la vitre et j'étais là, impuissant face à elle, incapable d'essuyer ses larmes. C'est drôle comme ça semblait être une belle métaphore de notre couple, on était là, si proche, sans pouvoir être ensemble vraiment. Je sentais la culpabilité me ronger à mesure que ses larmes coulaient, finissant par baisser les yeux. J'me sentais partir. Je posai mon front contre la vitre en soufflant, cherchant un peu de fraîcheur pour calmer cette fièvre qui me donnait la sensation de brûler vif, avant d'émettre un léger rire. Oui, très ! Mais non. Je ne savais déjà plus de quoi Briony parlait, la maladie me perdait. Je m'appuyai contre la vitre, un léger sourire aux lèvres en relevant les yeux vers Briony. J'adore imaginer où on pourrait aller. Venezuela, Inde, un pays d'Afrique ? J'sais pas. J'ai beaucoup voyagé, mais j'attends qu'on fasse ça ensemble, j'suis sûr que je verrai les choses différemment. On ira voir les aurores boréales à Ny-Ålesund en Norvège, tu les as déjà vues ? m'épaulant à la vitre, je simulai comme une petite explosion avec ma bouche et une main. C'est un peu c'que fait notre cœur quand on regarde le ciel à c'moment-là. J'étais perdu. J'avais plus conscience des réalités pendant quelques instants, envahi par la maladie qui pendant un bref moment, me permettait de m'échapper vers mes rêves avant de me ramener à la dure réalité. J'suis en train de crever. J'vais pas aller regarder les aurores boréales avec Briony à Ny-Ålesund. Je me retournai vivement en entendant des cris, effrayé, pour apercevoir les médecins se précipiter vers un malade en pleine crise alors qu'une femme de l'autre côté de la vitre, probablement son épouse, hurlait en voyant son mari convulser si violemment. Ça va m'faire ça Bri ? demandai-je en me retournant de nouveau vers elle et posant de nouveaux les mains sur la vitre, la panique dans le regard. Phases d'incohérence, comportement agité. Bri pitié sors-moi d'ici j'veux pas finir comme ce gars-là.

Andy avait cherché à m'faire du mal avec la mère de sa fille. C'tait tellement pas idiot de sa part de faire ça.. il avait réussi avec une très grande facilité à m'foutre une nouvelle fois à terre. J'crois qu'il l'avait eu sa vengeance nan ? Il pouvait pas m'faire plus mal ? J'en sais rien. T'façon, on était damnés depuis l'début. On s'aimait, mais il nous était impossible d'accéder au bonheur. Oui, très ! J'fronça des sourcils cash en l'entendant m'dire ça. J'aurai pensé qu'il y aurait une certaine culpabilité avec l'regard qu'il m'avait lancé y a quelques secondes mais nan, que dalle. Quoique.. Andy avait l'front posé contre la baie vitrée et semblait vraiment vraiment mal au point. Et d'un coup j'ressentis pu aucune colère, tristesse ou rancœur dans c'genre là.. j'tais juste inquiète de l'état de santé de mon Andy. Il avait de la fièvre, il n'avait pu d'force d'un coup, il lâchait prise.. Nan, bats toi s'il te plaît, pour nous, pour moi. Te laisses pas faire par un putain de virus. J'adore imaginer où on pourrait aller. Venezuela, Inde, un pays d'Afrique ? J'sais pas. J'ai beaucoup voyagé, mais j'attends qu'on fasse ça ensemble, j'suis sûr que je verrai les choses différemment. On ira voir les aurores boréales à Ny-Ålesund en Norvège, tu les as déjà vues ? Il m'faisait peur. Andy était totalement out et la fièvre lui faisait dire des choses qu'il n'aurait jamais dit en temps normal. Des choses qu'il pensait. Il voulait qu'on soit ensemble.. et j'devais attendre qu'il soit en train d'crever pour savoir ça ? C'est ça l'délire ? J'me sentais tellement impuissante derrière ces vitres putain. Personne pouvait lui apporter d'la glace ou quelque chose pour calmer sa fièvre nan.. C'est un peu c'que fait notre cœur quand on regarde le ciel à c'moment-là. J'me mordais la lèvre inférieure, j'aurai aimé l'prendre contre quoi là maintenant.. Vraiment. J'ai jamais eu la chance d'y aller.. On pourra aller les voir si.. Je fus coupée par les cris d'une femme de mon côté de la pièce. J'tourna automatiquement la tête vers elle et vis aussitôt un homme, du côté d'Andy, en train de se convulser. Mes yeux s’écarquillèrent. J'me sentais mal. C'tait un malade. Un malade au même étage qu'Andy. Ca voulait dire qu'ils avaient les mêmes symptômes et qu'à tout moment l'Eliot pouvait aussi avoir c'genre de crises. Mon dieu.. nan, nan, nan. J'veux pas le perdre, pas maintenant, jamais. S'il vous plaît, ayez pitié. Ça va m'faire ça Bri ? J'savais pas quoi lui répondre. J'avais la bouche entrouverte mais aucun mot n'arrivait à sortir. J'posais mes mains aux mêmes endroits que celle d'Andy jetant des coups d'oeil aux médecins qui prenaient en charge l'homme. Non, il t'arrivera rien.. J'espérais. Très fort. J'vais le protéger. Au moins, d'après sa question, j'pouvais m'douter qu'il avait pas encore eu ça.. c'tait pas plus mal. J'planta mon regard dans celui du jeune homme, sérieuse. J'te jure que j'vais veiller sur toi. Il est hors de question qu'Andy soit tout seul. J'tais prête à crever pour lui.. n'oublions pas que j'tais enceinte et que si j'chopais le virus, j'tais encore plus susceptible de mourir. Enjoy it.

Est-ce que moi aussi j'allais convulser comme ça ? L'homme avait eu des spasmes tellement violents, j'étais vraiment terrifié pour le coup. J'avais vu des hommes partir pour l'étage au-dessus, j'avais entendu des crises, mais c'était la première que je voyais et l'idée que ça puisse m'arriver me paniquer. J'tais ok à l'idée de mourir s'il le fallait, mais pitié, pas dans d'atroces souffrances. Est-ce qu'il avait ressenti la douleur ? Est-ce qu'il s'en souvenait ? C'était complètement paniqué que je m'étais retourné vers Briony, à la recherche d'un réconfort qu'elle pouvait difficilement me fournir, puisqu'elle n'avait pas la solution plus que les médecins et qu'elle ne voyait pas l'avenir. Je reportai mon regard sur l'homme qui était évacué, puis à nouveau sur Briony, le cœur battant la chamade, trop vite, bien trop vite pour un homme normal et en bonne santé. Mon corps entier était complètement déraillé, je maîtrisais plus rien. Je crispai doucement les doigts sur la vitre, acquiesçant en fixant Briony dans les yeux pour tenter d'y trouver de quoi m'apaiser, mais mon comportement inhabituel n'échappa pas aux regards pointilleux des médecins. J'allais pas me calmer, j'avais besoin de soins. Monsieur, nous allons vous raccompagner dans votre chambre. Mon regard fit la navette entre le médecin et Briony alors que j'assimilais c'qu'il me disait. Il voulait nous séparer ? Non, non j'veux... j'veux rester avec elle. Mais d'autres médecins s'approchaient déjà, sait-on jamais que je me débatte et prenne le risque de me blesser. Bri... ! Bri, tu vas revenir hein ? Et les médecins m'emmenèrent pour me ramener jusqu'à ma chambre, seul et surtout loin de celle qui m'apaisait. Une fois couché, rebranché correctement aux machines, ils ne se firent pas prier pour me shooter à la morphine et en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, je m'étais endormi. Pendant combien de temps ? Des longues heures certainement, et ce qui me réveilla, ce fut le bruit de la porte suivit d'une main qui se glissait dans mes cheveux. Je rouvris doucement les yeux, dévisageant longuement la personne au-dessus de moi jusqu'à parvenir à la voir plus clairement. Briony... ? J'suis déjà mort ? Pourtant j'entendais le bip régulier de mon cœur. Qu'est-ce qu'elle faisait là ?

Entre entendre parler des symptômes, voir des images aux informations et observer en réalité les malades.. mais c'tait carrément différent et ça m'rendait malade de voir que les gens souffraient de cette manière. Derrière c'te putain de baie vitrée, sans que leurs proches puissent leur apporter un peu de soutien et de douceur. C'tait inhumain. J'avais l'impression qu'on était comme des bêtes, à devoir être séparés.. mais c'tait juste pour qu'on puisse se soigner correctement. Paradoxalement. J'voyais bien qu'Andy était complètement paniqué et que sa fièvre n'arrangeait en rien son état, sa capacité à faire la part des choses. Son coeur devait battre à fond, une crise d'angoisse ne devait pas être loin. Calmes toi Andy, souffles.. Mais déjà les blouses se ramenaient près du jeune homme. Monsieur, nous allons vous raccompagner dans votre chambre. Ca m'tuait de voir qu'on allait être séparés et d'voir qu'Andy était totalement déconcerté.. J'savais que c'tait pour son bien mais rien que l'fait qu'il allait être mal loin d'moi.. ça m'plaisait absolument pas. Non, non j'veux... j'veux rester avec elle. Mon coeur se serrait à l'entente de ces mots. J'veux rester avec toi Andy. J'monta un peu plus ma main sous l'coup de l'impulsivité, j'tais prête à péter la vitre pour l'rejoindre. Mais la science avant tout.. j'voulais qu'il aille surtout mieux dans un premier temps.. Bri... ! Bri, tu vas revenir hein ? J'me mordis la lèvre, fixant Andy droit dans les yeux. Oui, j'vais revenir, j'te le promets. Et sûrement bien plus tôt que tu ne le pensais. Dès qu'Andy fut hors de ma vision, j'me précipita hors de l'hôpital pour rentrer chez moi, là où résidaient également Sateen et Keyla depuis peu, et y récupéra quelques affaires. Vêtements, toilettes, bouffe un peu, argent surtout, de quoi divertir Andy.. J'checka au moins trois fois que j'avais tout puis retourna dans le grand bâtiment pour y retrouver mon ami. Leo.. C'est très sérieux, tu dois m'laisser aller là. J'voyais pas que mon ami n'était absolument pas ravi d'entendre ce genre de choses et s'en suivit un débat. Long. Très long. Où chacun apportait ses arguments. Il voulait pas que j'chope le microbe. J'lui disais que j'en avais rien à faire de mourir, que j'voulais être auprès d'Andy. Il m'rétorquait que j'tais trop fragile, j'lui répondais que c'tait mon choix. Plein de choses dans c'genre là vous voyez ? Et j'avais gagné. Il m'avait fait passer le sas de sécurité, sans tenue de cosmonaute. Juste moi. J'avais l'autorisation de rester pour la soirée et au moins quelques jours ici. Juste Andy et moi. J'allais veiller sur lui comme j'lui avais promis. C'était absolument pas conventionnel. C'était absolument moral, c'était absolument INTERDIT de faire ça. Mais faut croire que les médecins ont le goût du risque et que j'ai encore un peu de charme face à Léo. Oui, j'étais suicidaire, oui je faisais quelques choses de mal, oui il y aurait des conséquences.. m'enfin bref.

J'étais rentrée doucement dans sa chambre, posant mon sac et ma veste sur le côté. C'tait des chambres individuels pour l'coup, c'tait parfait. On avait évité le dortoir commun au moins. Personne n'allait venir nous embêter.. J'm'étais approchée du malade, passant doucement ma main dans ses cheveux. Il avait l'air totalement dans les vapes. Briony... ? Un sourire s'étira sur mes lèvres. C'est moi.. T'es au paradis, t'as vu un peu ? Le bip des machines résonnait dans toute la pièce mais bizarrement me rassurait. J'enleva rapidement mes chaussures et monta sur le lit d'Andy, pour ensuite m'coucher doucement à ses côtés, le regardant droit dans les yeux. Tu peux t'rendormir si tu veux.. j'vais pas disparaître.. lui dis-je en passant une main sur son visage. Il avait un peu moins de fièvre, au moins les médecins avaient guéri ça. Ca m'faisait tellement d'bien d'être à côté d'lui.. d'pouvoir le toucher, l'prendre contre moi. J'vais pas partir.