En parler ouais... Mais j'avais pas envie de m'attarder trop longtemps, parce que le sentiment d'être séparé d'elle revenait doucement en évoquant cette semaine là. Et j'avais tout, sauf envie de ressentir une nouvelle fois ce sentiment. Faut dire qu'être séparé de la femme qu'on aime parce qu'elle est malade et qu'on peut rien faire, si ce n'est lui rendre visite... c'était juste horrible. Mais c'était réglé, bien heureusement. Je la sentais contre moi, nous avions partagé un moment rien que tous les deux dans la salle de bains et c'était juste parfait. "Promis, on en parle plus. Tu m'as manqué, c'est tout ce qu'il faut en retenir. Mais maintenant, on peut rattraper le temps perdu." Glissant ma main sur son flanc, je la laissais se blottir contre moi, me laissant m'endormir dans ses bras. Ca faisait un bon moment que nous n'avions pas partagé un moment comme celui-ci. Une semaine il me semble et ça me semble si loin. Là, je me trouvais en compagnie de celle qui m'rend heureux, celle qui m'fait sourire avec sa maladroitesse légendaire. Et j'avais besoin de rien de plus pour être bien finalement. Ma fille se reposait calmement dans son lit à côté et... et c'était le coeur léger que je m'endormais comme ça.

Calée dans ses bras, je m'étais endormie aussi facilement que l'on ferme les yeux. Ça faisait partie des choses qui avaient changé depuis que j'étais en couple avec Alex ; avant lui, jamais je n'aurais accepté le moindre contact physique pendant que je dormais. Maintenant, je trouvais que ça avait un côté apaisant de le sentir respirer contre moi, sentir son torse se soulever de façon régulière sous ma paume. J'étais donc bien ancrée dans le sommeil quand je me réveillai en sursaut plus tard dans la nuit, sans réellement comprendre pourquoi. La lumière était toujours allumée dans la chambre, donc je plissai les yeux plusieurs fois pour permettre à ma vision de s'ajuster à la luminosité. Comme souvent, je me réveillai dos à Alex, l'un de ses bras sous le creux de ma nuque, l'autre enroulé par-dessus ma taille. Je sentais encore sa respiration tranquille contre mon dos, signe qu'il dormait profondément. Sans trop bouger, je tentai d'étirer un peu mes jambes, puis mes bras, histoire de me réinstaller confortablement. Mais je vis soudain la truffe de Simon apparaître au bout de mon matelas, me faisant à nouveau sursauter. C'est vrai, je n'avais toujours pas résolu la raison de mon réveil brutal. Est-ce que c'était la faute de mon chien ? Mais alors que cette pensée traversait mon esprit, des pleurs de bébé retentirent dans la chambre, me faisant donc comprendre que ça devait être ça qui m'avait réveillée. J'attendis patiemment qu'Alex se réveille pour aller s'occuper de sa fille, le bousculant un peu avec mon coude. Quand il ne bougea pas, je me décidai à m'extirper de ses bras pour aller jusqu'au lit parapluie où dormait la petite. Sa tétine était loin d'elle, je me penchai donc pour la lui remettre dans la bouche, me disant que c'était probablement la raison de son chagrin, mais elle la recracha aussitôt et recommença à pleurer. Et là .. ça n'était plus de mon ressort, papa allait devoir se lever. Soupirant, je retournai jusqu'au lit, bousculant doucement l'épaule de mon petit ami. « Alex .. » Je le secouai un peu, m'asseyant près de lui. « Ta fille pleure .. » Malgré quelques grognements de sa part, je n'eus pas la moindre réaction. J'avais beau le secouer et l'appeler, visiblement ma voix n'atteignait pas ses tympans. Je me redressai, posant mes mains sur mes hanches en soufflant. Ok, le stress montait en moi là. Qu'est-ce que j'étais censée faire ? Rien .. Je n'pouvais pas faire grand chose étant donné que je n'étais même pas foutue de la prendre dans mes bras. Depuis qu'elle était née, je l'évitais un peu comme la peste. Enfin elle, pas vraiment .. mais la soulever, la prendre contre moi, j'en étais incapable. J'avais peur de lui faire mal, peur de ne pas la tenir comme il fallait, peur de la faire tomber .. et je pense qu'au fond de moi, j'avais aussi peur que ça rende les choses trop concrètes. Elle approchait des trois mois et j'avais toujours réussi à éviter de la porter dans mes bras. Je ne savais pas vraiment si Alex l'avait remarqué, ou pas .. J'espérais que non. J'essayai une dernière fois d'appeler le prénom d'Alex doucement, histoire de ne pas effrayer plus la petite, qui pleurait toujours dans son lit. Elle n'avait pas un cri strident et c'était vraiment parce que j'avais le sommeil très léger que j'avais pu l'entendre. Les mains dans les cheveux, je regardai Simon avec un air désespéré, comme s'il allait pouvoir m'apporter une quelconque réponse .. J'en espérais beaucoup d'un berger Suisse. M'approchant à pas feutrés du lit, je posai une main dessus et me penchai en avant, observant Robyn qui gigotait en couinant. La boule au ventre et sans trop réfléchir, je tendis finalement les main dans sa direction, l'attrapant le plus doucement possible sous les bras avant de la soulever. J'savais même pas comment la tenir, j'essayais maladroitement de tenir sa tête en même temps en glissant mes index derrière celle-ci, tout en me concentrant en même temps pour ne pas la lâcher. C'était du grand n'importe quoi, ça ne ressemblait à rien et puis d'abord, je n'savais même pas si la prendre dans mes bras allait servir à quelque chose. J'faisais peut-être tout ça pour rien. Le plus bizarrement du monde, je me redressai et tentai de la caler au creux de mon coude, allongée sur mon bras droit. Le gauche aurait été plus adroit, mais mon poignet était encore sensible à toute pression donc je préférais éviter. Bon .. elle était dans mes bras, mais maintenant je faisais quoi ? Je n'osais pas faire le moindre mouvement, de peur qu'elle passe par-dessus bord, ou une connerie du genre. Alors pour le moment, je me contentai de passer la pulpe de mon pouce sur sa joue, ce qui la fit faiblir dans ses pleurs pendant un petit moment, mais elle continua ensuite à s'exprimer par des petits couinements de mécontentement. Putain et si elle avait faim, je faisais quoi ? Bon .. pas de panique .. Le plus doucement du monde et surtout le corps entièrement crispé, je me mis à sautiller très légèrement sur place pour la bercer. J'devais vraiment ressembler à un babouin tentant de bercer un bébé phoque .. quelque chose qui n'était pas vraiment prévu pour être réalisé. Plantant mes pieds dans le sol, je me balançai délicatement de gauche à droite, en faisant des petits sons que j'imaginais rassurants. C'était bizarre que ça se déroule si .. bien ? J'imaginais ça en totale apocalypse depuis plusieurs mois. En fait je l'imaginais me glisser des mains comme une savonnette détrempée. Charmant .. mais probable. Nan ? Wow, j'étais tellement stressée que je n'avais même pas remarqué que petit à petit, les pleurs avaient cessé. Baissant les yeux, je remarquai que les siens me fixaient avec intérêt, quelques grosses larmes stagnant sous ses cils. Je les essuyai à l'aide de mon pouce et continuai de la bercer un moment. P'tain, j'me sentais .. bien. J'avais toujours peur de la faire tomber, donc je me dirigeai lentement vers le lit, m'asseyant dessus avec la plus grande douceur. Je m'appuyai contre la tête de lit et restai à la regarder en silence. Elle n'avait pas l'air de se plaindre, signe que je la tenais comme il le fallait, non ? Sa main vint chercher mon menton et elle l'agrippa, alors avec un petit rire, je baissai mon visage pour embrasser sa paume, la faisant sourire à son tour. C'était .. étrange. On n'avait encore jamais rien échangé de tel, elle et moi. C'était simple et pourtant, mon cœur s'emballait dans ma poitrine et je ne savais pas trop quoi faire de ce sentiment apaisant qui m'envahissait. Je me laissais simplement aller à cette nouveauté, cet échange tardif mais agréable. Un coup d’œil vers Alex et je m'installai un peu plus confortablement contre mon oreiller. Je posai Robyn contre le matelas, toujours au creux de mon bras. J'allais juste attendre qu'elle se rendorme et j'irai la reposer dans son lit. Pour le moment, je me contentai de faire voguer mon regard entre elle et son père. J'ignorais ce qui m'avait pris de faire ça, de franchir le pas .. j'aurais pu réveiller Alex avec un seau d'eau, c'était pas comme si j'en étais incapable. Mais il avait dû tellement se fatiguer ces dernières semaines, entre Robyn, ses cours, mon chien et celui de Holly d'après ce que j'avais compris. Plus l'inquiétude de voir la plupart de ses proches envoyés en quarantaine .. Il dormait si bien que j'aurais eu des scrupules à le déranger. Mais je ne l'avais pas fait, j'avais enfin pris sa fille dans mes bras et là, elle dormait enfin contre moi. Et mes paupières étaient si lourdes que je ne tardais pas à les refermer, sans prendre la peine de ramener le bébé dans son lit. Elle était en sécurité entre nous deux et je la tenais fermement, même si ma prise se relâcha légèrement lorsque je me laissai enfin emporter par le sommeil.

Le sommeil s'était rapidement emparé de moi. Faut dire que le moment que j'avais passé dans la salle de bains avec Billie m'avait épuisé, mais tout ce que j'ai vécu les semaines précédentes s'accumulaient dans ma jauge de fatigue. Du coup, je m'étais embarqué dans un sommeil profond qu'il allait être difficile à briser. Bah oui, faut bien dire ce qui est, j'étais dans le lit de ma copine, qui était d'ailleurs à mes côtés et me permettait de me sentir bien... super bien même, et ça, c'était vraiment ce que j'adorais; Elle s'était initialement endormie collée contre moi mais au fil de la nuit, elle s'était retrouvée le dos contre mon torse. J'avais pris l'habitude de me réveiller avec son odeur dans mes narines, mon nez se trouvant proche de sa nuque. Mais pendant la nuit, je me retrouvais sans cette odeur et ça m'avait perturbé. Émergeant doucement de mon sommeil, je m'étais mis à froncer des sourcils en comprenant que ma petite amie n'était plus dans mes bras. Puis, petit à petit, j'ouvrais mes paupières pour découvrir mon environnement. Mes yeux mettaient du temps à s'adapter à la lumière ambiante qui régnait dans la pièce et finalement, j'arrivais à distinguer une forme à mes côtés, Billie, mais une petite autre en plus, à ses côtés et plus proche de moi... Un sourire sur les lèvres, je reconnus ma petite fille. Je m'étirais les jambes et je me calais bien, gardant mes yeux ouverts pour regarder ma copine tenir dans ses bras ma fille, toutes les deux dormant paisiblement. Un sourire s'esquissa naturellement sur mes lèvres. Sérieusement, c'était vraiment une des plus belles choses que j'avais pu voir et j'avais sûrement loupé le meilleur. C'était même presque sûr. Assez délicatement, je tendais ma main pour mettre mon doigt sous le nez de Robyn, vérifiant alors qu'elle respire bien et une fois dans, je caressais légèrement son ventre avant de poser ma main sur l'avant bras de ma petite amie. Je le retirais presque aussitôt, ne voulant pas la réveiller pendant qu'elle dormait. Après tout, elle avait épargné mon sommeil et je devais en faire de même avec le sien.

Je n'avais même pas cherché à lutter contre le sommeil une fois qu'il avait toqué à la porte. Après tout, j'étais au milieu de ma nuit quand j'avais dû me lever pour aller voir Robyn. Alex avait l'air d'avoir débranché toute fonction vitale hormis celle de respirer et son ouïe lui jouait des tours également, parce que je l'avais appelé un millier de fois et j'avais eu trois pauvres grognements en retour. Donc je m'étais retrouvée comme une conne devant le lit de son bébé, les bras ballants le long de mon corps à ne pas savoir comment agir parce que, bordel, je n'arrivais pas à la prendre dans mes bras. C'était impossible que je le fasse sans finir par lui faire mal. Mais son père s'était entêté dans sa mort ponctuelle et avait .. eh bien, fait le mort ? Ça m'avait donc laissée avec un chien qui remuait dans la pièce, un bébé qui pleurait toujours et la peur qui me bouffait le ventre. Finalement, j'avais franchi une étape grâce à de nombreux gestes maladroits et palpitations accélérées. De la perspective de quelqu'un de normal, c'était un trop gros grabuge pour simplement prendre un bébé dans ses bras. Pour moi, c'était comme si sa vie dépendait de mes gestes malhabiles. Mais j'avais réussi .. enfin. Ça m'avait pris trois longs mois, mais je l'avais fait. C'était un pas en avant selon moi, même si le calvaire était loin d'être terminé. Je m'étais donc endormie avec la petite allongée dans mon bras, son père à quelques centimètres de nous. Et j'avais dormi comme une souche. Sauf que je me réveillais une nouvelle fois en sursaut un peu plus tard, lorsque je sentis un bref contact sur mon bras. Mon cœur se mit à battre rapidement tandis que j'ouvrais les yeux, cherchant la cause de ma stupeur .. qui n'était autre que mon petit ami. Je clignai des yeux plusieurs fois, puis je lui offris un sourire en passant ma main libre dans mes cheveux. « T'es réveillé .. » dis-je, ne sachant même pas quelle heure il était, ni même si le jour était déjà levé ou non.

J'avoue que là, j'me suis laissé entrainer dans les profondeurs du sommeil, chose que je ne laissais pas faire en temps normal vu que je devais m'occuper de Robyn. Et si je dors profondément, je ne pouvais pas l'entendre. Et je crois bien que c'était ce qui était arrivé cette nuit puisque, quand j'ouvrais les yeux dans un moment de lucidité nocturne, je découvrais ma petite amie allongée vers le bord du lit, ma fille calée dans son bras. Je me mis à sourire comme un idiot à cette vue qui était inédite. C'était la première fois que je voyais Billie tenir ma fille et bordel, c'était juste trop beau à voir. Elle tenait ma fille, ma petite fille. Je vérifiais, comme à mon habitude, sa respiration et puis je posais doucement ma main sur l'avant bras de Billie avant de l'enlever presque immédiatement. Je ne voulais pas la réveiller mais c'était trop tard. Elle avait sursauté et s'était réveillée brusquement, de ma faute. Mince, j'avais pas envie de la sortir de son sommeil... Bon trop tard, elle était en train de se remettre les idées en place et je ne pouvais pas faire grand chose pour arranger ça. Sourire sur les lèvres, elle s'adressait finalement à moi. "T'es réveillé .." Je souriais à mon tour, hochant la tête légèrement. J'avais calé mon bras sous ma tête, ne lâchant pas ma petite amie du regard, sauf pour regarder ma fille. "T'as pris Robyn dans tes bras." avouais-je en chuchotant. Ouais c'était une constatation que je faisais à voix haute, lui montrant que j'avais bien remarqué qu'elle ne l'avait jamais fait par le passé.

Je me réveillai lentement, me laissant le temps de remettre mes idées en ordre avant de finalement ouvrir les yeux. Vu la luminosité de la pièce - les rideaux étaient toujours sombres, pas la moindre trace de soleil et l'aura doré de la chambre - il était fortement probable que le jour ne se soit pas encore levé. Ce qui voulait dire que je devais dormir depuis une heure, tout au plus. Mon réflexe fut d'étendre l'un de mes bras pour m'étirer, comme je le faisais toujours en me réveillant ; sauf qu'après avoir étiré mon premier bras, j'allai pour étirer l'autre mais je me souvins en sentant un poids sur celui-ci, que j'avais Robyn contre moi .. Bon sang, j'en revenais toujours pas d'avoir réussi à le faire .. J'adressai un sourire à Alex, constatant qu'il était réveillé. « T'as pris Robyn dans tes bras. » Oh .. merde, donc il avait remarqué .. Je me sentis rougir de malaise et je resserrai un peu mon bras sur le bébé pour me redresser en me raclant la gorge. « Hm, tu dormais .. j'arrivais pas à t'réveiller et elle pleurait, donc .. » Donc ouais, j'l'avais prise dans mes bras pour qu'elle arrête. J'espérais qu'il m'en voulait pas de l'avoir fait alors qu'il n'était pas là pour superviser le désastre.

Bien sûr que j'avais remarqué que ma copine évitait tout contact avec ma fille. C'est le genre de trucs qu'on ne peut pas louper. Sauf que cette nuit, elle l'avait enfin pris contre elle, dans ses bras, et j'étais même pas réveillé pour le voir. J'avoue que je suis quand même déçu de l'avoir loupé, parce que c'était un moment important, le premier qu'elles partageaient ensemble toutes les deux... Mais bon, je serai là la prochaine fois, c'est une promesse que je fais à moi-même. "Hm, tu dormais .. j'arrivais pas à t'réveiller et elle pleurait, donc .." Je secouais la tête, reposant ma main sur son avant bras, la glissant jusqu'à sa main. "T'as pas à t'justifier... t'as bien fait." avouais-je un sourire sur les lèvres. Au moins, ma fille dormait paisiblement et c'était bon à savoir. Billie avait réussi à la calmer tranquillement, sans avoir besoin de moi. Je restais silencieux à la regarder, laissant mon regard naviguer entre elle et ma fille et puis finalement, je le bloquais sur ma petite amie pendant un moment. "Je t'aime." Merde, c'était sorti tout seul et... rha. J'ouvrais alors la bouche sauf qu'aucun mot ne sortait. Je la fermais donc, tentant de ne pas montrer le stress que je pouvais éprouver à ce moment précis. Certes, c'était le moment parfait, mais j'sais pas... J'sais pas. Inspire, expire. Ca va bien se passer, ok Alex. Ca va bien se passer. Reprends ton sourire et ça ira. Je m'étais donc mis à sourire avant de regarder de nouveau ma fille.

J'essayais d'imaginer ce qu'il avait dû ressentir en remarquant que depuis deux mois, je n'avais pas eu un seul contact avec Robyn. Je l'évitais aussi bien que je le pouvais et jusqu'à ce soir, ça m'avait plutôt bien réussi. Ouais, j'imaginais ce que c'était de voir sa petite amie éviter de soulever son propre enfant pendant aussi longtemps et je me sentis sérieusement mal. J'avais pourtant essayé d'être discrète, mais bon .. visiblement pas assez. « T'as pas à t'justifier... t'as bien fait. » Je me mordis l'intérieur de la joue, toujours aussi rosée et je baissai mon visage vers la petite, qui dormait toujours aussi bien. Mon regard remonta pour venir croiser celui de mon petit ami, qui m'accrocha un moment. J'esquissai un sourire parce que ce moment était plus qu'agréable. J'avais surmonté quelque chose qui me tétanisait, il était heureux, Robyn l'était peut-être aussi .. « Je t'aime. » Mon sourire flancha et je me sentis aussitôt prise de sueurs froides, le cœur battant aussi vite qu'humainement possible et ma respiration suivant pratiquement le même rythme. What the .. putain, mon cerveau venait de se déconnecter entièrement je crois. Il continuait de sourire et .. il n'avais pas dit ce que je pensais qu'il venait de dire, ou quoi ? Pourquoi est-ce qu'il était si calme ? « Tu .. tu, quoi ? » bafouillai-je de façon incrédule. Putain, j'avais Robyn dans les bras, mais j'avais besoin de me lever .. de bouger, de faire les cent pas. Qu'est-ce qu'on faisait d'un bébé quand on ne pouvait plus le porter, au juste ?

Evidemment que j'allais pas l'engueuler parce qu'elle a pris ma fille dans ses bras, j'veux dire... Quand même. Elle s'est occupée de Robyn puisque j'étais visiblement pas opérationnel et j'trouve que c'était une bonne initiative. Bon, j'aurais aimé voir ça mais je ne peux m'en prendre qu'à moi-même d'après ses dires. Je voulais pas me réveiller et elle devait faire quelque chose. Mais du coup, elle l'a pris dans ses bras et elle avait même réussi à assez bien gérer ma fille puisqu'elle était à présent endormie dans ses bras.. bien que techniquement, elle était surtout calée entre son bras et son flanc. Et en fait, pendant ce moment où je me sentais carrément bien, où ma fille dormait paisiblement dans les bras de ma copines, j'ai pas pu m'empêcher de dire deux mots qui vont... tout changer ? Ouais, tout changer. Je me rendais compte petit à petit, gardant le sourire sur les lèvres, qu'elle se mettait à paniquer. Pourquoi ? Y'a pas de raison, calme toi Billie, calme toi. Je la regardais, tentant de voir ce qu'elle pouvait penser ou.. j'sais pas. En tout cas, elle n'avait pas l'air d'apprécier tout ça vu que son sourire n'était plus sur son visage. J'avais merdé, c'est ça. J'avais merdé. "Tu .. tu, quoi ?" J'inspirais et puis, sans brusquer les choses, presque chuchotant, je lui répétais ce que j'avais dit, beaucoup moins.. confiant, et plus interrogatif. "Je.. t'aime ?" Quelque chose me dit que j'aurais pas de réponse. Et merde.

Okay d'accord, ça y est, mon cerveau était à nouveau officiellement en ébullition. Ça ne lui avait pas pris très longtemps de se réveiller malgré la fatigue. Mais il fallait dire que là, avec la bombe qu'il venait de me lâcher au-dessus du crâne, il était complètement en alerte. À vrai dire, je ne croyais tellement pas à ce qu'il venait de me dire que je dus lui demander la confirmation que je n'étais pas folle. J'étais nerveuse parce que si je n'avais pas divagué, je ne savais pas comment je devais réagir. Donc j'attendais de savoir .. sentant comme une enclume dans mon estomac. « Je.. t'aime ? » Putain, j'avais bien entendu .. Je me rallongeai, me mettant à fixer le plafond. Merde, je ne savais vraiment PAS quoi faire. Je ne m'étais pas attendue à ça, jamais en un millénaire, je n'aurais imaginé de tels propos tenus à mon égard. Il m'aimait et .. c'était censé vouloir dire quoi .. ? « Oh, hm .. » J'avais carrément du mal à y croire en fait, mais je n'pouvais quand même pas lui dire ça .. ? J'pouvais quand même pas lui révéler l'ouragan qu'il avait provoqué dans mon crâne avec si peu de mots ? « Hm .. d'- d'accord .. » Oh putain, j'avais zéro expérience mais ça, je sentais que c'était la pire chose à dire dans un tel moment.