Même si une partie de moi persistait à croire que je pouvais au moins avoir confiance en ma mère, j'avais malgré tout peur qu'elle en parle à mon père. C'était une chose de lui en parler à elle, mais à papa... Jamais. Je me refusais de le décevoir, pas là-dessus. Elle sembla pas très étonnée, à croire que j'étais prévisible. Enfin, j'avais jamais été particulièrement dingue de ce statut de prince qui changeait strictement rien à ma vie, enfin, jusqu'à ma majorité. Mon père lui même semblait assez simple comme personne et ça me foutait toujours une claque de le voir assurer ses fonctions. Il m'avait vraiment l'air différent quand il venait nous voir à Cambridge. J'aurais aimé qu'on soit tous les quatre à Cambridge, ça aurait été plus simple. J'étais pas sûr que Gaïa partageait mon avis là-dessus : elle était plus à l'aise que moi avec tout ce bordel royal, mais je crois qu'elle aurait aimé voir papa plus souvent. Ma mère me posa une question et j'haussa les épaules. Peur ? Un peu ouais, sans doute, on se prépare à gouverner un pays sans avoir la moindre appréhension, c'est genre impossible. Y avait la peur et l'envie qui me manquait. J'avais pas du tout envie de tout ça, même si ça me faisait de la peine de penser ça, bah toute cette histoire c'était plus une corvée à mes yeux qu'un cadeau. Ouais, en quelque sorte. J'ai pas envie d'y aller, je veux pas aller vivre là-bas. Papa comprendrait pas et j'ai pas envie qu'il le prenne personnellement. Car c'était pas personnel, vraiment. Mon père était mon héros depuis que j'étais gamin et j'aimais bien l'idée de le voir tous les jours, même si du coup je verrais plus ma mère aussi souvent. Mais pas dans ces conditions-là. C'est pas que je ne veux pas vivre avec lui, c'est que je ne veux pas de tout ce qui va avec c'était peut-être pas très clair, mais en ce moment j'avais pas beaucoup mieux.

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Tu ne pouvais pas comprendre ce que ton fils devait ressentir vis a vis de toute la royauté. Tu n'avais jamais ete acceptée la-bas et tu n'avais jamais eu le courage de l'accepter. Peut-etre que tu aurais du, peut-etre que ca aurait aide que tes enfants grandissent dans ce monde la, ce monde auquel ils appartiennent. A la place, tu les avais fais grandir ici a Cambridge, dans une vie toute a fait differente. Tu avais ete trop fiere pour changer d'avis et ca avait fini comme cela. Maintenant, ton fils se trouvait dans une situation delicate. Tu pouvais comprendre la ou Hermes ne voulait pas decevoir son pere, mais cela ne servait a rien de se forcer a prendre un role qu'on ne voulait pas. Tu soupirais, ouvrant tes bras pour inviter ton fils a venir. Tu etais pas sur qu'il accepte, mais tu pouvais toujours tenter. "Viens la. J'comprends que tu ne veux pas, mais tu verras, tu finiras peut-etre meme par aimer. Tu as encore du temps. Tu peux faire tes etudes ici a Harvard comme ta soeur et apres tu iras le rejoindre. Il comprendra cela." Ouais parce que du coup, ca voulait aussi dire que tu n'allais pas te separer de si tot d'Hermes.

Elle s'était un peu calmée, elle avait l'air moins énervée. Enfin, elle allait sans doute pas lever ma punition pour autant, mais au moins, on allait pas passer des heures à se tirer la tronche. Tant mieux, j'étais pas d'humeur pour une dispute. Au contraire, j'aspirais à un peu de tranquillité. Elle me fit signe d'approcher pour m'étreindre. Je me mordis la lèvre, hésitant une seconde puis je m'exécuta. Ca me faisait me sentir un peu bête, un peu gamin. M'enfin, j'avais jamais été du genre à être embarrassé pour un rien, j'avais l'esprit plus ouvert que ça. Ouais, enfin j'exagère peut-être aussi. Ca va me passer. C'est pas comme si j'étais sensé partir vivre avec papa dès demain répondis-je, essayant de relativiser. Dans le fond, je faisais pas le fier non. J'avais perdu mon air un peu buté, pour mon air anxieux, abattu et j'étais pas super convaincant. Enfin, c'était pas grave. Je m'écarta de ma mère, en me mordillant la lèvre. Je suis désolé d'avoir séché les cours, maman je l'avais déjà dis, mais bon, maintenant je me sentais un peu con. C'était pas une solution loin de là et c'était stupide. Je savais même pas pourquoi j'avais fais ça, j'aurais put dormir en cours, ça aurait pas été une première. Non. Enfin bref.

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En verite, la peur que Hermes pouvait ressentir, tu en avais une petite idée. Au depart, quand Elios et toi commencait tout juste a vraiment etre ensemble, peu apres la naissance des jumeaux, tu avais completement paniqué par cette idée d'avoir a assumer tout cela. C'etait dure, tres dure. C'est pour cela que tu vivais encore a Cambridge, meme apres 17 ans avec Elios. Vous parliez quasiment tout les jours, malgre la difference d'heure et son emploi du temps de ministre et vous vous voyiez regulierement. C'est mieux ainsi, meme si il te manquait enormement a chaque jour. Mais bon pour l'instant c'etait hermes qui comptait le plus et qui semblait le plus mal. Il vient dans tes bras ce qui te fit sourire. Tu savais qu'avec Gaia c'etait impossible. "En effet, t'as encore un peu de temps devant toi, puis si je te disais qu'j'demenage aussi la-bas une fois que vous avez fini le lycee. Ca te rassure un peu?" Oui tu te souvenais de l'accord que vous aviez passé Elios et toi, qu'une fois qu'ils auraient terminé le lycée tu irais le rejoindre en Italie pour etre a ses cotes. Tu ebouriffais ses cheveux alors qu'il s'excusait. "Roh tu crois que j'ai jamais secher les cours? Le recommence juste pas!" Lui dis-tu avec un petit sourire. Bah ouais meme a Harvard tu sechais, fin c'etait plutot etre absente pour raison medicale.

Me rassurer ? Oh ça oui et pas qu'un peu. Et je ne put m'empêcher de le montrer en poussant un soupire de soulagement qui m'échappa un peu. Bon, c'était ma mère, que je le montre ou non, voulant jouer les adultes forts à dix-sept ans, elle savait qu'elle me sortait une bonne épine du pied en m'apprenant ça. Oui, ça me rassure totalement lui accordais-je. Si ma mère était là, avec nous, ça serait sans doute moins bizarre. J'avais pas l'habitude de vivre avec mon père sur la durée : je le voyais tous les jours quand j'allais en vacances en Italie, mais c'était pas pareil. C'était des vacances, pas ma vie au quotidien. Avoir maman en Italie allait me permettre de garder un peu mon cadre normal, de ne pas en changer car même s'il paraît que le changement à du bon, pour l'heure j'en voulais pas le moins du monde. Tu avais décidé ça depuis longtemps ? La questionnais-je. Elle me l'aurait dit quand si je l'y avais pas amenée ? Enfin, maintenant je le savais c'était l'essentiel. La réaction de ma mère au renouvellement de mes excuses me fit sourire malgré moi. Elle m'ébouriffa les cheveux, signe qu'elle était plus fâchée contre moi. Ouf. On avait évité la crise, même si pour cela, il avait fallu verser dans la confidence. Ca avait été pas totalement inutile : je m'étais allégé d'un poids en apprenant que ma mère me suivrait en Italie et viendrait vivre avec papa là-bas et aussi, j'étais content de voir cette barrière instaurée par mes silences à ce sujet et dressée entre ma mère et moi désormais effondrée. Promis répondis-je à ma mère. Ouais, je pense que  j'avais retenu la leçon et j'allais sans doute me prendre un savon par derrière de la part de ma soeur, alors bon, j'allais vraiment la digérer, celle-là.

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Tu en avais jamais parlé a tes enfants de l'accord que tu avais passé avec Elios lors de votre mariage. C'etait pas pour le leur cacher, mais pour ne pas leur donner de faux espoirs en avance. Tu ne pourrais pas savoir ce qui pourrait se passer en 18 ans alors tu avais prefere ne rien dire, pour voir comment les choses allaient se developper. Certes, tu n'avais jamais douté de ton amour pour Elios et la bague que tu portais depuis bientot 17 ans, tu la portais avec fierte et amour. Mais bon, on ne pouvait jamais etre trop prudent et tu etais ainsi. Tu te doutais bien qu'Hermes allait te demander si tu avais decide cela il y a longtemps. "Oui, c'etait l'accord qu'on avait passé quand j'ai epousé ton pere. Que j'allais vous eduquer ici mais qu'une fois que vous auriez 18 ans, j'irais le rejoindre en Italie pour etre a ses cotes." Vous passiez beaucoup de moment ensemble avec Elios et essayiez bien souvent de vous montrer unis devant les jumeaux et le monde entier, mais au fond, rien ne pouvait vraiment remplir le vide qu'il laissait quand il n'etait la. Ta fierte avait gagné le dessus au moment ou vous aviez decidé pour l'avenir et maintenant tu en payais un peu le prix. Il n'y avait que la joie de voir un sourire sur le visage de tes enfants qui réussissait a te remontrer le morale quand ca n'allait pas. Le fait qu'Hermes avait seche les cours etait a present devenu un topic lointain et tu savais que quand tu devrais aller chercher Gaia, la maison deviendrait un joli orchestre.

En quelque sorte, je leur en voulais un peu de m'avoir caché un truc pareil. Soit, j'avais pas à tout savoir et j'avais pas toujours été en âge de comprendre, je l'étais sûrement pas encore tout à fait pour certains sujets même, mais quand même. Elle avait sentit que mon anxiété était liée à l'approche du moment fatidique ou je devrais partir pour l'Italie et elle avait les moyens de m'apaiser en m'expliquant qu'elle avait prévue de venir elle aussi. Gaïa devait pas être au courant (si en plus elle l'avait apprit avant moi, je l'aurais vraiment super mal pris, pour le coup) et je pense qu'elle serait peut-être un peu vexée elle aussi, d'avoir été maintenue à l'écart de tout ça. Enfin, j'étais pas d'humeur à lui reprocher ça. Dans le fond, ça comptait plus, plus vraiment. J'acquiesça en me mordant la lèvre. D'accord. Répondis-je simplement, sachant pas trop quoi dire, ne voulant pas parler trop de mon ressentit là-dessus. Normal que mes parents aient leurs secrets, c'est pas car ils vivaient pas ensemble qu'ils étaient pas complices. Dans le fond, ça me rendait heureux de les savoir en entente sur ce genre de sujets importants. Quand on serait tous en Italie, ça allait être encore mieux. Ouais. Enfin, avant ça, j'avais encore du temps, heureusement. J'enfonça mes mains dans mes poches. Tu étais en train de travailler, je ne veux pas t'embêter repris-je soudain, changeant de sujet. Enfin, techniquement, je l'avais interrompus en pleine conversation avec mon père, justement. En fait, je me sentais un peu bêbête, sachant pas trop quoi faire. J'étais puni, alors aller dans ma chambre, c'était sans doute pas une idée débile. Je vais aller dans ma chambre lançais-je. C'était pas tellement une affirmation. C'était plus hésitant. J'attendais qu'elle confirme, ou non. J'attendais qu'elle me dise quelque chose, quoi.

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Peut-etre que tu aurais du en parler a Hermes et Gaia de ton plan avec Elios, apres tout ca les concernaient. Seulement, ca aurait etre leur donner de faux espoirs peut-etre si quelque chose c'etait passé entre Elios et toi au court de votre mariage. Cependant, c'est vrai que maintenant ils avaient le droit de savoir. Tu le dirais surement a Gaia quand elle rentrera du lycée, apres tout si Hermes le savait maintenant elle avait le droit de savoir aussi. Tu le dirais egalement a Elios qu'ils etaient au courant maintenant. Au depart cela, devait etre dit a leur 18ieme anniversaire. Seulement, tout ne pouvait pas aller a plan et maintenant que tu savais comment ton fils se sentait face a son devoir, ca le rassurait de savoir que tu serais la egalement. Tu lachais finalement ton fils pour le laisser un peu d'place, secouant la tete. "Non je parlais juste avec ton pere. Tu veux lui dire bonjour? On ne parlera pas de cette conversation ni de la raison pourquoi tu as seché les cours." Ouais, non, tu ne dirais rien a Elios de cela. Tu l'avais promis a Hermes et au pire, vous trouviez une excuse qui marchera. Au pire, tu parlerais a Elios plus tard pour parler un peu plus de choses serieuse comme le fait que les jumeaux allaient a present etre au courant qu'une fois le lycée terminer, tu irais en Italie et que la maison a Cambridge n'allait plus qu'etre une maison secondaire.

Elle avait sûrement des trucs à faire et je voulais pas être un boulet. Je me préparais donc à partir dans ma chambre, mais elle m'arrêta, m'expliquant que non, je ne la dérangeais pas et me proposant de parler un peu avec mon père, tout en me précisant bien que la conversation qu'on venait d'avoir tous les deux resterait bien entre nous deux. Je savais pas trop si j'avais envie de parler avec papa, j'étais encore un peu à fleur de peau avec tout ça et je voulais pas qu'il le sente. Je resta un peu silencieux quelques secondes, pesant le pour et le contre. J'imagine qu'elle voulait que je réponde oui, histoire de savoir que j'étais vraiment plus gêné par cette histoire, en lien direct avec papa, mais j'étais pas prêt pour ça. Pas deux minutes après m'être confié, même si j'étais pas sensé parler de ça car maman ne me lâcherait pas sur ce coup. Finalement, je trancha par la négative. Non, je l'appellerais tout à l'heure répondis-je. Plus tard, quoi. Je lui avais pas parler depuis quelques jours, alors naturellement, j'avais envie d'entendre sa voix mais pas tout de suite. J'espérais que ma mère le comprendrait et ne m'en tiendrait pas rigueur. Je baissa un peu le regard et battît doucement en retraite vers la cuisine, histoire d'aller me verser un verre d'eau.

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Tu attendais une reponse de ton fils concernant l'eventuel appel avec son pere. Tu esperais qu'il dise oui mais au fond tu devais pas te faire trop despoire. Apres cette petite confession, tu te disais bien qu'Hermes ne voulait pas parler a son pere. Est-ce que ca avait ete une bonne idee d'imposer toutes ses responsabilites a Hermes a un si jeune age? Il n'avait pas vraiment vecu quelque chose et avait toujours vecu plus ou moins chouchouté par toi, sa mere. Elios t'avait permis d'avoir une vraie famille, apres que tu avais perdue la tienne et tout ce qu'il t'offrait tu essayais de le donner aux enfants tout ce bonheur. Peut-etre que tu en avais donné trop. Peut-etre que tu avais vraiment rate quelque part. Tu voyais ton fils s'eloigner vers la cuisine. Tu le regardais partir, le suivant du regard un premier temps avant de vraiment le suivre. "Tu veux que je te fasse quelque chose a manger?" Tu etais passée de la mere en colere a celle qui se preoccupait de son fils. Ouais c'etait bien toi ca, passant d'une caractere a un autre, c'etait juste que tu ne voulais jamais finir en mauvais terme avec tes enfants. Sauf qu'avec Gaia c'etait vraiment pas ca en ce moment, peut-etre qu'elle changerait d'avis quand elle saura que tu iras egalement en italie.