Sècher les cours, c'est pas bien et je crois que c'était la première fois que je quittais les cours avant la fin de la journée. Je m'étais échappé entre deux heures, prétextant auprès de mes amis une vague de mal-être tout a coup. Et bien quoi ? Je tombais pas non plus tout le temps malade. J'avais passé une sale nuit, le genre insupportable ou on a soit trop chaud soit trop froid, ou on a définitivement soif et ou votre lit vous parait désespérement inconfortable. J'avais juste envie de rentrer et comme mes cours du jour n'étaient pas si important que ça et que maman était au boulôt, je décida de rentrer, ni vu ni connu. Enfin, j'avais amené Gaïa en voiture ce matin et elle allait sans doute vouloir m'étrangler d'être partie comme ça mais tant pis : au pire: je reviendrais la prendre plus tard. J'étais plutôt serein "pour un hors la loi". En fait, je me considérais pas comme un flemmard. Non, j'étais pas le meilleur de ma classe, mais j'étais un élève apprécié de ses profs. J'avais le droit de m'accorder un break. Pas sûr que maman soit du même avis, papa non plus d'ailleurs, mais la première n'en saurait jamais rien et le deuxième non plus, de toute façon il était même pas sur le même continent que moi. Je conduisit jusqu'à la maison et descendit de la voiture une fois arrivé, non sans remonter ma fermeture éclair au passage. J'avais froid tout à coup. La température ? Peut-être. Ou le fait que je venais de réaliser que la voiture de ma mère était garée dans l'allée. Nan. Nan, c'était poas possible. J'enfonça mes clés dans la serrure et tournoya ma main pour l'ouvrir. Bon c'était fermé. Elle était peut-être partie différemment : soit, c'était pas des masses logiques mais bon, pas plus que le fait qu'elle soit restée à la maison au lieu de partir bosser. J'avais dix-sept ans, un soudain poids au niveau du ventre et j'entra doucement, refermant la porte derrière moi, m'apprêtant malgré tout à avoir une sale surprise. C'était trop tard pour reculer maintenant. Je déposa doucement mon sac dans l'entrée et sursauta en me redressant et en croisant le regard de ma mère. Bordel, elle m'avait fait flipper. Je m'efforça de prendre ma tête de petit garçon malade, en admettant que j'en ai une. J'étais tellement mauvais menteur et elle me connaissait si bien qu'elle allait sans doute pas y croire une seconde, mais bon, qui ne tente rien n'a rien. Maman ? Tu travailles pas aujourd'hui ?

(c) darkdreams/marine

Gaia et Hermès étaient pour le lycée ce matin. T’aurais dû aller au travail, mais t’avais décidé de rester à la maison, préférant faire ton travail de là. T’avais pas beaucoup sur ton emploi aujourd’hui, à part quelque conférence avec le Japon sur un nouveau OS que ta compagnie développait puis un appel avec Elios. Ça te plaisait ce genre de journée où il n’y avait pas beaucoup. Parfois, tu travaillais encore plus que tu ne le devais, mais c’était ça que d’être a la tête d’une petite entreprise de logiciel. Parfois, tu te demandes comment ta vie se serait passée si tu avais accepté le job à la NASA. Tu aurais surement rendu Mr Bolden fier, mais est-ce que tu aurais pu y trouver ton plaisir, après ce que tu avais appris sur la mort de tes parents. Tu essayais de ne pas y penser, bien que souvent ce fût difficile. Pendant tant d’années on t’avait fait croire un mensonge sur leur mort et puis tu avais appris qu’ils avaient été tue par des Yakuza, envoyé par le père de ton meilleur ami d’enfance. T’en avais pas voulu a Kakeru, mais son père, tu ne penses pas que tu pourrais lui pardonner pour cela. Il devait être aux alentours de 14 heures quand tu terminas enfin ta conférence avec les japonais. T’avais jamais perdu la langue et ça aidait beaucoup, te donnant un certain respect auprès d’eux. Tu enfilais alors ton casque sans file, composant le numéro d’Elios. Il avait un emploi bien plus chargée que toi, mais arrivait toujours à te coller une petite heure pour téléphoner. Même si vous ne vous voyez plus autant qu’avant et que malgré tout ce que vous aviez, tu vivais encore à Cambridge, le fait qu’il prenne toujours du temps pour te parler et pour parler aux enfants te faisait plaisir. Tu partis dans la cuisine, allant te chercher un café, parlant avec le père des jumeaux, quand soudain, tu entendis la porte s’ouvrir. Tu reculais de quelques pas pour regarder dans le couloir de l’entre, voyant alors ton fils avec une mine de malade, de laquelle tu n’étais absolument pas convaincue te demandant si tu ne travaillais pas aujourd’hui. « D’ailleurs en parlant de ton fils, il vient de rentrer du lycée plus tôt que prévu. Je t’rappelle plus tard. » Lançais-tu a Elios avant de raccrocher, retirant ton casque. Tu t’avançais vers Hermès. « Je pense que je ne dois pas te répondre face à cette question. Pourquoi t’es pas en cours ? » Dis-tu a ton fils d’une voix ferme. Non, t’étais clairement pas contente là.

Je dut résister à l'envie de lâcher un soupire en comprenant que ma mère était au téléphone, avec papa, en plus. Voilà, j'avais fait une erreur et tout le monde était déjà au courant. J'aurais bien foudroyé ma mère du regard, histoire de lui faire comprendre que je lui en voulais  de mêler mon père à tout ça même si bon, c'était juste logique. Enfin, j'étais pas logique aujourd'hui. Ma mère raccrocha avant de me pousser au pied du mur sans attendre. Elle était énervée. Je pouvais pas dire que j'étais pas fichu de le comprendre, mais je n'aimais pas ça. Je détestais me disputer avec mes parents. C'était chiant, ça m'énervait, ça me donnait l'impression de redevenir un gosse. C'était diminuant. En essayant d'avoir l'air sincère, je repris la parole, histoire de servir à ma mère une excuse à ma présence actuelle à la maison. Je ne me sentais pas bien répondis-je, sur un ton peut-être un peu sec. Bordel. Je parlais pas à ma soeur là. Refoulant les vagues vestiges d'insolence que j'avais en moi, je baissa les yeux avant de lui lancer un regard d'excuse. Enfin, ça marchait pas des masses avec elle quand j'avais cinq ans et que j'étais encore mignon, alors maintenant que j'avais dix-sept ans et mon faux air mal foutu sous mon air blasé, elle allait encore moins se laisser amadouer. Alors j'ai préféré rentré et vu que j'avais pas de cours importants aujourd'hui.. J'essayais de me trouver des excuses et je fini par passer une main dans mes cheveux bruns. Grave erreur : signe caractéristique que je me sentais mal-à-l'aise. Ca allait pas passer crème sous le radar "maman". Je suis parti en voiture alors je suis rentré tout seul, vu que j'avais pas besoin de te déranger. Repris-je. Hum. Un peu bancale, mais j'avais pas mieux en stock. De toute façon, j'avais déjà l'impression d'être cramé.

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Si tu croyais Hermes dans ce qu'il te disait, absolument pas. Tu connaissais assez bien ton fils pour savoir qu'il avait juste envie de pas aller encours. Des deux, lui n'avait pas herite de ton genie et Gaia te rendait bien plus fiere au niveau scolaire. Hermes lui faisait bien souvent que le stricte minimum alors que tu le savais capable de bien plus. Ca devait etre un truc de mec, de toujours que le stricte minimum. Elios aussi avait ete comme ca de temps en temps, trouvant trop rapidement une distraction. Tu arquais un sourcil alors qu'il te parla sur un ton sec. Non mais, ca y est, il avait decide de faire comme Gaia et de te traiter comme de la merde. Serieusement, parfois tu te demandais bien ce que tu avais pu faire de travers dans leur education a ces deux-la. Il te lancait alors un petit regard desole. T'etais toujours pas convaincue et tu n'etais pas vraiment fiere de ton fils. En plus il avait laisse Gaia toute seule au lycee. T'allais devoir aller la chercher et ca allait juste etre la catastrophe aussi. Tu laissais echapper un soupire. "Tu sais bien que j'aime ni les mensonges ni qu'on manque les cours. Puis pourquoi t'as laisse ta soeur toute seule? J'aimerai bien pouvoir eviter des scandales dans cette maison." Y avait assez d'engueulades entre toi et Gaia, Hermes venait d'en ajouter une autre couche et tu voulais vraiment aller le faire retourner en cours. Mais tu en etais pas capable.

Je me mordilla la lèvre. Bon, c'est pas comme si j'avais vraiment cru qu'elle allait me croire. C'était complêtement stupide même de l'envisager, mais qu'est-ce que j'étais sensé faire ? J'étais pas sensé être un garçon hyper raisonnable, on est tous un peu débiles à dix-sept ans. Bref. Il avait fallu que je tente un truc. Ca avait pas marché. J'allais me faire engueuler. Ca va. Si j'essayais de me sortir de là par le mensonge, elle allait encore me démasquer dans la seconde et elle allait s'énerver encore plus. J'avais pas envie qu'elle cesse d'avoir confiance en moi. Ok, j'ai séché et je suis désolé maman, sérieusement. Pour Gaïa, c'est pas un soucis, je vais repartir la chercher de toute façon. Ouais, fallait pas me traiter de crétin non plus, je comptais pas laisser ma frangine toute la nuit sur le parking non plus. J'espérais que ma mère le pensait pas car pour le coup, c'était vexant. J'avais pas été futé cette fois, ça faisait pas de moi un idiot. Je me sentais mal, genre vraiment pour le coup et le regard de ma mère sur moi me pesait vraiment. Je l'avais déçu et ça me faisait chier. Vraiment. A la limite, j'aurais préféré avoir papa devant moi. Il aurait peut-être été encore plus sévère et dur qu'elle, mais je sais pas pourquoi, j'aurais mieux encaisser. Enfin, je me l'expliquais pas. Je baissa les yeux comme un gamin, incapable de soutenir son regard maintenant. J'y retourne marmonnais-je entre mes dents. Hum, j'avais pas trop le choix.

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Quand tu voyais tes enfants maintenant, t'avais 'impression d'avoir fait quelque chose de mal avec eux, comme si quelque part dans leur education tu n'avais pas fauté. Avec Gaia, c'etait son attitude et le fait qu'elle se croit vraiment superieur a cause de son status. Avec Hermes, c'etait sa maniere de ne pas etre motivé et d'etre bien souvent en retrait et muet, et le voir secher le cours ne te plaisait absolument pas. Certes, Gaia allait devoir rentrer, au pire, t'irais la chercher. Mais tu voulais surtout comprendre pourquoi il faisait cela. Tu comprenais de moins en moins les jumeaux et tu savais que bientot, t'allais devoir t'en separer pour qu'ils prennent leur responsabilités en Italie au pres d'Elios. Parfois, tu te demandes, si ca n'aurait pas ete mieux que tu vives avec Elios, que tu partes avec lui en Italie. Cependant, t'avais pas reussi a le suivre la-bas, tu voulais pas abandonner ta carriere pour vivre cette vie de prince. T'avais ete egoiste et parfois tu le regrettais un peu. Hermes s'appretait a partir a nouveau pour retourner en cours. Non mais il croyait vraiment. "Non tu restes. Tu seras puni de sorti pour deux semaines et tu m'expliques ce qui se passe. Je te reconnais pas vraiment la Hermes." T'avais souvent l'impression d'etre trop gentille, de ne pas etre assez stricte.

J'espèrais au moins m'en sortir en repartant là ou j'étais sensé me retrouver en ce moment, c'est à dire en classe. Ca m'aurait ennuyer, mais le programme que me réservait ma mère pour les minutes à venir ne me déplut que davantage, ce que je n'estimais pas le moins du monde être possible. J'avais pas l'habitude d'être puni, pas comme ça d'un coup et puis deux semaines... Ca allait être long. M'enfin. Et elle voulait que je lui parle, or j'avais pas grand chose à lui dire et j'avais pas envie non plus de le faire. Si je lâchais quoi que ce soit de toutes ses pensées trottant dans ma tête, ça finirait forcément aux oreilles de papa. Je pouvais pas avoir confiance en elle, pas là-dessus. J'en avais même pas parler à Gaïa. En soit, j'avais envie d'en parler à personne. Ca ne concernait que moi. Y a pas grand chose à dire. Répondis-je avec un haussement d'épaules. C'était un mensonge, je pensais à beaucoup de choses en ce moment. J'avais juste pas envie de lui en parler. Je releva la tête pour croiser son regard. Je pris une petite inspiration avant de lui déballer, en partie du moins, mon sac. Je dors très mal, en ce moment et j'avais envie d'être un peu tranquille, en fait je pensais en avoir carrément besoin. Tout va trop vite et j'ai besoin de ralentir un peu dans le fond, c'était très vague et c'était ce que je voulais. Y avait certains trucs que je pouvais vraiment pas dire. Elle allait pas réussir à me faire parler de tout. Question de survie et j'exagérais à peine.

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Tu sentais que ca n'allait pas vraiment marcher. Hermes semblait vraiment évasif dans ces reponses et tu n'aimais pas trop ca. Tes deux enfants te parlaient de moins en moins et ca t'enervait un peu. Ils te filaient entre les doigts et tu ne savais pas quoi faire. Hermes se distanciait de toi et Gaia avec qui c'etait vraiment l'horreur. Est-ce que t'avais fait quelque chose pour meriter cela? Tu avais toujours tout fait pour eux et il etait quand meme bien rare que tu leur dise non. Tu regardais Hermes qui t'expliquait, semblant bien plus vouloir eviter la chose. Tu croisais tes bras devant toi, enervee. Tu perdais un peu de patience. Pourquoi aucun d'eux etaient capable de vraiment te dire ce qu'il se passait? Est-ce que c'etait parce qu'au fond, tu ne faisais pas partie de leur monde et que donc, ils ne se sentaient pas a l'aise en te parlant, croyant que tu ne pourrais pas comprendre? "Hermes, si t'as peur que j'en parle a ton pere. Je te promet que si tu veux pas que je lui dise, je ne lui dirais pas. Je veux que tu sois honnete avec moi." Et qu'il te dise une fois pour toute ce qui se passait parce que les insomnies et les problemes de sommeil c'etait jamais un bon signe et tu savais tres bien de quoi tu parlais.

Ma mère essayait de me pousser à parler, sauf qu'elle comprenait pas. Elle comprenait pas ce qui me gênait. Si c'était qu'elle, ça m'embêterait pas de lui expliquer, mais j'étais à peu près sur que cela allait finir par arriver jusqu'à mon père et ça, il en était pas question. Allez expliquer à ma mère cependant que j'étais pas capable de lui faire confiance, pas là-dessus, elle allait pas comprendre. Aucune chance. En plus elle était énervée. N'empêche qu'elle m'énervait moi aussi, j'étais juste pas bien placé en ce moment pour le laisser entendre. Elle me gonflait car j'estimais m'être confié pas mal à elle depuis que j'étais gosse. Je rechignais pas trop à parler, à m'exprimer, sauf que bon, c'était normal que je puisse pas lui parler de tout. Et puis franchement, elle me sortait qu'elle me reconnaissait pas, mais à part le fait que j'avais merder aujourd'hui, on s'engueulait pas trop tous les deux. J'étais pas devenu un sale adolescent buté et pourri gâté. Elle me confondait avec Gaïa là, se mettant peut-être en tête que j'étais en train de marcher dans ses pas. L'idée m'ennuyait car ça aurait signifier que ma mère me connaissait vraiment pas. Enfin, elle arriva quand même à comprendre que quoi que je dise, je voulais pas qu'elle en parle à ma mère. J'espère qu'elle allait respecter ça, car j'allais franchement mal le vivre si elle me lâchait à ce niveau-là. Bon, si tu me promets de pas lui parler, c'est ok. Repris-je d'un ton un peu froid, hésitant. Dans le fond, ça m'emmerdait de lui en parler. Pas autant qu'à mon père, mais quand même. C'est à propos de l'Italie. Commençais-je. Voilà, je pouvais plus reculer. Je veux pas à aller vivre là-bas plus tard, maman. Je sais que j'ai pas choix, j'ai même pas à le demander, je le sais, mais ça me pèse quand même. J'aimerais avoir le choix. Voilà, elle avait gagné. Elle avait intérêt à se taire maintenant, sinon elle allait vraiment pas me reconnaître et j'allais devenir aussi chiant que ma soeur avec elle.

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Tu esperais vraiment que Hermes decide de s'ouvrir a toi. Tu ne voulais pas qu'il se referme comme Gaia le faisait. Vous aviez ete tellement proche quand il etait plus jeune, et maintenant, tes enfants se distanciaient de toi depuis quelques années. Pourtant, tu t'etais toujours jurée que si tes enfants te disaient quelque chose, tu n'allais jamais le rapporter a leur pere si ils ne le voulaient pas. Parfois, tu avais l'impression qu'ils vivaient avec un poids, le poids d'etre des heritiers d'une grande famille noble. Peut-etre que ca aurait ete mieux si Elios n'etait pas roi d'Italie. Vous auriez pu vivre sans consequences, et surement en tant que famille unie. C'etait peut-etre pas du tout une bonne idée ce va et viens entre Cambridge et l'Italie. Tu regardais ton fils, alors qu'il te disait ce qui se passait. Quand tu entendais le mot Italie, tu n'etais meme pas surprise. Tu aurais du t'en douter. Bientot, Hermes allait devoir aller vivre en Italie pour apprendre son role de succedeur. Toi-meme, ca te mettait mal a l'aise parce que cela voulait dire que tu allais devoir au revoir a ton fils et ca tu ne voulais pas. "Tu as peur de succeder a ton pere?" Lui demandais-tu calmement. Tu voulais vraiment comprendre ce qui se passait dans la tete de ton fils. C'etait quand meme difficile a comprendre pour toi aussi, ce que c'etait toute cette histoire de royauté.