Une soirée pas comme les autres ft - Ace

Bloquée entre la porte et lui, je reste de marbre. Droite, la tête légèrement baissée mais les yeux rivés sur lui. Celui qui me gonfle et m’attire tout aussi bizarrement à ce moment précis. Je mordille rapidement mes lèvres, le laissant terminer son monologue avant d’afficher un rictus sur ma lèvre inférieure. Tu as finis l’analyse Ace ? Je serai toi, je me recyclerai en psy. Je plisse les yeux dans un sourire morbide et haineux. Mais ce discours représente à la foi celui que je veux entendre depuis des semaines. Celui qui me bougerait le cul. Oui, j’ai eu peur. Oui j’ai cru que j’allais mourir Ace. Mais tu ne connais pas mon histoire, comme je ne connais pas la tienne. Mais je sais ce que ça fait de vivre rongée par la culpabilité. Donc quand tu vois la mort en face, finalement tu penses que c’est une porte de sortie. Je me colle à lui tout en parlant, lui tenant tête aussi fort que possible. Et si je décide, que j’ai envie de te protéger. Tu n’y changera rien. Tu ne sais pas où tu fous les pieds. Je tape mon doigt fermement contre son torse. Ressentant à cet instant sa chaleur corporelle, qui étrangement m’apaise. Ainsi que les battements de son cœur. Mon meilleur ami est mort. Je les laisserai plus m’enlever qui que ce soit. Je réalise que trop tard ce que je viens de verbaliser. Moi qui me suit plonger dans le silence depuis si longtemps. Pourquoi mon cœur a décidé de tout balancer, à lui ?

@Ace Chung

Quand deux fortes têtes se faisaient face, ça finissait toujours de deux façon ; haine viscérale, ou coït bestial ─ hein, non ? Pas ça ? Mes excuses. Jane revenait vers lui, bien plus proche, et ni lui ni elle ne semblait décidé à reculer. Ce serait synonyme de défaite, en un sens, et Ace était bien trop fier pour envisager la défaite face à elle. Au moins, ça le rassurait sur une chose ; elle n'était pas terrifiée par sa présence. Fallait prendre ce qu'il y avait de bon dans la situation. La confession, elle, ne l'ébranla pas, mais il n'aima pas penser qu'il comprenait parce que pour lui, c'était sa mère. Et bizarrement, un sourire étirait ses lèvres alors que son regard ne quittait pas celui de la brune. « Ok. J'comprends. Mais si je te disais que je risque rien. Si t'avais la certitude qu'il ne pouvait rien m'arriver. » Quitte à pousser la provocation jusqu'au bout, il rapprocha son visage. « Tu me demanderais de te sauver ? » Il ne relevait volontairement pas les sous-entendus que ses mots impliquaient, à savoir qu'elle dévoilait clairement avoir un petit quelque chose pour lui qui, en temps normal, l'aurait probablement fait réagir au quart de tour. Mais pas ce soir.

Je voyais, ou du moins j’interprétais dans son regard des moments où nos deux âmes étaient raccords. La manière qu’il a de poser les yeux sur moi, sa manière de gesticuler ou encore les regards de compréhension et non pas de pitié me font un effet de coup de poignard dans le bide. Résigné à ne pas réellement prendre en main, et contrôler cette soirée je décide de complètement me laisser porter par le torrent qui est entrain d’engouffrer cette putain de sortie entre potes. Sortie qui s’est transformée, et est passée de ringarde à étrangement intéressante. Son regard intense et fixe, ainsi que son sourire provocateur en coin, tout le schéma parfait pour mettre mes sens « anti-connard » en alerte. La première phrase écoulée, le voici à quelques centimètres de mon visage. Au-delà de toutes les sensations qui s’amusent à retourner l’entièreté de mon corps, je ne peux me permettre de lui montrer une quelconque faille. Ni à lui, ni à personne. Triste hypocrisie à ce moment là de croire que ce n’est pas déjà le cas. Je le fixe ardemment, à la même proximité sans sourciller une seule fois. Je souris d’une manière si provocatrice que, je finis par m’impressionner moi-même. Toujours collée à lui, nos têtes qui se frôlent presque. Je pense que la meilleure question à poser Ace, c’est est-ce que toi tu serai prêt à me sauver ? Nos nez à quelques nanomètres l’un de l’autre. Parce que si tu veux une réponse franche. Je pense que je serai à ce point conne, pour dire oui. La position est stable, je ne bouge pas d’un pouce. Je veux qu’il enregistre ma question et ma réponse. Les cartes sont entre ses mains.

@Ace Chung

Elle était Jane, mais elle était une femme. Une femme séduisante, en pleine soirée, et il avait bu. C'était une chance qu'il n'était pas plus alcoolisé que ça, car ils n'en seraient probablement pas à discuter et il aurait éclaté son propre front contre le mur le lendemain matin en y repensant ; elle pouvait sentir son souffle, et lui le sien. Pas besoin d'hausser la voix pour se faire entendre, et la musique étouffée en fond derrière l'autre porte ajoutait une ambiance assez singulière à cet échange ─ et à la réponse de Jane, le sourire d'Ace s'accentua, presque narquois. Une telle confession lui donnait un fort sentiment de puissance et d'importance, et bordel qu'il aimait cette sensation. « Je le ferais. » Le regard voulait se promener, mais il ne le fit pas. Jusqu'où pouvait-il pousser ? À quel point luttait-elle ? Les mots suivants furent soufflés, presque murmurés d'une voix basse, directement sur ses lèvres. « Dis moi qui c'est et pourquoi. » Quant à ce qu'il comptait faire avec ces informations, rien n'était décidé. Elle l'avait bien souligné elle-même, c'était dangereux, et il ne savait pas dans quoi il allait fourrer son nez ; mais se renseigner, ça, il pouvait. Sa haine contre ce genre de violence était bien supérieure à la haine qu'il pouvait avoir contre les riches, et, il le savait ; Jane n'était pas coupable d'être née dans sa famille.

Cette sensation et l’atmosphère de la pièce, m’a carrément paumé sur une tierce galaxie. Douce impression de découvrir un Ace métamorphosé, mais peur que la dure réalité nous rattrape dans quelques instants ou dans le meilleur des cas demain matin, quand il m’enverra chier. Je le regarde, les yeux toujours plissés, vide et lassée enfin de tout sauf de cette attirance pour lui. Attirance, limite vitale à ce moment là. Je lis sur ses lèvres, comme une sourde et muette, figée sur place sans trop le montrer. Il me faut quelques minutes pour réaliser qu’il serai prêt à me protéger. Moi ? Jane Vanderbilt, celle qu’il méprise ? Mais son souffle chaud qui fait basculer en un instant ma raison, me ramène à la réalité. Mes lèvres sont comme atrophiées de plaisir au moment où je le ressens presque contre moi. Et je me maudis de m’imaginer tout cela à cet instant précis. Je me maudis encore plus, car je m’imagine tout ça, avec lui. Je suis tiraillée entre l’importance de cette conversation, et mon envie de goûter ses lèvres. À deux doigts de me pincer pour reprendre mes esprits, mais ma fierté me rappelle au front. J’inspire un bon coup, tout en restant fixée sur ses yeux, pupilles noire qui me troublent. Un gang de New York. Des hommes de main Ace. Ils ont tué mon meilleur ami, j’étais là et ils m’ont fait porter le chapeau. Ils sont juste revenus pour me faire comprendre que le mieux dans cette histoire. C’était que je ferme ma gueule. Un souffle s’échappe de ma bouche frôlant le visage d’Ace. Un moment d’audace finit par m’emparer, et je me rapproche de son cou dans lequel mon souffle s’éparpille tout en montant vers son oreille. On joue à quoi finalement Ace ? Mes mots sont lents, chauds et remplis de sous-entendus. Bête et discipliné, les règles du jeu sont-elles à redistribuées ?

@Ace Chung

Il n'y avait qu'à tendre le visage et ç'aurait été fait, mais ni l'un ni l'autre ne cédait. Ils restaient dans cette proximité, à contempler l'idée. Jane répondit à sa question, et les mots qui coulèrent de ses lèvres ne furent pas ceux auxquels Ace s'était attendu, il devait bien l'admettre. Un gang ? Qu'est-ce qu'une fille de son milieu foutait avec la plèbe de New York et la criminalité ? Et quelle était cette conversation mêlée à ce jeu qu'ils avaient, en vrai ? Ça ne faisait aucun foutu sens, en vrai, et il le savait. Ils jouaient sur deux fronts différents, avec les confessions sérieuses de Jane par rapport à un traumatisme, et une sorte... d'attirance mélangée à du désir. Son souffle dans son coup eut un certain effet, si bien qu'il se retint de fermer les yeux un instant pour en profiter, ses mots à son oreille réveillant quelque chose en lui qu'il n'allait définitivement pas apprécier le lendemain. La curiosité était bien trop grande, l'ambiance n'aidait pas, l'alcool non plus, et avoir conscience du désir que Jane éprouvait envers lui aggravait au centuple les pensées qu'il pouvait avoir. Il avait obtenu ses réponses, et il ne restait plus que le jeu. Peut-être qu'en d'autres circonstances, il aurait jugé que la situation ne s'y prêtait pas, mais là, qui était présent pour remettre de l'ordre dans leurs idées ?
Sa main attrapait celle de Jane, la cigarette tombant au sol pour qu'il marche dessus. Presque trop doucement, il posa sa paume sur lui, à plat sur son torse, avant de la faire lentement glisser le long de son muscle, puis sur sa ceinture abdomninal. Il la relâcha, convaincu que le message était parfaitement clair ; elle pouvait le toucher. Puis ce fut à son tour de lui parler au creux de l'oreille. « À toi de me dire à quel point tu me veux. » Vraiment, jusqu'où pouvaient-ils aller avant que l'un des deux ne revienne à la réalité ?

@Ace Chung