Elle s’en veut toujours un peu d’avoir délaissé la Adams House, elle qui était, l’année dernière, si impliquée. Toujours la première à signer pour participer à toutes les activités de sa fraternité. Mais plus encore que la maison et les membres en général, c’est surtout avec ses colocataires qu’elle a joué les fantômes, Jillyane certes, mais Lilia en particulier. Parce que ça fait plus d’un an qu’elles partagent cette chambre et qu’elle ne mérite pas d’être de côté, alors qu’elle a toujours été là pour elle, depuis que s’est crée leur amitié de manière si naturelle.  

Alors même si elles se sont vues à l’occasion du Meetbex, ce n’est pas comme si elles avaient pu rattraper le temps perdu. Comme si elles avaient pu réellement discuter. Trop occupées durant cette soirée à survivre aux véritables fantômes et autres esprits. Du coup, ce soir elle s’est armée de tout ce qui pouvait lui faire envie dans le magasin dans lequel elle flânait, à noter que depuis quelques jours, forcément … des envies, elle en a beaucoup, de fait clairement, ils sont chargés, ses bras. Néanmoins, ça ne la dérange pas, pour faire plaisir à ce qui grandit en elle, elle mangerait probablement n’importe quoi, tant que ça ne lui fait pas du mal à son petit secret, cela va de soi.

D’un texto avant d’arriver, elle a vérifié la présence de la brune à la Adams en cette soirée, et à la vue de la réponse positive, elle a marché jusqu’au campus, salué les quelques membres de la maison présents dans le salon, avant de se faufiler jusqu’à la chambre Blue Thunder, elle toque de deux doigts avant d’y pénétrer et de lui dire en sourire, la trouvant assise sur son lit juste là ; « C’est moi ! »  

La jeune française avait un second logement qu’elle occupait en plus de sa chambre à la Adams mais malgré ses allers-retours, l’absence de Haiwee au sein de leur chambre, qu’elles partageaient avec Jillyane également, se faisait sentir. Lilia ne voulait pas brusquer la belle amérindienne avec ses questionnement, surtout qu’elle était d’ordinaire assez réservée ; elle voulait qu’elle partage ses ressentis lorsqu’elle en sentira le besoin. Et ce soir était la fameuse soirée retrouvailles, Haiwee manquait beaucoup à Lilia et cette dernière était contente qu’elles puissent passer du temps toutes les deux.

La porte s’ouvrît doucement, laissant apparaître une ombre familière. Un sourire sincère éclaira le visage de Lilia lorsque Haiwee franchit enfin le seuil de leur chambre. Assise sur son lit et rangeant quelques ouvrages qui traînaient un peu partout, Lilia répondit avec un ton enjoliveur «Haiwee ! Tu as embelli la chambre ma foi !» La distance accumulée depuis ces quelques semaines semblent rapidement s’être évaporée à l'instant même où leurs regards se croisèrent. Les bras chargés de petits plaisirs, Haiwee a apporté bien plus que des achats, elle a apporté le désir de retrouver leur lien qu'elles avaient laissé de côté.

Un sourire complice échangé et Lilia se releva pour la prendre dans ses bras avant de l’aider avec ce qu’elle avait apporté. L’expérience du Meetbex leur avait permis de se retrouver mais il n’y avait pas de place à la parole, elles étaient occupés à chercher les objets demandés. Une expérience flippante mais Lilia avait adoré le concept.

En l’espace d’une fraction de seconde, à voir le sourire de Lilia sur ses lèvres, elle a cette sensation que la culpabilité se retire de ses épaules. Cette distance qu’elle a imposée, un brin malgré elle, à leur amitié, elle en est au point de la regretter. Rapidement, Lilia met ses livres sur le côté, pour accueillir la brune qui vient de débarquer et casser sa tranquillité. « Haiwee ! Tu as embelli la chambre ma foi ! » Même si elle doute un peu de sa sincérité, faute de son manque de confiance en elle. Elle apprécie le ton de sa voix, cet entrain qu’elle ne cache pas. Et la bienveillance dans ses gestes lorsqu’elle s’approche d’elle et lui enlève quelques-uns de ses sacs des bras.

Délestée du poids de certains de ses achats, elle explique les pourquoi de ses nombreux choix, « Je ne savais pas de quoi tu avais envie. » En fait, elle n’est pas très douée en termes de soirée pyjama. Puis, en toute honnêteté, elle non plus ne savait pas ce qu’elle désirait grignoter, faute de son état. De ce petit être qui prend le contrôle sur son corps sans qu’elle ne contrôle quoi que ce soit. Mais avant toute chose, en prenant place sur le bout du lit de son amie – aller sur le sien ne lui semblait pas logique pour des retrouvailles en bonne et due forme – et commençant à sortir du sac chamallow et autres bonbons acidulés. « Comment tu vas ? » et ça l’intéresse vraiment, ce n'est pas pour la forme seulement, elle met toujours un point à se préoccuper des personnes pour lesquelles elle éprouve de tendres sentiments, « Remise de tes émotions halloweenesques ? » Un sourire amusé dessiné sur sa bouche, une Haiwee détendue, ou presque.

C’était avec entrain que Lilia accueillit sa colocataire et amie. Toujours aussi souriante, ce trait de caractère l’abandonnait rarement, surtout avec ses amis. Haiwee esquisse donc un sourire sincère en réponse de ce ton enjoliveur, tentant de dissimuler ses appréhensions. Une légère tension se dissipe alors que Lilia prend l'initiative d'accueillir leur retrouvaille avec tant de gentillesse. Cette dernière laisse d’ailleurs échapper un rire léger en écoutant Haiwee expliquer ses choix d'achats, consciente de son propre dilemme face à la soirée pyjama. «Tu es parfaite, tu as pensé à tout !» dit-elle avec un sourire de gratitude, sentant un soulagement à la perspective de passer un moment agréable toutes les deux.

Les deux jeunes Adams prennent place sur le lit tantôt occupé par la Arnault. Lilia aida la belle femme à vider les sacs et tout placer sur le lit afin qu’elles puissent se servir tout en se rattrapant sur la vie de l’une et de l’autre. Comment tu vas ?, c’était une question qui devenait de plus en plus dure à y répondre vu les derniers événements. Le break-up soudain avait laissé ses traces et Lilia s’en remettait doucement mais le sourire était là et elle se devait de rassurer son amie. «On va dire que ça va hein. Le doctorat me prend la majorité de mon temps mais je ne me plains pas. Et toi ? Raconte moi un peu où tu en es ces derniers jours.» Elle apprécie cette atmosphère de complicité qui renaît entre elles, sachant que chaque instant partagé compte plus que jamais.

Appréciant l'atmosphère détendue malgré le tourbillon d'émotions qui l'accompagne, Lilia répondit aux souvenirs d’Halloween qu’elles avaient partagés. «Ça va mieux. C'était... plutôt intense cette histoire de cris de femmes et de portes qui claquent. Mais ça va passer. Je suis sûre qu’on serait les premières inscrites au prochain événement malgré la frousse.» Lilia laisse échapper un petit rire, un brin taquine.

Rater trop de choses, voilà l’impression qu’elle garde dans le fond de sa gorge. Elle manque des évènements de la vie de ses amis faute de ceux qui se déroulent dans la sienne, et qu’elle tente de garder pour elle. Elle le sait bien, que ce n’est pas une solution, que ça ne ressemble pas à son éducation. « Tu es parfaite, tu as pensé à tout ! » Ses lèvres s’arquent en un sourire égayé, elle ne sait pas si elle est parfaite, mais en tous les cas, elle s’y essaie, pour l’être ne serait-ce qu’un peu. Surtout pour se rattraper de ces jours silencieux.

Alors encore à son déballage, elle interroge son amie, s’intéresse à ce qu’il se passe dans sa vie, regrettant d’en avoir loupé des brides, et de ne pas avoir été là pour elle, si jamais elle en avait eu besoin. « On va dire que ça va hein. » Le début de cette réponse l’interpelle, ce que sous-entend cette formulation, l’assurance qu’il manque dans son énonciation, « Le doctorat me prend la majorité de mon temps mais je ne me plains pas. » Sur ce point, elles se rejoignent, studieuses toutes les deux, « Et toi ? Raconte moi un peu où tu en es ces derniers jours. » La vérité, c’est que ces derniers jours, tout lui semble compliqué. Elle était sur un nuage et n’a pas vu arriver l’orage.

Mais ce bébé elle le veut tellement, qu’elle se dit que tout ira bien, que c’est forcé, que ça ne peut pas être autrement. Malgré les réticences de celui qu’elle aime… Elle saura lui montrer que tout peut devenir un tableau parfait. « Niveau études, je crois que j’en suis au même niveau que toi, j’crains un peu d’être submergée mais… ça ira. » Elle qui a clamé à Sheng qu’elle arriverait à tout combiner, elle se sentirait bien bête si elle se loupait dès le début de l’année. « "On va dire que ça va…", ça veut dire quoi ? » Elle espère les détails, connaître ce qui lui fait potentiellement du mal.

Et quand elle lui répond au sujet de leur dernière expédition, c’est dans un nouveau sourire qu’Haiwee se fond. « Ça va mieux. C'était... plutôt intense cette histoire de cris de femmes et de portes qui claquent. Mais ça va passer. Je suis sûre qu’on serait les premières inscrites au prochain événement malgré la frousse. » Attrapant un sachet de chamallow qui lui donne envie, elle l’ouvre avant d’en fourrer dans sa bouche, de se délecter de son goût sucré, « C’est certain, » qu’elles seront en première ligne, « ce n’est pas une pauvre maison hantée qui va nous arrêter. » Il en faut plus pour impressionner ou décourager deux Adams déterminées. Et elle articule dans la foulée, rapidement, comme on retire un pansement, « Je suis désolée pour … mon côté absent, dernièrement. » un nouveau chamallow dans sa bouche, s’engouffrant.

Ces retrouvailles, les deux jeunes brunettes en avaient besoin. Lilia n’en voulait pas à Haiwee de son silence radio puisque la jeune doctorante se sentait de temps en temps déconnectée de la vie de ses amis à cause du tourbillon incessant de la sienne. Mais elle essayait quand même de s’investir et c’était ce que la belle amérindienne tentait de faire aujourd’hui afin de compenser ces jours où le silence avait régné.

Haiwee chercha à comprendre ce qu’elle avait raté ces derniers jours dans la vie de son amie, voulant renouer ces fils qui semblaient s'être distendus entre elles. Lilia partagea alors son dévouement à son doctorat, un point commun entre elles deux, mais l'écho de son propre silence résonnait alors qu'elle se confiait à son amie. Derrière cette assurance, elle savait combien tout pouvait être compliqué ces jours-ci. Elle se sentait sur un fil, jonglant sur un chemin similaire. Les complications se faufilaient dans sa propre vie, même si elle avait semblé être sur un nuage, aveuglée par ce bonheur momentané qui l'avait submergée il y a quelques mois maintenant.

Haiwee semblait avoir détecté cette pointe de nostalgie et Lilia sentait le besoin de partager ce qu’il lui pesait sur le cœur. Un bonbon mis dans la bouche pour se donner de l’assurance avant se lancer. «Je pensais m’être lancée dans une belle relation mais tout d’un coup la réalité m’a frappée en pleine face… Je crois que ma mère a raison en fin de compte… Au moins avec un mariage arrangé je ne pourrai pas être déçue ou brisée puisqu’on peut s’attendre à tout depuis le début…» Elle se remémora les semaines de bonheur qu’elle avait passées auprès de Jay et ses yeux devinrent instinctivement imbibés de larmes. Trop sensible pour raconter avec une expression stoïque, c’est pour cette raison qu’elle évitait d’en parler tout court.

Puis, elles évoquèrent leur dernière aventure, cette ambiance intense imprégnée de cris et de portes claquant. Haiwee paraissait déterminée malgré la frayeur, et elles se soutenaient mutuellement pour affronter ce genre d'épreuves. Mais c'était l'aveu de son absence récente qui pesait le plus lourd. Haiwee prit un instant pour exprimer ses regrets et Lilia se sentit en quelque sorte impuissante face à ses tourments, mais elle était là, essayant de la soutenir du mieux qu'elle pouvait, cherchant à créer un espace pour que son amie se confie et se sente comprise. «Tu n’as pas à t’excuser Haiwee ! Au contraire, si tu as besoin de te confier je suis là hein. Après tout, les amis servent à ça.»

Si elle était venue dans leur chambre dans l’espoir de s’excuser mais aussi de lui confier ce qui peut lui peser en ayant la certitude de ne pas être par son amie, jugée, l’amérindienne réalise bien rapidement qu’elle n’est pas la seule à être assénée de tourments. Alors elle s’arme d’un petit sourire encourageant tandis que Lilia reprend, « Je pensais m’être lancée dans une belle relation mais tout d’un coup la réalité m’a frappée en pleine face… » Les sentiments et leurs aléas, l’amour et ses foutus dégâts, « Je crois que ma mère a raison en fin de compte… » elle hausse un sourcil, interloquée, une désillusion ne peut pas tout remettre en question, « Au moins avec un mariage arrangé je ne pourrai pas être déçue ou brisée puisqu’on peut s’attendre à tout depuis le début… » Haiwee en secoue le visage par la négative, avant, elle aussi, pensait que c’était plus simple lorsqu’une relation est arrangée. Quand le destin est tout tracé. Que l’on connait le début, puis la fin. Quand le hasard n’est plus rien.

C’est ce qu’elle aurait dû vivre, si elle était restée dans la réserve, si elle n’avait jamais croisé le chemin de Sheng en juin deux mille vingt et un. Mais quand elle voit les prunelles de Lilia s’embuer, elle ne peut pas s’empêcher de ressentir une certaine tristesse autant qu’une envie de lui souffler que ce genre de larmes valent la peine de couler. « Définis la « réalité » ? » Autrement dit, pourquoi la relation n’a pas fonctionné ? Alors qu’Haiwee est de celles qui sont persuadées que tout peut s’arranger, se réparer. Par amour, elle est capable de tout pardonner.

La discussion se poursuivant, elle prononce enfin de véritables excuses, comme si ça lui peser depuis longtemps. Et elle se réjouit de constater que son amie ne lui en tient pas rigueur, quelque part, elle savait que ce serait le cas, elle n’a jamais douté de la bonté de son cœur, « Tu n’as pas à t’excuser Haiwee ! » Si quand même, mais elle est heureuse d’entendre ces mots-là, « Au contraire, si tu as besoin de te confier je suis là hein. Après tout, les amis servent à ça. » du coup elle hésite, encore une fois, elle ne sait pas comment agir, si elle doit de garder pour elle son secret, mais dans le fond, elle sait aussi qu’elle a besoin d’en parler. En discuter avec Sheng devient très vite délicat, bien qu’à présent il a accepté son choix et qu’il la soutiendra. Mais c’est l’avis d’une femme dont elle a besoin, l’opinion d’une de ses amies qui lui ferait probablement du bien, de fait elle se décide à le prononcer, rapidement, « Je suis enceinte. » La technique du pansement.

Lilia fixa la belle amérindienne avec une profonde empathie dans le regard, comprenant les tourments que son amie traversait. Le visage de la jeune française reflétait à la fois la tristesse qu’elle traversait également et le soutien qu'elle voulait offrir à son amie. Alors qu’elle s’était bien posée pour être à l’écoute de son amie, elle se retrouve à conter sa propre histoire, les yeux emplis de tristesse et le cœur serré. «La "réalité"... c'est cette dure confrontation entre nos attentes et ce que la vie nous réserve, n'est-ce pas ? » Lilia laissa un soupir doux s'échapper avant de poursuivre. «Parfois, les chemins que l'on espère emprunter se referment devant nous. Mais c'est dans ces moments-là que l'on peut découvrir des sentiers insoupçonnés.» Consciente de s’être égarée dans de profondes pensées, Lilia reprit la question de Haiwee afin de la remettre dans le contexte. «Jay ne supportait pas le fait que mes parents m’imposent un mariage arrangé… au lieu de ça, il a préféré que l’on se sépare. Un peu trop brutale à mon goût mais bon…» Le temps guérissait avait souvent entendu Lilia. Était-ce vrai ? Elle allait pouvoir le découvrir maintenant.

La brunette écouta par la suite les excuses de Haiwee, tout en secouant doucement la tête. L’erreur était humain et puis on apprenait tous à naviguer dans cette vie complexe. Sans oublier que les amis étaient là pour se soutenir, pour être des épaules sur lesquelles s'appuyer. Et non pas s’en vouloir. Cependant, lorsque Haiwee prononça ces derniers mots, Lilia perçut le poids des secrets et la nécessité de les partager. La brunette resta silencieuse un instant, laissant l'information s'installer avant d’ouvrir grand les yeux et de répondre avec un mélange de surprise et de compréhension. « Enceinte ! » Une main devant sa bouche et un murmure empreint de douceur avant d’instinctivement la serrer dans ses bras. Oubliant ses tourments. «C'est un bouleversement, mais une merveilleuse nouvelle. Tu as raison de le partager et de ne pas porter ce fardeau seule. Tu sais, parfois, les secrets deviennent moins lourds quand on les partage avec ceux en qui on a confiance. Je suis là pour toi, Haiwee, à chaque étape de ce chemin.» Son regard exprimait toute la solidarité et la bienveillance qu'elle pouvait offrir à son amie en cette période délicate. «Tu en as parlé à Sheng ?» Elle se demandait comment son partenaire avait-il pris la nouvelle et si elle avait reçu tout le soutien nécessaire qu’elle méritait pour traverser cette période.

Sur les traits de Lilia, l’amérindienne parvient à lire une certaine lassitude, un cœur abîmé, une impression qui lui déplaît. Elle déteste se dire que son amie peut souffrir. Alors elle attend, elle se fait patiente, douce comme à son habitude pour connaître les détails de son récit, les parcelles manquantes à Haiwee sur les derniers évènements de la vie de son amie. « La "réalité"... c'est cette dure confrontation entre nos attentes et ce que la vie nous réserve, n'est-ce pas ? » Haiwee en déglutit, parce qu’elle le comprend trop bien ce qu’elle lui dit. Les espoirs parfois, face aux difficultés de l’existence, s’enfuient. « Parfois, les chemins que l'on espère emprunter se referment devant nous. » Elle ne l’aurait pas mieux dit. « Mais c'est dans ces moments-là que l'on peut découvrir des sentiers insoupçonnés. » Quelque part, en prononçant ça, Haiwee sait que Lilia n’a malgré tout pas baissé les bras. « Jay ne supportait pas le fait que mes parents m’imposent un mariage arrangé… au lieu de ça, il a préféré que l’on se sépare. Un peu trop brutale à mon goût mais bon… » Les similitudes avec son histoire, c’est forcé qu’elle les voit, et le choix de Jay, Haiwee ne l’entend pas. Elle, elle aurait voulu profiter de la personne qu’elle aime jusqu’à la dernière seconde. En aspirant à ce qu’il s’arrête de tourner, le monde. « Ca l’est au mien aussi, » brutal à son goût, elle tente une esquisse de sourire attristé, culpabilisant de ne pouvoir plus l’aider, « je suis désolée pour toi, » elle articule d’une petite voix, « tu tenais beaucoup à lui ? » parce que si elle avait dû renoncer à Sheng, c’est tout au long de son existence, qu’elle l’aurait regretté.

Alors chemin se faisant sur les confidences, elle lâche la sienne… Ce secret qu’elle avait besoin de partager à une oreille qui saurait l’écouter. Si elle craint la réaction de sa copine, l’entendre lui dire qu’elle ne devrait pas le garder, le temps de ce silence renforce d’ailleurs cette angoisse… « Enceinte ! » La surprise et l’entrain dans le ton de son amie la rassure spontanément, elle accueille son étreinte émotionnellement, elle comprend derechef qu’elle ne portera sur elle, aucun jugement. « C'est un bouleversement, mais une merveilleuse nouvelle. » elle savait dans le fond qu’elle pourrait compter sur elle, « Tu as raison de le partager et de ne pas porter ce fardeau seule. » elle n’approuve pas le mot fardeau, mais elle en connaît pertinemment le sens ici, « Tu sais, parfois, les secrets deviennent moins lourds quand on les partage avec ceux en qui on a confiance. Je suis là pour toi, Haiwee, à chaque étape de ce chemin. » Ses paroles, elles y font tellement de bien… « Tu en as parlé à Sheng ? » C’est bien là tout le problème… Elle hoche le visage par la positive de prime abord, répondant à la question de façon muette ; « Oui… » l’important c’est qu’il n’y a pas eu de pleurs ou bien des cris, mais il lui a fait comprendre en douceur qu’il n’en avait pas une grande envie, « il n’est pas… très enthousiaste à ce sujet. » Bien qu’il soit toujours avec elle, en couple, à ses côtés. « C’est trop tôt, c’est compliqué, on n’est pas diplômés, nos familles sont… » hermétiques à l’idée de leur relation alors un bébé… « C’est compliqué. » Comme si ça minimisait de le répéter.

Lilia fixe le regard de Haiwee alors qu’elle expliquait ce qui la tourmentait, la connexion entre elles transcendant les mots. Et la mélancolie étant submergé la pièce. Le cœur battant, elle repensa à son histoire avec Jay et expliqua le pourquoi du comment à sa colocataire. «La vie, parfois, tisse des récits qui semblent entrelacés… Jay représentait beaucoup pour moi, je l’avoue. Sa décision a été une tempête, dévastatrice.» Elle soupira longuement avant de reprendre. «Mais comme on dit, les sentiers inattendus peuvent émerger des moments les plus sombres.» Elle ne sait pas qui est-ce qu’elle essai de convaincre pour le coup, mais elle en avait besoin pour avancer. «C'est dans la reconstruction que je vais trouver ma force, et peut-être, un nouveau chemin.» Elle essai de naviguer dans les méandres de cette réalité comme elle peut.

Lilia observa attentivement Haiwee, discernant les émotions qui se dessinent sur son visage. Les chemins de la vie, parfois sinueux et imprévisibles, peuvent révéler des merveilles, mais aussi des défis inattendus. Elle laisse ses paroles flotter dans l'air, reconnaissant la complexité des trajectoires que chacun doit emprunter. La jeune doctorante pose délicatement sa main sur l'épaule de Haiwee, signifiant ainsi son soutien. «Le partage de cette nouvelle, aussi bouleversante soit-elle, témoigne de ta force et de ta confiance en nous.» Son regard bienveillant traduit une profonde empathie. «Avec Sheng, le chemin à parcourir peut sembler escarpé, mais la compréhension mutuelle peut éclairer même les coins les plus sombres.» Lilia adresse un sourire encourageant à Haiwee. «Les défis peuvent être des opportunités déguisées, et bien que les circonstances soient complexes, la patience et la communication peuvent tisser des liens plus forts.» Elle laisse un moment de silence, permettant à Haiwee de ressentir la solidarité qui émane de ses paroles. «N'oublie pas, je suis ici à chaque étape de ce chemin.» lui rappela t’elle. Puis elle tendit le paquet de marchmallow histoire de mettre un peu de sucre dans leur vie mutuelle.