ta respiration s'intensifiait, elle était plus dure à reprendre au fur et à mesure que la discussion s'enfonçait dans des souvenirs sombres et douloureux. tes sourcils se fronçait quand il se leva. élan de panique à l'idée qu'il puisse te claquer la porte au nez car tes aveux étaient trop dur à encaisser. mais il n'en est rien, loin de là. apaisée immédiatement quand son corps vient se coller au tien. tu regardes sa main entourer la tienne pendant quelques secondes puis tes yeux se déposent sur sa cicatrice qu'il découvre. souvenir désagréable d'une époque bien lointaine. ton index presse le haut de sa cicatrice avant de la descendre en frôlant sa peau. les secondes passent sans que tu ne dise un mot. il n'avait pas conscience que c'est lui qui t'avais apporté un bien être fou. la réalité, c'est que cette stabilité, ce soutien, il était mutuel et que l'un sans l'autre, vous auriez sombré. — j'ai jamais été ton épaule sur laquelle tu pouvais t'appuyer. ça a toujours été toi qui m'a porté à bout de bras.. à chaque instant de votre relation. il avait toujours la parole rassurante, toujours la présence contenante. ton doigt quittait sa peau et tu tirais difficilement l'anneau qui cerclait ton annulaire. tu le regardais quelques secondes en soupirant. — j'ai jamais osé lui dire que j'aimais pas l'or jaune disais-tu en riant doucement. jusque là, tu avais fais en sorte d'esquiver le sujet houleux qui vous avait délié mais tu savais qu'il était fatidique que vous passiez par là. tes jambes venaient s'installer au dessus des siennes, un peu plus à l'aise à sa présence près de toi. — choisi là en or blanc soufflais-tu. ta main passait dans ses cheveux, remettant les boucles de ses cheveux en arrière. des gestes comme il y a des années, si naturel et précieux.  — je t'ai pas perdu que toi.. je me suis perdue moi et.. lui, elle, tu ne sais pas. tu ne veux rien nommer. vous savez tous deux ce que tu suggères. — parle moi de toi, après nous le ton bas, chaleureux et plus intimiste.

J'pouvais plus m'éloigner de toi, c'était fini ce temps là. Toi et moi, on avait pas le choix que ça dure. Alors ça allait être difficile, la preuve avec cet échange où ton fils passait avant tout le reste. Et même si j'étais le choix que tu venais de faire, il n'empêche que les choses ne seraient plus jamais comme avant. Ce ne sera plus jamais juste toi et moi. Il y aura toujours ce fils que tu as eu avec un autre. Je l'accepterai, je l'accepte déjà. C'était juste dur de se dire que ton amour pour moi n'est plus au dessus du reste. L'amour pour ton fils passera forcément avant. Ta chair, ton sang. Ta priorité.  Installé à côté de toi, les marques du passé à découvert pour nous relier à ce que nous étions. Je secouais la tête négativement. « tu te trompes... tu m'as aidé, à plusieurs reprises. tu as été mon épaule tellement de fois, tu t'en rends juste pas compte » Parce que c'était naturel entre nous. Il n'y avait pas de relation de force, pas de points comptés. On était sur un pied d'égalité, à s'aimer, à se laisser vivre tout en cherchant à être là l'un pour l'autre. Les amitiés ont perduré en même temps que notre amour. Puis ta bague... je l'aimais pas. Forcément. Mais le fait que tu l'enlèves, ça me rassurait encore une fois. C'était bel et bien fini entre vous. « je l'avais deviné » que je disais d'un sourire en coin. Quand on te connaissait, ça paraissait évident, que l'or blanc c'était ce que tu préférais. « j'avais déjà prévu de partir là-dessus » Déjà plusieurs années auparavant. Le truc, c'est qu'elle existe déjà cette bague et... elle prend juste la poussière au fond d'un tiroir. Tes jambes sur moi, tes doigts dans mes cheveux, j'avais l'impression de retourner dix ans en arrière. Quand on se calait dans un endroit de ton appart et qu'on discutait. De tout, de rien. De ta famille, de la mienne. De nos passés, de notre futur. Il y avait même ces fois où on regardait les gens dehors, leur imaginant leur vie. Tactiles, on pourrait jamais nous enlever ça. Je baissais la tête à tes mots, à tes pertes, tandis que ma main se posait sur ta jambe, la caressant doucement de mon pouce. « il est pas intéressant... le moi après nous. il a fait pleins de conneries, il a failli mourir aussi. il s'est repris mais toujours aussi vide... » La tête qui pivote, le regard qui capte le tien. « je t'ai perdu... je l'ai perdu... et je me suis perdu aussi. jusqu'à hier. » Parce que je t'ai retrouvée. Et maintenant, ma vie reprend tout son sens.

on t'as toujours appris qu'après la pluie venait le beau temps. et c'est souvent ce qu'il s'est passé dans ta vie. après travis, donovan. après ta fausse couche, casey. un petite dépendance affective chez toi, qui se guérira sans doute jamais mais, entre de bonnes mains, elle se calme. — tu l'as déjà hein ? la bague, t'étais sûre qu'il l'avait acheté y'a longtemps, quitte à s'endetter. — tu te souviens du jour où tu m'as dit qu'elle serait gravée à nos noms? je te connais tellement que je suis sûre que tu l'as fait pas longtemps après cette discussion ! lançais-tu amusée, pleine de certitude. l'ambiance s'assombrit et ton expression se raidit. la respiration se coupe l'espace d'une seconde. le perdre, réellement, n'aurait pas été surmontable. ta main se pose sur sa joue pour tourné son visage vers le sien. — qu'est ce que t'as fait? c'est de tes propres mains que t'as envie de le tuer pour avoir failli lui même causer sa perte. — et pourquoi t'as fait ça ? question rhétorique que tu regrettais à l'instant où elle sortait de ta bouche. tant pis.

J’esquissais un sourire. De toute évidence, on ne pouvait rien te cacher. Enfin si, parce que pendant une bonne période de notre relation, cette bague était là, présente dans mes affaires. Seulement, tu ne l’avais jamais vue, jamais découverte. La seule mention datait du jour où j’ai abordé le sujet… peut-être quelques autres fois aussi mais rien qui ne nous ait poussé à franchir ce cap. « peut-être… enfin oui je l’ai déjà, mais tu sauras pas depuis quand » Lèvres pincées, me voilà à me taire cette info. Peut-être qu’un jour, je te le dirai. Mais pas aujourd’hui. Surtout que le sujet qui suivait n’était pas le plus glorieux. De toute évidence, un élément a retenu ton attention. Je savais qu’il valait mieux éviter de le mentionner. Mais c’était trop tard, c’était dit, il fallait assumer. Visage tourné vers toi, je ne lâchais pas ton regard. « je buvais beaucoup à l’époque… beaucoup trop. sinon je pensais à toi, à nous… à lui ou elle… je m’en sortais pas, je sombrais. et un soir, j’avais fini tout ce que j’avais alors j’ai décidé de sortir pour aller en racheter. j’ai pris la voiture et… j’ai roulé jusqu’à l’autoroute. j’avais perdu mon objectif de base, à ce moment là, j’voulais juste me sentir vivant. alors j’ai accéléré… encore et encore… jusqu’à perdre le contrôle du véhicule » Plusieurs tonneaux, un coma artificiel et une opération plus tard, j’étais de nouveau parmi les vivants.

ton sourire est tendre et ton regard ne le lâche pas. les yeux pétillent presque à l'idée de cette bague, achetée il y a des années mais qui n'a jamais servie. les explications sur son accident te faisait froid dans le dos. une vague d'émotion te submergeait, les larmes remplissaient tes yeux avant qu'elles ne dévalent ta peau. tu venais te serrer contre lui, ta tête contre son épaule, blotti et sans bouger ni parler. presque traumatisée à l'idée de le perdre pour de bon. les mots t'étaient ôté de la bouche, tu passais cinq bonnes minutes à ne rien surenchérir et à pleurer silencieusement. tu finissais pas prendre une grande inspiration pour te reprendre, et tu te redressais de son étreinte. — je suis désolée.. je pensais qu'en se séparant on irait mieux.. mais ça n'avait pas été la meilleure solution puisqu'indépendamment l'un de l'autre, vous aviez sombré. du revers de ta main, tu essuyais les larmes qui humidifiaient ton visage. tu avais toujours eu la larme facile, et il avait l'habitude, du moins il l'avait eu. — heureusement que.. t'es là chuchotais-tu.

Peut-être que dans le fond, je voulais cet accident. Cette tragédie pour en remplacer une autre, définitivement. Mais la vie a décidé de m'épargner. C'était pas facile mais j'avais réussi à aller au delà de ce que les médecins avaient prédit pour moi. J'ai retrouvé une vie normale, après plusieurs mois de rééducation. J'ai deux cicatrices sur le corps, dont je tairai la position pour l'instant. Silencieux, te laissant assimiler tout ça à ta façon, te laissant pleurer sans un bruit cet événement dont j'étais pas tellement fier. « on l'a tous les deux pensé... t'excuse pas pour ça » soufflais-je, calant ma tête contre la tienne, profitant de cette étreinte. Retrouvant cette complicité perdue, celle qui nous a lié au début, je me sentais apaisé. Main sur ta cuisse, je la cajolais doucement, comme un réconfort d'antan. « hier, tu me demandais comment j'avais vécu... la perte de notre bébé » commençais-je alors à me confier une nouvelle fois. Après tout, c'est le moment de mettre carte sur table. « tout ce qui m'importait, c'était toi » finissais-je alors par dire. Parce que t'as toujours été ma priorité. Ton bien-être l'était et passait sûrement avant le mien. « alors ouais, j'avais mal parce que je pensais que j'avais fait quelque chose de mal d'une quelconque façon mais... ce qui me faisait le plus mal, c'était de te voir te renfermer et que tu me repousses » Le rejet avait toujours été un trigger pour moi et ça me ramenait à des années en arrière. « quand je voyais que tu... voulais gérer ça de ton côté, j'ai fini par me renfermer, par me dire qu'on arriverait peut-être à s'en sortir et que tu finiras par revenir vers moi » Puis le boulot est devenu le refuge, autant pour toi que pour moi. Je voyageais plus souvent, j'étais de moins en moins là, ne trouvant pas dans notre foyer la force nécessaire pour m'en sortir. « j'aurais du me battre pour toi... pour nous » L'émotion me gagne et c'est à mon tour d'avoir les larmes qui coulent. Si j'avais su comment les choses allaient tourné, j'aurais changé ma façon de faire, de toute évidence.

les larmes avaient besoin de sortir. un mélange de colère, de tristesse et de peur. tu te sentais toujours soulagée après avoir pleuré. collée à lui, tu versais tes émotions sur son t-shirt. tâche conséquente quand ton visage se décollait de son épaule. tu avais du mal à calmer tes sanglots, d'autant plus lorsqu'il venait à aborder le sujet le plus douloureux de votre relation. c'est seulement lorsque les siennes se montrent, que tu réussis à t'arrêter. tes pouces viennent récolter ses larmes pour les sécher. — pardonne moi.. tu pensais gérer la situation, ton deuil, la peur que tu avais eu mais il n'en était rien. tu n'avais rien gérer du tout et tu t'étais simplement renfermée sur toi même. mécanisme de défense habituel, fortifié par l'intensité de la douleur que tu présentais. — je pensais qu'en m'éloignant, tu aurais moins ressenti comme j'allais mal. mais ça n'a fait qu'aggraver les choses. et j'arrivais plus à venir vers toi. j'arrivais plus à te regarder, à te toucher.. ta voix tremblait. tu verbalisais des choses que tu n'avais jamais dit à personnes avant cela. — j'pouvais plus me blairer alors c'était impossible pour moi que tu puisses encore m'aimer et passer outre.. cet échec.. tu évitais son regard et portait le tien au loin. — tu te serais battu dans le vide, car moi j'me battais plus pour rien.. révélais-tu finalement. rien ne te donnait plus goût à la vie et il t'avait fallu retomber dans la codéine pour ressentir à nouveau.

Malgré qu'on soit posé au sol, je crois que je me suis jamais senti aussi bien que maintenant. A tes côtés, je me sentais de nouveau moi-même. C'était dingue, l'impact qu'une personne pouvait avoir sur l'humeur d'une autre. Toi, t'avais toujours eu cet effet apaisant sur moi. Sauf lors de la fameuse période mais... ouais, je me sentais à ma place à tes côtés et je retrouvais ce sentiment en cet instant. Je laissais tes larmes couler, te remettant alors de tes émotions doucement. Enfin, possible que je n'aidais pas vraiment en abordant le sujet que tu voulais aborder la veille et que j'avais évité, avant que les choses prennent un tout autre tournant. « t'as pas à te faire pardonner... » Parce qu'on avait tous les deux nos torts, mais c'était loin d'être une situation simple à gérer. On avait fait comme on avait pu et peu de couples réussissaient à surmonter ce genre de traumatisme. C'était pas facile et si on avait beaucoup amélioré notre communication avec les années, ça avait été le coup de grâce qui nous avait fait retourner bien trop loin en arrière. Tu fuyais à présent mon regard, sûrement submergée par les regrets. Mais c'est pas comme si on pouvait revenir en arrière. Cette période était révolue et on ne pouvait rien y changer. Sauf l'impact qu'elle peut avoir sur notre présent, ou notre futur. Ma main quittait ta cuisse pour trouver place sur ta joue, te forçant à me regarder, comme t'avais pu le faire juste avant. Seulement, mon regard était compatissant, compréhensif. « je t'en veux pas... je t'en ai jamais voulu » Parce que je savais que l'épreuve était cent fois pire pour toi qui a vécu la pire sensation qu'une mère puisse vivre, sentir la vie de son enfant le quitter... et la quitter elle aussi. « j'suis désolé... de pas avoir été là, de... pas avoir su t'aider, te rassurer, t'épauler... »

tu ne sais pas si tu te remettras un jour de cette perte. une partie de toi culpabilisera longtemps. après tout, c'est ton corps qui n'avait pas su résister. période de trop grande fragilité, grossesse pas assez surveillée, malformation.. les hypothèses sont nombreuses et tu n'avais jamais voulu savoir. tu n'avais pas empêché donovan de s'informer, mais tu avais tenu à distance ces informations qui ne t'auraient pas fait du bien. ni avant, ni maintenant. tu préférais vivre dans l'incertitude et l'ignorance. une part de déni finalement. — t'excuses pas.. rétorquais-tu. il était loin d'être l'origine de ton mal être ce qui n'entrainait pas de présenter d'excuses. tu tournais ton visage pour que tes lèvres se retrouvent dans sa main. tu y déposais un baiser avant d'attraper sa main pour la remettre sur ta cuisse. — le plus traumatisant.. ce qui me hante encore.. c'est tout ce sang.. tu n'as que deux scènes marquantes en tête. celle où tu baignais dans ton propre sang et celle où tu as compris, en te réveillant et en le voyant pleurer. l'entre deux est une période de perte de connaissance où tout est flou est encore inexpliqué à ce jour. — j'ai le souvenir d'avoir cherché mon téléphone partout pour t'appeler.. j'avais l'impression que ça s'empirait.. et j'ai fais un malaise tellement vite.. tu secouais la tête. il manquait pas mal de morceaux à ton puzzle pour comprendre. — et j'ai aussi l'impression que mon souvenir est modifié par ma peur du sang forcément, ta peur avait exacerbé ta réaction.

C'était pas un moment facile, et peu importe le moment, il ne le sera jamais vraiment. Mais il fallait en parler, mettre carte sur table. C'était que comme ça qu'on arriverait à faire table rase du passé et aller de l'avant, dans ce nouveau chapitre de notre histoire. Puisse celui-là durer indéfiniment. On ne cessait de se dire de pas s'excuser mais dans le fond, la culpabilité restait, des deux côtés. Pas pour les mêmes raisons, mais c'était là et pas sûr qu'elle s'en aille un jour, peu importe à quel point on évoluait dans notre vie, dans notre relation. Baiser sur la main avant qu'elle ne reprenne place sur ta cuisse, que je me remettais à caresser doucement, sans réfléchir. Je fermais les yeux quand tu commençais à raconter... et ouais, c'était dur. J'avais mal au coeur et j'aurais préféré cent fois t'enlever cette peine. Cette douleur que tu ne méritais pas de te trainer. T'avais déjà beaucoup trop vécu par le passé, c'était sûrement la goutte de trop. « j'aurais du être là... » soufflais-je. Peut-être que les choses se seraient passées autrement, si le boulot n'avait pas pris une si grosse place dans ma vie. « mais sûrement.. t'as eu le temps d'appeler 911 et d'être prise en charge. c'est l'hôpital qui m'a appelé » Et j'avais accouru aussi vite que possible. Mais rien n'y faisait : c'était trop tard. Tu avais fait une fausse couche et depuis ce jour, on avait juste pas su se relever. « t'as... voulu avoir julian, ou c'était un heureux accident ? » que je finissais par demander, curieux. C'était ta bouée de sauvetage, cet enfant, et sans lui, sûrement que tu ne serais pas cette femme que tu es aujourd'hui. « enfin attends, c'est maladroit... mais... tu te vois, avoir d'autres enfants... avec moi ? » Cet événement traumatique était lié à moi, mine de rien. Julian est né d'un autre père et l'impact n'est pas le même. J'ai juste peur qu'on revive la même chose si on venait à décider d'avoir un enfant, toi et moi.