Probablement suis-je la seule folle à prendre l'avion sur un coup de tête direction l'Italie, pays que je ne connais que peu finalement. L'occasion fait le larron comme dit le proverbe, et je peux remercier aussi bien mon culot que mon passeport de me permettre cette petite folie de fin d'été. Bien sûr, pour ne pas atterrir dans un pays étranger sans point de chute, je me suis renseignée afin d'obtenir la seule information susceptible de m'intéresser : l'hôtel dans lequel il se trouve. Clive. J'attends par avance et par principe qu'il me décrive la folie de mon acte en long, en large et en travers mais il pourrait chanter l'adagio en birman que cela ne m'aurait pas découragée une seconde. La preuve, je ne me dirige pas en talons aiguilles et robe d'été légère en direction de sa chambre sans un sourire aux lèvres, preuve que cette extrémité me plaît, et coche une nouvelle case de ma fameuse to-do list. Un coup à la porte, puis un deuxième. Par chance, pas de petite affichette comme quoi il ne veut pas être dérangé, par conséquent il n'est probablement pas en présence de quelqu'un d'autre... dans le cas contraire j'aurais probablement la sensation d'être l'idiote de l'année mais c'est un risque que je suis prête à prendre. Hey hey hey beau gosse ! Surpriiiiiise ! J'avais peur que tu sois avec une meuf mais apparemment pas ouf ! que je sors dans un sourire éclatant qui illumine mon visage bronzé.

B

arbe de trois jours. Cheveux ayant poussé. Clive n’est plus le même depuis son départ d’Irlande. Il aimait son pays. L’aime toujours. Mais son cœur s’y est brisé et alors qu’il se trouve en Italie, c’est avec une sérieuse gueule de bois qu’il se réveille. Déjà, il grogne, ses rideaux n’ayant pas été tirés la veille. Donc, il ferme les yeux, s’en cache comme il peut, grimaçant à mesure ou il se redresse pour se cogner le pied dans celui d’une chaise, présente sur le chemin le menant à sa salle de bain. « Putain de bordel de merde ! » Il s’exclame, pour serrer les dents et patienter, jusqu’à ne plus avoir mal. Peut-être que cela passera avec de l’alcool, puisqu’on soigne le mal par le mal… Mais le trajet jusqu’au minibar lui semble semer d’embuches. Alors, ôtant le seul vêtent avec lequel il a dormi, Clive se place sous le jet d’eau chaud, présent au plafond, puis clôt ses prunelles. Il n’a plus les idées claires depuis son départ, ne cesse de boire, mais combien de temps va-t-il rester dans cet état ? L’irlandais au sang allemand n’en a aucune idée, il se laisse le temps de souffrir, plutôt que d’enterrer ce sentiment dont il ne se défera pas comme ça. Il faut qu’il se laisse plonger dans les ténèbres pour en ressortir, non ? Il se souvient de sa version détestable après son coma, la fusillade. Cela le rend morose, parce qu’il ne veut pas redevenir celui qu’il était seulement, le professeur de droit qui a commencé à enseigner à Harvard n’est plus là. Il n’y a qu’un homme un peu plus brisé encore, qui s’essaye à survivre dans ce monde dans lequel il ne fait qu'errer de continents en pays, sans savoir réellement que faire. « Merde ! » C’est le premier mot qui s’extirpe d’entre ses lèvres tandis qu’il perçoit que l’on frappe à sa porte. Qui peut ainsi venir le déranger ? Le quarantenaire ne le sait pas encore, mais il n’a rien commandé au service d’étage. Il pensait plutôt descendre pour commencer la journée en prenant un verre. D’alcool, de préférence. « J’arrive ! ! » Il hurle, nouant une serviette de bain à sa taille, pour enfiler des pantoufles et passer une main dans sa chevelure mouillée. Il n’est franchement pas présentable, mais il n’en a strictement rien à faire. Du tout. « Quoi ? » Il prononce déjà, pour lever les yeux au ciel, sans se rendre compte de qu’il s’agit. Jusqu’à ce qu’il perçoive sa voix et que son regard océan se dépose sur son minois. « Non, il n'y a que moi. » Il répond, grognon, puis la laisse entrer en lui faisant signe de le faire, pour refermer derrière eux. « Que fais-tu là ? Et comment as-tu su que j’étais ici ? » Même s’il n’a pas recouvré tous ses esprits avec l’alcool, il n’en reste pas moins qu’il est surpris par sa visite, ainsi que sa présence. Rejoignant le minibar, il se saisit d’une bouteille parmi toutes les autres, l’ouvre et la vide d’une traite. « C’est ce qu’on nomme combattre le mal par le mal. » Lui offrant un large sourire, il s’assoit sur le canapé présent dans sa suite et reprend : « Je t’ai posé des questions. J’attends toujours. » Histoire qu’elle n’oublie pas qu’il désire des explications quant à sa surprise.

Je pénètre la pièce dès que Clive m'a ouvert - non sans grogner au passage - et mon sourire ne m'a pas quitté d'une semelle. Clairement, il était temps que j'arrive... le voir se diriger d'entrée de jeu au minibar et vider une mignonnette d'une traite devrait m'inquiéter, en théorie. Sauf que je ne suis ni sa mère ni sa femme et que les sermons, c'est bon pour les autres. Il grogne à nouveau qu'il n'a pas de réponse de ma part, du moins pas encore, et je m'approche moi-même du minibar afin de choisir une bouteille et de la vider d'une traite. Une preuve comme une autre que le jugement, les conseils et autres choseries pour grand-mère, il ne les subira pas de ma part. Mais c'est que Monsieur est impatient ! que je note sans crier, d'une voix plutôt douce et amusée. On ne t'a jamais dit qu'on n'interrompt pas quelqu'un qui prend un verre ? T'as fini, maintenant je peux l'ouvrir. Quelques petits battements de cils et je choisis une deuxième mignonnette, sans aller jusqu'à la boire de suite. Je la garde simplement en main et mes yeux émeraudes se font perçants. 1. Je me suis dit que tu serais pas du genre à me sermonner pour vouloir profiter de la fin de l'été, d'où ma présence. 2. Tu n'es pas difficile à trouver quand on sait à qui demander... Toujours la petite bouteille en main, je le rejoins sur le canapé, buvant une gorgée pour finalement la lui tendre. 3. C'est plus fun de boire à deux, non ? Après si tu veux que je bouge mon cul de là, tu me connais... un mot de ta part et je disparais. Tout à fait sérieuse, j'offre un sourire et passe doucement ma main dans ses cheveux. Ça te vas pas mal le style grunge en fait... Bon Clive me connaît, je suis nature peinture. Et il n'est pas question une seconde que je passe par la case confession en disant que mes dernières analyses ne sont pas bonnes. Il est mal, je suis mal... autant combattre le mal par le mal comme il l'a très justement fait remarquer un peu plus tôt.

L'

homme ruisselle, mais s’en moque ostensiblement. Ce qu’il désire est de boire, malgré son énorme gueule de bois. Mais après tout, n’est-il pas actuellement en vacances ? S’il doit profiter de l’alcool durant ses dernières journées en Italie, autant qu’il le fasse. Son ami Bradley semble bien décider à lui faire arrêter tout alcool une fois de retour à Boston. Alors, dans un soupir, il se saisit d’une bouteille dans son minibar et la vide d’une traite, un large sourire présent sur son visage, tandis qu’il assure qu’il combat le mal par le mal. Qu’est-ce qu’il peut être sot, parfois, Clive. Seulement, il n’en a que faire et alors qu’il fixe Mowgli, attendant une réponse de sa part - lui ayant demandé avec son air d’ours mal léché - il lève les yeux au ciel à ses dires et pose une main sur sa tête, tout en fermant ses prunelles océan. Bordel qu’il a mal ! Jamais il n’aurait dû lever les yeux ainsi et il souffre de la lumière plus encore ! Rouvrant ses yeux, il cherche du regard, paupières plissées, où se situe ses lunettes de soleil, histoire de les placer sur le bout de son nez. « Ouvre, ouvre et bois. » Il prononce toujours aussi grognon. « N’aurais-tu pas vu mes lunettes de soleil ? » Ainsi, il ne cherchera pas seul, ce sera sans doute plus efficace. « T’as raison, pour la fin de l’été. Profite. C’est ce que je fais moi-même. » En se redressant, un rictus gagne son visage et il les aperçoit enfin sur le meuble présent contre le mur. « Les voilà. » L’esquisse d’un sourire se forme sur son visage et il recouvre sa place au côté de la beauté blonde, toujours vêtu de sa serviette de bain autour de sa taille. « Donne. » Il prononce, quand elle propose de boire à deux et il vide la seconde petite bouteille, d’une seule traite. « À qui as-tu demandé ? » Sa curiosité le pique à vif, avant qu’il n’ajoute : « Ton derrière peut rester là où il se trouve actuellement. » Quand elle passe une main dans ses cheveux, il la fixe au travers de ses carreaux noirs et demande : « Que penses-tu de la barbe naissante ? C’est pas mal non plus, je trouve. » Il passe une main sur son menton, satisfait, avant d’ajouter : « Je trempe toute la suite parce que je suis sortie en trombe de la douche, tu le sais au moins ? » En même temps, cela lui permet d’avoir la tête au frais, avec toute cette eau gorgeant encore ses cheveux mi-longs.

Tu crois vraiment que je vais révéler ma source sans rien avoir en échange ? que je cabotine carrément et sans détour, telle une journaliste que je ne suis absolument pas. Clive se vide le restant de la petite fiole et là, je me dis que le mini-bar ne sera jamais assez rempli à cette vitesse. Tu veux pas que je nous commande un bon truc à la place de ces mignonnettes de grand-mère ? Bien entendu que je ne réponds pas à sa question. Je l'ai trouvé, et c'est tout ce qui compte. Mais à le voir chercher désespérément ses lunettes de soleil, j'en conclu très aisément à quel point sa fiesta personnelle a duré, et la barre diablement douloureuse qu'il doit se payer en plein milieu du front. Un petit sourire éclaire bientôt mon visage à cette pensée, après avoir passé ma main dans ses cheveux, je m'attarde quelques secondes sur sa barbe naissante, preuve que le mot barbier disparaissait de son vocabulaire, du moins pour un temps. Comme j'ai dit, pas mal du tout... ça te change ! Si je relève mon cul de là où il aurait dû rester, c'est simplement pour aller fermer les rideaux de la suite, qui à eux seuls doivent déjà peser lourd dans la balance du prix de cette dernière. Je m'occupe de chaque étendue de tissu de qualité jusqu'à ce que la pièce soit bientôt plongée dans une pénombre aussi confortable que mystérieuse. Uniquement pour éviter que tu gouttes de partout... sachant que cette tenue aussi, est loin d'être autre chose que sexy que je reprends en ponctuant mes propos d'un clin d’œil taquin, retournant à ma place initiale pour rapprocher le fauteuil désigné comme mien de celui de Clive. Mes prunelles émeraudes, dont on peine certainement à distinguer la couleur, le contemple quelques secondes pour mieux venir ôter délicatement ses lunettes de soleil. Maintenant tu vas goûter au remède spécial de Mow pour mal de crâne de déglingo... Mes mains sont fraîches, comme toujours. Problème de circulation sanguine, dirait un toubib. Mais à l'heure actuelle, cette fraîcheur doit être ô combien salvatrice pour les tempes de cet homme me faisant face, tandis que mes mains expertes commencent à masser doucement ces dernières. Mes mouvements sont tantôt circulaires, tantôt plus marqués d'une pression régulière. Je joue avec les points d'acupression, appris par un spécialiste des médecines douces, comme si j'avais fait cela toute mon existence. Mon entraînement est juste diablement rôdé, et ce massage semblable à une caresse devrait rapidement permettre à Clive de continuer de rallumer la chaudière jusqu'à la fin de ses vacances... qui risquent d'être beaucoup moins réjouissantes. Moins mal, Monsieur le professeur ? que je le provoque ouvertement dans un petit rire léger, afin de voir si l'absence de mal de tête le rendra plus joueur à son tour, et surtout moins grognon. Au fait, qu'est-ce que tu aimerais boire ? Whisky vieux ? Champagne ? Vin grand cru ? Quitte à boire ensemble, autant boire bon, et pas se contenter des mini bouteilles du bar qui sont tous sauf de l'absolue qualité.

A

Agréablement surpris, le quarantenaire au cœur émietté l’est, le fait est qu’il aimerait savoir comment Mowgli est parvenue à savoir où il se trouve, dans quel hôtel, ainsi que dans quelle suite. Cela l’intrigue au plus haut point, mais évidemment, la belle blonde ne souhaite dénoncer sa source, sans obtenir quelque chose en retour. S’il avait été dans un bien meilleur état, Clive aurait levé les yeux au ciel puis soupiré. Le fait est qu’il s’y est déjà essayé et il est hors de question que le monde tourne à nouveau sous peine qu’il perde connaissance, tant il se trouve dans un piteux état. Alors, il se contente de soupirer, avant de rétorquer : « Tu voudrais quoi, en échange du nom de celui qui t’a aidé ? » Son regard pénétrant le sien, pour y déceler un indice caché, il termine de vider la seconde minibouteille d’une traite. Par ailleurs, le fait qu’il ne soit vêtu que d’une serviette attachée à sa taille ne semble en rien le déranger, tandis qu’il demande à Mow d’admirer sa naissance de barbe, dont il semble relativement fier. La touchant du bout de ses doigts, il caresse son menton avant d’esquisser un large sourire à ses mots. « Heureux que ça te plaise. » Est son unique réponse, puisqu’à présent, il tâtonne à l’aide de ses mains la pièce, afin de débusquer ses lunettes de soleil. S’il a bien besoin de quelque chose pour sa gueule de bois carabinée, c’est de reposer ses yeux, non ? C’est ce qu’il s’imagine, alors il les recouvre de ses verres brunis, afin que le soleil n’atteigne plus ses iris. * On est mieux. * Il songe, poussant un soupir d’aise face à cette amélioration des plus flagrantes, quand, il observe sa belle Mowgli, afin de savoir ce qu’elle entreprend, peu désireux qu’elle le quitte, déjà. « Que je goutte de partout ? » Le professeur de droit reprend, amusé, lorsque ce qu’elle ajoute le fait sourire plus encore. « Sexy ? Parce que je suis trempé, ainsi que vêtu uniquement d’une simple serviette de bain ? » Il sait très bien ce qu’elle lui fait comprendre et il sait que dans le cas contraire, lui aussi, l’aurait trouvé très attirante. Heureusement, c’est lui qui se trouve dans cette tenue et cela le soulage, tandis qu’il martèle son esprit, afin de ne pas imaginer cette scène : celle où ce serait la jeune blonde qui aurait les cheveux mouillés et qui porterait uniquement une serviette de bain qui dissimulerait son fin corps de rêve. * Non, non, non. * Il se dit, plisse des paupières, prunelles closent, quand elle les lui ôte et qu’il la dévisage, intrigué. « Cette pénombre est agréable. » Il en convient. Seulement, à ses nouvelles paroles, il se demande ce qu’elle lui concocte. « Quel est-ce… » Mais il n’a le temps d’achever sa phrase qu’elle commence à lui masser ses tempes. Ses mains à elle, sont gelées et ses gestes assurés. « Ou as-tu appris à faire ça ? » Il l’interroge, d’une voix lointaine, comme s’il était transporté dans un ailleurs, où il se trouve en paix. « C’est divin. » Clive conclut, s’endort presque, tandis qu’il se détend doucement, mais sûrement. « Surtout ne t’arrête pas. » Il l’intime, quand elle le questionne, le son doucereux et moqueur de son rire tintant l’air. « Tu as des doigts magiques. » Il est sincère, Clive et à sa nouvelle requête, il songe à sa réponse. « Hm… » Il hésite, mais termine de souffler : « Tu choisis, comme tu me soignes avec tes pouvoirs de fée. » Si elle souhaite du champagne, alors il en sera ainsi. Idem pour du whisky ou un grand cru. Tant qu’elle reste à ses côtés, il est bien prêt à avaler n’importe quoi, mais un alcool qu’il n’apprécie pas.

Encore étonnée que Clive, avec sa carrière et sa prestance, ne m'ait pas dit d'aller me faire voir avec un mec de mon âge. Il n'en faut pas plus pour que j'occupe l'espace en m'éloignant de la porte le plus que possible, sait-on jamais qu'il ait un regret dans la minute qui suit. Au lieu de cela, il questionne, s'arme de ses lunettes de soleil et me démontre par a+b ce que l'expression gueule de bois ou transpirer des copeaux signifie. La donne m'arrache un petit rire, mais pas autant que sa question. Puisque tu m'as pas flanquée à la porte... que je reprends avant d'avoir l'idée lumineuse, que dis-je, l'épiphanie de fermer les stores et de me rapprocher physiquement de l'homme, grincheux et bougon, qui rallume la chaudière à grandes gorgées de mignonnette. Je m'empare du téléphone de la suite, prenant une voix sexy comme si je voulais imiter les hot line, commandant une bouteille de leur meilleur champagne. Je pourrais toujours régler la note ensuite, après tout, mes derniers combats de free fight m'ont offert une jolie somme en liquide. Je demeure silencieuse jusqu'à ce que mes mains ne s'amusent sur ses tempes, lui offrant un rien de répit au milieu de sa souffrance physique. J'ai choisi notre prochaine boisson, mais de nombreuses choses restent en suspend alors qu'il me semble presque ronronner sous mes doigts. Pour te répondre tu es tout à fait sexy en serviette, ça me permets de me rincer l’œil sans même avoir à être discrète... que je réponds en me penchant vers son oreille, murmurant mes paroles, sans cesser ce massage que je sais efficace. Je t'ai trouvé grâce à Wilfried, mon merveilleux amant que je cabotine dans un petit rire. Wilfried qui a des touches soyeuses et une connexion internet de ouf... Ce sous-entendu implique deux choses : qu'il s'agit de mon ordinateur portable qui ne me quitte jamais, et que je sais très bien hacker une base de données lorsque le besoin s'en fait sentir. Et en l'occurrence, puisque je voulais le retrouver lui... le besoin s'en est fait sentir. Cet hôtel a un pare-feu dégueu, faudrait vraiment leur dire que pour le prix de la chambre, c'est le scandale du siècle... même si ça m'a permis de dénicher ta chambre... Mes doigts quittent un instant les tempes pour remonter plus haut sur le crâne, habile avec les points d'acupression. J'en profite pour que mes lèvres caressent très délicatement celles de Clive, aussi légères qu'un souffle. Je soulageais mon frère quand il souffrait. Je connais beaucoup les médecines douces... et les massages qui permettent d'annuler toute douleur. Mais pour me remercier j'ai plusieurs idées, reste à savoir si tu seras joueur... ou raisonnable.

L'

ancien juge s’interroge, mais ses réflexions n’aboutissent loin au vu de son piteux état. Le fait est que Mowgil semble avoir de sacrées relations, pour l’avoir ainsi débusqué, et étrangement, cela ne lui plaît pas tant que cela. Qu’elle soit ici, dans sa suite, ne le dérange en rien, attention, mais qu’elle puisse avoir un large éventail de connaissances, masculin, qui plus est… *Non, arrête.* Il se demande dans son esprit, alors qu’elle ferme les rideaux et qu’il est semblable à l’un des personnes de Men in Black, à cause des solaires, à un détail près : sa serviette de bain. « Hm… Continue ? » Évidemment qu’il veut en savoir plus, tout connaître même, mais elle se tait et il patiente, non sans manifester son état de « Bête » étant donné qu’il grogne et croise les bras, sur ses pectoraux. Patientant, il ne peut s’empêcher d’esquisser un sourire lorsqu’il l’entend commander du champagne et au timbre de sa voix, il sent l’excitation poindre en lui. Sous sa serviette de bain, ça s’active et il ne doute pas qu’elle s’en apercevra sans mal, la belle et futée Mowgli. D’ailleurs, lorsqu’elle se rapproche, elle commence son massage à l’aide de ses merveilleux doigts glacés et il en ronronne presque, le quarantenaire, qui a les prunelles closes et qui soupire d’aise. « Tu te rinces l’œil, sérieusement ? » Il s’ose à un plus franc sourire. « Je suis au bord de la maison de retraite, le sais-tu ? » Clive a la fâcheuse tendance à exagérer au sujet de son âge, seulement, elle est bien trop belle, ainsi que jeune, pour s’intéresser à lui. Il n’est pas dupe, le British au sang mêlé d’un soupçon de bière allemande. « Qui ? » Il sursaute et ouvre les yeux à sa réponse, ses mains posées sur les accoudoirs, ou plutôt, en train de les serrer fermement, sa mâchoire crispée. « Qui est ce Wilfried ? » Il continue, grimace en prononçant le prénom avant de douter. Wilfried a des touches soyeuses ? Il ne souhaite pas imaginer Mow avec cet autre homme en aucune façon, quand il tilte à "connexion internet". Incertain, il reprend alors, plus calme : « Tu as donné un prénom masculin à ton… » Le doute persiste. « À ton ordinateur ? » Clive se sent con, de poser cette question, mais il doit savoir. Il faut qu’il sache ! Cela en est devenu vital et il n’en comprend pas la raison. Qu'ont-elles toutes à le mettre en rogne ? S’il est ici, dans cet état, c’est à cause d’une autre qui s’est payée sa tête, est-ce que la belle blonde fait la même chose ? Le fait est que son massage le calme et doucement, il ferme à nouveau les yeux. « Le pars-feu n’a aucun rapport avec la qualité de prestation de la chambre. » Il ne sait pas si les mots sont prononcés dans le bon ordre, mais il s’imagine qu’elle le comprendra. « Oh… Hm… » Passe la barrière de ses fines lèvres lorsque ses doigts s’acheminent jusqu’à son crâne et à présent, il émet un son, semblable à un ronronnement de chat. Il apprécie, Clive, le massage qu’elle lui fait et lorsqu’il sent son visage à un souffle du sien, son palpitant accélère. Il n’en saisit le pourquoi, mais à ses mots soufflés, il n’a qu’un souhait, répondre qu’il est joueur et en rien raisonnable. « Parce que je dois te remercier ? » Il l’interroge, rouvrant ses yeux couleur océan pour les ancrer dans son regard et il patiente, avant de reprendre : « Qu’elles sont ces idées, Mowgli ? Je suis joueur, en temps normal et étant de meilleure humeur, je pourrais accepter. » Elle n’a plus qu’à énoncer ses idées avant qu’il ne change d’avis…

Clairement, le mot retraite me fait un brin tiquer car je trouve qu'il ne rime pas du tout avec la prestance, la classe et l'intelligence de l'homme ronronnant littéralement sous mes doigts. Au fil des secondes, tout en laissant sciemment planer un rien de silence entre nous, je me questionne. La pénombre me semble tellement propice aux confidences que j'en viens à jouer sur le terrain que je maîtrise le mieux : les mots. Pour les actions, certaines en tout cas, on repassera par la case départ et on touchera les vingt mille dollars. Tu te trouves au bord de la retraite, toi ? Alors que tu veux avoir toutes les femmes du monde à tes pieds ? A ce moment précis, j'ignore évidemment qu'il est marié. Sans quoi peut-être ma manœuvre s'en serait trouvée un brin différente. Quel intérêt de faire du bien à un homme avec mes doigts si ce n'est pas pour jeter un petit coup d'œil au passage ? que je sifflote volontairement avant de m'adonner à une petite manipulation sans conséquence. Après tout, je dois être la seule barge au monde à donner un nom affectueux à son ordi. Mais Wilfried, c'est mon meilleur pote, mon confident, mon partner in crime. Je lui fait la causette et il me répond en m'offrant des lignes de codes à faire pâlir de jalousie n'importe quel hacker digne de ce nom. Et qu'est-ce que ça t'a fait de m'imaginer caressant un homme avant que je ne te révèle qu'il s'agit en vérité de mon ordinateur ? Pour info ouais, je lui ai donné un petit nom. Il ne m'a jamais abandonnée, ni forcée, ni rien. Il est dispo quand j'ai besoin et après tout... c'est grâce à lui que je te fais passer ta gueule de bois... Mais en bonne joueuse, il faut que je manque de me brûler les ailes. L'expérience de Clive m'explose au nez à sa question, car j'entends l'expression qui signifie non. Non il n'est pas de bonne humeur, et curieusement, cela me blesse. Stupidement, bien sûr. Je garde mes doigts dans ses cheveux, jouant de mes ongles afin de caresser délicatement son cuir chevelu. Ce n'est plus un massage mais davantage une caresse. Toute blessée que je puisse être, quelque chose d'inexplicable me pousse à ne surtout pas bouger d'un millimètre. Parce que tu es du genre à mettre des mots surtout ? Alors que c'est inutile, étant donné que tu n'es pas, et je te cite, de bonne humeur... Cette fois c'est mon regard émeraude que je plante dans son océan d'acier insondable. Mon cœur bat à toute vitesse, mais mon corps, lui, n'a pas bougé d'un pouce. Seules mes mains se font caresses.

S

i Clive avait été un félin, il ronronnait de satisfaction. C’est presque ce qu’il fait, malgré tout, grâce au fabuleux massage de Mowgli et prunelles closes, il esquisse même un semblant de sourire, tandis qu’il s’évertue toujours à assurer qu’il est très âgé, pour s’amuser. Mais également parce qu’il a dépassé la quarantaine et qu’à son âge, on fait rarement un doublé : sous-entendu, quatre-vingts ans, avec toutes les maladies qui traînent. Mowgli elle, peut encore se vanter d’atteindre les quarante-six ans. « Attends. Tu souhaites réellement dire que je veux toutes les femmes à mes pieds ou ta langue a fourché et tu souhaitais dire que toutes les femmes sont à mes pieds ? » Il fronce des sourcils, plisse des paupières et s’essaye à trouver une réponse pour ses deux possibilités. « Sache que je ne souhaite pas toutes les avoir à mes pieds. Je n’en veux aucune à mes pieds. » Il recouvre son ton bourru, sans nul doute à cause de celle qui lui a brisé le cœur. « Mais disons que dans une bonne vingtaine d’années voir plus, je pourrais passer la porte d’une maison pour vieux, oui. » C’est son superbe sourire dit de "requin" qu’il lui offre, d’un blanc étincellent, quant à sa nouvelle réplique, il ne peut s’empêcher d’éclater de rire. « Hm… D’accord. Tu as raison. Seulement, dans cette pénombre, je ne suis pas certain que tu puisses apercevoir grand-chose. » C’est du moins son cas, mais au vu de son état, comme pourrait-il voir clair, au juste, le professeur Bergmann ? Le fait est qu’il est piqué à vif lorsqu’elle lui cause de ce Wilfried qu’il ne connait absolument pas. Durant une fraction de seconde, il s’est imaginé le réduire en bouilli, mais maintenant qu’il sait qu’il ne s’agit que d’un ordinateur, il se sent mieux, l’ancien juge à la cour suprême. « Ne me pose pas cette question. » Il fulmine de nouveau et clôt une nouvelle fois ses prunelles afin que sa colère ne puisse s’y lire, quand il continue de l’écouter pour s’apaiser. Mowgli a toujours le mot pour rire, et il est certain qu’il est forcément à sa disposition, son fameux Wilfried, puisqu’elle peut en user n’importe quand, lorsqu’elle le souhaite, pour le délaisser la seconde qui suit. « C’est l’homme idéal, ton ordinateur. » Il ne peut s’empêcher de prononcer, notamment parce que c’est apparemment grâce à lui qu’elle fait passer son abominable gueule de bois. Mais quand il la questionne sur ce qu’elle voudrait avoir en retour, la belle semble se raidir. Est-ce qu’il a prononcé quelque chose qui ne fallait pas ? S’interrogeant (puisqu’il peut enfin réfléchir convenablement ; merci Mowgli) il sonde son regard émeraude et lui souffle, tendrement : « Je crois que tu m’as mal compris, princesse. Je disais justement que je suis de meilleure humeur, merci à tes fabuleux doigts, gelés, par ailleurs. Mais si tu ne veux pas me faire part de ta liste de souhaits, alors que je me sentais d’humeur joueur, tant pis. » Il l’affuble d’un clin d’œil, on ne peut plus charmeur, pour ronronner une nouvelle fois de satisfaction. « Rien que tes ongles sur le sommet de mon crâne, c'est… » Il en soupire d’aise et affiche un large sourire, tandis que ses épaules s’affaissent et que son corps se détend sur son assise. « Je devrais te garder à mes côtés en permanence, ma fée. » Il ajoute sans même s’en rendre véritablement compte.