Voilà bien longtemps que je n'avais pas perdu le contrôle de la situation et en même temps, cela faisait plusieurs semaines où les semaines s'enchaînaient, se ressemblaient et s'accumulaient. L'anxiété montait en moi de jour en jour et j'étais de plus en plus facilement irritable. J'avais espéré qu'une simple bière puisse me détendre et pourtant, cela n'est pas dans mes habitudes, surtout en pleine journée.

Il m'en avait pas fallu longtemps pour que je me retrouve à hausser le ton sur un parfait inconnu et ainsi me retrouver dans une bagarre. La journée ne pouvait vraiment pas être pire ! Je m'approchais vers la supérette du coin dans le but unique chercher de quoi me soigner, il devait bien y avoir des pansements ou quelque chose qui y ressemblait de près ou de loin.

Je marchais le long des allées comme une âme en peine, un peu pommé pour le coup et complètement déphasé entre le manque de sommeil et ce que je vivais à l'intérieur de moi. Je posais ma main sur un paquet de céréales en me rappelant que la faim me tiraillait. Je ne saurais dire à quand remontait mon dernier repas à présent. Mon regard se posa sur une main inconnue -ce n'était pas la mienne en tout cas- et remonta jusqu'à la dite personne. "Ouais bah y en a d'autres" fis-je en soupirant, plus exaspéré qu'autre chose. Comme s'il y avait son nom dessus.

touchais ma lèvre à ses dires suite à ses paroles. Un peu déstabilisé, je regardais le mouchoir qu'il me tendait. Je prenais timidement en regardant qui s'adressait à moi. "Merci ?" fis-je pas sûr de ce qu'il attendait. Les gens ne sont jamais gentils sans rien attendre en retour, c'est dans la nature humaine. J'appliquais doucement le mouchoir sur ma lèvre, le regard toujours fermé et embrumé de colère. J'embarquais tout de même l'article qui m'intéressait. Un mouchoir n'était pas un laissé passé pour cet article.

[Je me suis permis du coup

@Rui Ma ]

Voilà qui était rare pour moi d'avoir le dernier mot, mais il faut croire que j'étais tombé sur une personne gentille. Le jeune homme me semblait même trop gentil pour que cela soit sincère. Un regard assez suspicieux se posa sur ce dernier, alors que mes jambes prenaient machinalement le chemin des caisses afin de régler mon article, la faim commençant doucement à me tirailler après cette fin de nuit et début de journée qui semblait ne pas vouloir se terminer. J'étais exténué. Voilà un petit moment que je n'étais pas tombé aussi bas, mais c'était des choses qui arrivaient lorsque je laissais mes pensées prendre le total contrôle de ma vie et ce fût le cas depuis plusieurs jours. Je m'étais donc attendu à une chute, mais pas une si brutale.

J'étais une nouvelle fois surpris qu'il prenne soin de mon état ainsi. Il avait l'air de savoir ce qu'il faisait comme si il faisait ça des centaines de fois par jour. Est-ce que dans mon malheur j'étais tombé sur un pro de la médecine ? Ce genre de choses n'arrive que dans les films. "Une mauvaise rencontre" fis-je sans sourciller. Je ne craignais plus la douleur depuis pas mal de temps des suites de mon passé, alors ce n'était pas une petite blessure de rien du tout qui allait me faire mal. "Mais ça aurait pu" Pratiquant ce sport plusieurs fois par semaine lorsque l'humeur m'en disait, la probabilité que ça soit à cause d'un mauvais combat, était élevée. "Vous n'êtes pas obligé de faire ça vous savez" Je lui avais volé le paquet de céréale qu'il voulait acheter et le voilà à présent en train de me soigner. Nous marchions sur la tête. Je n'avais pas bu assez pour voir le monde à l'envers quand même. "Vous êtes genre un ange gardien ?" fis-je en riant. Bon, là c'était peut-être un peu l'alcool qui m'avait désinhiber oser sortir ce genre de dialogue, mais avais-je réellement tord ?

Je le laissais me soigner, n'ayant aucune idée de pourquoi je faisais confiance à cette personne sortie de nul part, lui confiant alors ma santé. J'étais clairement en état de faiblesse que ça soit physiquement et psychologiquement, de quoi ne pas faire confiance au premier venu qui propose une quelconque aide. Peut-être que l'alcool m'avait aussi désinhiber là dessus et qu'ainsi ma petite voix qui me disait de ne pas faire confiance à untel ou untel était parti en même temps mon honneur.

Mes yeux rivés sur lui suite à ses paroles, je le dévisageais suite à sa question. Je n'étais pas le seul fautif dans cette histoire, mais qu'est-ce qu'il pouvait en savoir. Quoi que en y réfléchissant bien, peut-être que je l'étais. "De quoi J'AI fait quoi?" mon ton monta avant de descendre tout aussi tôt, lâchant un long soupir. "Pardon" Je prenais la bouteille d'eau qu'il me tendait afin de m'hydrater pour donner les clés à mon corps de se remettre correctement. "Je m'énerve vite quand....quand ça va pas et....on va dire que cette personne à eut un mot de travers et....la suite on l'a connait" je montrais mon visage pour appuyer la fin de mon récit.

Je récupérais, un peu hésitant, ce qui ressemblait à une carte de visite. "Je ne suis pas très hôpitaux" A mon sens il y avait des problèmes bien plus grave que les miens. Les urgences étaient déjà surbooké, je n'allais certainement pas embêter mon monde pour deux ou trois égratignures que je pouvais très bien soigner seul une fois sobre. "Tu dois avoir bien mieux à faire que de t'occuper de quelqu'un avec des problèmes existentiels" riais-je en voyant mieux l'état de fatigue dans lequel il était maintenant que l'alcool semblait peu à peu quitter mon corps. "Les médecins préconisent pas huit heures de sommeil en temps normal ? faut suivre ses propres conseils hein" fis-je sur le ton de l'humour, me sentant déjà un petit peu mieux. J'avais bien envie d'oublier toute cette nuit qui me pesait sur les épaules et quoi de mieux qu'un peu d'humour.

@Rui Ma

En soit j'étais d'accord avec les paroles qu'il avançait. C'était la manière la plus intelligente de réagir, ne dit-on pas que le silence est la meilleure des réponses ? Je le crois, mais avec mes problèmes à gérer mes émotions, il m'était difficile d'agir comme il me le conseillait. J'avais fait énormément d'effort depuis ma jeunesse, mais c'est comme si j'avais un petit démon qui me tiraillait l'estomac et prenait le contrôle de mon corps, tant bien même qu'il m'était alors difficile de dissocier mes gestes de la réalité. Je n'aimais pas spécialement me battre, j'étais d'accord avec le fait que c'était stupide, inutile et mise à part finir sali et blessé, il n'y avait rien à en tirer de positif. C'était assez difficile de me sentir compris. Je regrettais presque qu'il ne soit pas psy plutôt que chirurgien, même si c'était un tout aussi beau métier -voir même plus impressionnant et prestigieux à mon sens- "Je penserais à toi la prochaine fois alors" fis-je en riant, alors que je décuvais doucement grâce à l'eau. Boisson trop souvent sous-estimé à mon sens.

"Je vois, je comprends mieux" je comprenais mieux comment il s'y connaissait autant même si ce n'était que de la bobologie, pourquoi il était éveillé si tard ou plutôt si tôt tout dépend de quel sens on prend le problème. Je fixais la carte avec mes petits yeux exténués de cette drôle de journée. "Merci..." fis-je doucement, toujours perturbé de la gentillesse de cette personne. Je ne crois pas aux gentils personnes qui ne veulent rien en retour. Des gens gentils pour être gentil, ça n'existe que dans les fictions. "Je n'aime pas déranger" me confiais-je. "Je suis plutôt du genre à m'enfermer chez moi jusqu'à ce que la tempête passe, je ne sais pas si tu vois ce que je veux dire" Je jouais avec sa carte de visite entre les doigts pour me détendre. A présent que l'alcool descendait, je sentais mon anxiété remonter à mon grand désespoir. "Je ne vais pas te déranger plus longtemps, tu dois avoir des choses importantes à faire" fis-je en me levant.

Je souriais en continuant de regarder sa carte de visite qui perdait petit à petit de allure à force d'être trituré entre mes doigts. Je pensais à la garder dans un coin de mon porte feuille. Avoir une connaissance dans le domaine médical pouvait toujours s'avérer utile. Je l'écoutais attentivement. Il avait l'air si passionné par son travail que je n'osais l'interrompre. C'était agréable d'entendre quelqu'un de parler de son corps de métier de la sorte. Trop de gens se perdent dans un travail qu'il n'aime pas, par dépit, car il faut bien gagner sa vie et payer son loyer en début de mois.

Je fus surpris en sentant sa main dans mes cheveux. Je ne m'y étais tout simplement pas attendu. Après tout ce n'était qu'un parfait inconnu qui avait la main sur le coeur pour sauver une âme en perdition comme la mienne. Décrocher un petit sourire fut ma seule réaction. "Il n'a rien ton nom pourtant" Je fronçais les sourcils en le regardant. Les enfants peuvent être tellement bête et méchant. "Plus facile à dire qu'à faire" Prendre son courage à deux mains, si c'était si facile il y aurait beaucoup de personnes anxieuses et autres pathologies mentale.

"Je devrais rentrer chez moi plutôt" J'étais de nature très méfiant et malgré sa gentillesse dont il avait fait preuve depuis déjà vingt bonnes minutes, je ne me voyais pas aller chez quelqu'un que je ne connaissais pas. Peut-être que c'était tout un stratagème pour me séquestrer et me tuer. C'est un chirurgien peut-être même qu'il décapite des corps dans son appartement, mais que personne ne se doute de rien. Perdu dans mes pensées invasives, et mes tonnes de films que je me faisais dans ma tête.