Et au milieu coule une rivière | WINDIAN

Elle se fout totalement du poisson, du fait de manger ce soir ou pas, pour le sourire qui s’est glissé sur le visage de partenaire, elle jeûnerait mille fois. Tout ce qui compte, c’est que l’atmosphère soit détendue et que le côté insouciant soit revenu. Pour elle, qu’importe le gagnant, elle estime l’être déjà. Et sa vision soulignant le poisson qu’il vient d’attraper, elle s’égare à apprécier le moment et sa simplicité. Allant jusqu’à imaginer que c’est ce que serait leur vie s’ils choisissaient d’habiter à la Wind River, d’une certaine manière ça vient lui picoter son cœur. « Possible. » Naturellement, à cette supposition, elle en conserve ses airs railleurs.

Cependant, à trop se focaliser sur lui, elle ne capte pas directement que sur sa ligne, ça mord aussi. Elle ne s’attarde même pas sur la paume de son compagnon qui appuie sur sa canne, sur cette perte de maitrise factice, à l’instant où il questionne, peut-être pour qu’elle perde d’autant plus sa concentration. « Mais et toi, tu y gagnes quoi ? » C’est tout simple, pourtant, ce qu’elle gagne, c’est la bonne humeur de l’homme qu’elle affectionne retrouvée, cette sensation de morosité effacée. Cela dit, il est vrai qu’elle n’y a pas réfléchit, après tout, aujourd’hui, c’est sa journée à lui. Alors ce n’est pas bien grave, si la Haiwee s’oublie. « J’ai déjà gagné. » Elle précise, énigmatique, avant de reposer son regard sur la surface où s’est immergé son appât, « Hey ! » elle s’exclame en accrochant les doigts de Sheng, et remonte dans la même seconde – ou presque – le fil tendu en raison de ce qui est accroché au bout. Pas une prise meilleure que la sienne mais une prise tout de même. Alors elle lui affiche une mine fière, ce qui la mène finalement à quémander un prix si jamais c’était elle qui obtenait les trois captures en premier, rattrapant l’animal aquatique, elle s’incline pour qu’il rejoigne le premier, et prend le temps d’un murmure lubrique, « Mais je ne dirais pas non à ce que tu … t’occupes de moi. » une demande qu’elle aurait été incapable de lui souffler autrefois.

En un léger crescendo, ses pommettes s’empourprent même si évidemment elle assume ses mots, elle imagine d’ailleurs déjà ses mains caressant sa peau. Et le regard de Sheng nouvellement brûlant sur elle n’est pas pour calmer les pulsions de l’amérindienne. Elle retient un souffle échaudé ainsi qu’un sourire lorsqu’il courbe l’échine dans le but d’approcher son visage du sien. Mais le chemin de la luxure est rapidement écourté, stoppé dans son élan par une petite slave d’applaudissements.

Elle se perd en un rire quand elle tourne ses prunelles en direction de leurs spectateurs, cependant sa gêne n’est que de courte durée, puisque c’est le produit de son labeur qui est félicité, et non la représentation de leurs amoureuses effusions. Alors à défaut de l’embrasser, l’étudiant s’accorde aux envies qu’elle a énoncé. « Ok. J'vois très bien le principe. » D’un effleurement de l’ongle de son index, elle souligne sa nuque bronzée, décline sur son épaule, se languissant de cette promesse d’heures voluptueuses à venir, elle réalise qu’elle a mis de côté la compétition et autres poissons. C’est la ligne de son partenaire en train de s’affoler qui la ramène dans la réalité. Elle comprend derechef ce que ce mouvement peut signifier, une nouvelle prise et pour elle, une chance en moins de gagner.

Elle en exulte un soupir en un rictus faussement dépitée, parce que bon, dans le fond, elle sera ravie dans tous les cas, profite et se délecte du moindre moment charnel qu’elle partage avec toi… Ce qui ne la stoppe pas de râler, suspicieuse quant à ses volontés, juste pour la forme. « Et moi je vois l’effet que ça te fait l’idée de le faire. » s’occuper d’elle, comme s’il refusait catégoriquement de céder à ses désirs en cherchant à tout prix à récolter ses trois poissons en premier. Comme s’il aurait dû perdre dans le seul but de lui prouver qu’il aspire à la faire, par tous les moyens, défaillir.

Le sourire encore flanqué sur ses lèvres, elle laisse son regard décliner en direction de la surface de l’eau afin d’observer le résultat de sa ligne qu’il est en train de remonter. Un second poisson qui va rejoindre leurs premiers, « Attends, j'ai pas dis mon dernier mot. » Ca elle n’en doute pas, c’est d’ailleurs une chose qu’elle adore chez toi, ce côté acharné, cette volonté de ne jamais rien lâcher. Elle possède la même, inutile de le préciser, un de ces points communs qui les assemblent complétant harmonieusement les différences qui justifient qu’ils soient, aujourd’hui, ensemble.

Les sourcils légèrement froncés lorsqu’il suppose, « Ils ne comprennent peut-être pas tout… » possible, mais elle ne voit pas tout de suite où il veut en venir, qu’ils comprennent ou pas, une bataille de pêche, ce n’est pas bien fou. Seulement le voile se lève quand il reprend, curieux de leurs futurs voluptueux moments. « Donc... Ce cadeau d'anniversaire. C'est ce que je pense ou...? » S’ils avaient dormi à l’hôtel ce soir, elle aurait agrémenté l’instant d’une couple de clichés, elle se serait
mise sur son trente et un, elle aurait commandé du champagne peut-être et autres petits fours et canapés à déguster, oui, elle aurait mis les petits plats dans les grands afin de le célébrer et d’y ajouter une touche de luxure qui lui paît, mais parce qu’ils sont ici… Elles sont beaucoup plus primitives, sauvages, ses envies. De fait, elle en sourit lorsqu’il remonte son dernier poisson, sa victoire signée. « La curiosité est un vilain défaut. » Il lui faudra encore attendre pour connaître l’étendu de son cadeau. Néanmoins, malgré leurs spectateurs car après tout ce qui alimente le fantasme précédemment cité, c’est le côté voyeur, elle laisse libre cours à ses instincts que depuis trop longtemps, elle retient. Elle se penche alors dans sa direction, souffle avant l’impact de ses lèvres contre sa bouche un espiègle « Félicitations. » pour sa gagne dans cette petite compétition. Dans ce baiser elle insuffle une dose de perversion, allant caresser sa langue de la sienne pour attiser la passion … Et elle s’éloigne à regret, espérant que cet avant-goût lui plaît. Car elle, elle a hâte de le retrouver à la nuit tombée afin de se perfectionner dans son apprentissage de son jeu préféré. Apprendre les mille et une façons de faire sombrer Sheng dans l’extase de la déraison. Celle qui porte Haiwee comme prénom.