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Soundtrack

Verre de virgin G&T à la main pour les apparences, George circulait de cercle en cercle durant cette petite soirée visant à mousser la cohésion de la belle et grande famille des professionnels travaillant à d’Harvard. Une soirée où tous étaient invités sur l’une de ses croisières qui espionnaient les baleines pour socialiser et échanger avec des membres d’un peu tous les corps de métiers nécessaires à la formation et à l’épanouissement de cette belle ( et dévergondée) jeunesse.

De par sa position autant à la Fondation que sur le comité de direction d’Harvard, il côtoyait des gens d’un peu tous les horizons et de toutes les facultés, et il adorait ce genre d’événements. De poignées de mains en anecdotes, il butinait d’un groupe à l’autre, toujours plaisant, toujours souriant.

Jusqu’à ce qu’éventuellement, il finisse par s’accorder une petite pause de cet petit ballet social pour aller trouver refuge dans sa seconde passion (ou troisième, en fonction des circonstances) : la bouffe. La soirée approchait de sa conclusion. La table sur laquelle était disposée les différentes bouchées se faisait dangereusement vide, et George rêvait des canapés de fromage de chèvre et raisins rôtis depuis le moment où il avait eu le menu entre les mains, quelques semaines auparavant.

Il remercia jusqu’à Dionysos lui-même lorsqu’il aperçut qu’il restait encore une seule portion de ceux-ci. Mais alors qu’il s’apprêtait à étendre la main, les papilles en pleine effervescence alors qu’elles anticipaient le moment tant entendu, quelqu’un fut plus rapide que lui…

Relevant des yeux de l’assiette, il s’apprêtait à rire de la situation lorsqu’il constata qu’il ne s’agissait de nulle autre que Kristofer Vermeer… Le meilleur ami de son ex-épouse…

Même si leur relation avait toujours été cordiale et amicale, même, à une certaine époque, lorsque que George s’était fait attraper la main dans la mauvaise jupe pour une première et une seconde fois, Kristofer avait clairement choisi son camp. Depuis, l’ambiance demeurait tendue entre les deux hommes. Le fait que Kristofer ait en plus réussi à obtenir une pseudo position de professeur à Harvard n’avait en rien faciliter les choses.

Franchement incertain de l’attitude à adopter face à ce représentant du clan Skylar, il ne savait pas s’il devait s’afficher sous son pire ou son meilleur angle. Il avait après tout traversé, et traversait même encore, pour être honnête, une période particulièrement difficile, mais il ne savait pas s’il tenait vraiment à ce que celle à qui il avait juré un amour éternel soit au courant de ses tourments…

Il opta donc pour un neutre, très neutre…

« Kristofer… La belle surprise… Comment vas-tu ? Comment trouves-tu la bouffe ? »

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Soundtrack

Il n’allait pas se mentir : depuis son embauche à Harvard, George évitait Kristofer. C’était puéril, il le savait pertinemment bien. Il passait ses journées à fréquenter des individus peuplant tout le spectre de l’amabilité. Bien honnêtement, en d’autre circonstances, la jovialité, l’énergie et la fougue de l’européen l’aurait séduit. Simplement, il savait que Skylar constituait le ciment de leur relation. Il vivait donc constamment avec l’incertitude de l’authenticité des moments partagés.

D’autant plus maintenant que son épouse ne faisait plus partie de l’équation.

« Non… non bien sûr que non. J’ai fais un pari avec le cuisiner pour savoir quelle bouchée serait la dernière partir. »

Il dressait mentalement la liste des restaurants susceptibles d’être entre ouvert à l’heure où ils toucheraient terre. Le Prima, peut-être ? Ou le Mida East Boston, avec un peu de chance ? Parce qu’il ne mettrait définitivement rien dans son estomac sur ce bateau. À croire que tous ces universitaires ne mangeaient que lorsqu’on leur offrait de la nourriture.


« Ouais, ça va… »

Il ne savait pas du tout quoi répondre à cet anodin échange de salutation. S’il mentait et fanfaronnait que tout allait mieux que jamais, il aurait soit l’air de bluffer, soit de manquer de respect à une femme qu’il avait sincèrement aimé de nombreuses années. S’il se plaignait de sa situation, il aurait l’air d’un idiot de l’avoir laissé filer.

Et puis, mentionner que depuis qu'il avait rejoint les alcooliques anonymes pour lutter contre sa récente montée d'alcoolisme, il noyait sa peine dans les plaisirs charnels ne lui apparaissait pas exactement comme la meilleures façon de briser la glace...

« Oui, je m’assure toujours de goûter les menus avant de signer. Un des privilèges du boulot. Content que ça plaise, en tout cas! Et toi, comment ça va au boulot ? Ça fait un moment qu’on a pas discuté… »

Question de reconnaître l’existence de l’éléphant dans la pièce.


« T’as prévu de retourner sur les planches bientôt ? » , demanda-t-il très innocemment.