je crois que c'est pendant le repas chez tes parents que j'ai eu le déclic. ce moment où j'ai réalisé que ouais.. c'était toi jusqu'à la fin de ma vie. le vrai mariage, les enfants, la vie de famille et les sacrifices je les veux avec toi et personne d'autre. j'ai percuté que tu étais mon futur. mais avec cette pensée vient le fait que j'ai un secret lourd à porter, un secret que je ne t'ai jamais avoué. et si je dois passer ma vie avec toi, si je veux qu'on se construise pour de vrai, il va falloir que je le partage. même si ça peut te mettre en danger. t'es pas en sucre, t'es fort, ça fait des mois que t'as pas bu mais surtout je veux plus rien te cacher. on se protégera ensemble. c'est dur pour moi à avouer mais il le faut. alors depuis qu'on est rentré de chez tes parents, je suis un peu distante sans le vouloir, je suis souvent dans mes pensées. j'essaie de trouver le bon moment. mais il n'y a pas de bon moment, il faut le créer. alors ce soir je rentre du bureau, je pose ma plaque sur la table de la cuisine, caresse Tofu en lui donnant un peu de pâté avant de me diriger dans le salon. t'es déjà rentré, assis dans le canapé à lire des dossiers. je me penche sur toi, dépose un bisou contre ta nuque puis ta joue. t'as passé une bonne journée ? que je demande en me dirigeant vers la chambre pour retirer mes vêtements, trop pressée de prendre une douche.

il n'y a pas de bonne ou de mauvaise manière de réagir dans des situations de crises. il y a juste des réactions spontanées, générés par le stress, la colère ou encore la peur. ou tout en même temps. et ce jour-là, quand tu as retrouvé sierra dans un état lamentable, tu as vu rouge. pas de quoi te vanter de ta réaction. pas de quoi non plus revenir dessus. l'évènement est passé et vous avez préféré ne jamais reparler de ça. enfouir ce moment pour ne pas raviver quelque chose de désagréablement douloureux. les semaines ont passés sans que votre quotidien ne soit pour autant boulversé. tu l'aimes, plus que tout au monde et t'en es un peu plus sûr chaque jour qui passe. ce soir, comme souvent, tu rentres avant sierra. rituel rodé et rythmé: faire du sport, faire à manger, prendre une douche et finir par t'installer pour travailler. ce soir ne dénote pas des autres. — correcte on va dire. et toi? tu l'entends déjà partir, possiblement sans écouter ta réponse. tu lui en voudras pas de prendre une douche et de te rejoindre par la suite.

ça va comme d'habitude que je cris presque au loin. j'entre sous la douche, profite de l'eau bien chaude qui coule sur ma peau. je fais même durer le moment. non pas que j'en ai réellement besoin, j'ai passé ma journée à mon bureau, rien de si fatiguant. j'ai juste besoin de gagner du temps sur le moment où je te perdrais peut-être à jamais. parce que depuis le trajet retour en voiture, un paramètre que j'avais pas envisagé m'a sauté à la gueule.. et si tu voulais plus de moi ? tu ne me dénoncerais pas, je le sais. mais si tu ne voulais pas te marier avec une meurtrière ? je le comprendrais mais je te perdrais à jamais. sauf que j'ai aussi compris que ce ne devait pas être mon choix mais le tien. je sors de la douche à reculons, enfile ton peignoir avant de te retrouver dans le salon. j'inspire. expire. Ilan... faut que je te parle d'un truc un gros truc. et t'imagine pas que c'est Alec ou je sais pas quoi. rien à voir avec toi et moi ou lui et moi. enfin pas comme ça.

y'a un petit goût d'habitude dans cette scène. un truc un peu routinier qui vous appartient. la flemme te tiens sur le canapé et tu ne vas pas la rejoindre sous la douche. lorsqu'elle revient dans la pièce, l'odeur de son shampoing flotte et c'est agréable. tu redresses le menton quand elle te prévient qu'il faut qu'elle te parle d'un truc. tu jettes le dossier que t'as en main sur la table basse pour te lever et aller la rejoindre. bras qui viennent entourer sa taille dans le peignoir qui t'appartient. — je suis pas sûr d'avoir envie de parler non t'as bien d'autres idées qui te viennent en tête en la voyant les cheveux humides, en l'imaginant nue sous le tissu épais en éponge. tes mains glissent dans le creux de son dos puis sur ses fesses. — t'aimes pas parler d'habitude tes lèvres se déposent dans son cou. loin d'imaginer qu'elle n'est pas du tout sur la même longueur d'ondes que toi à ce moment là.

j'essaie de rassembler mon courage, d'enfin oser poser des mots sur ce que je me retiens de te dire depuis des mois moi maintenant. j'ai le coeur qui s'emballe, les mains moites et la respiration qui se saccade. et tu m'aides pas quand tu viens m'enlacer contre ton corps, tes mains qui glissent de mon dos à mes fesses. tu me facilites pas la tâche Ilan, c'est toujours compliqué de me refuser à toi quand t'es dans cet état.. mais je ne peux pas attendre plus longtemps, je dois en parler. je ne peux pas attendre la mariage ou te prendre en otage comme j'ai déjà la sensation de le faire. je souris difficilement, avale ma salive bruyamment avant d'attraper tes mains pour les retirer de mon corps. sérieusement. il faut que je te parle une de tes mains qui reste dans la mienne et je te tire vers le canapé. je m'assois à côté de toi, attrape un coussin que je sers contre moi, il me servira peut-être pour encaisser le "dégage d'ici" que je pourrais potentiellement me prendre. je ne suis plus du tout certaines que tu pourrais me le pardonner, mais je dois quand même être honnête. je.. j'sais pas comment te dire ça. j'ai essayé de me dire que pour te protéger je devais rien te dire. mais je me dis aussi que j'ai pas décider à ta place ni à te cacher des choses pour te protéger. je souffle un coup. je t'ai menti la dernière fois. c'était pas un indic qui s'est retourné contre moi. c'était bien un piège, mais j'ai omis certains détails. les mecs en question font parti des latin king, un gang très violent des quartiers sud. leur boss a disparu et ils voulaient savoir ce que j'en avais fait. je ne peux plus faire marche arrière.

méchante claque quand elle vient arrêter tes mains de caresser son corps. quand le sien s'écarte presque du tien et que son sérieux est maintenu. t'as du mal à comprendre ce qui lui arrive mais tu vas rapidement, très rapidement être fixé. elle t'entraine sur le canapé et tu t'assoies, docilement. peut être qu'elle joue et qu'elle va là te sauter dessus? mais non, définitivement pas. à la place elle se lance dans des explications que tu peines à suivre parce que tu t'imaginais bien d'autres issues. sauf que quand t'assimiles les choses et que tu captes, ton sang ne fait qu'un tour. ça doit se voir sur ton visage que tu te décomposes, que tes nerfs montent. elle t'a menti. et en plus de ça, elle s'est mise en danger. deux facteurs qui t'agacent. — est-ce que tu crois vraiment que j'ai besoin que tu me protèges? dis-tu sur un ton énervé, presque méchant, en te levant. — t'aurais pu.. t'aurais pu te mettre en danger, faire de la merde mais t'aurais dû me l'avouer après! là ça fait des semaines et t'as l'air de rien avoir à te reprocher de me mentir ouvertement ! tu passes tes mains sur ton visage, dans tes cheveux et tu soupires bruyamment. et puis tu tiltes. une autre phrase raisonne dans ta tête. — ce que tu en avait fait? les sourcils se froncent sur ton visage aux traits déjà fermé. ton regard perce le sien, attendant qu'elle aille jusqu'au bout de ses aveux.

d'habitude quand on veut que le temps s'arrête, c'est qu'on veut profiter infiniment du moment. mais dans ce cas de figure, tu voudrais qu'il s'arrête pour respirer un coup, tout mettre sur pause et ne pas tomber de la hauteur de l'empire state building. tu t'attendais pas cette chute d'histoire quand sierra a commencé a parler. tu savais pas trop à quoi t'attendre en fait et là où elle allait venir. — putain murmure que tu ne retiens pas. t'es entrain d'imaginer la moindre chose qu'elle te conte et ça te met tellement en rogne que.. en fait t'arrives à la comprendre. parce que si un mec avait osé lever la main sur une de tes soeurs, t'aurais pas réfléchi et t'aurais fait la même chose. la seule différence, c'est que sierra aurait certainement été au courant. — c'était quand? la froideur et la distance sont palpable bien que ça te pique profondément de la voir petit à petit, s'effondrer.