Chiche que je te bats à plat de couture, car tu es peut-être têtue, mais moi je suis buté ! Je n'ai pourtant pas franchement la force ni la volonté de me lancer dans une joute que je ne suis même pas en position de gagner. Mélia a toujours eu une force de caractère que j'admirais, que j'admire encore, mais là, de toute évidence, cela me tape surtout sur le système. Qu'est-ce que ça peut bien faire si tu tournes les talons et que tu fasses comme si t'avais rien vu ?! Je soupire de plus belle, l'épuisement de mon propre corps me rattrapant à une telle vitesse que j'en viens à lâcher quelques larmes. La pression, l'inquiétude pour Mia, l'assassinat de mes parents, la démence qui me guette à cause du diabète... toutes ces épées de Damoclès multiples au-dessus de ma tête font que là, tout de suite, je m'écroule psychiquement. Manque de bol, c'est en face de la jolie blonde. Pourquoi tu fuis pas à toute vitesse en sachant qu'un jour, la personne que tu as en face de toi risque de ne même pas te reconnaître ? Elle vient d'essuyer mes larmes, de poser sa main contre mon torse et, alors qu'elle se hisse sur la pointe des pieds, je ferme quelques secondes les yeux. Céder ou fuir. Fuir ou céder. Mes lèvres décident pour moi et frôlent celles de Mélia, sans forcément approfondir un quelconque baiser. Je goûte dans un souffle, non sans m'écarte la seconde suivante. Non...

Tu es au courant que je peux te laisser avoir le dernier mot pour mieux avoir le point final ? Tel le grand couillon que je suis, j'en viens à ponctuer mes propos d'un sifflotis absolument insupportable. Mais les situations trop sérieuses me font baliser, intérieurement. Moi, l'avocat reconnu qui soulèverait le Mont Fuji si cela pouvait sauver un client, balise dès qu'il s'agit de sentiment, d'engagement, de sérieux. Mélia, bien sûr que je ne te connais plus. Nous deux, ça fait des années, on a roulé notre bosse depuis, on a fait du chemin, vécu des expériences différentes... les miennes m'ont changé. Profondément. Pour la carte de la confession, on repassera plus tard pour le second round. La jolie grecque démonte une à une chaque barrage que je mets entre nous, osant lier nos lèvres ensemble de façon beaucoup plus passionnée. Bien que je l'ai soigneusement tenue à l'écart... je finis par céder, et m'emparer de son visage afin d'approfondir ce lien physique qui nous lie là, tout de suite, maintenant et sans mensonge ou faux semblant.