On m'a renié que je lance d'un ton tranchant, implacable, sans pitié, probablement du même ordre que lorsque m'a propre mère a utilisé ces mots. Des mots que je n'oublierai jamais, et ce jusqu'à mon dernier souffle. Ma génitrice a employé les mots tu me fais honte pour avoir choisi la profession d'avocat, ailleurs que sur le sol français. Honte... comme Mia avant moi. Je ne les ai plus jamais vu depuis mes quatorze ans. Et la seule nouvelle que j'obtiens à leur propos, c'est leur assassinat. Les souvenirs les plus complexes et difficiles à supporter me reviennent en pleine face, tel un ouragan force dix. Si j'entremêle mes doigts à ceux de Mélia, c'est sans compter sur ma main gauche, qui elle commence à tapoter dangereusement mon jean. Quelques gouttes de sueur s'écoulent de mon front et le tapotement s'intensifie. Bientôt, les loupiottes du couleur me semblent floues, très floues. Alors que ma respiration s'accélère d'elle même, je vais tomber à mes pieds la pochette précédemment donnée par le médecin en charge de mon diabète. Le tapotement devient quasi sonore alors que les minutes s'égrènent sur le cadran. Lumière... lumière que je répète inlassablement tandis que mes prunelles sombres, elles, ne regardent déjà plus mon interlocutrice depuis un moment déjà. Lumière... forte... lumière... Mon esprit s'embrume et mon corps se tend telle la corde d'un arc. Si je lâche abruptement la main de Mélia, ce n'est que pour tapoter de plus belle à l'aide de ma seconde main. Mon discours demeure le même, annonçant la crise de démence que je redoutais de tout cœur depuis une bonne semaine déjà.