Le monde se suspend, à la suite de cet ordre non-dissimulé qui tous les surprend. Elle se heurte de prime abord au regard interloqué de son accompagnant. Dans le fond, il a toutes les raisons du monde de ne pas interpréter le pourquoi elle est soudainement encline à l’animosité, à vouloir le rejeter, alors qu’elle semblait bien ouverte quant au fait d’apprendre à le connaître. Pourquoi les portes, elle se plaît à les fermer quitte à le ridiculiser, lui qui était prêt à mettre ses membres à couper sur le fait que l’affaire était pliée. Femme faussement joueuse, elle s’accommodera même de l’adjectif allumeuse. A dire vrai, Haiwee, elle reste tout bonnement une peureuse, de s’enfuir, désireuse. De l’Adams briseur de cœur encore amoureuse. C’est dans les bras d’aucun qu’elle souhaite se consoler.

Bien sûr que des barrières, elle aurait dû en poser, dès l’instant où il a osé la toucher comme s’ils étaient intimes dans les escaliers. Son erreur, elle est d’autant plus visible sous les regards de tous les hommes présents, dans l’espoir d’une réaction positive de celui qui se voulait entreprenant. Sous couvert d’une nécessité à profiter, pour oublier l’homme qui se tient face à elle à la finalité, elle a cette sensation d’être totalement coincée, de ne pas avoir su placer les limites comme il le fallait. Elle a beau se flageller mentalement à cause de son ingénuité, il n’empêche qu’elle reste dans l’attente qu’il accède à sa requête. Restant convaincue peut-être, qu’étant donné son ancienne proximité avec Sheng, elle a le droit de pouvoir jouer les troubles fête. Protégée malgré son évidente mauvaise humeur à la croiser. En souvenirs des instants qu’ils ont partagé, il ne saurait la laisser être abîmée. Lui l’ayant assez fait.

Quand finalement, la rotation de la Terre reprend parce que c’est son timbre de voix qu’elle entend. « "Ce que femme veut", tu l'as dit… » D’un battement de paupières, en un soupir à la lisière du soulagement, elle repose son regard sur celui qui vient de reprendre la parole, récupérant ainsi de la conversation ainsi que la tension ambiante, le contrôle. C’est pour lui, que cette main elle ne peut la supporter, parce que c’est le seul qui n’ait jamais compté. Et pour s’accrocher à ses mots à cet échappatoire offert par l’homme de ses envies, la Haiwee sourit. Elle se fond en une expression désolée auprès de celui qu’elle intéressait, parce qu’il n’a pas bougé d’un seul centimètre, demeurant par son rejet paralysé. En un tour de main, elle change son verre de paume, pour aller accrocher ses phalanges des siennes nouvellement libérées. Elle l’attrape donc, avec fermeté, et retire ses doigts perdus sur les rondeurs de son fessier. Elle va jusqu'à préciser ; « J’ai dit oui pour un verre… » dans un temps premier, pas pour plus d’affinités. Elle se décale, d'ailleurs, d'un pas sur le côté.

Encore, elle en affiche un air contrit, excusé. Après tout, elle a été définie comme une mannequin, et n’est-ce pas la façon qu’à Wendy de se comporter ? A croire que le monde est à ses pieds. Comme toutes les femmes qu’il peut apprécier. Ses pensées tournent rapidement dans sa tête, sans savoir quand elle se doit de les arrêter, comment agir à son opposée. Sur le bouton pause, appuyer. « Si je vous suis, Sheng, » toujours lui, « et toi aussi, » le cavalier, « ce que femme veut… » elle répète à son tour, ses prunelles se posant en un rythme cadencé sur chacun d’entre eux, une Haiwee qui a des envies de réinventer les règles de leur jeu, « j’ai le droit de choisir ? » Etonnée elle-même par ses dires, chose qu’elle atténue en un angélique sourire. Puis enfin, porter le verre à ses lèvres, avortant ses traits malins, ignorant le poison qu’elle avale et tient dans sa main.        

« De mieux en mieux... » A la lisière d’être crachés, sans avoir pris le temps de la réflexion, exulter les prémices de l’évidence, les futurs évènements ne sont pas soumis à ses conditions. Alors oui, parce qu’elle reste indubitablement sensorielle, un peu moins crédule que dans sa forme originelle… Lorsqu’elle détaille leurs faciès horripilés, elle n’a pas de mal à déterminer qu’elle a mordu la ligne, à vouloir se montrer plus fine. « Ce ne sont pas les règles du jeu. » Amorçant un geste vers elle… Et si ses prunelles jonglent entre tous les participants de cet aparté, c’est celui qu’elle prenait le soin d’éviter qui recommence à s’exprimer. « Laisse-la parler. » Coupant court aux calembredaines et que dans les ressentiments d’Haiwee s’estompe, juste un tantinet, la haine.

Les lèvres de l’amérindienne se scellent le temps de la réflexion, se traduisant d’abord en une longue inspiration. Contrariée face à cet univers avec lequel elle tâtonne dans l’espoir de négocier. De s’en sortir indemne, en les positionnant comme un délicieux dilemme. Elle entend presque son cœur tambouriner avec force, en un écho intérieur. Un rythme qui lui persifle combien, malgré elle, elle est prise au piège. « Je n’ai pas envie que Witter me la fasse de travers parce que l’une de ses filles demain sera trop contrariée pour poser. » Et bien que ce soit elle qui ait évoqué la rousse en premier, en se faisant passer pour une de ses poupées, elle réalise encore combien c’est cuisant, lorsque le nom sort de la bouche de celui qui était bien plus qu’un simple amant. Une sensation brûlante d’envie de vomir l’étreint, alors comme une idiote bafouée, elle tente d’effacer le feu dans sa trachée en buvant une autre gorgée de liquide qu’elle tient dans sa main. « L’homme propose, la femme dispose. » Sourcillant quant au fait que ce soit lui, la proposition. Lui qui paraissait si agacé de se retrouver face à son apparition. Par pur esprit de contradiction, parce qu’elle reste victime de ses émotions, elle en éprouve le désir soudain de choisir l’un de ses copains. Les raisons multiples assènent son esprit, entre le bal et Wendy, ainsi que sa conviction qu’elle ait besoin de lui pour se sortir d’ici.

Alors elle se fond dans ce rôle principal qu’elle s’est elle-même attribué, esquissant un faible sourire, approuvant ses dires en un hochement de tête léger. Comme si elle le remerciait de lui redonner les rênes qu’elle n’était pas prête à céder. « Alors… » Elle minaude encore, sensuelle qui s’ignore, « il me semble, » elle amorce le début de son choix, la pointe de sa langue s’insinuant sur ses lèvres à la faveur de tous cette fois, jusqu’à décliner son regard sur le second asiatique, le jaugeant de haut en bas, comme faire, elle ne sait pas. « que je me dois de vous prouver que je le suis. » C’est de toute sa candeur, de sa beauté sans pareille qu’elle sourit, priant ses dieux afin de se montrer à la hauteur de leurs manières, de la prétention qui pare leurs caractères. « Mémorable. » L’affection en bandoulière, immuable. « N’est-ce pas, Sheng ? » et prononcer une énième fois son prénom, afin de marquer concrètement sa prise de position. Sur lui, poser une option, à l’instant où elle termine d’un trait sa boisson, ignorant le fait qu’elle se risque à perdre la raison.        

C’est d’un regard insistant et ancré sur lui qu’elle attend. Jonglant toujours intérieurement avec les pours et les contres qu’engendrent son choix, néanmoins, malgré ce rôle qu’elle semble maitriser, elle ne peut s’éloigner de celle qu’elle est vraiment. Il est le seul, il l’a toujours été, aucun autre homme, elle ne saurait envisager. Même quand elle le déteste, d’autant plus lorsqu’elle croit qu’elle regrette. Jusqu’à la haine, jusqu’à ce que ce soit douloureux dans son être.
La piètre joueuse s’en devient petit à petit nerveuse, des lors qu’elle a articulé sa sentence, elle reste suspendue à ses prochains mots, ses prochains mouvements, peu certaine d’être capable de gérer un rejet s’il en venait à se montrer réticent. Enfin, l’étudiant met un terme à ses réflexions, en prenant à son tour position, ayant délaisser sa flute évidée, pour parapher sa décision. « Alors moi aussi, » battant des paupières, la douceur de sa figure parée d’un air charmé par l’idée, bien qu’elle, elle se souvient de tout, il n’a rien à lui prouver. Le contraire, elle ne se serait jamais permise de l’annoncer, même pour jouer. Cette histoire, elle est la seule à l’avoir placé sur un piédestal.

Alors enfin, de l’amérindienne il se rapproche, sans qu’elle n’ait eu le loisir de remarquer la tension ambiante, de son précédent cavalier, elle n’est pas assez méfiante. Obnubilée par l’homme qui prend toute la place dans ses pensées. « Première fois. Vous ne devez pas connaitre les règles… » Non, elle ne sait rien, mais ça, tu le sais bien. De fait, elle se laisse surprendre par l’acte qu’il effectue, ce retrait de son bracelet, de ce célibat précédemment affiché. « On échange, en signe de notre… engagement. » Ça la heurte, en dedans, son impassibilité mise à mal, déplorant cette soirée de fin d’année durant laquelle elle a glané vouloir arrêter, elle avoue quelques secondes s’en trouver perdue. « Je peux ? » Plus encore lorsque pour accompagner sa question - qui ne possède qu’une seule réponse maintenant qu’elle s’est positionnée - il pose sa main sur poignet. Elle souffre de l’éternel effet qu’il parvient à provoquer en l’étudiante, ce contact de sa paume sur la sienne, qui lui paraît indubitablement brûlante. « Je vous en prie. » Qu’il prenne la main, le bras, la fille et qu’il l’emporte où il voudra. Après tout n’a-t-elle pas toujours tonné que c’est jusqu’au bout du monde qu’elle pourrait, avec toi, s’abandonner ? Ridicule Haiwee. Qui signe sa pensée en prenant la peine de relever sa dextre afin de lui faciliter la tâche, à son tour retirer la couleur de sa disponibilité. Et cracher un soupir échaudé, né d’une émotion qu’elle ne sait déterminer, à l’instant où il lui enlève son bracelet afin de l’embellir du sien, appartenant l’un à l’autre, au moins jusqu’à demain…         

Ses pupilles restent quelques secondes fixées sur le bracelet qu’il vient de lui passer, allant même jusqu’à poser ses empreintes dessus. S’aventure à le caresser comme si c’était un bijou que l’on ne peut estimer, un arc affectueux légèrement esquissé sur ses lèvres, pour lui appartenir, elle aurait probablement tout donné. Seulement une voix de l’un d’eux s’élève, et la tire de ses rêves. « Dommage qu’on ne puisse les cumuler. » Un retour brutal dans la réalité. Ecorchée, car pour une fois, Haiwee comprend directement la signification des mots articulés. Plusieurs femmes à son poignet. Ce partage qu’elle n’a plus su supporter. La preuve même qu’elle ne lui suffisait. Alors faute de ce jeu d’apparences, elle reste d’abord impassible pour s’imposer le fait de sourire face à cette blague détournée, et cet acte il est intensément forcé. Exécrant l’idée de ne pas être assez. Tandis que lui paraît être amusé, lui donnant la nausée.

Mais elle n’est pas en droit de se plaindre, de rechigner étant donné qu’en un sens, il est en train de la sauver. Et puis, ne vient-elle pas de glaner, qu’il était son choix ? Sa seule possibilité. « Alors allons-y » Une fois n’est pas coutume, ça lui semble si simple de s’enfuir avec lui. Perturbée par ce mouvement qu’il effectue, observer l’heure comme s’il était attendu. Elle en est un tantinet perdu. Mais quand il reparle, il lève le voile de l’incompréhension. « On se verra sans doute plus tard, si je ne suis pas… assez endurant pour Mademoiselle. » Encore une fois, l’hypothèse que cette nuit, il n’aura pas qu’elle. Rendant l’appartenance d’autant plus irréelle. Elle accroche son regard à sa main tendue vers elle, ça la crève. « Xian. » Interpelé par le cavalier originel, elle détourne sur lui, elle aussi, ses prunelles. Sans comprendre ce qu’il peut leur vouloir puisqu’elle pensait qu’il n’était plus en droit de revendiquer quoi que ce soit. « Le verre. » Pour l’amérindienne, rien n’a jamais été moins clair, mais l’étudiant, lui, semble entendre car c’est un mouvement positif de la tête qu’il se permet. Alors elle a cette sensation d’être passée à côté d’un secret. Hypothèse sur laquelle elle se permet, quelques secondes, de tergiverser, innocente Haiwee. « Vous venez ? » Son mental à nouveau réattiré dans la dimension où ils se trouvent, elle abdique, allant lier ses phalanges aux siennes, les entrelaçant, ses paupières fermées pour ne pas lui montrer combien le contact lui plaît. « Avec plaisir. » Combien il peut lui manquer.

Cependant avant de le suivre, elle tend sa paume tenant encore ledit verre afin de l’abandonner à côté de sa flute évidée. Puis elle s’en revient à l’homme de ses pensées, affichant un air charmé, néanmoins lorsqu’elle réalise un premier pas en sa direction, elle se fait victime d’une inconfortable sensation. Se heurtant à un vertige, un flottement, son mental s’amoindrissant, un détail qu’elle s’essaie à pallier en un geste brassant du vent. Et bien que ce soient les escarpins qu’elle blâme intérieurement, elle préfère se faufiler à son côté, lui accordant ce droit qu’elle a précédemment retiré à celui étant venue la chercher. Oui, elle guide sa main pleine de la sienne pour l’accoler à sa hanche, la laisser choir sur le cuir de sa robe, espérant son maintien. Au moins le temps du chemin, de la traversée, bien qu’elle n’ait aucune idée de l’endroit visé.

Une fois assez éloignés de ses copains, à la lisière des escaliers après avoir percé la foule sans trop de difficultés, elle se permet de lui souffler ; « Vous semblez toujours autant ravi de me voir, monsieur Xian. » elle en a un rire nerveux, mauvais. « Vous auriez peut-être préféré une autre option, dans le fond. » Autrement dit, qu’elle choisisse un autre garçon. Accusant un tumulte dans ses émotions. « J’savais pas… J’ai pas... » Elle se justifie sans savoir de quoi. Embuée malgré elle, les pinceaux mélangés, ses phrases écourtées à cause d’un mal qu’elle ne sait pas déterminer. Elle reprend la maitrise avec une piètre fermeté. Martyre de ressentiments contraires, d’une étrange dualité. « D’habitude après la sélection, vous faites quoi ? » Le venin s’insinuant en son être, inconsciente, à l’orée de perdre la tête.         

Et si elle s’amuse encore du vouvoiement qu’il a utilisé pour les distancer, elle se laisse surprendre par le retour sec du tutoiement, car ça ne les rapproche pas pour autant. « Ne dis pas de connerie. » Evidemment, c’est elle qui déblatère des conneries maintenant. Néanmoins, elle n’en démord, il n’avait pas l’air enjoué lorsqu’elle a osé préférer passer la nuit à ses côtés. Mais c’est à croire que son humeur est encore plus désagréable à présent. Si bien qu’elle aussi, elle s’agace intérieurement. Accrochée malgré elle à l’homme qui l’enserre fermement.
Alors peut-être que cela vient d’un décuplement de sa curiosité, un fait qu’elle n’arrive pas à maitriser, mais elle ne peut se retenir de le questionner. Oui, elle veut savoir ce qu’il aurait fait si c’était avec une autre qu’il avait choisi de poursuivre cette soirée. S’il avait à son poignet le bracelet d’une de ces femmes à laquelle elle ne peut décemment pas être comparée. Une de son monde, aux instincts acérés. Quels auraient été ses desseins ? De les entrevoir, elle en ressent un besoin, aussi maladif que malsain. « Tu souhaites vraiment le savoir ? » comme une poupée de porcelaine immaculée, elle ne réalise pas qu’elle risque de se briser, à la fin.

Et si dans ce long regard qu’il lui a accordé durant sa réflexion elle aurait pu se perdre, quand elle s’entend prononcer, un quasiment amusé par le double sens des mots utilisés ; « Oui, je le veux. » elle s’aperçoit d’à quel point elle est novice en ces jeux. Car elle se heurte à son sérieux, une proie n’ayant aucune idée de ce qu’il se trame en ce lieu. Une Haiwee inconsciente de flirter avec le feu. Puis il se décide pour accéder à ses volontés, ensemble ils empruntent un nouveau chemin, le corps de l’amérindienne toujours accolé au sien. Faible d’une conscience légèrement altérée, elle avoue ne pas avoir conscience du nombre de mètres qu’ils avalent avant de s’arrêter. Faiblement vaseuse, elle s’essaie à pallier se fait en passant sur son visage ses doigts, novice qui a la sensation que son cœur, c’est plus vite qu’il bat. « Je ne prends plus part à çà depuis longtemps, » Alors sur lui, elle décline son regard, elle se confronte à son profil en une tentative de deviner ce qui peut l’embarrasser. Ce qu’il y a de mal dans une simple nuit arrosée… Elle est novice en bien des choses mais pas au point d’ignorer comment s’amuser. N’envisageant pas une seule seconde qu’elle saurait être dégoutée par les pratiques ici utilisées. « Prendre part à quoi ? » Elle interroge mais la réponse ne viendra pas, car l’homme désigné pour garder les portes d’entrée de ce nouveau monde leur autorise l’accès.

Naturellement, ils pénètrent à l’intérieur, ses iris déclinant sur les détails, les dorures du luxe, les autres couples présents, elle lutte même contre son éternel émerveillement. Et parce qu’elle ne voit toujours pas ce qui semblait être si terrible, ce qui pouvait justifier le fait de fuir cette soirée, elle en vient forcément, à penser, que c’était l’idée de passer du temps avec elle aux yeux du monde, qui le gênait. La possible révélation de ses origines une fois le soleil levé. Ne pas désirer être additionné à une femme qui ne possède pas son pédigré. Face à ce qui lui paraît être une évidence, elle sourcille tandis que toujours dans le niveau inférieur, ils avancent. Le visage fermé, quand elle lui crache, moins agressive que dépitée, un murmure mauvais. « Je ne m’en serais jamais doutée, » arborant une désillusion incontrôlée, « que vous vous faisiez autant chier lors des moments passés à mes côtés. » Elle-même étonnée de sa vulgarité. De plus en plus désinhibée. Empoisonnée.