On aurait pu utiliser plusieurs mots mais non, la finesse n’en faisait pas partie. La danse qui l’avait opposée aux autres avait été maladroite, abrupte, mais nan certainement pas fine. Nul ne doute que ça n’en était certainement pas l’objectif… Et sa façon d’augmenter le nombre des ‘brutes’ donnait l’impression qu’il roulait des mécaniques, en paroles plus qu’en action. Une manière de démontrer que ce qu’il souhaitait au fond de lui et ce qu’il faisait présentement n’étaient guères en adéquation. La température de la pièce mêlée à ce qu’elle ressentait lui provoqua des frissons d’excitation. Ce jeu allait bien plus loin que ce qu’elle aurait pu envisager pour cette soirée, bien plus loin qu’elle n’aurait pu l’envisager avec cet homme. Mais actuellement il ne s’agissait plus de ce qu’elle aurait pu penser mais plutôt de ce qu’elle ressentait, de cette attraction qui la liait à ce grand blond assit en face d’elle dans une position claire de domination. La distance qui les séparait était à la fois trop grande et trop mince à la fois. Trop grande pour que leurs peaux ne puissent se toucher telles les doigts plus tôt dans la soirée, trop mince pour que la résistance qu’ils maintenaient jusqu’à présent ne puisse perdurer.

La jeune femme savait que s’il acceptait à son tour de retirer ce bout de tissu supplémentaire il ne leur resterait que peu de temps avant que les choses ne basculent pour de bon. En tout cas c’est probablement ce qu’elle souhaitait de son côté lorsqu’il retira son marcel un peu gauchement après une légère hésitation. Il n’avait probablement pas l’habitude de s’adonner à ce genre de partie et cela le rendait touchant. Aucun des deux n’avait décrit les règles, seule leur attirance les poussait à continuer au-delà de toute raison. Les muscles se révélèrent, accentués par le mauvais éclairage de la pièce. L’écart qu’il y avait entre eux s’accentua un bref instant alors qu’il se dressa devant elle dans toute sa stature alors qu’elle était toujours dans le jacuzzi. Une parcelle opalescente se perdait là où débutait son pantalon, chemin qui lui donnait envie de continuer sa découverte. Il avait beau être bel homme, il ne se comportait pas particulièrement comme tel. Son souffle se fit plus court pour que l’oxygène puisse pénétrer plus amplement dans ses poumons, dans ses veines. Sa poitrine se soulevait et ses lèvres s’entrouvrirent devant ce spectacle.

Se penchant pour récupérer la bouteille, il l’enserra autour de l’étiquette avant de la rapprocher de la demoiselle. Il évalua probablement la distance avec autre chose à l’esprit que le simple fait de répondre à leur accord, cherchant à obtenir toujours plus. Les deux pas qu’il avait fait avec une lenteur délibérée lui avait donné l’impression qu’elle n’aurait qu’à tendre le bras pour l’avoir. Elle ne se méfia pas suffisamment du sourire satisfait qu’il esquissa lorsqu’il retourna sur sa chaise. La bouteille était placée entre eux ce qui fit qu’elle ne pouvait pas voir l’un sans l’autre. « Un deal est un deal » répondit-elle lorsqu’il lui dit de prendre soin de son débardeur. Il était à parier qu’elle en aurait un plus grand besoin que lui pour sortir de cet hôtel. Restant toujours sous le couvert des bulles, la jeune femme se redressa légèrement. Une goutte perla dans le creux de sa nuque, ruissela le long de sa clavicule et se glissa avec lenteur pour rejoindre son décolleté. Ses bras dénouèrent lentement les agrafes qui maintenaient l’un de ses derniers remparts contre la nudité totale. Son bras gauche se plaça devant sa poitrine tandis qu’elle fit glisser le balconnet noir, cerné de dentelle. Elle leva le bras droit hors de l’eau et exhiba le trophée requis contre la bouteille avant de le poser sur le rebord du bain à remous, dissimulant toujours ses seins avec son bras et sa main gauche.

La bien piètre protection qu’elle gardait ne l’aidait guère. Et les choses se corsèrent davantage lorsqu’elle voulut atteindre sa récompense. La bouteille était trop éloignée d’elle pour qu’elle puisse l’atteindre sans un minimum de contorsions. Et le fait de n’avoir qu’un bras de disponible n’allait pas véritablement l’aider, cela elle en était sûre. « Je comprends mieux maintenant… » souffla-t-elle. Elle s’agenouilla sur le siège du jacuzzi et tendit le bras droit vers la bouteille. Ne parvenant toujours pas à l’atteindre, elle dut se redresser et sortir en partie de l’eau, ventre contre le sol, fesses hors de l’eau, ne gardant que les jambes en flottaison dans le bain. La lumière mettait en valeur ses membres fins et sa peau délicate. Attrapant enfin la bouteille, la jeune femme retourna à l’eau. Elle n’était pas sûre d’avoir particulièrement réussi à cacher sa poitrine dénudée durant cette aventure. « J’espère que tu as bien profité du spectacle ! » lança-t-elle en buvant goulûment la gorgée tant attendue en récompense de ses exploits…

L’éclairage était faible malgré l’état plutôt correct du reste de la chambre. On voyait que des efforts avaient été faits dans son entretien malgré l’abandon du reste de l’hôtel. A se demander si cette pièce était réelle ou s’ils étaient dans une oasis, une sorte de mirage dans lequel ils se complaisaient à rester, elle immergée dans les méandres du jacuzzi, lui de plus en plus proche du fait de se retrouver dans le même genre de situation qu’elle. Bien que seule une petite pièce de tissu la séparait de la nudité totale, elle essayait de ne rien en laisser paraître dans son attitude. Elle n’avait rien d’une séductrice, en tout cas pas volontairement. Mais en cette soirée bien agitée, ce côté plutôt inexploré de sa personnalité ressortait.

Un fin négociateur, c’était le cas de le dire ! Le sang empourpra ses joues lorsqu’il la compara à une ‘Bond Girl’ et en particulier lorsqu’il la qualifia de magnifique. Shane n’était pas accoutumée aux compliments, loin de là. Et pourtant cela ne se voyait que si l’on y prêtait bien attention.

« Je ne sais pas, mais pour le moment je me demande bien qui tombe dans le piège de l’autre… » lui répondit-elle tandis que sa voix se perdit dans un souffle. Elle ne le voyait pas comme un des vilains mais ce dont il était certain c’est qu’elle avait plutôt l’impression que c’était elle qui était à sa merci. Il suffisait d’un seul geste de sa part, d’une seule action pour que tout bascule en cet instant hors du temps.

Alors qu’il se rapprocha du bain à remous de sorte à lui être accessible, la jeune femme se mordilla le coin de sa lèvre inférieure en le fixant intensément. Des braises luisaient dans son regard alors que l’espace entre leurs deux visages s’amenuisait de plus en plus. Elle était déjà tout à lui, il ne restait plus qu’à savoir si lui aussi allait être tout à elle. Leurs lèvres étaient sur le point de se toucher et son souffle se fit de plus en plus court à cette perspective…