Perdons-nous dans les étages V1

Son mascara avait quelque peu coulé sous ses yeux, leur donnant un aspect charbonneux avec quelques traînées tandis que les fausses veines qu’elle avait dessinées s’étaient mêlées à son fond de teint, lui donnant un air quelque peu maladif. Heureusement que c’était Halloween sinon n’importe qui l’ayant vu aurait pu la croire échappée d’un asile. Une jolie cinglée tout de même, malgré ses cheveux détrempés et son make-up moins élaboré qu’à son arrivée. Son corsage était en partie imprégné d’eau, la faisant doucement grelotter.

Apercevant l’allure des bras que la brunette avait lacérés par ses propres ongles, l’agent s’enquit de la raison de cet état. Il avait réalisé que cela ne faisait pas parti de son costume. Elle voulut lui répondre que le coupable était le sous-sol mais elle n’en eut pas le temps, interrompue par le fracas de l’armoire qui s’ouvrit face à eux. Et c’est là qu’elle vit l’agent du FBI avoir un comportement digne d’un film policier, dégainant son arme en direction de l’armoire hantée en sortant une phrase clichée. Dans d’autres circonstances, cela aurait été risible. Mais dans ce lieu, elle était plutôt rassurée qu’il soit là, même si elle ne l’avouerait jamais. Il n’y eut aucun mouvement, l’armoire étant plus que vide hormis quelques boules de naphtaline oubliées mêlées à un épais tas de poussière et des marques douteuses dans le fond.

Lorsque l’enquêteur se fut assuré qu’il n’y avait aucun danger provenant de l’antiquité, il avoua qu’il détestait Halloween, probablement plus pour lui que pour elle, elle ne prit donc pas la peine de lui répondre. Habituellement, elle adorait Halloween mais cet endroit ne lui disait rien qui vaille. Son regard se posa sur la demoiselle avant de retirer galamment son veston. La jeune femme allait refuser, toujours aussi fière malgré son allure de chaton trempé, mais elle fut traversée d’un frisson au même moment, ce qui l’obligea à l’accepter, grimaçant un « Merci » entre ses dents, vexée d’avoir dû accepter l’offrande. Plaçant le présent sur ses épaules, elle tenta de l’ajuster un peu comme elle aurait placé un plaid sur ses épaules. Bien entendu, il était beaucoup trop grand pour elle mais elle ne pouvait pas faire la fine bouche. D’autant plus que rien n’obligeait le grand blond à s’en délester au profit d’une fille qu’il n’avait vue qu’une fois, et dans des circonstances assez particulières qui plus est.

« C’était le plan, je ne serais jamais venue dans cet endroit sinon ! J’ai des amis qui sont censés être quelque-part là-dedans mais impossible de mettre la main dessus ! » persiffla-t-elle. « Cela ne m’amuse pas plus que vous d’être ici et ce n’est certainement pas vous que j’aurais choisi pour m’accompagner à une soirée… »

L’esprit toujours embrumé par l’alcool, la jeune femme avait conservé un cran presque agressif pour compenser son apparence de jeune fille en détresse. Oh, ne vous y trompez pas, c’était effectivement ce qu’elle était à ce moment-là. Mais en aucune manière elle ne souhaitait passer pour une gamine qui ne savait pas ce qu’elle faisait. Elle n’avait pas fait exprès de se retrouver dans cette situation laborieuse, elle qui était bien plus mature que son âge ne pouvait le laisser paraître de prime abord. Se dirigeant vers la sortie en faisant volontairement claquer ses talons en signe de protestation, la petite boudeuse se retrouva dans un autre couloir que celui par lequel ils étaient arrivés. Etrange… Elle était persuadée d’être arrivée par là pourtant… Et pour ne rien arranger à sa perplexité, un air singulier raisonna. C’était… de l’orgue ? Curieux quand on le comparait à la scène qui se passait à l’étage inférieur…

Codage par Libella sur Graphiorum