Les femmes étaient un substitut parce qu'un homme l'avait faite souffrir. Donc elle n'aimait pas les femmes. Donc elle était pas lesbienne, CQFD. Je haussai les sourcils en la regardant, ne sachant pas trop quoi penser de la situation dans laquelle on se trouvait. Mais finalement, d'un point de vu égoïste, j'étais soulagé parce que je n'avais donc pas couché avec une gouine et ça... vous n'imaginez sans doute pas à quel point ça soulageait ma conscience. Un sourire moqueur vint se dessiner sur mes lèvres quand elle prononça de vive voix avoir couché avec moi en regardant la mer d'un air dépité. C'est terrible pas vrai ? Ok, je me moquais un peu d'elle pour le coup, faut dire que j'en étais pas fier non plus mais sa réaction me faisait rire. Je secouai doucement la tête alors qu'elle s'allongeait dans le sable à côté de moi, terminant ma cigarette et l'écrasant. N'empêche... Je baissai les yeux, cherchant mes mots. Dans la nuit que nous avions passée ensemble, j'avais vu un truc qui m'avait dérangé et que j'avais déjà vu chez Elysia. Je laissai échapper la dernière bouffée de fumée, fixant la mer. Pourquoi tu fais ça à tes bras ?

En fait, Andy venait de réussir à m'prouver, sans le vouloir, que j'avais été une lesbienne uniquement pour essayer de me reconstruire après le viol. Et j'avais couché avec lui. Omfg. C'est terrible pas vrai ? J'hocha la tête du genre "je te le fais pas dire" avant de finalement en sourire. Vaut mieux en rire de cette situation, plutôt qu'en pleurer. N'empêche, qu'on soit l'un à côté de l'autre, ça m'faisait penser.. qu'on était limite de bons copains. Sinon, on s'rait déjà partis chacun de notre côté, voulant pas du tout s'voir non ? N'empêche... Je ne l'interrompis, attendant ce qu'il avait m'dire. Pourquoi tu fais ça à tes bras ? Aw.. what da fuck ? Automatiquement je me mise assise de nouveau et tenta de cacher mes bras, simple réflexe, en les rapprochant de mon buste. Faire quoi exactement ? demandais-je dans un souffle, alors que j'savais de quoi il m'parlait. Il allait ptete penser que j'le prenais pour un con, mais j'pouvais pas parler de ce sujet directement comme ça.. trop dur. Trop récent et trop douloureux. Est-ce qu'il voulait vraiment parler de ça même.. ?

J'avais déjà vu Elysia se faire la même chose aux poignets... Pire encore, j'avais moi-même déjà ressenti l'envie de le faire même si ayant été suivi très rapidement, je n'étais jamais passé à l'acte. Je savais ce que ça voulait dire. Et je voulais pas qu'elle finisse dans le même état que celui dans lequel j'avais retrouvé mon ex-fiancée un an auparavant. Elle se redressa immédiatement en entendant ma question et il ne me fallu pas deux secondes pour deviner que j'avais touché la corde sensible chez elle, elle croisait automatiquement les bras sur sa poitrine et semblait prête à tout nier en bloc... ce qui ne tarda pas, puisqu'elle me demanda de quoi je parlais. Je n'eus pas de réaction l'espace de quelques seconde, réfléchissant à la manière dont je pouvais aborder le sujet sans trop la brusquer. Mon regard dériva alors vers elle jusqu'à s'arrêter à ses yeux et je lui répondis. J'suis dépressif, j'ai eu des moments pas facile où j'voulais me faire du mal. J'peux comprendre.

Bizarrement, il avait l'air sérieux en m'parlant. Ce qui m'fit encore plus mal.. azy, Andy qui m'pose des questions sur mon état de santé, c'est le monde à l'envers n'est-il pas ? J'en avais marre de tout. J'avais mal au ventre, rien qu'en repensant aux raisons qui m'poussaient à m'couper. Pourtant j'avais besoin d'en parler et Andy était la première personne à évoquer le sujet, à s'rendre compte que j'allais mal comme ça.. erm. Weird power que voulez-vous ? Vous voyez, on peut toujours faire plus weird. J'suis dépressif, j'ai eu des moments pas facile où j'voulais me faire du mal. J'peux comprendre. J'pouvais même pas affronter son regard, où alors pas plus de deux secondes à la suite. Je soupira, baissant la tête vers le sable en face de moi. Et pourquoi tu cèdes pas à la tentation toi.. ? murmurais-je avant de finalement lever les yeux vers Andy. J'me montrais faible, dans ma façon de le regarder, de me tenir, de parler.. mais en fait.. j'en avais plus rien à foutre du jugement avec Andy.

Est-ce que quelqu'un savait, est-ce que quelqu'un s'occupait d'elle ? Moi quand ça n'allait pas, j'avais eu Anastasiya et Esteban qui avaient été aux petits soins avec moi, au point de presque m'attacher en laisse pour être certains que je ne serais jamais trop loin d'eux, c'était presque s'ils n'avaient pas élu domicile dans ma chambre, tant pour me surveiller que me changer les idées. Est-ce que Briony avait ça ? Vu l'état de ses bras, j'en doutais. Je la dévisageai à sa question, elle me semblait plus fragile que jamais à ce moment-là. J'sais pas trop... j'suis aidé. J'avais Anya, Ken, et Apple désormais, d'autres proches de temps à autres, puis le psy et mon traitement. Je baissai les yeux vers ses bras puis à nouveau vers son visage, fronçant légèrement les sourcils. T'en as déjà parlé à quelqu'un ?

Je me mordais la lèvre pour essayer de ne pas pleurer, mais finalement, c'était vraiment plus dur que prévu et j'me faisais violence pour ne pas céder à la tentation. Andy voulait s'la jouer gentil et ça m'touchait encore plus.. J'suis trop à fleur de peau en ce moment, que voulez-vous ? Et c'est vraiment embêtant.. heureusement que j'ai pas mes règles hein, sinon, j'vous dis pas l'état psychologique dans lequel j'serai. Omfg, j'ose même pas imaginer. J'sais pas trop... j'suis aidé. Lui. Il avait ses potes là. Les deux chiens de garde, dont l'une m'avait mis à poil lors de l'anniversaire d'Apple et l'autre avait fracassé Marloes après Halloween. Sont adorables, comme Andy. T'en as déjà parlé à quelqu'un ? Je ris nerveusement une nouvelle fois, à croire que ça allait devenir une habitude. Mais c'était ma seule façon pour exprimer mon embarras, ma tristesse, mon mal-être, tout à la fois. Tu vas rire.. mais t'es de nouveau l'premier. Ironie du sort, bonsoir. J'veux pas en parler aux gens, parce que j'me dis qu'ils ont d'autres soucis, que c'est moi qui doit faire en sorte d'aller mieux. Puis, si ils le remarquent pas, c'est qu'ils ont d'autres choses en tête et j'passe après.. Et que j'comptais pour personne quoi. C'est ça le concept.

A ma questio, Briony rit nerveusement à nouveau et je ne bronchai pas, mais finalement, je commençais à connaître son numéro déjà et je comprenais bien que ce rire gêné exprimait sa tristesse... ainsi j'avais deviné que la réponse était non, avant-même qu'elle ne me le dise avec des mots, son rire avait déjà tout fait. Je la dévisageais silencieusement, essayant de la cerner et autant dire que ce n'était pas si compliqué... je me retrouvais tellement dans ses paroles, tout comme elle j'avais aussi pensé pendant un moment qu'il valait mieux ne pas en parler et n'embêter personne parce qu'on a tous nos problèmes. Je secouai doucement la tête de gauche à droite. Faut pas penser comme ça. Qu'est-ce que j'pouvais bien dire ? J'étais nul à chier avec les mots et si on continuait sur cette voie-là, je ne risquais pas de lui remonter le moral. Je tournai la tête et laissai mon regard se perdre un moment sur la mer, avant de se reporter sur Briony, malicieux. Tu veux crier un bon coup ?

J'avais pas l'habitude de me confier. J'veux dire par là qu'en général, ce sont les gens qui viennent me chercher pour qu'ils confient leurs soucis à quelqu'un. Moi ? On en avait rien à foutre, que voulez-vous ? J'suis la bonne amie, celle qui essaie de se démener pour aider ses amis mais qui reçoit au final absolument rien et qui s'retrouve seule. Youhou, j'irai loin dans la vie. Faut pas penser comme ça. Hey, mais il veut que j'pense comment exactement ? J'fais que citer les faits de toute façon là. J'peux pas penser autrement, c'est la vérité. Dure vérité, certes, je le conçois. Andy détourna son regard et je soupira. Désolée. Désolée de t'faire chier avec mes problèmes. M'enfin, c'est lui avait abordé le sujet en premier de toute façon. Tu veux crier un bon coup ? Whut ? Je fronçais les sourcils en le regardant, avant de finalement jeter un coup d'oeil à la plage : personne dans le coin. Genre.. vraiment ? C'était vraiment bizarre ce qu'il m'proposait. Pour extérioriser sûrement. J'le sentais pas. Quoique.. ça m'ferait sûrement du bien. Depuis combien de temps j'voulais gueuler sur les gens ? Un bon ptit moment. Je me mordis les lèvres, d'un coup avide de pouvoir faire ce qu'il m'proposait. Puis, si ça lui permettait de ne pu penser aux scarifs.. tout bénef.

La vérité ? Non, c'était simplement ce qu'elle s'obstinait à croire et comme j'étais pire nul pour réconforter les gens, ce n'était malheureusement pas moi qui allais changer sa façon d'penser. Je lui proposai donc de crier un bon coup et ma proposition sembla la surprendre, ce qui me fit sourire. Décidément, ces derniers jours je n'arrêtais pas de la prendre par surprise. J'arquai un sourcil lorsqu'elle me demanda si c'était crier "vraiment" que je lui proposai, sans rien répondre d'autre. Ce n'était pas nécessaire, parce qu'elle avait parfaitement compris. Je lui désignai l'océan d'un signe de la tête: y avait personne, juste elle, moi, et l'immense étendue d'eau à perte de vue devant nous. Elle pouvait hurler tout ce qu'elle avait sur le cœur et laisser le vent emporter ses paroles pour se sentir plus légère. Je me relevai alors, retirant le sable sur mon short et lui tendis la main pour l'aider à se relever à son tour. Comme ça, on pourrait gueuler. Ensemble. Parce que moi aussi j'en avais sur le cœur et je tenais à crier mon ras-le-bol, tout comme elle.

Andy ne me répondit pas et au lieu de ça, m'aida à me relever face à la mer. J'avais terriblement envie de gueuler mais j'savais pas comment m'y prendre.. puis la présence de l'Eliot me gênait. Fin, c'était pas lui plus particulièrement.. ça aurait été pareil pour n'importe qui. Je ferma les yeux quelques instants, me concentrant sur tout ce qui allait mal en ce moment, avant de me mettre à avancer, juste pour ne pu avoir Andy dans mon champ de vision. Ethan ?! J'sais que tu m'entends depuis là où qu't'es, parce que t'avais promis d'me protéger pour toujours.. sache que t'es un débile. COMMENT TU AS FAIT POUR T'NOYER CRETIN ? Comment tu veux que j'continue d'avancer sans toi.. Puis merde Devon, Batiste.. pourquoi vous avez pas fait gaffe lors de la bombe, pourquoi vous vous êtes pas barrés d'Harvard ce jour là ? POURQUOI C'EST PAS MOI A VOTRE PLACE ? Mon ton oscillait. J'parlais à des morts putain.. mais limite ça m'faisait du bien, parce que j'avais jamais fait ça auparavant. Je suis DESOLEE de tous vous décevoir. Tous. Keyla, Soliman, Aby.. Hendrix.. je suis désolée ! Je mérite pas d'être à vos côtés, j'mérite pas d'être en vie tout mais d'mourir. Vous méritez tellement mieux.. Un jour, j'vais me barrer, vous serez bien mieux. Y avait qu'Andy qui pouvait m'entendre et j'savais vraiment pas ce qu'il pensait de tout ce que j'pensais. Puis, TOI, sale BATARD, si JAMAIS JE TE RECROISE, j'te défonce. J'me ferai plus jamais faire. PLUS JAMAIS ! CAR JE SUIS PU CETTE PTITE FILLE QU'ON PREND PAR SURPRISE. TU M'ENTENDS ? VA CREVER. Voui, j'parlais de mon violeur là. Nyah, j'avais tellement d'autres choses à dire, mais j'y arrivais pu. J'tomba à genoux sur le sable, en sanglotant. T'es qu'une pute la vie.