Tout était un peu trop soudain et imprévu. Un simple instant de cuisine dérapait bien trop rapidement. Est-ce que c'était de cette manière que je le déconcentrais habituellement ? Est-ce que chaque instant de cuisine se terminait par un corps à corps ? F*ck je n'en savais rien. Gamin au cerveau défoncé. Gosse aux souvenirs effacés. Aucun flash ne venait perturber l'instant dans lequel nous étions plongés. Un baiser volé bien trop léger et je perdais pied. Le corps prenait le pas sur la tête reléguant au loin les interrogations et les réflexions. Tourné vers Lukas, je le tirais plus proche de moi désireux de le sentir épouser encore plus mon corps. Les mains de Lukas glissaient dans mon dos et dans mes cheveux. Est-ce que j'allais galérer à me nettoyer après ? Bordel. Je m'en foutais bien alors que je plongeais sur les lèvres de Lukas pour un vrai baiser. Un vrai baiser que mon meilleur ami prolongeait. Il ne me repoussait pas et nos langues se trouvaient. Danse langoureuse qui commençait et qui me donnait tellement chaud. Mon cœur cognait si fort dans ma poitrine. Je me cambrais doucement en avant en quête de contact. Plus de contact. Mains posées sur les hanches de Lukas, l'une d'entre elles s'aventurait ailleurs. Plus bas. Le bouton du pantalon sautait et ma main se faufilait doucement dans le vêtement comme un gamin hésitant de peur de se faire repousser.

Contrôle perdu. Tête bien trop en pause. Ça volait en éclat. Nous volions en éclat. Meilleur ami qui n'était pas que ça dans cette réalité. Dans cette vie oubliée, il était plus et le corps s'en souvenait lui. Le corps le réclamait et il était plus fort que la tête dans la période où je me trouvais. Gamin qui avait besoin de se faire posséder si souvent. Gosse qui avait besoin de ces rares contacts qui ne picotaient pas la peau. Ces contacts qui étaient venus avec Lukas. Ça ne piquait plus. C'était juste bon. Agréable. Ça faisait du bien. Et je me laisser glisser. Je plongeais totalement dans ce baiser laissant ma langue danser avec celle de mon meilleur ami. Mon corps se cambrait contre le sien en quête d'encore plus que cet instant partagé qui ne comblait pas assez. Mon cœur cognait si fort dans ma poitrine. Et, de ma main légèrement tremblante, je venais faire sauter le bouton du pantalon à Lukas. Le baiser s'arrêtait un peu trop brutalement. Je m'immobilisais presque aussitôt n'osant plus rien faire. Gosse qui avait peur de se faire fâcher. Peut-être que je n'étais pas assez bien. Le souffle court, j'ouvrai doucement les yeux croisant le regard de Lukas. Ce regard qui semblait tenter de me sonder un peu trop. Ce regard qui cherchait à lire en moi. Mes prunelles se baissaient pour y échapper alors que ma main s'invitait dans le sous-vêtement du plus que meilleur ami pour venir frôler son désir de mes doigts légèrement tremblant. Gamin qui s'attendait à être repoussé après ce baiser arrêté même si Lukas restait proche de moi.

Les doigts glissaient bien trop vite sur le désir de mon meilleur ami. Ce n’était pas de ma faute si j’étais allumé trop aisément. Ce n’était pas de ma faute si le manque pulsait trop constamment. Je réagissais au quart de tour et je perdais pied si facilement. Je le faisais ce soir dans cette cuisine qui était censé être la mienne. Je le faisais et je mettais la tête sur pause pour ne pas réfléchir à ce que je faisais. À ce que nous faisions. Après tout, Lukas m’avait embrassé lui aussi. Il était responsable autant que moi… Ou peut-être un peu moins. Lui qui ne cherchait qu’un baiser et que quelques contacts bien trop légers. Prunelles baissées, je sentais le regard de mon meilleur ami sur moi. Il tirait sur l’attache du tablier le faisant tomber entre nous. Mes joues devenaient un peu trop rouges alors que je n’avais pas de grand sweat sous lequel me planquer. Sa main venait chercher la mienne dans son pantalon comme pour stopper toute avancée dans ce cheminement. Il faisait remonter ma main sous son haut la plaçant sur son cœur. Et il venait placer sa propre main au même endroit. Mes prunelles se relevaient sur lui et je mâchouillais nerveusement ma lèvre. Malaise un peu trop présent de cette main si proche de la cicatrice fatale du présent… Non du passé. Désir un peu trop réel alors que ses doigts avaient éveillé les frissons. Culpabilité si certaine alors qu’il ne semblait toujours pas vouloir se rendre sur un tel chemin. L’union de nos corps. Soufflant un « D’solé… », je baissais rapidement les yeux de nouveau et je restais immobile comme si j’attendais la suite. La suite des consignes pour faire la cuisine parce qu’il n’y avait rien d’autre à continuer… N’est-ce pas ?

Je laissais ma main posée à plat sur le cœur de Lukas souriant intérieurement en me rendant compte que les battements de son palpitant étaient aussi désordonnés que les miens. Pourtant, je ne me laissais pas avoir par la magie de l’instant. Bulle sécuritaire et apaisante qui se craquelait tandis que les excuses glissaient entre mes lèvres. Des excuses parce que j’avais l’impression d’avoir mal agis alors que ma main avait été conduite ailleurs comme privée de le toucher aussi intimement, aussi bas. Des excuses parce que j’avais cette sensation de mal me comporter tandis que je savais qu’il ne voulait pas passer le cap d’un corps à corps. Corps à corps dont je mourrais d’envie moi pourtant. La tête de mon meilleur ami bougeait contre moi et il soufflait ces mots qui me poussaient à mordiller nerveusement ma lèvre. Gamin qui ne comprenait rien à toutes ces histoires. Gosse si perdu dans cette réalité différente. J’avais envie d’ouvrir la bouche pour lui demander ce que nous devions faire avec les pâtes maintenant. Replonger dans une activité moins dangereuse et allumeuse semblait la meilleure solution. Néanmoins, avant que je ne puisse ouvrir la bouche, Lukas me collait totalement. Son corps épousant parfaitement le mien me faisait frissonner de délice. Ses lèvres contre les miennes m’offrant ces doux baisers me renversaient totalement. Les mains de Lukas glissaient sur mes hanches et je sentais mon cœur cogner encore plus fort. Il me soulevait trop facilement pour me déposer sur le plan de travail me tirant un gémissement que je ne savais taire. Ses mains glissaient sur ma peau allumant chaque parcelle de mon corps. Ses lèvres ne quittaient jamais les miennes augmentant la folie délicieuse de mon être. Ma main libre glissait dans la nuque de Lukas remontant lentement dans ses cheveux. Mon autre main restait sagement posée sur son cœur à caresser la peau avec lenteur. Je me sentais défaillir. Lentement. Sûrement. Réellement. J’avais envie de le supplier pour qu’il ne s’arrête pas là ce soir. J’avais envie de lui souffler que je ne voulais pas me contenter des rapprochements que nous avions déjà commis. Je voulais plus que ça. Tellement plus alors que le désir pulsait dans mes veines et se voyait si bien sur mon corps.

Déposé sur le plan de travail, Lukas venait se placer entre mes cuisses alors que ma main libre se perdait dans ses cheveux. Caresse légère, mais surtout moyen pour tenter de le garder tout prêt de moi. Tentative pour le pousser à ne pas s’éloigner et à m’abandonner là où il m’avait perché. Mon autre main restait posée à la place indiquée. Je n’osais plus la faire glisser plus bas comme je le souhaitais. Je n’osais plus la faire descendre même si mon désir le réclamait. Je me contentais de caresser la peau accessible et je me laissais plonger au sein de la folie délicieuse. Cette folie que mon meilleur ami allumait en moi avec ces rapprochements qui me faisaient perdre la tête. Ses doigts bougeaient à peine sur ma peau. Caresses délicates et légères qui me rendaient ivre. Le cœur de Lukas battait la chamade sous mes doigts et j’adorais cette sensation. Nos lèvres ne se décollaient plus. Les baisers se succédaient comme une addiction trop présente que nous ne savions pas gérer. Je n’avais pas envie que le contact cesse et je gémissais de frustration lorsque les lèvres de Lukas quittaient les miennes. Gémissement qui tournait en gémissement d’envie lorsque ses lèvres glissaient sur ma mâchoire me tirant un frisson incontrôlable. Mes prunelles se fermaient. Les lèvres de mon plus que meilleur ami déviaient dans mon cou et je penchais la tête pour lui laisser de la place. Soumis. Offert. Masse gémissante entre ses doigts alors que je tirais sur ses mèches de cheveux. Les mains de Lukas glissaient dans mon dos faisant remonter le tee-shirt avant de le faire valser plus loin. La rougeur s’invitait sur mes joues à l’idée d’être dénudé sous la lumière de la cuisine. Peau trop marquée qui pouvait répugner. Peau trop abîmée qui pouvait dégoûter. Pourtant, ce n’était pas le cas avec lui. Lui qui laissait ses lèvres glisser. Le cheminement me faisait frémir de délice. Je mordillais ma lèvre pour ne pas gémir pitoyablement de façon incessante. Mes mains s’étaient posées à plat sur le plan de travail comme pour chercher un ancrage dans la réalité. Soudainement, mes prunelles s’ouvraient sous la déclaration que je répétais comme un idiot « Envie de moi ? » Ma langue glissait sur mes lèvres. Je plantais mon regard dans le sien hésitant. Je voulais plus de détails. Je voulais savoir si nous allions nous limiter à des choses déjà faites ou si l’union des corps pouvait avoir lieu grâce à cette envie. Alors, j’osais murmurer « Qu’est-ce que tu veux faire… ? »