Petit jeu qui s'arrête de lui-même lorsque Johan me repousse sur le canapé. Peut-être que ce n'était pas plus mal. Ca commençait à devenir flou dans mes pensées. « Mouais, peut-être. » Ce n'était pas vraiment le genre de conversation que j'avais avec. Et puis ce n'était pas non plus vraiment comme si je m'attachais, au point d'avoir besoin d'une quelconque appréciation de leur part. Ce n'était pas comme avec lui. Soupire masqué par le bruit du minuteur qui sonne, indiquant la fin de la cuisson de notre dîner. « Allez, à table. » Je me lève et file dans la cuisine dressant les assiettes pendant qu'il s'installe. Portions généreuses de mafé, je crois que le chef avait prévu un peu trop large pour nous deux. Au pire, ça ferait aussi le repas de demain midi. Je le sers à l'abri de son regard avant de déposer l'assiette devant lui, et la mienne à ses côtés. « Voilà ! Bon appétit. J'ai demandé à un des meilleur chef de la ville de le préparer, alors normalement, il devrait être au top. »

Pression qui redescend. Eteinte de ma propreté initiative. Ce n’était pas possible entre nous. Une once d’ambiguïté et tout pouvait s’effondrer. Il etait un fantasme et ca me permettrait d’enrager sans scrupules. Alors non, c’est impossible. Sauf que j’allais conserver cette image de lui, entreprenant, au dessus. Je me hais. Et lui avec. Le fuir davantage. Il revient avec un plat. Et rien qu’a l’odeur, mes papilles crépitent. « Mais Anders ... Oh putain ... Merci ... Beaucoup.. » Pour tout. Ca me touche tellement. « Allez sers nous. » Au lieu de me chauffer. Et être écœuré de moi.

Je n'insiste pas quand je me fais remettre à ma place et préfère aller me concentrer sur le repas. Après tout, ça serait dommage que ça brûle après tout les efforts du chef pour nous concocter un plat succulent. Je laisse Johan observer ce qui l'attends, observant sa réaction qui m'amuse autant qu'elle me laisse perplexe. Comme si j'étais habituellement incapable de ce genre d'attention. Bon, c'est vrai que je n'étais pas des plus démonstratif, mais quand même, je savais faire des efforts. Des remerciements sincères prononcés, je lui réponds par un sourire alors que je nous sers à manger avant de déposer une assiette pleine devant lui. « Voilà ! Régale toi. » Je me sers juste après et m'installe mais ne touche pas à mon assiette, lui laissant l'honneur de goûter le premier. « Verdict ? »

L’homme se séduit par la panse. Le savait il pour m’offrir mon plat favori ? Je vais être obligé de l’épouser. Je suis surpris de voir, que sous son air courroucé, il avait retenu des choses sur moi. Mais je ne lui fait aucune vanne. « Merci beaucoup. Je ne m’y attendais pas. » Une pause gourmande dans ce tumulte d’une organisation qui me plaît chaque annee mais rajoute des rides a mon visages. « Je vais devoir me surpasser a ton anniversaire. Quelque chose que tu veux absolument pas ? » Parce que, j’avais pas de limites.

Un léger sourire se dessine sur mon visage lorsqu’il me remercie. Je ne voulais pas trop en faire, mais j’étais plutôt fier de moi, de mon idée, de ma surprise. J’avais peur que ce ne soit pas la hauteur, Petit Prince ayant connu des dîners d’anniversaires bien plus grandiose que cela, mais je me disais qu’un peu d’intimité ne pouvait pas nous faire de mal. Surtout après toutes les discordes qui étaient survenues entre nous ces derniers temps. « Effectivement, j’ai géré, tu vas devoir être au moins aussi bon ! » Je ris doucement, mais il avait largement le temps d’y penser, puis d’oublier, et d’y repenser, étant donné qu’il me faudrait attendre encore presque un an avant de ressouffler mes bougies. « Ah ! Tu te débrouilles ! Moi je me suis débrouillé tout seul, personne n’est venu me souffler des infos, donc même exercice pour toi. Et puis t’as encore largement le temps pour le préparer. Et s'il y a des choses qui ne me plaisent pas, je me vengerais le mois suivant en te préparant le pire des anniversaires. » Je ris doucement, moqueur, un peu tenté par l’idée d’organiser une soirée dont il ne se remettrait pas pour le torturer un peu, mais la blague serait sûrement trop cruelle.

Personne ne t'a soufflé d'informations ? Vraiment ? J'arque un sourcil. La première fois, tu les as trouvé où ces infos là ? Parce que ce n'était pas moi, pour sûr. Mais je doute que tu les aies trouvé sur Google. Je vais devoir appeler tes parents. Négocier que tu ailles leur rendre visite, tout ça parce que tu fais trop le fier. C'est moche, And', c'est moche. Je ris doucement puis me concentre sur mon assiette. J'allais y réfléchir dans mon coin et multiplier les champs des possibles. Je trouverais bien, sans avoir à lui demander, quoi qu'il arrive. Je vais détruire un mois de ta Vie que je lui dis, avec un grand sourire. Et après tu seras viré pour m'avoir traumatisé.

Tête qui fait non, j’affiche un sourire plus satisfait. « Personne ne m’a rien soufflé. J’ai des yeux, et je m’en sers, voilà tout. » J’avais pour mission de veiller sur lui, de le protéger, et ça passait aussi par des choses plus anodines. Le protéger de ses propres peurs, l’empêcher de s’intoxiquer. Alors oui, je connaissais certains de ses goûts mieux encore que les miens, à force de l’observer, de m’intéresser à lui, même silencieusement. « Ce qui est moche, c’est tes menaces Johan ! » Je fronce légèrement le regard, cherchant à savoir s’il est sérieux ou non. Car dans le fond, je l’en croyais capable. « Et puis tu ne voudrais pas briser la tranquillité de mes parents. » Parce qu’il n’y avait pas à douter que tout le monde était bien plus tranquille comme ça. Fourchette que je porte à mes lèvres, j’étais quand même bien satisfait de ma surprise, qui n’était pas seulement bonne sur la forme, mais qui l’était aussi au goût. « On peut pas me virer. Si on me vire, jte kidnappe. Au revoir le Petit Prince ! T’es condamné à me supporter pour toujours. » Large sourire accompagné d’un clin d’oeil. J’étais presque sérieux dans ma blague. En réalité, je ne supporterais pas que notre amitié prenne à nouveau fin. « Et puis vu les libertés que je te laisse, tu serais malheureux avec un autre garde du corps que moi. »

Je fais une moue, un peu dubitatif de ses capacités d'enquêteur. Désolé, mais je ne suis pas aussi bon que toi. Même quand c'est évident, je ne vois pas. Mais bon, je sais que je ferais l'effort pour lui quand même. Enfin, j'ai déjà oublié la date. Je suis mal barré. Ose me dire que tes parents ne seraient pas ravis de te voir ? Je le regarde en coin, parce que leur relation était tout de même houleuse. Et au fond, je voulais pas le mettre à mal non plus. Je suis malheureux sans toi, c'est bien connu. Même si, j'assumais l'inverse. Tout le palais devait se souvenir de mes crises de rage à chaque fois qu'on m'interdisait de le voir. Mais bon, c'était une époque que je ne voulais pas revivre. La seconde fois, j'aurais les couilles de claquer la porte. Bon parlons sérieusement. Je le regarde avec tout le serieux que je pouvais avoir. On vit où l'an prochain ?

« On sait tous les deux qu'ils seraient ravis de me voir... mais que le problème n'est pas là... » Non, le problème c'était moi, la distance que j'imposais dans notre relation. Surtout avec ma mère. Injustement. Je leurs en avais fait baver pendant des années, et sûrement que la situation était bien mieux ainsi pour tout le monde. Moi, à distance. Sourire qui se dessine alors qu’il me taquine, je ne doute pas qu'au fond se cache une part de vérité. Sinon, il y a bien longtemps qu'il m'aurait fait virer. Regard qui se fronce quand il demande à être sérieux. Je m'attends au pire, pour finalement, rien. « Comme cette année ? La semaine à la Currier, les week-end ici ? Ca me plaisait plutôt bien comme ça. »   De toute façon, je ne me voyais pas vivre seul. « Qu'est ce que tu veux toi ? » Je le questionne en me levant, debarassant nos assiettes désormais vides.