Légère grimace qui prends place sur mon visage. Bien sur que si, ça serait un échec. Pour moi, pour mes parents. Je n’avais rien réussi de bien jusque là, ce diplôme, c’était aussi un moyen de me montrer que j’étais capable de faire quelque chose, que construire des choses, et que je n’étais pas né que pour semer le chaos.  « Me laisser du temps libre, c’est pas vraiment une bonne idée. Plus j’ai du temps, plus il faut que je fasse quelque chose, et plus il faut que je fasse quelque chose, plus j’ai de chance de faire de conneries. » De grosses conneries. « Et puis, tu veux pas d’un redoublant comme garde du corps, c’est toi qui l’a dit. Alors j’ai plutôt intérêt à avoir réussi. » Même si désormais mon sort était scellé. Je n’avais plus qu’à attendre les résultats. Comme tout le monde.  « C’est demain que tu dois donner ta réponse à Versace ? Tu vas lui dire quoi alors ? »

Lui des conneries ? Il attise un nouvel arc de curiosité. Les questions se bousculent. Un inconnu que me susurre ma conscience. Je ne releve pas pour autant. Mais je ne risque pas d’oublier. « J’aurais juste changer de garde pour un plus performant. » Clin d’œil en guise de taquinerie. « Je vais lui dire oui. Meme si j’appréhende pas mal, j’ai envie de tenter l’expérience. Et toi ? »

« Bonne chance pour trouver mieux que moi. » Ego piqué par sa taquinerie, je savais très bien qu’il pourrait trouver plus efficace de moi s’il en avait envie, mais je refusais de l’admettre. Quoiqu’il puisse dire ou que sa famille pouvait penser, je restais une valeur sûre de loyauté. J’étais prêt à donner ma vie pour lui, sans la moindre hésitation. « Je suis sur que ça va bien se passer, et que tu appréhendes pour rien. C’est un belle occasion pour toi. » Et je le pensais sincèrement. Je n’y connaissais pas grand chose au monde de la mode, mais je savais qu’il travaillait avec passion et acharnement. « Quoi moi ? »

Je roule des yeux. De toute facon, je gueulerais si on me met un véritable inconnu. Je me plais bien assez a le faire tourner en bourrique. C’est un coup a devenir mechant avec un inconnu. Mais je m’abstiens de lui. «  oui c’est une belle occasion mais ca reste nouveau. Mais du coup, tu vas me suivre partout. Tu vas voyagé ? »

Je n’avais pas vraiment réfléchis à ce que j’allais faire de mes vacances, pour moi, ça dépendait majoritairement de ce que voulait faire Johan, et à part ne pas retourner trop longtemps au Danemark, je n’avais aucune réelle requête à faire sur le sujet. « Je ne sais pas trop. On m’a dit que quelqu’un pouvait prendre ma place quelques semaines si j’avais besoin de souffler, mais en réalité, je n’y ai pas trop réfléchi. Je pense que j’aviserais selon mon humeur. » C’était tout moi, de toute façon de ne rien prévoir et de tout organiser à la dernière minute. A voir Petit Prince allait vraiment me taper sur les nerfs dans les prochaines semaines ou non.

« J’ai pas dit oui moi. » La possessivité refait surface, sans que j’ai pu la contrôler. Spontanéité qui me grille. Manger manger et encore manger. « Tu fais ce que tu veux de toute façon. Ce n’est pas moi ton employeur. » Et j’avais pas franchement mon mot a dire. Je sirote ma limonade. Mais ses mots allaient se graver dans l’esprit. Conclusion : il fuit encore. C’est tout ce qui tourne en boucle.

J’arque un sourcil face à sa réaction. J’avoue, je ne m’attendais pas à ça, plus à ce qu’il me dise que ça lui ferait des vacances aussi de plus m’avoir dans son dos. On avait vraiment perdu l’habitude de se comprendre. « J’ai rien décidé de toute façon. Je verrais sur le moment. » Comme d’habitude, à me laisser porter par mes envies. « Je te tiendrais au courant quand même. Je voudrais pas que ça foute le bordel avec ton job chez Versace. » J’étais quand même assez souple avec lui, mais quelqu’un qui le serait moins pourrait avoir trop d’impact pour qu’il puisse quand même mener sa vie comme il l’entend. « Comment ça avance ton défilé alors ? Tu as fini tout tes préparatifs ? »

« A partir du moment où j’ai pris ma décision pour Versace ni toi ni un.e de tes collègues ne pourra faire quoi que ce soit. Donc vous allez suivre ou faire votre Vie. » Je tente de paraître detendu. Mais un zeste de colere s’agrandît en moi. Conscience hurlant qu’il m’abandonnait encore. Mais je continue de m’empiffrer. J’ai failli lui sortir, qu’est-ce ca pouvait bien lui foutre vu qu’il ne voulait meme pas rester avec moi. Pathétique Johan. Restons civilisé. Je fais non de la tete. « Comme toujours, c’est la merde. Mais on va boucler et faire un magnifique show. »

« Je suivrais, t'en fait pas. Ce que je voulais dire, c'est que je ne veux pas que tu te sentes mal à cause d'un changement de garde qui risque d'être plus oppressant. » Je ne sais pas s'il en avait conscience, mais je lui laissais bien plus de liberté que la couronne ne pouvait l'accepter. Un autre ne serait peut-être pas aussi souple. Quelque part, il avait à perdre au change, même si ma présence lui était parfois difficile. « Tu gères toujours. J'ai hâte de voir ce à quoi tu as pensé cette année. » Je n'étais pas particulièrement un adepte de la mode, mais je suivais toujours ses défilés, voir ce qu'il accomplissait chaque année. C'était inspirant. « Ca va être une sacrée journée entre le défilé et le départ pour l'Argentine. Tu as préparé tes bagages ? »

« Sois libre de tes mouvements. Ca ira pour moi. » Il sait que je le vivrais mal. Je supporte personne. Mais je ne pouvais pas le priver de vacances, c’était dans son contrat. Je reste aussi neutre que possible. Il m’avait fait une surprise, ne la gâchons pas. « J’espère que ca te plaira autant à toi qu’au public. Ca se trouve, vous n’allez pas trouver le theme. » Ce qui m’est deja arrivé. Dans ce cas, je me contente de donner raison. Je ne veux brider personne dans son imagination. « Si je te fais les yeux doux, tu me les fait ? »