Difficile de l'être réellement, après tout, mon contrat ne me le permettait pas vraiment. Et puis bon, passer mes vacances ici ne me dérangeait pas. La journée, il serait chez Versace, j'aurais plein de temps pour moi, pour me trouver une occupation. Ca devrait aller, surtout maintenant que les cours et les examens étaient finis. « Ca sera la surprise et le jeu de la soirée, de trouver le thème. Je l'ai pas eut souvent. » Je ne peux m'empêcher de rire un peu. Quand je disais que j'étais loin d'être un expert ou un passionné de mode, je ne mentais pas. « Je sais pas, fais moi tes yeux doux et après je verrais si c'est acceptable pour faire tes bagages. » Je regarde les amuse bouche disparaître progressivement. « Je vais mettre notre plat à réchauffer doucement, ferme les yeux pour le moment. Que tu puisses avoir la surprise. » J'attends qu'il s'exécute pour me lever et aller préparer le tout du côté de la cuisine, avant de revenir vers lui. « C'est bon. »

Je ferme les yeux comme demandé. J’en profite pour etre à l’aveugle pour le deconcentrer. « Si je te sxce la b. tu fais mes valises ? » Je vais entendre des verres se casser dans sa cuisine. Je ris d’avance. Quand il revient, je n’ose pas rouvrir mes yeux. Me confronter a sa réaction.

Le plat manque de me glisser des mains lorsque sa dernière question me parvient. « Putain de merde ! » Heureusement, que je n'étais pas loin du four et qu'il a atterri sur la grille sans trop de dégâts. Je ne m'attendais pas à ça, pas du tout de sa part. Et en plus... Il avait l'air si confiant en me demandant ça. Je secoue la tête, remet mes idées en place, ne pas me laisser déstabiliser par ses propos. Je referme le four, règle le minuteur, profite d'être toujours dans la cuisine pour boire un verre d'eau fraiche avant de revenir. Ses yeux sont toujours fermés, son visage serein. Comment il pouvait être si serein ? Je viens lui mettre une pichenette sur le front en guise de réponse, et pour le forcer à ouvrir les yeux. « T'as vraiment pas envie de faire tes valises, hein ? Mais plaisante pas trop avec ça. Si je décide de te plaquer contre le mur, on sait bien que tu n'auras aucun échappatoire. » Sourire taquin, je décide finalement de répondre à sa provocation avec humour. Après tout, ce n'était pas comme s'il pouvait être sérieux là dessus.

Je pense pas que tu puises me faire quoi que ce soit. Toi et moi savons parfaitement que tu es inapte. T'es bien trop rasoir pour oser de telles folies de ton corps. Je le regarde très franchement. Voilà que d'un coup, nos échanges semblaient prendre une nouvelle tournure et je ne m'attendais pas du tout, à ce qu'il entre dans mon jeu. Au fond, j'avais tous les voyants au rouge. Fruit défendu se réveillait. Je n'étais pas du tout prêt. On mange quoi sinon ? Valait mieux détourner la discussion avant que je me fasse prendre à mon propre piège.

J’arque un sourcil, égo piqué par sa remarque. Il me voyait vraiment comme un mec chiant et rasoir qui ne savait pas s’amuser ? Pensait-il vraiment que ces dernières années m’avaient changées à ce point ? Je sais que je pouvais être chiant parfois, à prendre mon boulot trop sérieusement, trop à coeur, mais malgré tout, je restais humain, et comme lui, je savais m’amuser, m’accorder des moments de détentes. La provocation faite, et l’envie de me venger un peu pour tout ce qu’il me faisait endurer, je me relève pour venir m’installer à califourchon sur lui. « Tu es sur de toi ?  » Mon regard se plante dans le sien. Il m’avait provoqué, il voulait jouer, on allait jouer. « Ne t’en fais pas pour le menu, je sais ce que tu aimes en cuisine. En revanche, je me commence à me poser des questions sur ce qui te plait dans d’autres domaines. » Mes mains glissent le long de son torse pour venir s’arrêter à la lisière de son pantalon. On n’en avait jamais parlé, de ce revirement concernant sa sexualité, ou la mienne, ni de ce que qui pouvait vraiment nous plaire. En réalité, j’avais tout à découvrir de lui concernant ce pan de sa personnalité. Volonté d’en apprendre plus sur lui dissimulée derrière ce petit jeu, cette provocation, je souris, taquin, curieux de savoir qui de nous deux allait finir par s’en mordre les doigts ce soir.

C'est quand je reprends mon souffle que je réalise que j'avais oublier de respirer quand il est venu se mettre à califourchon. Piégé. Je crois qu'il ne sait pas l'effet qu'il a sur moi. Non, il ne sait pas à quel point, je le hais de provoquer de tels ondes aphrodisiaques en moi. En plus de l'abandon, il y avait le désir pour lui. Ce désir que je n'avais jamais ressenti, jusqu'à découvrir les affres de la sexualité masculine. Il ne le sait probablement pas, vu comment j'étais infâme avec lui mais oui, il provoquait des remous dans mon imaginaire. Fomenter ses courbes, détourner le regard quand il offrait au monde son torse. Et il ne savait pas comment je bataillais chaque fois. Alors l'avoir aussi près de moi, c'est l'enfer. Je me mords les lèvres, n'osant plus rien dire. Je m'y attendais pas. Je ne le connaissais si mal finalement. Et mon corps se traite, matérialise l'effet qu'il me fait. Ardemment. Douloureusement. Il venait de réduire à néant tous les efforts que j'avais fait jusqu'à présent. Le réduire à l'état d'un fantasme. Maintenant, je voulais plus. Beaucoup plus. Quels genres de domaines ? Autant se brûler les ailes entièrement.

Son expression change. Il semble devenir moins serein, plus tendu. Avais-je enfin trouvé un moyen pour le faire taire ? Bon, c'était surement pas le meilleur dans notre situation, mais c'était toujours mieux que rien. Quoique ça restait un peu perturbant. Lui faire des avances, après des années d'amitiés. Même pour rigoler. Mon regard dans le sien, j'ai l'impression qu'on se jauge, qu'on s'évalue. On n'avait jamais été si proche physiquement, et on ne l'était plus psychologiquement depuis son "année de soin". Je ne savais pas vraiment les limites de notre jeu, mais la curiosité ne m'aidait pas à les déterminer. « Les domaines physiques. T'as connu un revirement assez soudain. Pourquoi ? » Je ne cherche pas à la juger, seulement à comprendre comment ça s'était passé pour lui, pourquoi, qu'est ce qui lui avait ouvert les yeux. « C'est quoi ton type à toi, pour que tu te lances dans de telles folies avec ton corps ? »

Il veut me torturer. Et je souhaite que son four sonne sur le champ. Il me questionne. Se fait curieux. Il est vrai que moi-même, je ne m’etais jamais demandé comment j’en étais arrivé à elargir mes horizons. Je hausse les epaules dans un premier temps. Mais je me souviens de cette nuit. « J’étais drogué. J’etais avec un couple. Et ca a fini avec l’homme en moi. Et la femme sous mes hanches. Ce fut orgasmique. J’etais devenu le pont entre les deux parce que leur sexualité se mourrait. Puis un jour, j’ai changé de pays sans prevenir personne. Et je suis tombé sur un homme charmant et foutrement entreprenant. Je me suis epris de lui, il a une passion pour mes fesses. Ca a duré des semaines. Et j’ai disparu. Encore. Tout s’est fait naturellement. » Maintenant que j’en parle, ce fut de sublimes expériences. « Je n’ai pas de type. Suffit qu’une femme ou un homme attire mon oeil, soit receptif ou receptive a mes avances ou m’en fasse pour aller s’ebattre dans des draps. » Oui j’aime tous les corps quand le plaisir est le mot d’ordre. « Et toi, dis moi tout. Comment t’es venu l’idee de finir tes fesses sur mon entrejambe ? » Aucun filtre quand il me sortait de ma zone de confort entre nous.

Je l'écoute attentivement. En réalité, je ne savais pas trop ce qu'il s'était passé pour lui après la perte de sa belle. Je savais qu'il avait merdé, sacrément merdé d'après la couronne, moi aussi, puisque j'avais été jugé responsable de ne pas l'avoir assez surveillé, toujours d'après la couronne. Mais je ne savais pas comment ça s'était réellement passé dans sa tête, pour qu'il sombre si profondément. La drogue, l'alcool, le sexe, tout ça s'était la partie visiblement de l'iceberg, mais dans sa tête, il avait forcement du se passer quelque chose pour pour qu'il accepte cela. Un mélange explosif et les bonnes personnes au bon moment visiblement, et il avait découvert de nouveaux horizons. « T'es vraiment le cliché des artistes, qu'importe tant que ça t'inspire, te fais ressentir quelque chose n'est ce pas ? »  Je ne peux m'empêcher de sourire. Quelque part, il avait bien raison. « A la base, j'avais juste espoir que ça te fasse taire. Ce qui a marché, mais pas assez longtemps à mon goût. Je vais devoir trouver autre chose. »  Lueur de luxure dans le regard, je ne sais pas pourquoi mon imagination commence à s'emballer un peu. « Mais si tu veux savoir depuis le début, il se pourrait que j'ai trouvé le cul de certains de mes collègues très agréable à regarder lorsque j'étais à l'armée. »

Les révélations pleuvent. Et vraiment. Dans ma tete. Il etait paaaaaas du tout comme ça. Il rebat des cartes poussiéreuses. Est-ce que j’avais une autre vision de lui ? Possible. Mais bon, ce n’est pas en une soiree ou coucherie ou que sais-je que le mal allait s’eteindre. Non il etait parti. Et meme s’il me file la gaule de l’année, il m’a abandonné. Et c’est ce que me repete ma conscience au point de le détacher de moi et le mettre sur le canapé. « J’en suis ravi pour toi. Et au moins t’es fuckfriend doivent etre ravis d’avoir un tel homme ouvert d’esprit dans leur lit » mais pas foutu d’etre present quand les tenebres m’ont tué.