le bal ? arque un sourcil, l'étonnement palpable. tout le monde sait que tu seras roi avec ou sans elle, sans le moindre doute. parce que c'était évident. li yi, gars le plus populaire de sa décennie, à faire accourir tout le monde autour de lui comme s'il était la septième merveille du monde. aha roule des yeux, les boucles brunes qui viennent inonder le visage quand elle secoue la tête. non quand c'était tout le contraire, princesse affamée qui cherchait encore à faire preuve de bonne manière. et elle souffle, le regard perdu dans le vide pour quelques instants. si je dis une vérité, tu m'en dis une ? les doigts qui pianotent sur la table, les secondes qui s'écoulent presque trop lentement. mes parents sont morts quand j'avais 13 ans, noyade

« Pas mon père... » Parce que son père le fixe constamment comme s'il n'avait pas confiance en lui, à attendre qu'il monte derrière le bureau de l'entreprise familiale. « J'aimerai l'être mais... avec une autre. » Lance un regard en coin, gêné. Quand c'est avec elle qui aimerait être sur scène ce soir là, à agiter le bras. Parce que ce serait son choix à lui. Il se détourne un instant puis soupire. « C'est bon. Si t'as faim, mange. Ça sortira pas d'ici. » Parce qu'il voit bien qu'elle se contient. Il se lève de son tabouret, fouille quelques instants dans un tiroir à en sortir des pots minuscules. « Ok. » Qu'il lâche avant de la laisser parler, s'approche d'elle en douceur en tenant les objets dans ses mains. Il pince les lèvres d'un air désolé, un pot qui s'ouvre et dégage une odeur assez forte de camphre et d'eucalyptus. Il y glisse le bout de son index et vient doucement l'appliquer sur la joue de Sunhi. « Ça va te faire froid mais après ça ira mieux. » Il masse doucement, essaie de ne pas lui faire mal. « Je ne suis pas du tout amoureux d'elle... » Pince les lèvres, parce que ce n'était pas ce qu'il avait voulu dire. Mais pire encore, il en ressent un immense soulagement.

tu veux que je falsifie les bulletins pour qu'elle le soit pas ? parce qu'il y aurait probablement rien qui lui ferait plus plaisir que de voir sa tête décomposée quand elle se rendrait compte qu'elle n'était pas reine. ça va j'ai dis à se sentir piquée quand on lit trop facilement en elle. ne pas apprécier qu'on puisse découvrir si facilement les difficultés qu'elle devait affronter. les prunelles qui te suivent du regard, à épier chaque mouvement comme elle le fait trop souvent avec le monde entier, à toujours attendre que quelque chose de mal se passe. d'accord murmure doucement, peu habituée à l'attention que tu lui portes, aux gestes aussi simple pouvaient-ils être. et c'est le coeur qui rate un battement à tes mots, étrange sensation qu'elle peine à comprendre quand elle ne pose pourtant pas de questions. gamine qui saisit l'importance de la pression sur tes épaules. je suis en famille d'accueil depuis trois ans. le juge refuse que je vive avec ma soeur continue à se laisser faire, les murmures qui s'envolent quand c'est sûrement la première fois que vous vous parliez.

Léger rire qui s'envole. Il secoue aussitôt la tête. « Ah non, hors de question que tu te fasses virer. » Il n'a pas envie qu'un quelconque problème lui arrive. Il hausse les épaules, résigné. Pas la peine d'insister. Maintenant, il se met à la soigner délicatement. Imitant sa sœur quand c'est lui qui a besoin de soins. Et elle parle Sunhi. Raconte sa vie. Li qui se rend compte combien elle doit souffrir la belle. Combien elle doit se sentir seule malgré tout. L'impression qu'il rate tout face à elle et qu'elle, elle est toujours là avec ses sourires. Peut être qu'il comprend mieux maintenant les réactions qu'elle peut parfois avoir. Des questions lui viennent, lui brûlent les lèvres mais ils ne font pas un question-réponse. Alors que son doigt masse doucement l'hématome qui n'a rien à faire là, ses iris dévalent les traits de Sunhi. L'envie de la câliner, de la cajoler, de la consoler. L'envie d'arrêter de la regarder de loin, de se dire que c'est avec lui qu'elle devrait être. Il baisse les yeux, pince les lèvres parce que maintenant c'est la honte qui l'envahit. « Des gars d'un autre lycée m'ont pris en grippe... Et cette fois ils m'ont attrapé... » Soupire, ferme le pot et en prend un autre qu'il fait tourner entre ses doigts.

et peut être qu'elle est trop sauvage. à jamais vraiment discuter de son passé ni même de son présent. à ne pas confier ce qui se passe quand les portes sont closes, à ne pas vouloir être plaint quand elle sait mieux que quiconque maquiller la vérité. et elle roule des yeux poupée, fatiguée des violences excessives de l'être humain, du besoin de tout décharger dans les coups à chaque fois. c'est le père de ma famille d'accueil qui a fait ça les hématomes sur son visage, les contusions trop multiples pour pouvoir être planquées. je suis pas allée en cours parce que j'étais à l'hôpital hausse les épaules sans oser te regarder cette fois, à pas être sûre de pouvoir en dire plus si elle venait à croiser tes yeux. c'était pas beau à voir le résultat sur le moment même, l'état dans lequel elle avait été trouvé. faible sourire qui tire les lippes douloureuse, regarde tes mains et le nouveau pot entre tes doigts, le silence pesant.

Il la fixe. Sûrement que son cœur s'est arrêter de battre à entendre ce qu'elle dit. C'est devenu irréel, il a la sensation de nager dans un océan brumeux, à ne pas savoir quoi dire. Il est partagé en colère et tristesse. « Quoi... ? » Il ne joue plus. Il ne veut plus jouer. Il veut défoncer ce soit disant père qui ose lever la main sur elle, à ne pas comprendre comment elle peut subir autant et sourire comme si tout allait bien. Il sent sa gorge se nouer, baisse les yeux, les lève à nouveau. « Je vais le tuer... » Et sans s'en rendre compte, il parle sa langue natale. Parce que c'est comme ça quand il est en colère. Même si elle est sourde, à peine perceptible en dehors de ses mains qui tremblent. Il ouvre le pot, manque de lâcher le couvercle puis glisse son doigt dedans. Il fait lever le menton de la princesse avant de poser la pommade sur sa lèvre. Ça pique. Il la fixe, sa mâchoire qui se serre et se desserre nerveusement. « Personne n'a le droit de lever la main sur toi... » Personne.

qu'est-ce qu'elle pourrait dire de plus ? difficulté à se livrer quand elle avait déjà lâché beaucoup trop d'informations.dis pas ça qu'elle murmure finalement, te regarde avec insistance. ça ne changera rien ni ce qu'elle avait subit, ni le chemin sur lequel ça l'avait entrainé. gamine perdue qui enchaînait les mauvaises décisions, à sombrer peu à peu quand elle ne savait plus comment s'en sortir. poupée qui aborde la même langue que la tienne, souffle les mots réconfortants pour apaiser la colère de tes traits quand tes doigts glissent sur ses lippes. mouvement de recul, douleur électrique quand le produit glisse sur les plaies, serre les dents quand tu t'appliques à réparer les vestiges d'une nuit tourmentée. pourquoi tu t'en préoccupes autant li ? question sincère, à t'observer encore et encore, les doigts qui poussent une mèche de ton front doucement. c'est pour ça que je vais peut être quitter boston, je sais pas où ils vont me placer ici, ailleurs, loin.

Il parle. Il pense. Vite. Trop vite. Un gosse qui s'imagine changer les choses à la force des ses bras. Sa mâchoire qui se serre et se desserre, le signe cruel qu'il est en pleine nervosité. Le gamin ne se plaint pas, il en a pas le droit. Mais il voit Sunhi, la vraie. Celle qui subit dans l'ombre et qui ne dit rien. Jamais. Son doigt continue de guérir ses vilaines plaies. « Bouge pas ! » Claque de la langue comme s'il était agacé qu'elle gesticule. Il termine, referme le pot avant de glisser les deux dans la main de Sunhi. « J'en ai d'autres, soigne toi avec deux fois par jour. » Mâchoire qui se serre à nouveau à la question. Il secoue la tête en se détournant. « On est amis non ? T'es importante pour moi. J'y peux rien si tu vois rien. » L'accuse presque alors que c'est pas ça qu'il a voulu dire. Il range le plan de travail sûrement pour ne pas affronter son regard. « Mh... Bah... Je ne veux pas que tu partes. T'as qu'à te cacher ici. » Presque sérieux. Personne ne verrait rien.

le futur qui était trop flou, à pas vraiment savoir ce qu'il allait advenir d'elle, si elle allait pouvoir rester près de ce qu'elle connaissait. et le ton monte légèrement, gamine qui pince les lèvres quand elle ne saisit pas le changement d'ambiance. les émotions qui s'entrechoquent. okay, wow les pots qu'elle fait presque claquer sur le marbre, à se redresser d'un coup. à prendre en plein visage le début d'une tempête quand elle n'avait pourtant rien fait pour mériter ça. c'est exactement pour ça qu'on s'entends pas. parce que le ton finit toujours par monter d'une façon ou d'une autre. à trouver des désaccords dans tout même quand il n'y avait pas matière. t'as tes cours maintenant, je vais y aller ! et oublier la bulle créé pour une fraction de seconde où elle avait apprit à voir autre chose que celui qu'elle ne cessait de repousser.

C'est quand plus rien n'est contrôlé qu'il s'emballe le gosse. Le même que son père, à croire que toute sa vie doit être impeccablement rédigé. Notée sur du papier à musique, rythmée par les désirs des autres quand lui n'a le droit que d'être gentil et sourire. Et parfois, il y a une faille qui s'ouvre et qui le fait sortir de ce sentier si soigneusement tracé. Elle se lève et là, c'est la panique. D'habitude, il dirait rien, la laisserait partir en attendant de la recroiser et faire comme si tout allait bien. Mais pas cette fois, sûrement parce qu'il n'y a qu'eux. Il attrape son poignet. « Non pars pas s'il te plaît Sunhi. » Bafouille, confus. Par lui, par elle. Il se baisse, ramasse les pots et les glisse dans la main de la belle sans la lâcher. « Pardon... Je... J'ai pas d'excuse. » Penaud le gamin à qui on a appris à ne jamais s'excuser, à ne jamais montrer la moindre faiblesse. Épuisé de faire croire que rien ne le touche. « Je tiens à toi Sunhi, je voudrais que tu t'en rendes compte. Pas juste parce qu'on est amis. Je tiens vraiment à toi et ça me fait peur de me dire que tu vas partir. Que je te verrais plus au lycée ou dans mes fêtes... » Pince les lèvres, les joues qui deviennent rouge alors qu'il lâche doucement son poignet. « S'il te plaît... Reste encore un peu... »