◊ 001 : Brooklyn, Brooklyn, ça vous donne envie d’y rester, de l’adopter, de s’aimer sur le pont et de fonder une famille. C’est ce qu’une Américaine et un Français ont ressenti quand ils étaient encore étudiants. Elle voulait être infirmière et lui il voulait enseigner l’histoire. Il n’est jamais reparti en France et dans un mariage précipité pour empêcher son départ, ils se sont unis. L’union de Francis & Viola. ◊ 002 : Bien vite, les Gallois se sont fait remarqués, car c’est au nombre de trois que la grossesse s’est terminée. Trois enfants, pourtant pas totalement, identiques, mais des triplets tout de même, deux filles et un garçon. ◊ 003 : « Beck? Comme dans Rebecca ? » « Non, comme juste Beck » Prénom qui surprend qui éveille la curiosité, peu croient de prime abord qu’elle puisse porter celui-ci. Et que dire du nom beaucoup trop français qui suit, si facilement écorché, à tout coup, et qui a tendance à l’énervée. ◊ 004 : Famille parfaite et connue dans le quartier, c’est le deuil qui ébranle la suite des choses, car la vie est drôlement mal faite par moment. C’est Viola, la maternelle, qui est emportée, un cancer du col de l’utérus, disait-on, pris trop tard pour renverser la situation. Les enfants n’ont que cinq ans à ce moment précis. ◊ 005 : Père désemparé et endeuillé, c’est vers la France qu’ils s’envolent presque aussitôt, chez les grands-parents, vers Toulouse, un décor totalement différent, qui chamboule Beck. Non, elle préférait les gratte-ciel et la ville qui ne s’éteint jamais. ◊ 006 : Le rythme de vie devient totalement différent, un peu plus strict, pour maintenir les trois enfants en bas âge droits et bien éduqués, car à partir de ce jour Francis ne sera plus jamais le même. Il devient dépressif, triste d’avoir perdu l’amour de sa vie. Il en oubliera de travailler comme de s’occuper de ses enfants. ◊ 007 : Beck, s’adapte rapidement à son nouveau mode de vie, car qu’est-ce qui pourrait mal se passer quand elle a sa famille près d’elle ? Elle joue la fille sage, s’adonnant au régime plus strict de sa grand-mère. ◊ 008 : C’est à l’école que l’adaptation est plus difficile, incapable de se faire comprendre correctement par ses camarades de classe qui butent sur son accent peu familier. Elle veut s’évader un peu, elle veut reprendre ses cours de natation, mais on lui refuse d’aller à la piscine municipale seule. Alors enfin elle gagne, elle reprend et tranquillement Toulouse devient sa maison. ◊ 009 : Beck, évolue comme tout parent voudrait, elle intègre le lycée, l’équipe de natation, au passage, qui commence à croire qu’ils ont pêché la prochaine perle. Les compétitions s’enchaînent bien vite, elle fait ses preuves et dédie sa vie à la natation. ◊ 010 : L’idéal de ses parents, le couple parfait qui s’aime à la folie, c’est ce qu’elle voulait. Elle voulait se marier, avoir la maison parfaite et les enfants qui viennent avec. Donc elle tombe follement amoureusement à 15 ans et ils resteront ensemble jusqu’à la fin, jusqu’à la graduation. Mais tout ne s’arrête pas là, c’est dans l’été de leurs 18 ans qu’il se met à genoux et qu’il fait la grande demande. C’est un oui, sans hésiter malgré que sa grand-mère s’emporte et son père ne remarque à peine la bague à son doigt. ◊ 011 : Ils n’en font qu’à leur tête et se marient en cachette, les deux seuls, sans invité et souhaitent de s’aimer pour l’éternité. ◊ 012 : En parallèle, la blonde a continué de faire ses preuves en natation et intègre enfin l’équipe nationale. Il suffirait qu’elle continue de travailler fort et les Jeux olympiques sont à sa portée. ◊ 013 : Le jeune couple trouve enfin un petit logis, un petit nid d’amour qui les rend heureux. Il travaille sans arrêt pour payer les factures, au point qu’ils ne se voient plus entre les entraînements. ◊ 014 : Vie rangée, chemin tout tracé, elle y était presque, les Jeux olympiques étaient à sa portée, mais elle a craquée, en pleine compétition, le support qui n’était plus présent. Son frère et sa sœur, les seuls qui venaient encore la supporter. ◊ 015 : La nouvelle finit par atterrir chez les Gallois, on l’engueule, on lui demande ce qui lui prend de tout gâcher ainsi. Mais le pire c’est lorsque son père ose un commentaire, lui disant qu’elle vient de gâcher son avenir. C’est la phrase de trop, elle s’emporte contre lui, l’insulte de tous les noms possibles pour son absence, pour sa dépression chronique et sa façon de s’accrocher à un fantôme qui ne reviendra jamais. ◊ 016 : Elle se découvre un intérêt pour le journalisme et sans étude plus poussée en poche, ancienne athlète, elle ne décroche qu’un poste de secrétaire dans un magazine. ◊ 017 : La natation mise de côté, il est temps de fonder une famille. Le corps de Beck en décide autrement, car elle fera deux fausses couches avant de laisser tomber les démarches. La relation du couple s’envenime de plus en plus. Il lui scande qu’il ne la reconnaît plus, qu’elle mérite mieux que d’apporter des cafés et répondre à des appels. Elle lui crie qu’elle veut plus qu’une piscine et des corridors. Qu’elle veut plus qu’un simple mariage qui finira en divorce dans deux ans. Leurs cris finissent par cesser et ils préfèrent tout oublier, comme si rien n’était. ◊ 018 : Toutefois, elle n’a pas oublié et un beau jour, sans préavis, elle s’enfuie, sans regarder en arrière, une note laissée sur le lit. Elle prend les économies qui lui restent et choisi la première ville qui lui tombe sous la main. Boston se serra. Double nationalité, c’est encore plus simple. ◊ 019 : Peu d’argent elle décide trouve un appartement en moins de deux, avec des colocataires, au nombre de trois précisément. Elle ne les connait pas, mais elle aime ne pas entendre le silence autour d’elle. Elle a l’impression d’avoir sa sœur et son frère près d’elle. Elle ignore la suite, mais elle n’est pas prête de s’arrêter.