YUJIN AHN ► Jung Ho-seok

TW: mention indirecte d'anxiété et de dépression, relation difficile avec les membres de sa famille

i. les émotions sont des couleurs. l'humeur s'illustre par les tenues vestimentaires extravagantes, drôlement agencées, généralement peu (ou pas) appropriées aux occasions. la chevelure, parfois flamboyantes, parfois sombre ( souvent sobre ) s'ajuste aux fluctuations.

ii. troubles du sommeil, ce parfait miroir des variations de l'humeur. les nuits se font extrêmement courtes ou excessivement longues. lorsque l'énergie déborde, la caféine en rougirait presque. à l'inverse, lorsque le corps s'alourdit, que l'âme s'échappe et fuit (( instinct de survie )), les heures s'accumulent, les yeux s'ouvrent pour se refermer aussitôt, les rideaux tirés, la chambre plongée dans l'obscurité, l'esprit se meurt et le corps se fige dans l'éternité. la flamme brûle, de cette lueur qui menace de s'éteindre, à laquelle on s'accroche, coûte que coûte.

iii. folie de l'IMPULSION ;; le compte en banque qui, sous le coup de l'impulsion, se vide en quelques clics. l'argent (s'en)vole, disparaît dans les extravagances. dans la tête, les idées se bousculent, les projets s'enchaînent, s'accumulent, mais ne se concrétisent jamais. ces élans d'amour qui emballent le coeur et font perdre la tête - littéralement - l'impression de pouvoir tout faire, sans limites, sans retenue. saisir les moindres opportunités, se sentir invincible, invulnérable, l'estime démesurée. les excès s'accumulent, le bruit des cartes de crédits s'enchaîne, douce mélodie aux oreilles alertes, grandes ouvertes, les grandes fêtes comme seul divertissement, la fascination pour les moindres manifestations extraterrestres et les questions philosophiques ou existentielles. seulement pour camoufler la souffrance qui se cache en son coeur.

iv. / 대한민국 국군 / service militaire coréen, d'une durée de vingt et un mois. brisé entre la fierté  de servir son pays et le fardeau de devoir s'y résoudre ( juillet 2017 - avril 2019 ). le sentiment de n'appartenir à rien, la peur qui s'installe en permanence, qui guide le quotidien, impose une routine dont l'unique objectif est la survie, de retourner vivant à un rien, un vide qui l'attend. don't go crazy out here. à la fois entertainer et mouton noir du peloton, soldat Ahn manie les armes dans la crainte qu'une balle ( peut-être la sienne ) se réfugie entre ses deux yeux. quitter pour revenir changé, ne plus être le même qu'avant le départ, qu'avant la fuite.

v. ô dear hamlet. teach me how to speak english correctly - dans l'apprentissage d'une nouvelle langue, qui de mieux placé que les plus célèbres et habiles manieurs des mots ? de Shakespeare à Dickens, en passant par Poe et Lord Byron, les mots roulent sous la langue, mais l'accent persiste, s'accroche. l'apprentissage à travers la littérature, et la naissance d'une étrange fascination pour les mots. la poésie s'impose comme seul dialecte lorsque vient le temps d'échanger avec ses comparses américains, qui chaque fois retiennent un rire évident;; ils sont drôles, ces Américains..

vi. cupidon a les ailes brisées ;; connaître l'amour, le vivre à cent miles à l'heure, s'imprégner de ces sentiments violents, dévastateurs, magiques. d'un simple regard, le myocarde s'emballe, s'ébranle, tremble. un regard suffit à renverser l'âme, à faire fondre le coeur d'un bonheur sans lendemain, d'une exaltation passionnée et passionnelle. / amour / sentiment si pur.. mais si rarement partagé. l'amour, connu et (re)connu, vu et vécu, frôlé du bout des lèvres, l'âme emportée par l'immensité de la vague et l'excitation qu'elle provoque. maintes et maintes fois, l'amour s'est-t-il manifesté...

vii. ...maintes et maintes fois, l'amour s'est-t-il manifesté, sans jamais s'imposer, sans jamais aboutir. le silence comme seule réponse aux nombreux appels, aux multiples textos. le silence et la lourdeur (( dépression )) pour seule riposte. les regards qui se croisent une fois, avant de s'oublier pour toujours, encore une fois. et la tristesse laisse un goût amer sur le coeur...

viii. bÊtE dE FoIRe - comment mettre un nom sur ce qui fait peur, sur l'inconnu. comment mettre un nom sur les doutes, la peur? l'ignorance pour seul diagnostic. taire les mots dangereux, la différence. faible, tu es faible. mot maudit, mot banni, maux de l'âme qu'il faut étouffer dans le coeur et dans le corps fatigué d'exister.

ix. Journal, journal.. permets-moi de garder des traces pour que ceux qui partent, ne disparaissent jamais complètement. les anecdotes pour seuls souvenirs, traces au crayon pour donner du répit à l'esprit bien rempli (( un peu à la manière de la bassine de Dumbledore )). collectionneur de de souvenirs, les mots en pattes de mouches le font sourire, parfois rire ou pleurer.

x. papa, aime-moi comme tu aimes les autres // supplications entendues, l'oreille sourde du paternel n'est attentive aux larmes que lorsque la porte claque et que les doigts repoussent d'un geste habile les lunettes glissant sur le nez fin. les reproches, l'exaspération d'un père déçu de son benjamin. les espoirs qui s'effondrent, les bras retombent le long du corps, vains sont les multiples efforts. garder la face face à la honte qu'il représente. la douleur du fils mal-aimé mal compris, impuissant. la mère s'enfonce dans un mutisme lourd de sens, un silence qui porte ses mots.

xi. en l'absence de soleil, les journées sont longues, mais les nuits sont éternelles ;; secret bien gardé des démons qui se manifestent occasionnellement dans l'obscurité de sa solitude. le réconfort, trouvé auprès de celle qui est disparue à la manière du vent (( la meilleure amie )), ce réconfort difficilement atteignable, lointain. attendre que la vague passe, qu'elle emporte avec elles les ordures et qu'elle chasse, à la manière d'un attrape-rêves, les cauchemars les plus grotesques de l'âme en défaillance.

xii. // ∫t∛dt = t // au rythme des chiffres, les mathématiques pour seule poésie ;; premières symphonies d'un enfant surdoué. les formules s'abondent dans l'esprit déjà très chaotique, l'apaisement de résoudre des calculs complexes. fascination pour les chiffres et les défis à relever, rêve d'en savoir toujours plus, d'aller toujours plus loin, d'être encore meilleur que la veille. frustration de ne pas réussir ou de s'attarder sur un calcul en cul-de-sac. yujin, véritable calculatrice sur deux pattes. et pourtant, la douceur d'un rêve ne s'effleure que maintenant, alors que les premières années de vie ont été consacrées à la bête de foire.

xiii + xiv + xv + ∝ plus les moyens de se payer Spotify, ce sont des centaines et des milliers de chansons téléchargées illégalement qui remplissent son téléphone. la crainte d'être pris sur le fait et d'être envoyé en prison pour s'être procuré gratuitement Single ladies sur un site louche de téléchargement | une petite bête poilue du nom de Gus prend toute la place dans son étroit lit deux places | toujours le nez fourré dans les poèmes d'un autre siècle et les textes anciens à la bibliothèque et à la librairie du coin, pour apprendre la langue du pays d'accueil | le rire comme principal remède | une gomme? chewing-gum au melon d'eau? toujours un paquet à la main, il propose gaiement un morceau de gomme à qui veut bien faire des bulles avec lui | la bicyclette comme principal moyen de transport | sa meilleure amie d'enfance est soojin | anxieux et dépressif | possédait une chambre en résidence, directement sur le campus de l'université, mais cherche à se trouver un appartement bien à lui désormais | a téléchargé une application pour l'aider à traduire ce que les américains disent lorsqu'il échange avec eux | la danse et la musique comme deuxièmes remèdes, souvenirs d'une première vie | l'avenir promettait autre chose, il était la marionnette des espoirs de la famille. à s'effacer sous les répliques cinglantes et les regards ennuyés des juges. à répéter jusqu'à se tuer à la tâche. oublier le sommeil et le consacrer aux répétitions. il aurait pu devenir the next idol, adulé par le public coréen, mais l'impuissance, le dégoût pour ce qui ne lui ressemble pas, pour ce qui aurait tôt fait de le tuer plutôt que de le faire vivre. ultime déception des Ahn | papa homme d'affaires successfull à séoul, maman ancienne violoniste à l'avenir tout tracé et au succès prometteur, qui a abandonné son brillant avenir pour s'occuper de ses quatre enfants | tout ce qu'il veut, c'est une vie simple et heureuse | il adore les films en noir et blanc | grand admirateur du cinéma muet et des comédies, il se tord autant de rire devant charlie chaplin que devant FRIENDS ou THE OFFICE. venez en découvrir plus sur yujin avec moi..