We don't face the blame

Au commencement de la vie, Andrian n'avait que sa mère, Carlotta. Une femme adorable, travailleuse et solaire. Du moins c'est comme ça que Andrian la voyait. La vie était dure mais à cet âge, il ne s'en rendait pas vraiment compte. Carlotta avait raté ses études, à cause de lui, elle n'avait pas pu finir. Elle faisait des petits boulots par-ci par-là et tant bien que mal ils parvenaient à survivre dans ce monde difficile. Le père de Andrian ? Absent du paysage. Son monde commença à s'agrandir quand il alla à l'école, se liant très fortement d'amitié avec une adorable jeune fille de son âge. Eleanor. Très vite cela devint sa meilleure amie et quand il n'y avait personne chez lui parce que sa mère travaillait comme une dingue pour subvenir à leur besoin, il allait traîné chez Eleanor. Au début tout allait bien. La mère d'Eleanor l'appréciait et son père avait le traitait normalement. Mais c'était au début.
Un jour comme un autre, tandis qu'il traînait avec Eleanor chez elle, son père commença à se montrer hostile envers lui. Il ne comprit pas, Andrian n'avait que 7-8 ans. Étrangement cette hostilité n'était dirigé vers lui que quand ils étaient seuls tous les deux, quand ils étaient en présence d'autres personnes, l'homme se montrait neutre. Carlotta était contente que Andrian puisse rester si souvent chez son amie, ça économisait de l'argent et les gardait à flot, même si ils ne se voyaient pas beaucoup entre ses différents travail et ça. Andrian était un bon élève, plutôt même très bon. Dans une tentative vaine du père de Eleanor de les séparer, Eleanor se retrouva dans une école différente, pas public, mais qui coutait de l'argent. Cette nouvelle situation ne changea pas vraiment grand chose entre lui et Eleanor, toujours aussi soudé. L'hostilité de son père monta d'un cran. Passant de commentaire ambiguë, à de claires insultes et humiliations en privé. Andrian pensait que c'était dans sa tête. Il avait du mal à comprendre ses instants entre eux quand le reste du temps tout semblait normal. L'escalade se fit plutôt rapidement, et les bousculades, gifles et autres commencèrent et le chantage s'en mêla. Cet homme le menaçait d'éloigner Eleanor définitivement de lui, de faire renvoyer sa mère et de le mettre à la rue si il parlait de quoi que ce soit. Alors naïvement, du haut de ses 10 ans, il se tût et garda ça pour lui. Cachant les bleus et les larmes. Mais la colère montait doucement en lui. Ils trouvèrent un système pour être admis dans l'école d'Eleanor, une bourse pour de bon élève, la mère d'Eleanor se porta garant de lui et Andrian soupçonna bien plus tard qu'elle devait payer cette école sans le lui dire.
La puberté le frappa comme une biatch. Andrian devint un jeune homme beau, sportif et ayant de bonnes notes. Il n'avait que 13 ans quand son cauchemar vivant se transforma en horreur insupportable. Un soir que les filles avaient décidé d'aller au ciné voir un film "de fille", il s'était retrouvé seul avec le père qui ne l'appréciait pas. Et dieu seul sait comment, ou pourquoi, mais les choses devinèrent encore plus malsaines et malaisantes. Vous avez bien compris, ne lui suffisait plus de le frapper, de l'insulter et de le mettre plus bas que terre... Non, il fallait aussi qu'il le soumette, qu'il montre sa domination de la façon la plus intime et humiliante qu'une personne puisse penser. En le violant. Ce ne fut que le début. Le pire dans tous ça ? Eleanor. Cette fille adorable qu'il appréciait, n'arrêtait pas de pousser Andrian et son père à passer du temps ensemble, sans comprendre l'horreur que ça impliquait pour Andrian. La colère de Andrian prit le dessus sur tout. Incapable de s'opposer à cet homme qui avait sa vie entre ses mains, il se vengeait dans les autres aspects de sa vie. Il devint cet abruti de beau gosse sportif et apprécié par tous, qui s'en prenait à plus faible que de lui et qui refourguait de la came à ses petits camarades sportifs parce qu'il pouvait le faire, que ça rapportait du blé, et que ça lui donnait du pouvoir à nouveau. Il commençait des bastons, il se moquait des autres, et faire souffrir les autres apaisait un peu cette douleur et cette honte qu'il avait en lui. Un peu. Il était un peu la star de l'école alors on lui passait tout ou presque. Après tout, c'était un excellent élève, un excellent sportif, mais avec un caractère désagréable à souhait avec certains camarades, c'était pas si grand, il était encore jeune....
Plusieurs fois Andrian lui demandait pourquoi il s'en prenait à lui de la sorte... Et ce ne fut qu'au hasard d'une insulte qu'il ne comprit qu'à moitié ce qui se passait. "Tu n'es qu'une salope comme ta mère." Un commentaire anodin, mais Andrian demanda à sa mère qui était son père, la chose qui ne l'avait jamais obsédé. Et l'horreur la plus complète devint un enfer insoutenable. Eleanor était sa demi-soeur, et ce monstre était son père. La mère d'Eleanor impliquait parfois qu'Andrian était gay, parce qu'il ne tombait pas sous le charme d'Eleanor. Ils formaient un si beau couple, sur le papier et aux yeux de tout le monde, mais Andrian savait que c'était sa soeur, et même sans lien du sang, elle l'avait toujours été et rien ne se passerait entre eux. Andrian s'éloigna un peu de cette famille, passant plus de temps chez sa mère, chez lui, seul mais en sécurité. Il en profita même pour avoir un petit boulot, mettant de l'argent de côté pour ses études. Et parfois même, ne se priva pas pour voler des bricoles, ou même du liquide à cet homme. En toute discrétion. Mais si il voulait que tout paraisse normal, parfois il était obligé de venir chez Eleanor, de manger chez elle "Papa s'est dit qu'on devrait t'inviter". Et cette phrase n'annonçait jamais rien de bon pour Andrian.
Quand il eut 17 ans, cette situation finit de le briser. Devoir à chaque fois expliquer qu'il n'était pas gay, qu'il n'était pas une pédale, et autres le rendait malade. Il ne voulait pas que cet homme le touche comme ça. Il détestait ça. Il le détestait. Il se détestait de ne rien faire contre lui et d'être toujours faible. Pourtant il était loin d'être faible. Mais à la fin il avait finit par internaliser tous ces commentaires désobligeants, à être habitué. Parce que cela faisait dix ans qu'il le traitait mal. Parce qu'il pouvait éloigner sa meilleure amie, lui enlever son école, et pousser sa mère dans la misère absolue. Mais Andrian n'en pouvait plus. Il finit par le dire à Eleanor, qui ne le crut pas un seul instant. Il réussit pourtant à lui demander de l'aider à le prouver. Ils tendirent un piège à son père, elle certaine que c'était du vent... Ces certitudes volèrent en éclat quand elle en fut témoin direct. Andrian décida de révéler la vérité à Eleanor sur leurs liens de parenté. Mais ça ne lui suffisait pas. Andrian décida de porter plainte contre cet homme qu'il n'avait jamais considéré comme son père et obtint gain de cause. Il se retrouva en prison, Andrian eut suffisamment d'argent pour que sa mère puisse se reposer un peu, et lâche un des boulots, qu'elle retrouve un peu une normalité. La famille de Eleanor fut dévasté, savoir que Andrian était son demi-frère, qu'il se faisait abuser et que pendant des années ils n'ont rien vu, pire qu'ils avaient encourager les deux hommes à plus de temps ensemble les rendaient malades. Voir la face de Andrian était un rappel constant de leurs défauts et au lieu que ce drame ne les rapproches, ce drama les éloigna. L'humiliation du procès ne s'effaça pas aussi vite et bien qu'elles auraient aimé, et Eleanor et sa mère s’exilèrent dans une autre ville, un autre état.  Quant à Andrian ? Il décida d'aller à l'autre bout du pays, à Harvard. Avec ses notes, et ses aptitudes sportives il eut une bourse. Il voulait recommencer à Zéro. Loin d'Eleanor, et de sa mère, loin de sa propre mère, loin des sévices, et des traumas. Qui lui dira que 10 ans d'abus ne s'efface pas comme on efface un tableau ? La preuve, Andrian affiche une homophobie tenace et un mépris des avocats, et oui son géniteur malsain était avocat de profession, s'énervant au moindre sous-entendu à ce propos de lui. Il  déteste qu'un mec s'approche trop près de lui. Il avait commencé une thérapie avant son départ, mais depuis qu'il est à Harvard, il n'est plus suivi.