There's so much that I'm going throught
I wouldn't be here if it wasn't for you

C’était drôle, comme une personne pouvait nous changer. Depuis la mort d’Aurore, je n’avais jamais été très galant avec les filles : ne voulant aucune relation sérieuse, j’évitais tout contact…comment dire…qui pourrait me pousser à m’attacher à quelqu’un. Dans ma tête, l’attachement, finissait toujours par la rupture et la rupture, ça faisait mal, très mal, trop mal. Mais sans savoir pourquoi, j’avais adopté la méthode tout à fait inverse, avec Roxanna et ce, dès le premier soir de notre rencontre : je me revoyais encore lui tirer sa chaise pour qu’elle s’assoit ou ce genre de chose que les garçons bien élevés et surtout, galants font et même si je n’arrêtais pas de me demander ce qui m’avait pris d’agir comme ça alors que je ne connaissais même pas la jeune femme à l’époque, je n’arrivais à tirer aucune conclusion, aucune réponse. Peut-être qu’au fond, j’avais cru qu’Apple avait raison et que tomber amoureux pourrait être la seule manière de me sauver : peut-être qu’au fond, j’ai voulu plaire à Roxanna et mettre toutes les chances de mon côté pour que ça arrive, même si je restais toujours un peu perplexe quant au plan de la petite Apple. En tout cas, je ne regrettais pas de l’avoir fait, car malgré que j’eu passé une semaine plutôt difficile à cause de mon sevrage, j’avais tout de même, passé une semaine assez satisfaisante, et ça faisait vraiment longtemps, que je ne m’étais pas dit que j’étais content d’avoir passé cette semaine aussi gaiement. Pire, je n’arrivais pas à rester une journée sans parler ou voir la demoiselle, j’étais vraiment en train de devenir accroc, mais bon, c’était de sa faute : elle s’était proposée à devenir ma nouvelle drogue à la place de la coc’ ou des autres merdes que je prenais, je ne faisais qu’exécuter son invitation (a)

J’étais plutôt nerveux, alors qu’elle ouvrait mon cadeau, délicatement. Elle avait dû comprendre que l’objet était assez fragile. En fait, j’avais pensé à la boite à musique, parce que je me souvenais que mon père en avait offert une à ma mère. Je devais n’avoir que sept ans, mais j’arrivais à revoir la scène comme si c’était hier : mon père devait beaucoup voyager pour son travail, avant qu’il ne tombe malade et ma mère avait du mal à supporter le fait d’être toute seule, même si j’étais là, je ne comblais pas la présence d’un mari aimant auprès d’elle tous les soirs. Mon père lui avait donc, un jour, offert une petite boite à musique, semblable à celle que j’avais achetée pour Roxanna, lui disant que le soir, lorsqu’il n’était pas là et qu’il était loin d’elle, elle pourrait juste l’ouvrir, et s’endormir avec la mélodie qui la bercerait en pensant à lui, comme si il était là, auprès d’elle. Apple m’avait presque ris au nez lorsque je lui avais dit mon cadeau, elle trouvait ça nul et elle m’avait donné une angoisse supplémentaire, me mettant dans l’esprit que ce cadeau, était vraiment pourris. Je le relevais la tête en entendant la petite musique. Je vis un sourire sur le visage de la jeune femme, ce qui me rassura légèrement, j’étais toujours aussi nerveux. « Elle est ... Adorable... Une danseuse en plus. Elle est magnifique. », dit-elle sans quitter la boite des yeux, totalement hypnotisée par la petite danseuse qui tournait sur elle-même. Je souris légèrement alors qu’au bout de quelques secondes, elle referma doucement la petite boite pour la poser sur le lit. Je me pinçais la lèvre et elle se leva pour sauter dans mes bras…

« C'est tellement bien pensé ... Merci ... », j’enroulais mes bras autour d’elle pour la serrer contre moi, souriant un peu plus alors que mon cœur battait la chamade. Je pouvais bien sentir dans sa voix que le cadeau lui faisais plaisir et j’avais envie de crier à Apple qu’elle avait eu tort : en plus, j’en avais parlée à Meghan et elle, avait trouvé ça super, comme cadeau. Je continuais de sourire bêtement alors qu’elle se recula légèrement pour pouvoir me regarder dans les yeux, avant de déposer doucement ses lèvres sur les miennes, m’offrant un baiser doux et tendre. « Merci Jude, encore et encore. On ne m'a jamais fait de cadeau aussi beau. » je souris à nouveau, la gardant contre moi et je posais mon front contre le sien, la regardant dans les yeux. J’étais vraiment content de la rendre aussi heureuse avec un rien : comme quoi, la valeur d’un objet n’était pas dans son prix. J’haussais les épaules, ça n’était vraiment rien comparé aux billets d’avion qu’elle m’avait offert pour aller à Paris, mais de la voir aussi souriante et aussi touchée, ça me donnait vraiment envie de me trouver un petit boulot – un boulot honnête car dealer n’était pas vraiment considéré comme un boulot – pour pouvoir lui faire des cadeaux plus souvent : elle le méritait, vraiment et j’avais oublié ce que ça faisait, de rendre quelqu’un heureux, comme ça. « C’est pas grand-chose….mais j’suis content que ça te fasse tant plaisir….j’suis content d’avoir l’impression de te rendre heureuse… » , murmurais-je doucement alors que je ne décollais pas mon regard du sien. Je passais une main sur sa joue et je m’approchais pour l’embrasser à nouveau, un peu plus passionnément avec plus de conviction aussi, jusqu’à bout de souffle et entre deux baisers, je continuais, doucement, « …quand j’pense que si Apple nous aurait pas présentés, j’aurais fait une connerie et toi, tu s’rais tombée amoureuse d’un autre et tout ça… ça me rend dingue de t’imaginer avec un autre…» Je repensais soudainement à l’homme qui la faisait chier, je me demandais si il lui créait toujours des problèmes. J’espérais qu’elle m’en parlerait, car je n’hésiterais pas une seule seconde à lui casser la gueule rien que si il venait à lui causer des problèmes ou lui faire du mal…

A man is not where he lives, but where he loves ⱷ Jude & Roxy

Il y a quelques jours de cela, Roxanna s'était interrogée longuement, alors qu'elle était seule dans sa chambre d'étudiante, après les cours. C'est vrai, dans le fond, comment se seraient passé les choses, l'avenir, si Apple n'avait jamais décidé de présenter Jude à Roxanna ? Si il ne lui avait jamais parlé de ses envies de mettre fin à ses jours, l'aurait-il vraiment fait ? Rien que d'y penser, elle avait eut froid dans le dos. Elle, sa vie aurait continué, elle aurait été touchée par le suicide d'un étudiant, mais sa vie d'étudiante aurait continué, elle aurait toujours flirté à gauche à droite, sans aucune attache particulière ... Elle n'aurait peut-être jamais su le sens du mot "amour", sans lui. Et maintenant qu'ils étaient ensemble, elle ne se voyait vraiment pas tomber amoureuse d'un autre homme. Jude était un cas exceptionnel, jamais elle n'avait eut de tels sentiments auparavant pour un homme. Oui, il y avait peut-être un autre homme capable de la séduire sur le campus, me direz vous, mais pour elle, ça n'avait aucune importance : Elle aimait Jude, juste lui, rien que lui. Son coeur n'avait jamais battu aussi fort pour une seule et unique personne, et elle savait que, dans le fond, c'était ainsi que les choses devaient se passer. Ils se complétaient, apprenaient mutuellement de l'autre pour se reconstruire, et l'un sans l'autre, il y avait eu un vide : D'un côté pour Jude, la dépression, de l'autre pour Roxanna, la peur de son passé, et le vide sentimental, ce creux qu'elle avait creusé dans son coeur, se jurant de ne s'attacher à personne.

« C’est pas grand-chose….mais j’suis content que ça te fasse tant plaisir….j’suis content d’avoir l’impression de te rendre heureuse… » Roxanna secoua la tête de gauche à droite en entendant les paroles de Jude, et murmura doucement « N'en ai pas l'impression. Tu me rends heureuse. C'est un fait. Personne ne sait me faire sourire et ne sait faire battre mon coeur d'un rien, comme tu le fais. » Et c'était sincère. D'un sourire, il réussissait à la faire rougir, ou sourire également. Son coeur battait dès qu'il la prenait dans ses bras, qu'il passait une main dans ses cheveux, dès que leurs lèvres se touchaient. Tout faisait qu'elle l'aimait. Tout. Agrippée à Jude, ne désirant le lâcher pour rien au monde, leurs lèvres se rencontrèrent dans un échange passionné, pris dans leur élan d'ouverture des cadeaux de Saint Valentin. Cette soirée aura été riche en émotions décidément. La jeune fille noua ses mains derrière Jude, prolongeant leur échange avec douceur. Entre deux baisers, à bout de souffle, il murmura alors « …quand j’pense que si Apple nous aurait pas présentés, j’aurais fait une connerie et toi, tu s’rais tombée amoureuse d’un autre et tout ça… ça me rend dingue de t’imaginer avec un autre…» Immédiatement, Roxanna plaqua son index sur les lèvres du grand brun, le faisant taire, et elle secoua la tête de gauche à droite. « Je veux pas que tu penses à de telles choses. C'est ... Toi qui m'a appris à aimer en si peu de temps, Jude. J'aurais jamais voulu ouvrir mon coeur à personne, si Apple avait pas décidé de nous faire nous rencontrer... Si les choses se sont passé comme ça, c'est que ça devait se passer comme ça. On est ensemble, et y a rien de plus important. »

Elle avait dit ces mots en le regardant droit dans les yeux, débordante de sincérité. Elle ne voulait plus imaginer les choses sans lui. Désormais, Jude faisait partie de son quotidien, de sa vie. Elle ne pouvait même pas imaginer de reprendre sa vie normalement, sans l'avoir connu. Elle retira doucement son index des lèvres de Jude, et se mordit la lèvre inférieure. « La seule chose que je sais aujourd'hui, c'est que ... Je t'aime. » Les battements de son coeur accélérèrent rien qu'en prononçant ces mots. « Et c'est bien la seule chose, avec toi, à laquelle je veux m'accrocher réellement. A nous. » Elle rougit légèrement en disant cela, elle qui n'avait jamais été du genre très romantique avec les hommes, avec Jude, c'était totalement différent. Son coeur parlait avant son cerveau. Chose qu'elle ne s'autorisait jamais à faire ordinairement.

There's so much that I'm going throught
I wouldn't be here if it wasn't for you

Elle m’avait fait me taire, posant son index sur mes lèvres. Mais ça avait été plus fort que moi. J’étais un scientifique, et les problèmes, les questions pleines de « et si, et si, ou alors », je n’arrêtais pas de m’en poser, et encore, c’était pire lorsque j’étais tout seul et que pensais. Comment est-ce qu’on ne pas imaginer sa vie autrement ? L’homme est un perpétuel insatisfait, c’est bien connu, et il ne peut pas s’empêcher de vouloir autre chose dès qu’il a eu ce qu’il voulait, il ne peut pas s’empêcher de se poser des milliards de questions qui, au final, sont complètement inutiles à notre existence et qui fait que nous compliquer la vie, en fait. Car penser à comment pourrait être notre vie autrement, c’était simplement se torturer l’esprit. C’est vrai, on ne pouvait s’en prendre qu’à nous même, au fond car là où nous étions aujourd’hui, la personne que nous étions aujourd’hui, n’était que la conséquence de nos choix passés, et même si ses choix se sont avérés mauvais, il fallait les accepter quoi qu’il arrive, et apprendre à vivre avec, apprendre à faire de nos anciennes erreurs, un atout. Mais je savais que elle, ça n’était pas une erreur. Roxanna, n’était pas une erreur, car elle m’avait tout simplement sauvé la vie. Ca faisait con, à dire comme ça mais si je n’étais pas tombé amoureux d’elle, jamais, jamais je ne serais vivant à l’heure qu’il était. J’avais vraiment l’intention de le faire, j’avais même la dose de morphine qu’il fallait dans ma chambre pour pouvoir faire une overdose : simple, rapide, non douloureux, et efficace. Enfin, je préférais garder ça pour moi, car j’imaginais bien Roxy arriver telle une furie dans ma chambre, à tout retourner pour trouver les médicaments et les jeter par la fenêtre, les piétiner, les bruler, bref, s’en débarrasser.

« Je veux pas que tu penses à de telles choses. C'est ... Toi qui m'a appris à aimer en si peu de temps, Jude. J'aurais jamais voulu ouvrir mon coeur à personne, si Apple avait pas décidé de nous faire nous rencontrer... Si les choses se sont passé comme ça, c'est que ça devait se passer comme ça. On est ensemble, et y a rien de plus important. », dit-elle doucement. Je fronçais légèrement les sourcils, alors que je sentais son regard posé sur moi, avec ses grands yeux bleus. Rien que de la voir sourire comme ça, de l’entendre me dire tout ça….ça me faisait carrément fondre sur place. J’avais l’étrange sensation que plus le temps passait, plus elle parlait, plus je tombais amoureux d’elle : et là, des nouveaux « si », s’installaient dans mon esprit, me faisant encore imaginer pleins de choses farfelues, comme et si je replongeais et qu’elle finissait par me quitter ? Ou tout simplement, et si elle finissait par me quitter, se rendant compte que je n’étais qu’un abrutis dépressif trop pauvre pour la rendre heureuse. Je savais qu’elle n’était pas comme ça, mais je ne pouvais pas m’empêcher d’y penser, c’était plus fort que moi…

Elle retira son doigt de mes lèvres, et j’aurais voulu lui demander de ne pas le faire, j’aimais tant sentir le contact de sa peau sur la mienne, de ses lèvres contre les miennes, se doigts s’entrelaçant avec les miens, tout ça….bordel, j’étais carrément dingue d’elle. « La seule chose que je sais aujourd'hui, c'est que ... Je t'aime. » Je me pinçais la lèvre, je sentais mon cœur s’accélérait et j’avais l’impression d’être tout abasourdis par ce que je venais d’entendre. Même si elle me l’avait dit tout à l’heure, c’était en réponse à mon je t’aime. Là, elle venait de le dire d’elle-même. Un petit sourire se dessina sur mon visage, « Et c'est bien la seule chose, avec toi, à laquelle je veux m'accrocher réellement. A nous. » J’hochais la tête, sans éloigner mon visage du sien, comme si j’avais besoin de cette proximité, comme si c’était vitale, de la sentir aussi proche, comme si j’avais peur qu’elle s’éloigne, et que je me réveille, me rendant compte que tout ça, n’était qu’un rêve et que jamais ça n’arriverait. J’avais peur de perdre à nouveau ma joie de vivre, peur qu’un jour, on m’appelle pour me dire qu’elle a eu un accident et qu’elle aussi, elle soit partie pour toujours, j’avais tellement la trouille…Je fermais les yeux quelques instants, sentant que ma main s’était mise soudainement à trembler : à chaque fois que je pensais trop au passé, ou à la douleur que j’avais pu ressentir, les effets du manque refaisaient encore plus violement leur apparition, ce qui était normal : je me droguais pour les oublier, mon cœur et mon cerveau ne comprenaient pas pourquoi je ne continuais pas. « J’t’aime…j’t’aime aussi…tellement que….j’suis juste mort de peur à l’idée de te perdre toi aussi… » Je soupirais légèrement, gardant mes yeux bien fermés en essayant de contrôler ce foutu tremblement de ma main droite qui ne voulait décidément pas s’arrêter, devenant même de plus en plus intense… Je chuchotais alors à voix basse, à moi-même à propos de cet effet de manque qui commençait à se déclencher vraiment, au mauvais moment… « Bordel c’pas le moment là…» Je détestais qu’elle me voit dans cet état, j’avais toujours détesté qu’on me voit dans un moment de faiblesse, depuis que j’étais petit et que les infirmières me regardaient avec toute la pitié du monde quand j’étais hospitalisé pour ma leucémie…

A man is not where he lives, but where he loves ⱷ Jude & Roxy

« J’t’aime…j’t’aime aussi…tellement que….j’suis juste mort de peur à l’idée de te perdre toi aussi… » Roxanna ne quittait pas du regard Jude, qui, lui avait fermé les yeux. Elle comprenait qu'il ait peur de la perdre, après tout, il avait perdu dans son entourage toutes les personnes qu'il aimait : Sa petite amie, sa mère, son fils ... Comme quoi le sort devait s'acharner sur lui, et il devait avoir peur qu'un jour, la blondinette à son tour disparaisse d'une façon ou d'une autre. Mais elle ne voulait pas qu'il ait les idées noires, qu'ils puisse imaginer ce genre de chose. Il ne se faisait que tu mal de cette façon, et ça faisait de la peine à la jeune danseuse de la maison Eliot. Elle désirait réellement qu'il aille de l'avant, sans bien entendu oublier ces personnes, mais qu'il voit le bon côté des choses, qu'il ait confiance en l'avenir, et en ce qu'il pourrait lui apporter. Pas de malheur, juste une vraie vie sans dépression, sans drogue, ou autres médicaments. Roxy fit glisser sa main sur la joue de Jude. Il semblait contrarié, et elle crut alors que c'était suite à ce qu'il venait de dire. « Dis pas ça ... Tu me perdras pas Jude. Je te le promets, je te laisserais jamais tout seul. Plus jamais. » Elle n'avait pas été présente avant, puisqu'elle ne le connaissait pas à l'époque, mais aujourd'hui, les choses étaient différentes : Si Apple avait présenté Roxanna à Jude, c'est parce qu'elle savait que son amie pourrait aider son meilleur ami à remonter la pente. Et visiblement, elle n'avait pas eu tort, et Roxanna ne comptait pas s'arrêter en si bon chemin.

Jude fronça les sourcils, et murmura quelque chose. « Bordel c’pas le moment là…» Sur le moment, Roxy ne compris pas, et regarda Jude bouche bée, intriguée. Puis elle baissa la tête, et resta figée par la surprise : Sans qu'elle s'en rende compte, la main droite de Jude s'était mise brusquement à trembler. Faisait-il une crise due au manque de drogue ? Tous ces évènements avaient du le chambouler, sans songer au fait qu'aujourd'hui, il avait failli craquer. Immédiatement, alarmée, Roxanna attrapa la main du jeune homme entre les siennes, et leva le visage vers lui. « Jude ... Ta main! Viens par là. » La jeune fille tira le bras de son petit ami pour le faire avancer dans la chambre, et lui retira sa veste avant de le laisser s'assoir sur son lit. Il semblait réellement gêné par le fait que sa main se soit mit à trembler si soudainement, mais Roxanna n'avait pas honte, ou quoi que ce soit d'autre. Elle avait juste légèrement peur pour lui, mais elle savait qu'ensemble ils pouvaient gérer la situation. Elle s'installa à ses côtés après avoir posé sa veste sur le porte manteaux, et reprit sa main dans la sienne, entrelaçant leurs doigts tant bien que mal avant de serrer sa main contre elle, comme si elle essayait d'arrêter les tremblements incessants. « Ça va aller ... Il y a quelque chose à faire pour que ça s'arrête, tu veux que je fasse quelque chose ? Ou il faut attendre ? » Elle garda la main de Jude dans la sienne, et le serra contre lui doucement de sa main libre. Elle ne comptait partir en aucun cas, même si cela le mettait mal à l'aise, elle comptait l'aider, et lui montrer qu'elle n'avait pas peur, qu'elle pouvait affronter ça même sans rien y connaître. Juste lui offrir sa présence même dans les moments durs tels que le manque.

There's so much that I'm going throught
I wouldn't be here if it wasn't for you

Nous n’avions pas encore vu les effets du manque, dans mes cours. Du moins, je n’avais pas encore eu de cours à propos des drogues ou ce genre de chose, ce qui serait, en soit, assez ironique quand on sait le nombre d’étudiants en médecine qui consomme ce genre de substances : sous toutes les formes, d’ailleurs. En première année, on commence à prendre quelques médicaments afin de pouvoir réviser le plus longtemps possible, ne pas fatiguer et pouvoir travailler longtemps. Après, les choses vont très très vites : en deuxième année, quand la masse de travail est beaucoup moins conséquente, on commence à être invité aux fêtes et à faire des fêtes : les étudiants en médecine étaient aussi connus pour leurs grosses et nombreuses fêtes et beaucoup se font avoir : ils arrêtent de bosser, allant beaucoup trop faire la fête, et loupent leurs années. Personnellement, j’avais toujours été assez « chanceux », de ce côté-là car je savais faire la fête, et travailler à côté. En fait, je n’avais pas besoin de travailler des masses, pour réussir mes examens et tout ça. Comme ma mère me disait souvent : j’étais intelligent, mais trop fainéant. Elle ne cessait de me dire que si je travaillais un peu plus, je pourrais même avoir des meilleures notes. Enfin, moi, je n’avais pas attendu d’être en fac de médecine, pour commencer les conneries avec la drogue et l’alcool, au plus grand désespoir de ma mère d’ailleurs, qui tentait d’essayer de me faire arrêter tout ça, en vain.

« Jude ... Ta main! Viens par là. » Je me pinçais la lèvre, fermant le poing afin d’essayer d’arrêter de trembler. Je me sentais un peu honteux, de trembler comme ça devant elle : d’habitude, j’essayais de tout faire pour ne pas qu’elle me voit comme ça, et même quand elle venait chez moi et que j’étais en état de manque, sa présence arrivait à m’apaiser et les effets s’estompaient, me permettant de pouvoir cacher un peu les « symptômes ». Je ne répondis rien, alors que la jeune femme glissa sa main dans la mienne, toujours aussi tremblante, la serrant bien dans la sienne avant de me tirer pour me faire avancer dans la chambre. Elle me retira ma veste, je la laissais faire, fronçant les sourcils : j’avais peur que les effets soient de pire en pire, et je n’avais vraiment pas envie que ça arrive, pas maintenant, pas devant elle et surtout, pas ce soir. C’était la saint valentin, notre première saint-valentin. Je m’asseyais sur le bord de mon lit, la regardant aller mettre mon manteau sur mon porte manteau à côté du sien. Elle s’asseyait près de moi à nouveau, et je demeurais silencieux, ne sachant pas quoi dire bien que je n’avais qu’une seule envie : celle de m’excuser. Elle glissa à nouveau sa main dans la mienne, la serrant fort, même cela n’arrêtaient en rien les tremblements.

Je soupirais, m’approchant un peu plus d’elle, fermant les yeux pour essayer de contrôler ma main mais rien n’y faisais, il fallait absolument que j’arrête de penser à tout ça, il fallait juste que je me vide la tête et que je ne pense à rien, ou alors, à quelque chose d’ « heureux ». Mais se vider la tête, ça n’était pas si simple que ça, à vrai dire. « Ça va aller ... Il y a quelque chose à faire pour que ça s'arrête, tu veux que je fasse quelque chose ? Ou il faut attendre ? » J’hochais la tête négativement, ouvrant les yeux pour la regarder, posant ma main libre au-dessus de la sienne alors que je pris une grande inspiration. « Nan…enfin faut juste…que j’pense à autre chose que….que j’me calme», murmurais-je avant de lui afficher un léger sourire, certainement pour la rassurer : je pouvais comprendre que je la situation la déstabilise un peu, ou même lui fasse peur : moi aussi ça m’avait assez impressionné la première fois que ça m’était arrivé et je m’en voulais vraiment, de lui imposer tout ça, mais dans un sens, je ne voulais pas qu’elle parte et qu’elle me laisse tout seul : c’était dans ces moments-là que j’étais le plus vulnérable. « Mais…rien que le fait qu’tu sois là…c’est déjà beaucoup…», continuais-je à murmurer doucement avant de me pencher vers elle pour l’embrasser rapidement avant de poser mon front contre le sien, fermant les yeux et me concentrant pour tenter d’arrêter ce foutue tremblement : je le sentais faiblir légèrement, mais il était toujours là… Après quelques minutes de silence, alors que les tremblement s'estompaient petit à petit, j'ouvrais les yeux pour la regarder : « Si tu veux, tu peux aller voir dans le tiroir de mon armoire, j'te laisse choisir ton pyjama » Je ris légèrement, faisait référence au fait que j'allais lui prêter de quoi dormir ce soir, un tee-shirt à moi, qui serait, certainement beaucoup trop grand pour elle.

A man is not where he lives, but where he loves ⱷ Jude & Roxy

En panique totale, Roxanna ne savait réellement pas quoi faire pour calmer les tremblements incessants de Jude. Il semblait lui même agacé par la situation, ce qui était compréhensible, mais il tenta néanmoins de rassurer la jeune fille avec un sourire. « Nan…enfin faut juste…que j’pense à autre chose que….que j’me calme» Dire qu'elle était dépassée par la situation relevait de l'euphémisme : Elle n'avait jamais eu affaire à ce genre de situation, puisque sa seule amie qui s'était déjà drogué, Holly, l'avait fait dans son dos. Billie aussi, mais c'était du passé. Alors, tout ce qu'elle pouvait faire, maintenant, avec le jeune homme, c'était manifester sa présence du mieux qu'elle le pouvait. Elle gardait sa main dans la sienne fermement, elle ne s'arrêtait pas de trembler. « Mais…rien que le fait qu’tu sois là…c’est déjà beaucoup…» La jeune fille fit un léger sourire et prit l'initiative de s'assoir sur les genoux de Jude, lui faisant face. Elle garda sa main serrée contre elle, et l'embrassa du bout des lèvres, doucement. « Je suis là. Ça va passer, on va attendre calmement.. » Jude posa son front contre celui de Roxanna, et elle caressa doucement son nez avec le sien en fermant les yeux, attendant que les tremblements de sa main cessent. Au bout d'un certain temps, les tremblements semblèrent ralentir, mais Roxy ne se décolla pas de Jude pour autant. Elle garda fermement sa main dans la sienne, et passa l'autre dans son dos en enfouissant son visage dans son cou, respirant calmement. Le temps passait tellement vite lorsqu'elle était comme ça dans ses bras ...

Au bout d'un certain temps, il ne tremblait presque plus. Roxanna recula un peu son visage et fit un léger sourire à Jude. « Si tu veux, tu peux aller voir dans le tiroir de mon armoire, j'te laisse choisir ton pyjama » La blondinette baissa les yeux et se regarda : Ah oui, en effet, elle était toujours dans sa robe de soirée, avec ce qu'il s'était passé elle avait presque oublié ! Elle se redressa en riant, et réajusta sa robe. « Bonne idée, je vais voir si tu as un tee shirt capable de me satisfaire, ô grande compliquée que je suis. » Ses lèvres s'étirèrent en un fin sourire, même si oui, lorsqu'elle faisait les boutiques elle était compliqué, pour dormir elle pourrait bien porter un tee shirt vert à pois roses que ça ne la dérangerait pas. Elle avança vers l'armoire de Jude et s'accroupit pour en ouvrir le tiroir, en faisant en sorte difficilement de ne pas tomber : Hum, il faudrait qu'elle songe à retirer ses talons, elle se disait aussi, que Jude n'avait pas rapetissé. Roxanna ne réfléchit pas bien longtemps et attrapa un tee-shirt blanc simple, mais assez long. De toutes manières, les tee shirts de Jude lui faisaient office de tunique, vu la taille ridicule qu'elle avait à côté de lui. Elle se tourna vers l'étudiant en montrant le tee shirt, et fit un sourire « Je pense que celui ci me satisfera ! Je peux ... T'emprunter la salle de bain? » Il acquiesça, bien évidemment, et elle fonça dans la salle de bain en refermant la porte derrière elle avec soin. Il lui fallu relativement peu de temps pour se préparer, elle retira simplement sa robe, et la plia correctement, et se débarrassa de son collant. Elle s'appuya contre le lavabo, zut, pas de démaquillant, ici c'est une chambre de garçon. Elle passa donc son visage à l'eau fraîche, et se débrouilla pour retirer son maquillage, et dompter ses cheveux blonds. Robe et chaussures en main, elle retourna dans la chambre timidement. « And I'm baack ! » dit-elle avec un petit sourire en posant ses affaires près de son manteau, avant de revenir vers Jude.

There's so much that I'm going throught
I wouldn't be here if it wasn't for you

J’aurais bien aimé voir la tête de mon meilleur ami, Ezra si il m’avait vu au bal de la saint-valentin, ou même habillé comme je l’étais ce soir. Ca n’était tellement pas mon genre et il n’avait, lui non plus, vraiment pas l’habitude de me voir comme ça. Même la manière dont je me comportais avec Roxanna, ça le ferait bien rire. En fait, je lui avais parlé récemment, et je lui avais même parlé de mon sevrage quant à la drogue, et de ma décision de…tout recommencer à zéro ? Parce que c’était un peu ce que je faisais, j’essayais de vider ma tête de tous ses souvenirs qui me pourrissaient la vie, me vider la tête de toutes les pensées assez noires qui pourraient me faire faire quelque chose de débile. De vraiment, très débile. C’était difficile, de chasser tout ça de sa tête, de faire le vide complet dans sa tête quand on est comme moi : à toujours tout analyser, à toujours….toujours penser. Elle était assise sur mes genoux, tenant ma main dans la sienne du plus fort qu’elle le pouvait, rangeant son visage dans mon cou. Ca me calmait, ça m’apaisait mais ça me forçait, également de me calmer le plus vite possible. Bien sûr que je ne contrôlais pas les tremblements, et si j’avais pu m’en passer, je m’en passerais volontiers. Mais je n’avais pas le choix, je ne savais pas dans combien de temps je ne ressentirait plus aucun effet du manque, mais je savais que ça n’était pas fini et que le chemin risquerait d’être encore long, et difficile mais je devais y arriver. Je devais y arriver, rien que pour elle. Qu’elle n’ait pas à subir que le replonge, ne pas subir de devoir me voir défoncé, car lorsque ça arrivait, ça n’était vraiment pas joli à voir : parfois, je pouvais même oublier comment je m’appelais, tellement ça m’aidait à faire le vide dans ma tête et à ne plus penser à rien.

La jeune femme n’avait même pas l’air de s’être souvenue qu’elle était encore en tenue de soirée. Non pas que ça me déplaisait, de la voir comme ça, parce qu’elle était vraiment, vraiment belle, mais bon, il fallait bien qu’elle se mette un peu plus à l’aide et j’étais persuadé que les collants, et les talons, ça n’était pas le summum du confort. Enfin, je présumais, je ne pouvais pas en être sûr, après tout. « Bonne idée, je vais voir si tu as un tee shirt capable de me satisfaire, ô grande compliquée que je suis. », dit-elle alors qu’elle avait ses lèvres juste près des miennes, les frôlant à peine. Je souris légèrement, et elle se recula pour aller voir là où je lui avais dit, dans le tiroir de l’armoire juste face à mon lit. Je la regardais faire, riant légèrement alors qu’elle avait manquée de perdre l’équilibre en se baissant. Je refermais le poing, qui n’était plus tremblant et je la regardais, souriant en la voyant sortir un tee-shirt blanc simple. Elle se redressa et me souris. « Je pense que celui-ci me satisfera ! Je peux ... T'emprunter la salle de bain? » Je souris et j’hochais la tête, lui disant qu’elle pouvait faire comme chez-elle. Je la regardais entrer dans la salle de bain et je me levais, prenant une grande respiration alors que j’allais fermer les rideaux de la fenêtre de ma chambre et j’allumais la lampe de chevet pour éclairer un peu plus la chambre.

J’en avais profité pour me changer rapidement, enfilant un pantalon de pyjama, restant torse nu comme j’avais l’habitude de dormir d’habitude. J’étais retourné sur le lit quand elle sortit de la salle de bain, avec sa robe et ses chaussures en mains. « And I'm baack ! » Je ris légèrement, lui faisant signe de revenir s’assoir sur mes genoux. Une fois fait, j’enroulais mes bras autour d’elle et j’approchais mes lèvres de sa joue, tout près de son oreille pour murmurer en souriant, « C’est bien c’que je pensais, ce tee-shirt te va très bien… » . Je reculais mon visage pour lui sourire et je la regardais, quelques temps en caressant sa joue. Je soupirais légèrement et à mon tour, je cachais mon visage dans son cou, en y déposant des petits baisers. « T’a besoin de rien ? T’a passé une bonne soirée ? » , murmurais-je en gardant mon visage dans son cou. « J’suis désolé pour tout à l’heure…» , ajoutais-je calmement. Je parlais des tremblements, je savais qu’elle allait me dire que ça n’était pas grave, mais je me devais de lui dire quand même, car je l’étais vraiment : j’étais vraiment désolé pour ça…

A man is not where he lives, but where he loves ⱷ Jude & Roxy

Elle avait bien du se re-regarder dans le miroir deux ou trois fois avant de se décider à retourner dans la chambre ou se trouvait Jude. C'est vrai, après tout, elle avait passé la soirée à danser, marcher, maquillée, perchée dans des chaussures à talons vertigineux, dans une robe où elle n'était pas forcément à l'aise ... Forcément, une fois débarrassée de tout ça, elle était obligée de faire attention à ne pas ressortir avec une tête de folle. Elle ferma les yeux en se rafraichissant le visage, et passa ses deux mains dans sa longue crinière blonde. Même après une telle soirée, elle n'avait pas le moindre noeud. On lui avait toujours dit qu'elle avait des cheveux de Barbie. Une fois prête, elle poussa la porte de la chambre, posa ses affaires, et se dirigea vers Jude. Celui ci, souriant, lui fit signe de venir s'installer sur ses genoux, et, bien évidemment, la belle demoiselle ne se fit pas prier, s'asseyant délicatement sur les genoux de son petit ami avec un petit sourire. Il enroula ses bras autour de l'étudiante, qui se laissa faire, un sourire aux lèvres. Elle se positionna correctement et fit passer ses deux bras autour de Jude à son tour. Celui ci murmura tout près de son oreille, son souffle chatouillant sa peau : « C’est bien c’que je pensais, ce tee-shirt te va très bien… » Roxy fit un sourire et baissa la tête en tirant légèrement sur le tee shirt pour le regarder. Il était large, mais les vêtements pour homme ça lui avait toujours été apparemment. Elle fit un léger rire. « C'est vrai, je l'aime bien beaucoup ! » dit-elle simplement en haussant les épaules, avec un petit sourire.

Jude positionna son visage dans le cou de la blondinette, et celle ci posa une main derrière sa nuque, la caressant doucement. « T’a besoin de rien ? T’a passé une bonne soirée ? » Si elle avait passé une bonne soirée ? Sans aucun doute la plus belle, la plus simple mais la plus douce depuis longtemps. Doucement, elle hocha la tête et resserra son étreinte autour de Jude, posant sa tête sur son épaule. « J'ai passé une merveilleuse soirée ... La plus belle depuis si longtemps ... Et tout ça c'est grâce à toi Jude. » Elle embrassa son épaule et y reposa sa tête aussitôt, alors qu'il continuait de parler.

« J’suis désolé pour tout à l’heure…» Roxy fronça les sourcils et recula son visage. « Désolé de quoi ? Je t'ai dit que j'étais là Jude, pour les bons comme les mauvais moments. Toujours. » Elle avait promis de l'aider, et s'y tenais. Hors de question qu'elle le laisse seul, surtout dans ce genre de situation. Elle reprit sa main dans la sienne et de celle libre, tourna son visage vers le sien pour l'embrasser avec tendresse. « Oublions ça. On est ensemble, il fait nuit, je suis dans tes bras, et même si je me répète, on est ensemble. Que demander de plus? » Roxanna rit légèrement, c'est vrai, elle ne pouvait pas être mieux que maintenant, assise contre Jude, le bonheur. En riant, elle le poussa, l'allongeant sur le lit. Elle posa une main de chaque côté du jeune homme et se pencha au dessus de lui, un sourire malin sur son visage angélique. Elle plongea son regard dans celui de Jude, et demanda, avec un sourire timide. « Et à toi, la soirée t'as plu ? Même si je sais qu'au début ça a pas si bien commencé ... » Dit-elle alors, faisait bien sur référence à l'épisode avec Kathleen.

❝And I, want you in my life,
And I, need you in my life... ❞

Le contact, le toucher. C’est drôle, à quel point ces deux choses, pouvaient être complètement différentes selon la personne. Depuis que j’avais perdu Aurore, ces deux petites notions ne provoquaient plus aucune sensation : je ne voulais plus, éprouver aucune sensation lorsqu’une femme me touchait, ou lorsque j’avais un contact avec elles. Je voulais juste être libre, et ne plus avoir à ressentir cette douleur, qu’on ressent et qui est si pénible, lorsque l’on perd quelqu’un. Roxanna avait vraiment de quoi être fière, car elle avait complètement changée l’état d’esprit dans lequel je me trouvais à ce propos. Elle était là, dans mes bras, je sentais sa peau contre la mienne et ses lèvres qui caressaient les miennes : mon cœur battait à une allure incroyable et je me sentais un peu nerveux, au fond, comme un adolescent qui aborde ce genre de chose pour la première fois de sa vie et qui ne sait pas comment s’y prendre, qui ne sait pas quoi ou comment faire. Elle se serrait un peu plus contre moi, et c’était à ce moment-là, que j’arrivais à faire le vide dans ma tête, à arrêter de penser au passé, comme si il ne m’était jamais rien arrivé de mal, j’avais l’impression d’être un autre homme et si les cicatrices que j’avais – sur les bras pour la drogue et dans mon dos pour la greffe – n’avaient pas été là pour me le rappeler, j’aurais très certainement vite oublié, ce passé qui me hantait et qui me pourrissait la vie tous les jours, qui faisait de moi ce garçon triste et déprimé que je pouvais être, sans aucun espoir.

« J'ai passé une merveilleuse soirée ... La plus belle depuis si longtemps ... Et tout ça c'est grâce à toi Jude. » Je frissonnais, sentant ses lèvres sur mon épaule alors qu’elle y déposait doucement sa tête. Je gardais mes bras autour d’elle, ne voulant la lâcher pour rien au monde. La maison était silencieuse, aucun bruit n’était audible, comme si nous étions seuls au monde, comme si il n’y avait qu’elle, et moi. Et dans mon monde, il n’y avait qu’elle. Elle, et personne d’autre, rien qu’elle et son sourire, ses grands yeux bleus me fixant d’un regard, qui voulait tout dire. Je souris, j’étais heureux de lui avoir fait passé une bonne soirée, heureux de pouvoir me construire de nouveaux souvenirs, des souvenirs heureux, des souvenirs avec elle. J’aurais donné tout ce que j’avais de plus cher, pour être sûr que jamais, ô non jamais je n’oublierais ces instants passés avec elle. Je savais que jamais je n’aurais dû m’excuser, pour les tremblements, mais ça avait été plus fort que moi, je voulais qu’elle le sache quand même, que j’étais désolé, tellement, tellement désolé…La petite blondinette recula son visage, pour me regarder et j’ouvrais les yeux pour pouvoir la regarder à mon tour ; « Désolé de quoi ? Je t'ai dit que j'étais là Jude, pour les bons comme les mauvais moments. Toujours. » Je me pinçais la lèvre et un léger sourire se dessina sur mon visage, sentant ses doigts se mêler à nouveau avec les siens alors que mes lèvres retrouvèrent à nouveau les siennes, et j’en aurais voulu encore, et encore, j’avais soif de ses lèvres, si je le pouvais, je les auraient tout le temps contre les miennes. « Oublions ça. On est ensemble, il fait nuit, je suis dans tes bras, et même si je me répète, on est ensemble. Que demander de plus? » J’hochais la tête et je fermais à nouveau les yeux, je me sentais tellement calme, tellement…serin, complètement à l’opposé de tout à l’heure quand ma main tremblait et que je paniquais intérieurement.

« Tu as raison… », murmurais-je doucement. Je ris avec elle alors qu’elle me poussa légèrement, m’obligeant à m’allonger alors qu’elle se pencha par-dessus moi. Je la regardais, me laissant complètement faire avec un petit sourire aux lèvres alors que je remontais mes mains dans son dos, que je caressais doucement. Son petit sourire timide me faisait carrément fondre, elle avait l’air d’une petite fille qui n’était pas trop sûre de ce qu’elle faisait et qui avait peur de faire une bêtise et de se faire gronder par la suite. « Et à toi, la soirée t'as plu ? Même si je sais qu'au début ça a pas si bien commencé ... » J’hochais la tête et je lâchais son dos pour pouvoir me redresser légèrement, restant tout de même toujours allongé, mais me redressant juste ce qu’il fallait pour approcher mon visage de celui de la jeune femme, m’appuyant fermement sur mes coudes, laissant uniquement un espace de quelques millimètres entre nos lèvres, entre nos visages. « La soirée était parfaite… », murmurais-je en souriant. Je n’avais pas replongé, et c’était grâce à elle. J’avais revu des amis et même si j’avais fait un peu le con avec les Mather, je n’avais pas touché à aucune drogue et je n’avais même pas pu, ou du moins, beaucoup moins que d’habitude lorsque j’allais en soirée ou que les Mather en organisaient une. Restant dans cette position, j’approchais mes lèvres de sa joue, pour y déposer des brefs, mais tendre baisers, allant de la commissure de ses lèvres jusqu’à son oreille, pour lui murmurer à nouveau, « Toutes les soirées sont parfaites quand j’les passent avec toi… », soufflais-je au creux de son oreille avant d’y déposer aussi mes lèvres doucement, redescendant calmement mes baisers dans le haut de son cou avant de reculer pour lui sourire et me laisser tomber à nouveau contre le matelas afin d’être allongé, ayant peur d’aller un peu trop loin. Je me sentais sourire bêtement, mais je n’y pouvais rien. Je la regardais dans les yeux alors que je remontais une main pour caresser sa joue, avant de reposer mes deux mains sur sa taille. Je me pinçais la lèvre et j’ajoutais, « T’es vraiment belle, mon amour… »

A man is not where he lives, but where he loves ⱷ Jude & Roxy

Elle mesurait chacun de ses mouvements, hésitants, comme une enfant qui découvrait ce que c'était que d'être face à un homme. Lorsqu'elle poussa Jude à s'allonger, elle eut comme un mouvement de stop, de distance instinctif. Elle savait qu'elle pouvait ce permettre ce genre de marque d'affection avec Jude, mais dans un autre sens, elle n'était pas prête à aller trop loin. Quoi qu'il en soit, elle décida malgré tout de se pencher au dessus de lui en prenant appui sur ses deux mains, plongeant son regard dans le sien avant de lui demander si la soirée lui avait plu, timidement. C'est vrai, après tout, elle était en train de lui demander ça à califourchon sur lui, simplement vêtue d'un tee shirt et d'un bas de sous vêtements. Il se redressa sur ses coudes, se rapprochant ainsi de la blondinette. Leurs visages n'étaient séparés que par une fine distance, et elle frissonna en sentant ses mains dans son dos, et son souffle contre sa peau lorsqu'il murmura: « La soirée était parfaite… » La jeune fille se pinça les lèvres en souriant, flattée par sa phrase, mais n'eut pas le temps de répondre, ayant rapidement le souffle coupé : Il approcha ses lèvres de sa joue, tout près de ses lèvres, qu'il embrassa, en remontant jusqu'à son oreille dans une ligne de baisers. Un frisson parcourut son échine, et son coeur battait à mille à l'heure. Un contact si simple, et pourtant qui allumait chacun de ses sens. Sa main attrapa le drap, son poing se serrant doucement dessus alors qu'elle se forçait à rester de glace pendant qu'il murmurait au creux de son oreille : « Toutes les soirées sont parfaites quand j’les passent avec toi… » Roxanna se mordit la lèvre inférieure, totalement figée. Sa tête bacula en arrière dans un mouvement automatique lorsque Jude vint loger ses lèvres dans son cou. Elle qui aimait jouer les allumeuses, dès que ça devenait sérieux, elle était à la merci de Jude. Elle se rendait compte qu'il avait un contrôle sur elle qu'aucun homme n'avait jamais eu auparavant. Peut-être parce que d'habitude, elle ne faisait que jouer ? Elle balbutia non sans mal en baissant les yeux : « Tant ... Tant mieux alors, ça me rassure ... » Elle se pinça les lèvres, et lorsque Jude s'allongea de nouveau sur le lit, elle souffla légèrement, encore chamboulée par la tendresse du moment. Car même si elle était effrayée que cela aille trop loin, son coeur lui, battait la chamade car elle s'était vraiment sentie prête à lâcher prise. Son coeur et son corps le désirait, mais sa raison, elle, la bloquait.

Roxy rendit son sourire à Jude, un sourire timide mais sincère. Lorsque sa main se leva pour passer sur sa joue, elle ferma les yeux doucement, puis les rouvrit lorsqu'il posa ses mains sur sa taille. Elle plongea son regard dans le sien, et se pencha un peu plus en avant, posant désormais ses coudes sur le matelas pour coller sa taille au corps de Jude. « T’es vraiment belle, mon amour… » La jeune danseuse rougit légèrement, face au compliment, et à la façon dont il l'avait appelée. Après tout, tout à l'heure elle l'avait appelé mon coeur avec assurance, mais c'était surtout pour faire comprendre à Kathleen qu'elle était la copine de Jude, sinon, elle aurait été beaucoup plus timide. Elle leva sa main droite, restant en appui sur son coude gauche, et caressa doucement la joue de Jude, en descendant le long de son cou sans le quitter du regard : « Merci ... C'est gentil .. » Elle se pencha d'avantage pour combler l'espace entre leurs lèvres, l'embrassant avec tendresse. Lorsqu'elle sépara de nouveau leurs visages, elle ne laissa qu'une poignée de centimètres les séparer, soufflant tout bas presque contre ses lèvres : « Mais je dois bien avouer que de nous deux, tu me dépasse mon coeur.. »