Un grognement glissait entre mes lèvres tandis que je me tournais dans le lit froid. Putain de merde. Personne ne pouvait venir pour balancer mon téléphone quelque part à des milliers de kilomètres de moi ?! Pitié. Je n’en pouvais plus de ces sonneries incessantes. Les notifications s’accumulaient si rapidement. Des messages. Des appels. Et, bordel, chaque sonnerie déclenchait la lancinante douleur de mon crâne à chaque fois. Ça me heurtait tellement. Je n’en pouvais plus de cette souffrance. Je voulais simplement dormir. Était-ce trop demander ? J’avais vraiment abusé hier soir avec Heather. Les souvenirs restaient flous, mais je savais que j’y étais allé fort. Trop fort. Et putain, après ce qui s’était passé avec Mayron, j’avais vraiment besoin de profiter de mon samedi pour dormir. Je voulais reposer mon corps courbaturé. Je désirais reposer mon esprit complètement explosé. J’avais tant besoin de me couper de tout ça pour quelques heures encore. Damn it, pourquoi n’avais-je pas mis mon téléphone en silencieux pour cette nuit au moins ? Cela aurait été raisonnable. Non… Non… Cela aurait été trop idiot. Lukas était en Italie. Je lui avais promis d’être là si jamais il avait besoin, si jamais il faisait une crise. Et il m’était impossible d’être présent si je n’entendais pas mon téléphone sonner pour me signaler l’arrivée de messages. Alors, depuis qu’il était parti, mon portable restait sur sonnerie. Tout le temps. Même au travail. Et, putain, en cet instant, je regrettais vivement mon choix. Ça faisait trop mal. Ça heurtait si violemment. Pourquoi Nixon ne montait pas pour venir couper mon téléphone ? Il avait bien vu l’état minable dans lequel je me trouvais ce matin. Pourquoi ne venait-il pas me sauver de cet enfer auditif que j’étais en train de vivre ? Le silence se faisait soudainement dans la chambre. Une seconde. Deux secondes. Trois secondes. Oh… Est-ce que c’était terminé ? J’allais pouvoir replonger dans ce sommeil réparateur dont j’avais follement besoin.

Je sombrais de nouveau. Doucement. Réellement. Mais, un nouvel appel se déclenchait et je finissais par me redresser poussé à bout. Un gémissement glissa entre mes lèvres sous la douleur qui se réveillait partout dans mon corps. Je grognais sous la douleur qui charcutait mon crâne. Avisant la bouteille d’eau posé sur la table de nuit, je m’empressais de l’attraper pour la porter à mes lèvres et laisser le liquide me soulager un peu. Et, les yeux à moitié ouverts, j’attrapais mon portable pour observer mon écran. Le prénom de Lukas se dessinait dessus. Son visage apparaissait sous mes yeux. Et… Oh shit. Toutes les notifications venaient de lui. Une dizaine de messages que je ne prenais même pas le temps de parcourir parce que j’avais déjà loupé tellement d’appels… Tout en me traitant d’idiot, je m’empressais d’appuyer sur le bouton vert de mon téléphone emplie d’une inquiétude qui accélérait si vivement mon cœur. Je portais le téléphone à mon oreille sifflant aussitôt un « Bé… » que je ne pouvais même pas terminer parce que la voix de Lukas résonnait. Il allait vite. Beaucoup trop vite. Il me balançait des bouts de mots au visage. Des bouts de mots que j’avais tellement de mal à assembler. Ça ressemblait à un charabia incompréhensible pour moi tant je ne parvenais pas à me concentrer dessus. Les sourcils froncés, je repoussais rapidement les couvertures de mon corps pour quitter le lit. Tanguant légèrement, je me rendais vers la salle de bain simplement vêtu de mon boxer. Prenant soin de fermer la porte à clé, je fermais les yeux un instant alors que la voix affolée continuait à l’autre bout du fil. Mon cœur s’accélérait si violemment. Ce que je redoutais arrivait réellement. Ce que je redoutais était en train de se passer. Mon sexy musicien se trouvait victime d’une crise qu’il ne pouvait pas contrôler. Une crise que j’étais sans doute le seul à pouvoir faire passer… Quand j’étais près… Quand je n’étais pas loin. Comment allais-je faire aujourd’hui ? « Amore… Amore… » Je tentais d’attirer son attention pour le stopper dans ce monologue qui me passait au-dessus de la tête. Je ne voulais pas comprendre. Je n’étais pas en état pour comprendre. La seule chose qui comptait était la panique que je ressentais et qui pulsait si violemment. Cette panique qu’il ressentait et qui faisait écho en moi comme si j’étais trop lié à lui. Mon intervention ne servait à rien. Il ne m’entendait pas. Est-ce que je devais hurler pour le faire réagir ? Je n’en avais pas envie. Mais avais-je le choix ? Mes prunelles se relevaient sur le miroir face à moi. Je croisais mon reflet catastrophique suite à cette folle soirée. Et, m’appuyant contre le lavabo, les yeux fermés, je gueulais « HO ! STOP ! STOP ! STOP !»

Alléluia, ça fonctionnait. Le silence se faisait. Je n’entendais plus que la respiration beaucoup trop rapide de Lukas. Une respiration qui me faisait paniquer. Prenant sur moi, je reprenais la parole doucement « Ok… Mon amour… J’ai besoin que tu te calmes… J’ai foutrement rien compris à tout ce que t’as dit… Mais, c’est pas grave… Tu dois te calmer trésor… J’suis là d’accord… J’suis là et ça va aller… » Je me laissais glisser au sol m’adossant au mur frais de la salle de bain avant de reprendre la parole. Il ne fallait pas que je laisse le silence s’installer. « T’es en Italie mon chéri… J’peux pas venir te chercher t’sais bien… Il me faudrait des heures pour arriver… Il faut que tu te concentres sur ma voix bébé… Juste moi… J’suis peut-être pas à côté de toi, mais je suis là quand même d’accord… » Je frottais mon front laissant échapper un grognement sous la douleur si aiguë. Ma langue glissait sur mes lèvres et je continuais. « Mon cœur… J’suis avec toi et je te laisserai pas… Ça va aller Amore… Juste calme-toi… Respire… Doucement… Fais comme moi… Allez… Comme moi bébé… » Lentement, je me mettais à imposer un rythme à ma respiration que j’exagérais. Un rythme lent, mais fort pour qu’il l’entende et se mette à le suivre. Un rythme qu’il devait suivre pour se calmer. Un rythme qui me poussait à fermer les yeux dans l’espoir que ça fonctionnerait.

Est-ce qu’on pouvait cesser de cogner aussi fort à l’intérieur de mon crâne par pitié ? Je ne parvenais absolument pas à me concentrer sur autre chose que sur cette douleur qui me heurtait si violemment. Cette douleur qui aurait pu finir par s’effacer si j’avais pu dormir en paix pendant de nombreuses heures encore. J’étais tellement épuisé. Du repos était tout ce qu’il me fallait ouais. J’avais accumulé les erreurs cette semaine. Cette semaine n’avait pas été calme et elle avait complètement retourné mon cerveau. Sur le point d’exploser, j’avais tellement fait le fou hier avec Heather. Je n’avais eu aucune limite à consommer et je me retrouvais dans un état plus que pitoyable à présent. Je voulais juste me reposer. Nixon me laissait me reposer tranquillement. Mais, putain, je ne pouvais pas échapper à la vague de douleur dans mon être. Je ne pouvais pas échapper à l’explosion de mes pensées qui se remettait à tourner parce que cette foutue sonnerie m’avait tiré hors des songes. Elle ne s’arrêtait pas. Mon téléphone ne cessait jamais. Je l’ignorais royalement, mais il continuait de façon incessante. Il m’attirait toujours plus loin du repos salvateur dont j’avais tellement besoin. Putain, qui pouvait s’acharner comme ça sur moi ? Je n’en savais rien. Je ne savais plus réfléchir. Alors, après une énième sonnerie, je finissais par craquer. Je ne pouvais plus rester là à l’entendre sans parvenir à me reposer. Avec un peu de chance, je pourrais retourner me coucher après avoir réglé cette histoire d’appel. Me redressant dans le lit, je bougeais malgré la douleur vrillant mon crâne et les courbatures heurtant mon être. Mes yeux se posaient alors enfin sur l’écran. Lukas… C’était lui qui tentait de me joindre depuis de si longues minutes. Mon cœur s’affolait aussitôt. Et, malgré les douleurs cognant en moi, je me sentais soudainement un peu trop éveillé. J’avais loupé tellement de messages. J’avais manqué tant d’appels. La crise avait dû empirer non ? Et putain, j’étais tellement loin de lui. Même si je sautais dans un avion là tout de suite, ce serait trop long. Je ne pouvais pas le rejoindre. Il fallait que je démerde à distance et ce n’était pas gagné ça.

J’appuyais rapidement sur le bouton vert portant mon téléphone à mon oreille. J’agissais comme si j’étais parfaitement réveillé et capable de tout encaisser. Mais, putain, ce n’était absolument pas le cas. Je me faufilais dans la salle de bain fermant à clé et je ne parvenais guère à me concentrer sur le babillement incessant de Lukas. En même temps, il allait si vite. Il bouffait la moitié de ses mots comme si j’étais en mesure de comprendre le langage à demi-mot qu’il m’offrait en cette foutue journée. C’était incompréhensible pour mon cerveau en décalé. Ce n’était pas avec ces moitiés de mots que j’allais pouvoir comprendre quoi que ce soit. Pas aujourd’hui. Alors, je tentais d’attirer son attention pour qu’il se calme. Je tentais de le stopper pour qu’il puisse m’aider à mieux comprendre et à le suivre dans son histoire. Malheureusement, mon intervention était inutile. Et, sa panique commençait à faire écho en moi. Mon ventre se tordait désagréablement. Mon cœur me faisait mal. Mes prunelles croisaient mon reflet trop catastrophique après cette folle soirée que j’avais passé avec Heather. Cette folle soirée dont les souvenirs restaient encore flous dans ma tête. M’appuyant contre le lavabo, je respirais plusieurs fois avant de gueuler plusieurs stop pour l’arrêter. Il fallait que le flot de paroles cesse. Il fallait qu’il se reconnecte à la réalité. Et, même si hurler me faisait tellement mal à la tête, je le faisais et ça fonctionnait. Le silence se faisait. Mes prunelles se levaient vers la porte de la salle de bain alors que j’espérais que Nix’ ne m’ait pas entendu. Je ne voulais pas l’inquiéter. Rien ne semblait venir alors je me concentrais de nouveau sur cet appel. Je me concentrais sur la respiration de mon sexy musicien. Elle était trop rapide. Je tentais de reprendre la parole lui avouant que je n’avais pas compris ses mots, mais que ça ne comptait pas. Je lui disais que j’étais là et qu’il devait se calmer. Oops… Le fait que je n’ai pas compris l’histoire ne semblait pas lui plaire puisque Lukas se remettait à babiller des syllabes qui n’avaient aucun sens pour mon cerveau trop entortillé. Le prénom de Kat’ passait entre ses lèvres. Ça je le comprenais. Alors quoi ? Quelque chose s’était passé avec Katalia ? Est-ce que je pouvais lui écrire pour tenter de comprendre ? C’était elle qui était proche de Lukas. C’était elle qui pourrait intervenir en cas de grosse urgence. Elle le pourrait mieux que moi. Basculant mon téléphone sur haut-parleur pour ne pas prendre le risque de le perdre, je décollais le mobile de mon oreille. Et, toujours sans jeter un œil aux messages que Lukas m’avait envoyé, j’écrivais un rapide texte à Katalia qui ne tardait d’ailleurs pas à m’envoyer une réponse. Une réponse qui venait apporter la lumière sur la situation.

Mes yeux se posaient sur les mots que je relisais plusieurs fois comme pour être certain de bien comprendre, comme pour être sûr que ce n’était pas mon cerveau qui me jouait un tour. Alyson… L’amie décédée de Lukas… Alyson était la femme qui avait enlevé et retenue Kat’. Putain de merde. C’était ça qui s’était passé pendant la disparition de Katalia ? Nous n’avions pas encore eu l’occasion d’en parler parce que je ne voulais pas avoir cette discussion derrière un écran. Je voulais être là pour elle et pouvoir la prendre dans mes bras. Les mots tombaient et ça faisait trop pour moi. Trop pour cette semaine. Trop pour cette journée. Trop pour mon cerveau. Je me laissais glisser au sol m’adossant au mur frais de la salle de bain. C’était tellement agréable pour ma peau si brûlante. Lentement, je reprenais la parole pour replacer mon sexy musicien dans le contexte. Il était en Italie et je ne pouvais pas venir le chercher. Il me faudrait des heures pour arriver jusqu’à lui alors il devait se concentrer sur ma voix. Si je ne pouvais pas lui apporter une présence physique, j’étais tout de même là. Lukas soufflait qu’il devait partir ? Et le mot ‘enlevé’ passait aussi non ? Je frottais mon front grognant sous la douleur qui cognait si vivement. J’ignorais les mots essayant de le récupérer. J’essayais de l’aider à se calmer le poussant à respirer comme moi. Et j’exagérais ma respiration pour la lui faire entendre. Mais, putain, il ne suivait pas vraiment. Il était encore tellement perdu dans sa tête, dans son angoisse. Il était trop perdu dans toutes ces histoires. J’avais envie d’hurler. Je voulais m’énerver. Mais, au lieu de ça, je baissais la tête avant de reprendre « Fuck bébé… Je m’excuse… J’ai la tête à l’envers alors il… Il va vraiment falloir que tu fasses des phrases complètes mon cœur parce que c’trop me demander de comprendre des fucking syllabes lancées comme ça… Je… J’ai écris à Kat’ alors j’ai l’histoire c’bon… Mais t’sais quoi bébé… Faut que tu arrêtes d’y penser… Faut que tu arrêtes de te perdre… » Ouais il le fallait vraiment. Je n’étais pas là pour le prendre dans mes bras et l’ancrer de nouveau dans notre monde. Je n’étais pas là pour prendre soin de lui. Il fallait qu’il fasse un effort. Il fallait qu’il s’accroche à ma voix. Soupirant, je finissais par changer le téléphone d’oreille pare que ça me brûlait trop. Putain, mais quelle idée avais-je eu de me faire un piercing à l’oreille ? Roulant des yeux, je finissais par reprendre la parole parce que ce n’était pas le moment de me perdre dans mes souvenirs de la nuit dernière. « J’suis là Mio Amore… J’suis là… Pense à moi… Juste à moi… Dis… Tu te souviens de ton corps contre le mien dans mon lit toute la semaine dernière bébé ? Toutes ces nuits rien qu’à nous ? Mes mains sur ta peau… Mes lèvres sur les tiennes… Mes ‘je t’aime’ murmurés à ton oreille… Tu t’en souviens bébé ? » J’essayais de détendre la situation. Je voulais tellement le ramener à moi, le ramener à une réalité plus agréable. Et putain, j’étais sans doute trop stupide parce qu’en soufflant ces mots, je me perdais dans mes pensées et je me donnais un peu trop chaud tout seul. Un peu trop chaud à l’imaginer de nouveau si proche de moi. Shit.

L’horreur cognait partout autour de moi. L’orage se propageait violemment à cet instant. Mon sexy musicien semblait être en crise de panique absolue. Cette crise semblait encore pire que celle qu’il m’avait faite en apprenant la mort d’Alyson et c’était sans doute de ma faute. Je sentais déjà la culpabilité tordre vivement mon ventre. Je m’en voulais déjà tant. Merde. Lorsqu’il avait appris la mort d’Alyson, j’avais réagi très rapidement une fois le signal reçu. J’avais su prendre en main la crise dès le départ. J’avais su captiver ce garçon que j’aimais tellement dès les premières secondes pour l’empêcher de se perdre dans un dédale trop douloureux. Ce matin, comme un abruti, j’avais préféré ignorer mon téléphone qui hurlait depuis de trop longues minutes. La soirée de la veille n’avait pas été de tout repos. J’avais si mal partout que je ne pensais qu’à avoir la paix. Je voulais simplement parvenir à me rendormir. Je voulais juste échapper à ce boucan et à cette douleur. J’avais laissé l’appareil sonner. Encore et encore sans même me dire que ça pouvait être important. Sans même penser que cela pourrait être essentiel. Je m’étais concentré sur moi et sur cette douleur qui m’explosait la tête. Je n’avais pensé qu’à moi et j’avais laissé l’occasion à la crise de panique de Lukas d’augmenter. Encore et toujours. Tellement plus. Je l’avais laissé tout seul se perdre. Putain, que j’étais con ! Je le pensais si fort à cet instant. Je m’en voulais si vivement que j’avais follement envie de balancer ma tête contre un mur pour me punir. J’avais fini par céder en décrochant ce téléphone qui m’agaçait et je tombais sur un Lukas qui n’allait pas bien. Pas bien du tout. Il allait si mal. Je le sentais au plus profond de mon cœur. Je l’entendais du plus profond de sa voix. Sa détresse pulsait si vivement que j’en avais moi-même tellement mal. Putain… Je n’avais aucun moyen de le rejoindre. Il était en Italie et je ne pouvais pas aller le chercher pour le prendre dans mes bras. Je ne pouvais que lui venir en aide derrière ce putain de téléphone enfermé dans la salle de bain de Nixon. Mais comment faire ? Comment pouvais-je faire alors qu’il babillait si vite ? Trop vite. Ma tête heurtait et je ne parvenais pas à décoder ce qu’il était en train de souffler. Je ne comprenais que la moitié des choses… Non… En fait, je ne comprenais strictement rien à tel point que je finissais par gueuler pour tout arrêter. Je ne pouvais plus. Je reprenais doucement le contrôle grappillant les informations au compte-goutte. Il avait parlé de Katalia et je la contactais aussitôt tout en restant en ligne. Mon ange m’offrait les réponses manquantes pour parvenir à comprendre et peut-être même à gérer la crise. Elle m’offrait ce qu’il me fallait pour que je puisse peut-être parvenir à reprendre le dessus sur l’Enfer qui était en train de dévorer l’homme que j’aimais tant.

Je finissais par me laisser glisser au sol de cette salle de bain parce que ça faisait tellement trop. Trop d’effets secondaires de la soirée. Trop de panique. Trop de culpabilité. Trop d’informations. Trop d’incertitudes. Trop d’absence de pouvoir. Lentement, je soufflais quelques mots pour tenter de replacer Lukas dans la réalité. Je tentais de le remettre dans ce présent si dangereux où il se trouvait en Italie. Il était loin de moi. Tellement loin de moi. Je n’avais pas de pouvoirs magiques pour le rejoindre. Je ne pouvais pas le rejoindre comme ça pour lui porter secours aujourd’hui. J’aurai tant aimé pourtant. Réellement. Néanmoins, je ne pouvais pas. Il me faudrait des heures pour le rejoindre en Italie. Des heures que je ne pourrais pas passer au téléphone avec lui. Alors, il allait falloir gérer cette crise autrement. Nous allions devoir nous débrouiller avec cette distance nous écrabouillant. Je frottais mon front grognant aussitôt sous la douleur qui se réveillait. Elle était si forte. Elle était si prenante. C’était horrible. J’aurai tant aimé pouvoir l’effacer afin de mieux me concentrer. J’aurai tant aimé être en pleine possession de mes capacités pour mieux agir pour mon sexy musicien. Putain ouais, j’aurai tant aimé que la douleur puisse s’éclipser en un claquement de doigt. À croire que je n’aurai pas dû faire cette soirée avec Heather… Cela avait été une grossière erreur surtout alors que Lukas se trouvait si loin de moi. Je n’aurai pas dû me laisser aller comme ça. Pas alors qu’il y avait un risque pour que les choses tournent mal en Italie. Il était trop tard pour faire machine arrière maintenant. Il était trop tard pour effacer cette folle soirée. Je devais simplement assumer. Je devais juste me démerder. Alors, je me mettais à exagérer ma respiration avec l’espoir que cela pousserait Lukas à me suivre et à s’apaiser. J’exagérais ma respiration comme si cela pouvait m’aider à tout résoudre sans avoir à beaucoup parler. Mais, je finissais par lui dire que j’étais au courant de l’histoire et qu’il devait cesser d’y penser. Il devait arrêter de se perdre dans ce dédale cauchemardesque. C’était essentiel pour que je puisse l’atteindre. Mais, il n’y arrivait pas hein ? Je le sentais à sa respiration qui restait toujours trop rapide. Je l’entendais presque hurler de désespoir et de douleur même s’il ne disait rien. Le silence était criant de cette vérité douloureuse qui m’achevait parce que c’était de ma faute. J’avais trop tardé. Merde, je sentais tout ça partout en moi. Cette détresse. Cette douleur. Ce mal-être. À croire que je l’aimais au point de prendre une part de sa souffrance même lorsqu’il était si loin de moi. L’idée me tirait un bref sourire. Un sourire qui s’effaçait bien vite puisque la voix de mon sexy musicien résonnait de nouveau dans le combiné.

Il me disait qu’Aly ne voulait pas partir de sa tête et je soupirais. Ça allait être foutrement compliqué de le ramener avec moi. Il me disait qu’elle l’embrassait. Il ne voulait pas. Mais, elle ne le lâchait pas. Malgré moi, le grognement de possession glissait entre mes lèvres. Est-ce que je savais qu’il avait embrassé Alyson ? Qu’elle l’avait embrassé ? Putain… Peut-être qu’il me l’avait dit. Sans doute même. Néanmoins, je ne parvenais pas à m’en souvenir. Et, l’entendre me souffler ces propos réveillait une vague de possession à l’intérieur de mon être. C’était violent. C’était réel. C’était fou. Je ne pouvais pas m’empêcher de penser qu’il était à moi et que personne n’avait le droit de poser des lèvres sur les siennes. Les lèvres de Lukas étaient à moi et juste à moi. Personne d’autre ne pouvait y goûter. Moi. Juste moi. Serrant mon poing libre, je prenais sur moi. Je me contenais. Il ne fallait pas que j’explose. Si je partais en crise de jalousie ou en crise de colère, je n’allais faire qu’empirer les choses. Je risquais de le faire sombrer un peu plus loin et ce ne serait pas bon. Il ne fallait pas. Fermant les yeux, je me remettais à exagérer ma respiration me concentrant moi-même dessus pour parvenir à me calmer. À calmer mon cœur si agité. Et, je soufflais doucement « Mon cœur… Écoute-moi… Vraiment… C’est important que tu écoutes avec attention… Alyson n’est plus là… Elle n’est pas là… Elle ne sera plus jamais là… Elle t’fera rien… Elle ne fera rien à Kat’… C’est terminé tout ça… C’est fini… Tout va bien… » Je tentais de me faire aussi rassurant que possible. Je tentais d’utiliser la voix la plus douce que j’avais en réserve pour souffler ces mots comme une berceuse. Vous savez le genre de douce berceuse qu’on soufflait pour calmer les angoisses des enfants. Ouais, c’était un peu comme ça que je tentais de faire passer la chose. C’était un peu comme ça que je tentais de capter son attention. Je changeais brusquement le téléphone d’oreille. La brûlure de mon piercing était foutrement trop dérangeante pour que je puisse continuer de ce côté. Et, lentement, je reprenais la parole pour lui dire de ne penser qu’à moi. Je l’emmenais voyager dans des souvenirs. Des souvenirs de nous. Des souvenirs de moi contre lui. J’essayais de détendre la situation. Je tentais de le ramener à une réalité tellement plus agréable… Une réalité fichtrement réchauffante. Foutrement brûlante. Lukas répétait les mots après moi. Il parlait de moi contre contre lui. Il parlait de mes mains et de mes lèvres. Il me disait qu’il m’aimait et qu’il se souvenait. Un sourire rassuré passait sur mon visage alors que j’entendais sa respiration commencer à s’apaiser à l’autre bout du fil. Ce n’était pas encore ça, mais on y arrivait lentement. J’allais réussir à le sortir de là. Mon sexy musicien me disait qu’il voulait encore des ‘je t’aime’, il voulait encore mes mains et mes lèvres. Et, lentement, je susurrais « Tu les auras bébé… Encore… Autant de fois que tu le désires… Mes mains dans tes cheveux… Mes mains sur tes joues… Mes mains sur ton corps… Mes lèvres sur les tiennes… Dans ton cou… Sur ta peau… Tu les auras encore bébé… Dès que tu rentres d’Italie… » Ouais, dès qu’il rentrait, je risquais de lui sauter dessus et de ne plus le lâchait. Il me manquait tellement. Les yeux fermés, j’appuyais ma tête contre le mur derrière moi lui soufflant alors « Je t’aime Mio Amore… Je t’aime tellement… Et j’suis prêt à te le répéter autant de fois que tu le souhaites… T’es pas tout seul… J’suis peut-être loin, mais j’suis toujours là… Et tu as le bracelet à ton poignet mmh… J’suis avec toi… Toujours avec toi… Et je te protèges… Tout va bien... » Ouais tout allait bien ou tout irait bien. Bientôt. Parce que j’étais là et que je ne comptais pas le lâcher. Pas avant d’être sûr qu’il se sente mieux. Pas avant d’être sûr qu’il s’endorme.

Je désirais sauver Lukas. Ça pulsait violemment en moi à cet instant. Cela pulsait vivement à l’intérieur de mon être tout le temps en vérité. Néanmoins, là, à cet instant, c’était encore plus fort que tout puisque je savais qu’il avait tellement besoin d’être sauvé. Il avait tant besoin de moi pour échapper à cet enfer qui était lentement et réellement en train de le ronger. Bordel. Là, à cet instant, je voulais tellement sauver mon sexy musicien que j’aurai été capable de faire n’importe quoi pour lui. Si on m’avait donné n’importe quel ordre pour parvenir à mettre fin à son angoisse, je l’aurais accompli. Sans la moindre hésitation. Sans le moindre regret. Il passait en priorité. J’étais prêt à tout pour le sauver. J’aurais été capable de faire n’importe quoi simplement afin de lui venir en aide. J’étais prêt à tout pour l’empêcher de sombrer encore plus loin dans ce gouffre si douloureux qui semblait tant l’engloutir. Merde. Ce n’était pas n’importe qui à l’autre bout du téléphone. C’était Lukas. Je ne pouvais pas me contenter de babiller quelques mots en espérant qu’il irait mieux et me détourner parce que ma tête heurtait. Je ne pouvais pas agir comme si je m’en fichais ou comme si son état passait après le mien. Il comptait. Tellement. Réellement. À tel point que j’en venais à me sentir de plus en plus mal moi aussi. Je ressentais cette douleur qui pulsait à l’intérieur de mon cœur. Je ressentais ce mal-être qui pulsait à l’intérieur de mon être. Je ressentais cette panique qui cognait si fort dans la pièce qu’elle m’empêchait presque de respirer. C’était presque comme si j’étais avec lui… Presque comme si j’étais lui. Et, putain, je détestais ça. Ça faisait si mal. Partout. Je ne parvenais pas à laisser le jeune homme comme ça. Je haïssais le savoir dans un tel état. Et, lentement, la culpabilité venait cogner sur moi. En moi. Je m’en voulais. Tellement. Je m’en voulais d’avoir tant tardé à décrocher mon putain de téléphone. J’avais ainsi offert l’opportunité à la crise d’augmenter et de le bouffer encore plus. Lui, l’être si parfait qu’il était. Lui, le garçon si doux et si gentil. Je m’en voulais putain. Je m’en voulais tant de ne pas avoir été capable de partir avec lui en Italie. Si j’avais été là-bas, j’aurai pu le prendre dans mes bras dès les premières secondes de la crise et tout aurait été mieux. Il n’aurait jamais été aussi mal. Je l’aurai gardé contre moi pendant des heures. Je l’aurai rassuré. J’aurais éloigné tous ces démons qui semblaient vouloir le dévorer avant même qu’ils ne puissent commencer. Je lui aurai soufflé que je l’aimais incessamment pour le garder proche de moi, pour le garder ancré dans ma réalité. Dans notre réalité. Et, putain, je lui aurai sans doute fait l’amour pour l’emmener ailleurs. Dans un meilleur endroit. Merde. Pourquoi n’avais-je pas été foutu de partir avec lui ?

J’étais loin. Six mille cent soixante-six kilomètres. C’était la distance qui me séparait de lui parce que je n’avais pas été foutu de le suivre en Italie. Je ne pouvais rien y faire. Je n’avais rien contre cette foutue distance. Il était là-bas. Moi, j’étais dans cette salle de bain à moitié nu et pas encore tout à fait réveillé. J’étais dans cette salle de bain avec une gueule de bois beaucoup trop violente qui m’empêchait de tout comprendre. J’avais eu besoin de l’aide de Katalia afin de rassembler tous les morceaux du puzzle. Il m’avait fallu une aide extérieur pour y voir plus clair. Je me laissais lentement glisser au sol parce que ça faisait tellement de choses pour mon être en si peu de temps. J’émergeais tout juste. Je ne pouvais plus tenir debout face à tout ces coups qu’on m’assénait. Cette soirée avec Heather avait été si folle. Cette douleur de Lukas était si puissante. Mon incapacité était si réelle. Je tentais d’atteindre Lukas le poussant à me suivre et à se rattacher à une réalité. Je tentais réellement de le sortir de cet enfer et ça ne fonctionnait même pas. Ma voix avait su le faire taire quelques minutes, mais il repartait. Ma respiration ne parvenait pas à le pousser à me suivre. Rien ne semblait fonctionner. Alors, je paniquais lentement. J’avais tant envie de cogner sur le sol sous moi. Je voulais frapper parce que je me sentais trop incapable. Je voulais hurler parce que ça faisait mal. Je voulais pleurer parce que je ne savais plus comment gérer ça. Je n’étais pas foutu de réfléchir correctement. Pourtant, malgré tout ça, malgré toutes ces envies, je prenais sur moi. Je babillais de nouveau lui soufflant que j’étais au courant de l’histoire et il se mettait à me parler d’Alyson qui l’embrassait et qui ne le lâchait pas même s’il ne voulait pas. Le grognement possessif glissait entre mes lèvres. Il résonnait dans le combiné et je ne pouvais rien y faire. Je serrais mon poing libre me mettant à exagérer de nouveau ma respiration. Ce n’était plus juste pour le calmer lui maintenant. C’était pour me calmer moi aussi. Je devais reprendre le dessus pour l’aider et c’était ce que je faisais lui demandant de m’écouter attentivement et me mettant à babiller une douce berceuse rassurante. Alyson n’était plus là. Elle ne le serait plus jamais. Elle ne pourrait plus faire de mal. C’était fini. Tout allait bien. J’étais tellement doux. C’était la première fois que j’étais aussi doux avec qui que ce soit, non ? Malheureusement, cela ne semblait pas suffire. Lukas ne tardait pas à parler de nouveau pour me dire qu’il m’avait écouté, mais qu’elle était toujours là. Là ? Dans sa tête sans doute. Dans son esprit. Dans ses pensées. Je baissais la tête soufflant alors « Mon cœur… Je… Non… Elle est pas plus forte que le reste… Tu peux la faire disparaître… Je… Je peux la faire disparaître… C’est moi qui t’embrasse… Pas elle… Plus elle… Plus jamais… » La déclaration cognait si douce et si réelle. J’espérais qu’elle fonctionnerait alors que je changeais mon téléphone d’oreille ne supportant plus la brûlure dérangeante du piercing. Je me remettait à babiller l’embarquant dans un voyage de souvenirs. Des souvenirs de nous. Des souvenirs d’une réalité plus agréable et plus réchauffante. Des souvenirs qui pourraient l’embarquer pour de vrai.

Mon sexy musicien répétait les mots après moi et j’avais l’impression que sa respiration commençait à s’apaiser au fur et à mesure que les souvenirs cognaient. C’était bien non ? J’allais y parvenir n’est-ce pas ? J’allais réussir à le secourir même s’il se trouvait loin de moi. J’allais réussir à le tirer loin de cet Enfer parce que je l’aimais et que je me donnais tellement pour lui. Je donnais tout ce que j’avais malgré mon état. Il réclamait encore des ‘je t’aime’. Il réclamait encore mes mains et mes lèvres comme s’il ne pourrait plus jamais les avoir. C’était ridicule de penser ça. Il les aurait toujours. Aussi longtemps qu’il le voudrait. Aussi longtemps qu’il m’accepterait dans sa vie. Sans hésitation, je lui susurrais des mots rassurants et si réels. Il aurait encore mes mains dans ses cheveux, sur ses joues ou sur son corps. Il aurait encore mes lèvres sur les siennes, dans son cou ou sur sa peau. Ouais, il les auraient encore. Je le voulais tellement moi aussi. J’en avais cruellement besoin. J’avais besoin de le sentir vivant contre moi. J’avais besoin de le sentir apaisé et heureux sous mes doigts. J’en avais tellement besoin afin d’étouffer cette panique qui dévorait mon ventre. Mais, il fallait attendre qu’il rentre d’Italie. Je lui faisais savoir qu’il pourrait retrouver tout cela dès qu’il rentrerait. Et, du tac au tac, Lukas me soufflait qu’il voulait rentrer. Oh putain… Non. Ça faisait trop mal. C’était déchirant. Son sanglot me brisait le cœur déclenchant aussitôt un torrent de larmes trop incontrôlables le long de mes joues. Je respirais difficilement tentant de faire mon maximum pour que cela ne s’entende pas à l’autre bout du fil. Je ne voulais pas qu’il s’inquiète de mon état. Alors, je prenais sur moi. J’entassais. Je classais. Je chassais. Et, reprenant le dessus, je soufflais « Bébé… Je… J’ai envie que tu rentres aussi… Tellement envie… J’voudrai tant que tu sois là… Mais… Tu… T’peux pas rentrer dans cet état mon amour… T’peux pas supporter le voyage comme ça… T’es embrouillé… T’es en crise… Tu peux pas rentrer tout de suite mon cœur… Mais bébé, écoute… Je… Je te promets que si demain matin, après une nuit de sommeil, t’veux toujours rentrer, je m’occuperai de tout… D’accord… Est-ce que c’est correct comme ça ? » Je tentais d’obtenir son approbation pour ce plan qui me semblait être le plus acceptable au vu de la situation. Au vu de notre situation. S’il voulait rentrer après avoir dormi, je n’opposerai pas de refus. J’étais prêt à tout prendre en charge. Mais, il fallait qu’il dorme avant. Il fallait qu’il se repose. Fermant les yeux, j’appuyais ma tête contre le mur lui soufflant mes sentiments et lui parlant de ce bracelet à son poignet. Comme si ce bracelet était un talisman de ma présence et de ma protection. Mon sexy musicien soufflait qu’il m’aimait avant de répéter mes mots. Il n’était pas seul. J’étais là avec lui. Toujours. Et, soudainement, j’entendais du bruit comme s’il éloignait le téléphone. Mes sourcils se fronçaient. Non. Il ne fallait pas qu’il laisse tomber le téléphone. Mon cœur cognait plus fort. La panique pulsait tandis que j’appelais « Bébé… ? » Sa respiration était toujours là. Je l’entendais loin. Mais, je l’entendais. Est-ce que lui m’entendais toujours ? Sans même réfléchir, je babillais de nouveau « Amore… J’serai toujours là à te protéger tu sais… Toujours… J’suis désolé d’avoir mis aussi longtemps à t’répondre… Mais j’suis là… J’serai toujours là et ça va aller… Tu… Est-ce que tu peux me dire où tu es là bébé ? Est-ce que… Si t’es pas dans ton lit, tu crois que tu pourrais le rejoindre pour moi… ? Ou je… T’veux que je dise à Kat’ de venir te rejoindre pour qu’elle t’aide ? » Trop de questions Neal. Beaucoup trop de questions. C’était risqué. C’était dangereux de l’interroger autant alors que nous n’étions pas hors de la crise. Mais, c’était trop essentiel et j’espérais obtenir les réponses sans le faire chuter de nouveau. D’ailleurs, comme si je pouvais l’empêcher de sombrer dans le gouffre, je lui murmurais « Prends ton temps pour répondre bébé… Je t’aime… J’bouge pas… J’reste là… » Ouais, ça c’était mieux. Tellement mieux pour lui venir en aide.

Qu’est-ce que Lukas me faisait ? Est-ce qu’il se rendait compte dans quel état j’étais en train de me mettre pour lui ? Est-ce qu’il mesurait cet impact qu’il avait sur moi même lorsqu’il se trouvait si foutrement loin ? Je me sentais terriblement mal de ne pas avoir décroché mon téléphone plus vite alors que je lui avais assuré que je serais joignable et disponible pour lui le temps qu’il serait en Italie. Putain, je lui avais dis qu’il pourrait me contacter à n’importe quelle heure du jour ou de la nuit parce que j’étais là pour lui même loin. Et, je n’avais même pas été foutu de tenir cette promesse si simple. J’avais préféré ignorer mon téléphone pour penser à moi. J’avais préféré jouer l’égoïste ce matin et j’étais clairement en train de m’en mordre les doigts. Je m’en voulais tellement que j’avais presque envie de me blesser pour ça. De me punir de mon incapacité. Est-ce que je le ferai une fois que nous aurions raccroché ? Est-ce que je chercherais une façon de me blesser parce que je me sentais si pitoyable ? Peut-être bien ouais. Mais, ce n’était pas le moment de penser à tout ça. Ce n’était pas le moment d’y réfléchir alors que j’entendais la douleur de Lukas pulser jusqu’ici. Nous avions beau être si loin l’un de l’autre, j’avais l’impression de ressentir son mal-être qui cognait partout dans la pièce autour de moi. J’avais l’impression que la vague de douleur pesait sur mon corps et ça faisait mal. Si mal. Oh bordel… J’avais tellement envie d’être capable de prendre soin de mon sexy musicien. Je voulais être en mesure de l’éloigner de ce gouffre. J’avais presque envie de disparaître en Italie pour l’atteindre. Presque… Parce que je n’étais qu’un minable gamin qui était trop effrayé de rentrer chez lui. Alors, je me contentais d’essayer derrière ce téléphone. Assis sur le sol froid de la salle de bain de Nixon dans un état pitoyable, je le faisais passer en priorité. Je relayais au loin la douleur de mon crâne et mes souvenirs trop flous. J’enterrai légèrement la culpabilité et ma propre panique. Et, je m’occupais de lui en essayant de tout encaisser. Je classais le maximum d’informations pour tenter de comprendre et de mesurer l’ampleur de la situation. Heureusement pour moi, Katalia m’avait aidé à mettre le puzzle en place pour mieux cerner l’ampleur de la situation. Mais, merde, est-ce que je disposais réellement de tout les outils pour contrer cette crise de panique ? Je n’en étais pas certain. Je n’avais jamais eu à gérer une crise de panique en étant si loin de lui. Je n’avais jamais eu à gérer une crise sans pouvoir le rejoindre. Et, putain, je n’avais jamais à gérer une telle crise tout en ayant la gueule de bois. Cette gueule de bois qui m’empêchait de tout voir clairement. Je tentais. J’essayais. J’échouais. Réellement. Mon cri ne changeait rien si ce n’était m’accorder un petit répit de quelques secondes. Ma respiration n’était pas assez forte pour l’entraîner. Rien ne fonctionnait et je sentais mon ventre se tordre encore plus douloureusement. Ça faisait mal d’être si incapable de lui venir en aide. J’étais encore plus paniqué à l’idée de ne rien pouvoir faire, mais je ne pouvais pas abandonner. Je ne pouvais pas l’abandonner. Alors, je prenais sur moi. Je surpassais mon envie de destruction et de violence. Je surpassais tout et je me concentrais sur lui. Encore et toujours. Lui. Ma priorité.

Même sans être foutu de réfléchir correctement, le grognement possessif passait entre mes lèvres tandis que j’imaginais une fille embrasser Lukas. Mon Lukas. Putain, non, je ne voulais pas que cela arrive. Il était mien. Il était à moi. J’étais à lui… En partie en tout cas. Malgré cette vague de possessivité qui cognait en moi et qui me donnait envie de parler férocement, je restais foutrement doux. Je restais tellement doux avec mon sexy musicien comme si je savais d’ores et déjà que la colère ne pourrait pas m’aider ici. Je babillais des mots pour tenter de le sortir de son enfer. Je soufflais des propos pour essayer de l’emmener avec moi. Loin. Ailleurs. Mais, elle gagnait. Cette putain d’Alyson gagnait. Elle semblait si supérieure face à moi et je détestais cette sensation. Je haïssais avoir l’impression de n’être qu’au deuxième plan. Ça aurait pu me faire dérailler. Ça aurait dû me faire dérailler s’il n’était pas dans cet état. Mais, Lukas paniquait et je classais. J’effaçais pour le gérer lui, pour l’aider lui. Uniquement lui. Je tentais de nouveau l’expérience montrant que j’étais là contrairement à cette fille qui n’était plus. Je tentais de lui prouver qu’il avait les capacités pour l’effacer. C’était moi qui l’embrassait. Ce n’était plus cette Alyson qui déposait ses lèvres sur lui. Non. Ce ne l’était plus. Ce ne le serait plus jamais. Il n’y avait que moi. Et, finalement, les mots de mon sexy musicien venait me libérer. Il confirmait ma victoire disant que oui c’était moi, que moi et plus elle. Plus jamais. Ça m’arrachait un bref sourire tandis que je confirmais doucement « Oui bébé c’est ça… Moi… Juste moi… Plus que moi… Aujourd’hui… Demain… Pour toujours… »  Oh putain, merde. Non. Ce n’était pas des mots à dire ça. Ils m’avaient échappés. Ils avaient glissé entre mes lèvres de façon trop incontrôlables parce que j’avais cette putain de gueule de bois et que je ne parvenais pas à faire attention. Je ne contrôlais pas. Et, comme un abruti, j’étais en train de m’engager. De beaucoup trop m’engager. Merde. Ce pour toujours sonnait presque comme si c’était Lukas que j’allais finir par choisir et je ne pouvais pas. Je ne savais pas. Je ne savais toujours pas si ce serait lui ou si ce serait Nixon. Alors, je n’avais pas le droit de créer de faux espoirs comme ça. Putain, j’étais trop con. Je m’empressais de changer le téléphone d’oreille avant de babiller de nouveaux mots pour effacer mes dernières paroles. Je babillais des propos pour l’embarquer dans un voyage de souvenirs chauds et réels. Des souvenirs plus tangibles et concrets. Lukas ne tardait pas à répéter ces mots et je sentais sa respiration s’apaiser à l’autre bout du téléphone. C’était rassurant. Est-ce que ma voix avait réellement le pouvoir de l’ancrer ? Est-ce que je pouvais vraiment le sauver de son enfer juste en étant à l’autre bout du fil ? Il se mettait à réclamer encore des je t’aime, mes mains et mes lèvres et je ne pouvais m’empêcher de lui confier qu’il les aurait encore. Je soufflais ces mots rassurants parce que moi aussi j’avais besoin de laisser ces images se dessiner dans ma tête. Moi aussi j’avais besoin de visualiser ces instants pour me calmer et me rassurer sur l’état du jeune homme.

Un état qui se détériorait de nouveau tandis que mon sexy musicien me confiait qu’il voulait rentrer. Il le faisait dans un sanglot si déchirant que c’était comme si on ouvrait ma poitrine pour m’arracher le cœur à mains nues. Ça me brisait si vivement d’autant plus que je savais que je ne pouvais pas lui dire oui. Je ne pouvais pas accepter qu’il rentre. Je ne pouvais pas céder. Pour son bien-être, pour sa santé, je ne pouvais pas lui dire de rentrer là tout de suite. Ce serait trop irresponsable. Les larmes glissaient le long de mes joues et je m’efforçais de me calmer. Je ne voulais pas qu’il m’entende chialer. Je ne voulais pas qu’il se rende compte que je souffrais de cette histoire. Alors, je prenais le dessus et je soufflais qu’il ne pouvais pas rentrer maintenant même s’il le voulait, même si je le désirais. Mais, je ne pouvais pas juste lui offrir un refus. Je ne pouvais pas juste lui dire non parce que ça allait le foutre en l’air. Alors, je proposais une douce solution. Celle de rentrer après une nuit de sommeil. S’il voulait toujours revenir après avoir dormi, je m’occuperai de tout. Et, j’étais clairement prêt à le faire. J’étais prêt à appeler le taxi pour l’emmener à l’aéroport, à réserver son vol et à venir le chercher lorsqu’il arriverait. Ouais, j’étais prêt à tout gérer pour qu’il n’ait à s’inquiéter de rien. Heureusement pour moi, mon sexy musicien acceptait cette solution. Il me disait qu’il allait dormir et qu’on verrait demain oui. Bien… Au moins, je parvenais à gérer sur ce point. J’acquiesçais stupidement comme s’il pouvait me voir avant de me souvenir qu’il était trop loin et de me pousser à babiller « Oui bébé, on fait comme ça… »  On faisait comme ça ouais, c’était plus acceptable. C’était plus sécuritaire. Appuyant ma tête contre le mur, je finissais par lui parler du bracelet qu’il portait à son poignet. Ce bracelet que je lui avais offert à son anniversaire. Ce bracelet qui était une part de moi, une part de ma protection, une part de nous. Des bruits soudains me parvenaient aux oreilles comme s’il éloignait son téléphone et je ne pouvais pas m’empêcher de l’appeler un peu trop paniqué à l’idée qu’il ne m’entende plus, à l’idée qu’il se laisse de nouveau happer par cette spirale si infernale et destructrice. Je babillais comme pour le pousser à m’écouter. Je soufflais trop de questions et je m’en rendais compte bien vite tant et si bien que je lui disais de prendre son temps pour me répondre. Les mots tombaient alors difficilement. Lukas me confirmait qu’il était toujours là. Il était au sol, mais il ne semblait pas vraiment savoir où, savoir s’il était dans la chambre ou pas. Mais, soudainement, il me disait qu’il ne voulait pas Katalia. La litanie de non débarquait et je tentais aussitôt de reprendre le dessus pour lui montrer que je n’irai pas à l’encontre de ses désirs « Hééééé, hééé, bébé… »  Merde. Loupé. Un bruit sourd se faisait entendre de l’autre côté du fil comme si le téléphone venait de tomber et je gémissais de douleur. Le bruit était si fort. Ça faisait mal à mon crâne. Quelques secondes passaient avant que la voix de Lukas ne résonne de nouveau tandis qu’il me demandait de ne pas le laisser. Les yeux fermés, je soufflais « Mio Amore… Je ne te laisse pas… Je ne te laisserais jamais… Jamais… J’suis là, j’reste là… »  Ouais, j’étais là et je ne comptais pas le quitter. J’étais prêt à rester jusqu’à ce qu’il s’endorme. De toute façon, j’allais lui dire plus tard. J’allais lui dire qu’on ne raccrocherait pas ce soir. Je voulais l’entendre s’endormir. Je voulais l’entendre dormir. J’en avais besoin. Frottant mon front, je finissais par souffler d’autres mots pour le rassurer « Kat’ ne va pas venir d’accord bébé ? Je ne lui dis rien et elle ne vient pas. Ce… C’est juste toi et moi mon cœur… Juste toi et moi et je ne te quitte pas… »  Les mots rassurants filtraient si aisément entre mes lèvres et je reprenais doucement parce qu’il fallait agir « Tu es sur le sol bébé… Est-ce que tu te sens de te relever pour aller te mettre dans ton lit ou on attend un peu ? Je… T’serais mieux allongé dans ton lit mon cœur… Je te quitte pas… Même si t’es couché, on peut toujours parler… Je reste là jusqu’à ce que tu t’endormes… » La promesse tombait. Je ne le quitterais pas ce soir. Pas jusqu’à ce qu’il parvienne à atteindre le sommeil en tout cas.