Je suis née à Los Angeles le 13 mai 1995 de parents américains pure souche. Dans les années 1950, mes arrière-grands-parents qui vivaient au Texas à ce moment-là dans un ranch, sont devenus immensément riche en découvrant du pétrole sur leur terrain. Depuis, la fortune est toujours présente dans la famille. Le ranch est devenu notre héritage familial. Mes grands-parents habitent là-bas et je passe au ranch dès que j’en ressens l’envie pour y passer des vacances. Mon père est un producteur de cinéma et ma mère une créatrice de mode. Ils sont reconnus dans le monde du show-business. Pas à l’international mais ils ont de la reconnaissance en Amérique. Ils ont leur réseau et sont invités à beaucoup d’évènements importants. Dont moi-même je participe parfois. Ils tiennent absolument à ce que je les accompagne pour que je rencontre des gens importants et que je fasse un pas dans le monde du show-biz. Car ils savent que j’ai du potentiel. En quoi ? Je vais tout vous raconter. Commençons par le commencement…

Déjà mon enfance. J’ai vécu une enfance où on a toujours été très gâtés et couvés avec mes frères et sœurs. On n’a jamais manqué de rien et on a toujours été une famille unie où on s’entendait tous bien. Nos parents nous ont toujours poussé à montrer notre potentiel. A l’exploiter. Moi ? C’était le dessin. J’avais du talent. Ils l’ont bien remarqué et ils ont tout fait pour me donner les moyens de réussir là-dedans. Ils me payaient des cours de dessin et espéraient de moi que je devienne un peintre reconnu. La seule ombre au tableau c’était mon surpoids. J’ai été victime de grossophobie en primaire. Mes camarades passaient leur temps à se moquer de moi à cause de mon poids. Personne ne voulait jouer avec moi à la récré. Je n’avais pas d’amis. Je me sentais si triste et si seule que j’ai fini par développer des troubles alimentaires, prenant alors encore plus de poids à l’adolescence. Frôlant l’obésité. A l’école, on me rejetait à cause de ça. Les élèves me harcelaient et me rackettaient. C’était vraiment un enfer. J’étais devenue cette nana solitaire qui passaient son temps à dessiner dans un coin et qui ne parlait à personne par peur d’être rejetée. Je n’avais aucune confiance en moi. Les autres avaient fini par me détruire à force de me rabaisser. Mais je n’ai jamais rien dit à mes parents. Ils n’ont jamais été au courant de tout ça.

A 15 ans, j’ai fini par demander à mes parents d’intégrer un camp pour adolescents en surpoids. J’en avais marre des insultes, des critiques. Je voulais reprendre ma vie en main. Me sentir bien dans mon corps. Je suis restée quelques mois là-bas. C’était si dur… Faire du sport, reprendre une alimentation saine, être coupée de ses proches. C’était dur aussi bien physiquement que moralement. Mais ça en valait le coup. Vraiment. Puis c’est là-bas que j’ai pris conscience que j’étais attirée aussi bien par les garçons que par les filles. Il y avait cette fille dans mon groupe avec qui j’ai tout de suite bien sympathisé. Mais rapidement, c’est devenu plus que ça. On était attiré l’une par l’autre et on a fini par s’embrasser. Premier baiser et c’était avec une fille. J’ai vécu une jolie amourette de camp disons. Puis je suis revenue chez moi transformée. J’avais encore quelques kilos à perdre mais mes proches étaient scotchés par le changement. Et j’étais si fière de moi.

J’ai perdu mes kilos en trop au lycée. Je me sentais enfin à l’aise avec mon corps. Et j’ai enfin pu avoir une vie sociable. J’avais des amis. On m’invitait aux soirées. Les gens étaient sympas avec moi. J’avais même un petit ami. Dommage qu’il ait fallu que je perde du poids pour ça… Je n’oublie pas ce que j’ai traversé et que les gens peuvent être cruels quand tu ne rentres pas dans la bonne case. Je n’oublie rien et je veux lutter contre ça. Après le lycée, j’ai intégré l’Académie des Arts à San Francisco. La plus prestigieuse école d’art des Etats-Unis. Et là mon amour du tatouage est né. Lors d’une grande fête chez un ami, j’ai croisé la route de tatoueurs. Ils sont tombés par hasard sur des dessins que j’avais donné à mon pote. Ils ont remarqué mon potentiel et m’ont proposé de m’initier à l’art du tatouage. Et là, j’ai vite compris que ce milieu me correspondait beaucoup plus qu’au milieu bobo dans lequel mes parents voulaient me faire entrer. J’avais 19 ans la première fois que j’ai piqué. A partir de ce moment, j’ai su que je voulais tatouer toute ma vie.

Aujourd’hui, je vis à Boston. J’ai déménagé de San Francisco il y a deux ans car j’avais envie de voir autre chose. Tout simplement. Je tiens à vivre par mes propres moyens, sans l’aide de mes parents. Mais bon, c’est mal les connaître. Ils ont tenu à m’acheter un loft à Boston et ils rentrent régulièrement de l’argent sur mon compte. Ils acceptent mon choix de vie un peu marginal de la leur. Ils acceptent mon côté décalé mais ils espèrent que je me ferai un nom dans le show-biz comme eux. Je fais un peu de mannequinat. Je suis des cours de théâtre. Il m’arrive de jouer des petits rôles dans des films mais je refuse que mon père m’aide à percer dans quoi que ce soit. Je ne recherche aucune reconnaissance, à percer ou quoi que ce soit. Je fais juste ça pour le fun. Je fais de la poterie aussi. Et ouais mec, je fabrique mes propres pots de fleurs. Et avant tout, mon premier amour, la peinture. Je peins des toiles dans le petit atelier que j’ai dans mon loft. Et je fais régulièrement des vernissages et des expositions de mes toiles. Ayant des admirateurs de mon travail. J’ai su me faire une réputation aussi dans le monde du tatouage. Pour le moment je tatoue dans le salon de tatouage d’un ami mais c'est prévu qu'un jour j'ouvre mon propre salon.