Jeudi 30 Janvier. Déposant rapidement un baiser sur les lèvres tentatrices de Nixon, je le remerciais encore une fois de m’avoir accueilli au sein de son studio pour ces cinq derniers jours suite au départ soudain – et imprévu à mes yeux – de Lukas. En me retrouvant en compagnie de l’artiste, ces cinq derniers jours avaient été merveilleux comme chaque instant que je passais avec lui. Ils m’avaient clairement évité de sombrer dans une spirale de conneries qui m’auraient peut-être valu un nouveau tour à l’hôpital voir peut-être même en cellule. Allez savoir. Dimanche matin, Lukas m’avait téléphoné de l’aéroport afin de m’annoncer qu’il partait en Nouvelle-Calédonie pour cinq jours avec l’une de ses amies et je n’avais pas réellement su comment encaisser une situation aussi dingue. Je n’avais pas su passer outre le fait que j’avais appris ce voyage à la dernière minute d’autant plus que mon sexy musicien avait agit comme s’il n’allait pas me parler durant tout ce voyage. Regrettait-il nos coucheries au pont de fuir comme ça ? Je n’avais pas pu en savoir plus. Non, j’avais juste eu à subir cette putain de réalité. Le dimanche soir, j’avais quitté le studio de Nixon comme c’était prévu afin d’aller bosser au Lord Hobo. Cependant, à la fin de mon service au bar, je n’avais eu aucune envie de rentrer dans mon appartement si silencieux. Je n’avais eu aucune envie de me retrouver seul dans mon lit à me torturer de mille et une pensées destructrices. Au lieu de plonger dans la débauche, j’avais fini par écrire à Nixon de nouveau. Ma bombe de couleur dans mon monde en noir et blanc. J’avais longuement hésité avant d’oser envoyer le texto parce que je ne voulais pas le déranger, mais j’avais fini par le faire pour lui demander si je pouvais venir squatter son studio au moins jusqu’à jeudi matin. La réponse n’avait pas tardé à tomber et elle était positive. Heureusement pour moi. J’avais donc passé ces cinq derniers jours à alterner entre le campus, le Lord Hobo et le studio de Nixon. Ça avait été parfait. J’étais tellement tombé amoureux de ce rythme et de mes retrouvailles avec le beau tatoué chaque jour que l’idée d’emménager chez lui avait envahi mes pensées. Cependant, il vivait déjà avec sa sœur et je m’imposais si souvent chez lui. Je ne pouvais pas lui demander de m’accepter comme colocataire. Je ne voulais pas exagérer à ce point. Je n’avais donc pipé mot sur cette folle idée profitant simplement de chaque instant. Et, en ce jeudi matin, je quittais le studio de Nixon avec le cœur apaisé. De toute manière, je revenais le voir ce week-end, nous en avions déjà convenu plus tôt. Mon sac de cours sur une épaule, je m’empressais de partir en direction du campus afin de ne pas être en retard en cours. Ma journée fut relativement banale. J’avais eu quelques heures de mécanique le matin ainsi que deux heures d’ingénierie l’après-midi. Puis, je m’étais isolé de nombreuses heures à la bibliothèque afin de rattraper mon retard sur mes travaux pour l’université. Ce n’était pas franchement dans le studio de Nixon que je parvenais à avancer. Le jeune homme savait tout le temps comment me distraire. Je me perdais incessamment dans sa contemplation. Et, franchement, ma concentration était au plus bas. La bibliothécaire m’approchait me soufflant qu’elle allait bientôt fermer le temple du savoir et je jurais soudainement en sursautant. Oh putain. Je n’avais pas vu le temps passé trop perdu dans mes exercices et dans ma bulle de concentration. J’allais finir par être en retard pour la sublime soirée que j’avais prévue. Ce soir, je n’allais pas retrouver Nixon. Il fallait bien que j’arrête de le coller autant quand même. Je n’allais même pas retrouver Lukas. De toute manière, je n’avais pas la moindre nouvelle du sexy musicien qui était toujours en Nouvelle-Calédonie. Non. Ce soir, j’avais un rendez-vous qui me rendait foutrement impatient. Un rendez-vous qui me garantissait une sublime soirée ainsi qu’un esprit totalement déconnecté. Une soirée qui risquait d’être parfaite. Je m’empressais de ranger mes affaires dans mon sac avant de quitter la bibliothèque au pas de course afin de rejoindre mon appartement.

En moins de vingt minutes, je me retrouvais sous la douche de mon petit appartement que j’avais tant abandonné ces derniers jours. L’eau chaude glissait sur ma peau et j’aurais pu rester des heures à en profiter. Cependant, je ne voulais pas perdre de temps. J’étais déjà trop impatient de retrouver Alex. Ouais, c’était avec le bel étudiant un peu maladroit que j’avais rendez-vous ce soir. Et, malgré notre match sur Tinder, cela n’avait rien d’un rendez-vous romantique ou sexuel. Quoique s’il arrivait quelque chose, ce n’était pas moi qui allait dire non. Bien au contraire… Attendez… Vous aviez vu Alex ? Franchement, aucune putain de raison de refuser si cela venait à arriver quand bien même je n’y croyais pas vraiment. Ce soir, nous nous retrouvions entre potes afin d’enfin profiter d’une soirée qui s’offrait à nous. Juste et lui. Pour toute la soirée. Sans avoir besoin de réfléchir au nombre de verre que j’allais boire. Sans avoir besoin d’écourter la soirée pour X ou Y raisons. Cela fait un petit moment que je n’avais pas eu l’occasion de me retrouver avec le jeune homme et j’étais fichtrement plus qu’heureux de l’arrivée de cette soirée. Elle allait nous permettre de nous retrouver et de discuter pendant des heures de tellement de choses. Mais, nous allions surtout pouvoir faire la fête cette nuit. Malgré l’absence de Lukas et les rouages de mon cerveau en mouvement constant, je savais que je parviendrais à totalement me déconnecter ce soir. Je savais que je parviendrais à ne pas trop réfléchir et à me détendre pour passer une excellente soirée. Me faufilant dans ma chambre, je m’empressais de m’habiller d’un tee-shirt blanc, d’une veste en cuir noire et d’un jean basique. Enfilant mes chaussures, je passais rapidement dans le salon afin de récupérer un casque de moto pour mon ami. Et, ce n’était pas n’importe quel casque. Je pouffais de rire en l’attrapant avant de me précipiter à l’extérieur de mon appartement après un dernier coup d’œil à la nouvelle adresse indiquée par Alex. Vite, vite, vite. Est-ce que j’étais en retard ? Je n’en savais foutrement rien tandis que j’enfourchais ma moto pour rejoindre ce nouvel appartement où mon ami avait emménagé. La circulation était fluide en ce début de soirée tant et si bien que je ne mettais guère longtemps à arriver devant cet appartement.  Retirant mon casque, je descendais de ma moto tout en attrapant rapidement mon téléphone. J’écrivais un texto au jeune homme afin de lui indiquer ma présence en bas de chez lui. Et, pendant que je l’attendais, j’en profitais pour faire le tour de ma moto afin de récupérer le casque que j’avais apporté spécialement pour lui. Le jeune homme ne tarda pas à sortir du bâtiment entraînant aussitôt un sourire sur mes lèvres. Putain, comme j’étais heureux de le voir. Comme j’étais heureux de passer cette soirée avec lui. Alex souriait lui aussi me soufflant que je devais lui donner le casque tout de suite pour arracher le pansement au plus vite. Un rire passa la barrière de mes lèvres et j’agitais doucement le casque devant lui. Ce fameux casque rouge totalement ridicule que j’avais acheté spécialement pour lui. Lui tirant la langue, je répondais du tac au tac « Arrête, j’suis sûr que tu vas être très sexy avec ce casque. Oh peut-être que tu veux que je te prenne en photo avec le casque sur la tête ? J’suis certain que ça te ferait une sublime photo de profil pour Tinder ! » Je pouffais de rire avant de lui faire un clin d’œil tout en remettant mon casque sur ma tête. Et, rapidement, j’enfourchais de nouveau ma moto prêt à partir pour cette folle soirée. J’attendais qu’Alex soit installé derrière moi avant de remettre le contact et de filer à travers les rues de Boston direction le centre-ville. Par ici, nous pourrions trouver notre bonheur pour faire la fête toute la nuit. Encore une fois, le trajet fut rapide et je m’empressais de garer ma moto sur la première place libre que je voyais. Une place dont j’étais certain de me souvenir demain dans la journée pour venir la chercher. Retirant mon casque, j’agitais la tête pour enlever les mèches de cheveux qui s’amusaient à venir dans mes yeux et j’attendais que mon ami soit descendu pour en faire de même. Mes prunelles se posaient sur Alex et je pouffais de rire en le voyant avec ce casque. Tout en faisant le tour de ma moto pour ranger les casques dans mon coffre, je babillais à l’attention d’Alex.

On commence la soirée avec des verres et des potins puis on va déhancher nos corps sur la piste, ça te tente ?

La soirée s’annonçait vraiment bien. Je le savais. Je le sentais. De toute manière, il ne pouvait pas en être autrement lorsque je me retrouvais en compagnie d’Alex. Le jeune homme savait toujours me faire passer un excellent moment. Il savait parfaitement m’entraîner hors de toutes ces choses qui cognaient dans ma tête et qui me dévoraient trop douloureusement. Aussi, j’étais plus que ravi de retrouver Alex en ce jeudi soir. Ce soir, je savais qu’il serait capable d’effacer totalement Lukas de mes pensées… Ou, en tout cas, je l’espérais très fortement. Putain, ouais, je voulais arrêter d’imaginer Lukas en Nouvelle-Calédonie avec une ou peut-être même des filles et surtout sans moi. Je voulais cesser de me demander ce que mon sexy musicien était en train de faire. Je ne voulais plus penser au fait que, peut-être, il était en train de partager son lit avec un autre homme ou une autre femme. Je désirais simplement pouvoir effacer cet abandon total dont j’étais victime et qui me faisait si mal alors que, merde, j’étais beaucoup trop attaché à Lukas… Attaché au point de penser que j’avais des sentiments amoureux pour lui. Ouais, carrément. Bordel, je voulais oublier tout ça et cette soirée tombait à pic. Elle me permettrait aussi d’effacer Nixon le temps de quelques heures. Je cesserais sans doute de me questionner sur toute mon histoire avec l’artiste. J’arrêterais de me demander ce que j’étais en train de foutre avec ce sexy étudiant qui prenait de plus en plus de place dans ma vie empiétant lentement, mais si réellement, à l’intérieur de mon cœur. Mais, surtout, ce soir, Alex serait capable d’effacer la peine de cœur que Milo avait causée au début de cette année. Cette peine de cœur qui n’était toujours pas partie de mon être. Cette peine qui se rappelait douloureusement à moi à chaque fois que mes yeux se posaient sur mon reflet et que je voyais cette bague de fiançailles sur la chaine autour de mon cou. Il fallait que je me débarrasse du collier pour tirer un trait sur tout ça… Néanmoins, pas tout de suite non. Je n’étais pas prêt. Il me fallait du temps. Encore plus de temps. Pour ce soir, simplement oublier toutes ces choses me suffirait et je savais qu’Alex avait tout ce pouvoir parce que son amitié demeurait plus importante que toutes mes histoires d’amour ou de sexe. Ouais, je savais que si un jour je devais faire un choix entre l’un de mes partenaires et Alex, je risquais de choisir Alex parce que tout était clair entre lui et moi et que je savais que je pouvais compter sur lui. À la vie. À la mort. Je lui faisais confiance comme cela m’était trop rarement arrivé. Quand bien même le jeune homme ne connaissait pas la totalité de ma vie, il ne cherchait jamais à me tirer les vers du nez pour comprendre telles ou telles choses. Il me laissait venir parler quand je le voulais. Sans jamais forcer. C’était si simple. Ce n’était même pas ambiguë et putain ça rendait tout plus agréable dans le fond. Alors, ouais, lors de notre rencontre, j’avais ressenti un crush pour lui. Néanmoins, bien rapidement, j’avais compris que ce crush n’était qu’amical. Que tout serait platonique entre le jeune homme et moi. Nous n’étions que deux potes très proches. Nous n’étions que deux potes qui avaient quand même fini par matcher sur Tinder. Malgré ce match, je savais au fond de moi que rien ne se passerait entre Alex et moi. Il était hors de question de foutre en l’air tout ce que nous avions et qui était parfait. Bon… Ok… Je devais quand même vous avouer que si Alex tentait un quelconque rapprochement avec moi, je ne mettrais pas de stop parce qu’il était foutrement attirant et que je m’étais toujours demandé ce que ça me ferait. De l’embrasser. De le toucher. De l’avoir contre moi. Mais, si cette curiosité n’était jamais satisfaite, ce n’était pas la fin du monde. Elle ne me préoccupait pas tant que ça. Non. Moi je voulais juste passer des bons moments avec Alex comme ce soir où je l’attendais au bas de son nouvel appartement. Je lui envoyais un texto afin de le prévenir de mon arrivée puisque je n’avais aucune envie de grimper les étages pour aller le récupérer. Je voulais être en état de danser ce soir et je savais que si je forçais pour grimper des escaliers, je risquais de trop dérouiller. Mon genou tirait depuis des jours déjà. Puis, zut, nos retrouvailles n’étaient guère un rendez-vous galant et je n’avais donc pas besoin de grimper devant sa porte pour le récupérer. De toute façon, Alex débarquait déjà le sourire aux lèvres entraînant aussitôt le mien. Putain, j’étais heureux de le revoir. J’avais l’impression que cela faisait une éternité que sa silhouette ne s’était pas dessinée sous mes yeux. J’avais l’impression que cela faisait trop longtemps que nous n’avions pas eu l’occasion de nous retrouver. Juste lui et moi. Pour discuter. Pour boire. Pour nous amuser. Pour refaire le monde. Sans la moindre limite. Sans la moindre préoccupation. Mon cœur cognait déjà plus fort dans ma poitrine sous cette impatiente qui pointait le bout de son nez. J’agitais le casque sous les yeux d’Alex lui prouvant que mon texto n’était pas juste une mauvaise blague. J’avais réellement acheté ce casque et c’était sans doute trop stupide de ma part surtout en sachant que j’étais loin d’être riche. Cependant, je n’avais pas su résister en le voyant parce que je savais que ça me ferait tellement rire. Suite à ma proposition de photo, Alex me tirait la langue et je souriais. Encore et toujours. J’allais finir par attraper des crampes aux joues à force de sourire comme ça toute la soirée. Le jeune homme m’interdisait de le prendre en photo et une petite moue passa sur mon visage alors qu’il indiquait comme cela aller se passer. Il voulait se la jouer ni vu, ni connu avec ce casque et ça me faisait rire. Je finissais par acquiescer doucement levant ma main libre dans l’air tout en sifflant.

Bien, bien, pas de photo ! C’vraiment dommage quand même parce que j’aurais pu t’offrir une photo géante à ton anniversaire. Mais bon, tant pis, j’aurais que mes souvenirs pour garder cette splendide image !

J’utilisais un ton théâtral un peu trop dramatique en soufflant ces quelques mots tandis que mes yeux étaient plantés dans ceux d’Alex. Zut, il était vrai que je m’étais clairement vu débarquer pour l’anniversaire du jeune homme avec un énorme cadre emballé qui serait en fait une photo de lui avec ce casque. Franchement, avouez que cela aurait pu être carrément drôle et ça aurait été un superbe cadeau dans le fond. Quelque chose qui nous correspondait. Néanmoins, mon ami n’acceptait pas de faire une photo et je n’allais certainement pas aller à l’encontre de sa demande. Je n’avais aucune envie de me prendre la tête avec lui pour une putain de photo sans réellement d’importance… Enfin, franchement est-ce que nous nous serions pris la tête ? J’en doutais grandement. Il n’y avait aucune raison de se gueuler dessus pour une putain de photo. Il n’y avait aucune raison de nous engueuler alors que nous nous retrouvions pour une bonne soirée. De toute manière, je savais déjà que j’aurais d’autres occasions de pousser Alex à enfiler ce casque un jour et que je profiterais de l’un de ces moments pour le prendre en photo. Oh ouais, j’aurais l’occasion de le faire ainsi. J’en étais persuadé. C’était surtout pour cette raison que je n’insistais pas plus que cela sur mon désir d’immortaliser cet instant de ridicule. Et, après avoir décroché un nouveau sourire à l’attention d’Alex, je m’empressais d’enfiler mon casque et d’enfourcher ma moto que j’étais en état de conduire pour le moment. Dans quelques heures, nuls doutes que je ne serais pas en état de le faire. J’aurais trop d’alcool dans le sang et il était hors de question que je prenne le risque d’avoir ou de créer un accident. Dans quelques heures, je ne savais pas encore où je m’échouerais. Chez Alex ? Chez moi ? Dans n’importe quel hôtel ? Sur un banc ? Dans un club ? Chez un étranger ? Putain, je n’en avais pas la moindre idée parce que j’ignorais totalement la manière dont toute cette soirée allait se dérouler. Je ne savais même pas dans quel état j’allais me retrouver. Qu’importait… Nous verrions bien. Une fois Alex installé derrière moi sur ma moto, je me mettais en route vers le centre-ville de Boston qui aurait clairement de quoi nous aider ce soir. Au sein du centre-ville, nous trouverions notre bonheur pour toute la soirée. Cela ne manquait pas de bar. Ça ne manquait pas de clubs. Oh non, fort heureusement pour Alex et moi. Le trajet fut assez rapide et je m’empressais de garer ma moto déjà tellement prêt à me lancer dans une folle soirée en compagnie du jeune homme. Je retirais mon casque agitant la tête pour replacer les quelques mèches qui avaient bougé à cause du casque. Alex se recoiffait plus sagement et ça m’arrachait un sourire amusé. Depuis des années, l’habitude me poussait toujours à secouer la tête et ensuite à passer une main dans mes cheveux si c’était nécessaire. Ce ne l’était généralement pas. Mes cheveux étaient suffisamment longs pour qu’un petit geste de la tête me permette de les remettre en place. Je faisais le tour de ma moto afin de ranger les casques tout en proposant un programme pour la soirée. À boire et des potins pour commencer bien tranquillement. Ce ne serait qu’une mise en bouche. Puis, nous pourrions danser pour prolonger cet instant aussi longtemps qu’Alex le voudrait. J’étais prêt à rester jusqu’au petit matin s’il le souhaitait. J’avais tant envie de boire. Je désirais tellement me déhancher. Je voulais m’éclater. Et, Alex semblait être du même avis que moi puisqu’il soufflait que ça semblait être un bon plan et que nous étions parti. Glissant mes clés de moto dans ma poche, j’emboitais le pas au jeune homme pour entrer dans le premier bar qui apparaissait sur notre route. Nous ne cherchions pas plus loin et allions directement au comptoir afin de passer commande avant de nous installer. Quoique… Je comptais bien resté accoudé au bar. Il s’agissait de la meilleure place pour avoir une vue d’ensemble sur la salle. Puis, on obtenait à boire plus vite. Mes prunelles se reposaient sur Alex qui me demandait les potins que j’avais à souffler sauf si je voulais commencer par cela qui buvait dix shots le plus rapidement. J’haussais un sourcil fichtrement amusé, foutrement hésitant. Un quart de seconde et je soufflais « Commençons par boire non ? » Avec de l’alcool dans nos veines, tout devenait tellement plus intéressant. Les langues se déliaient plus aisément. Il y avait moins de filtre. Il y avait moins de réflexion. Et, putain, c’était tellement mieux. Je me perchais sur un tabouret avant de faire un signe au barman afin qu’il vienne vers nous s’occuper de notre commande. Une commande de vingt shots. Dix chacun. Oh ouais, j’étais prêt. Et, pendant qu’il préparait nos verres, je reposais mon regard sur Alex balançant soudainement « Puis avant que j’raconte des potins sur moi, c’toi qui doit de te mettre à table. Tu dois me raconter ton date Tinder j’te rappelle et j’veux les détails hein » Un sourire amusé passa sur mon visage tandis que je me retournais rapidement vers le bar qui venait d’accueillir nos dix shots chacun. Je jetais un coup d’œil aux verres. Je relevais les yeux sur Alex. Ouais, j’avais dit que les potins venaient d’abord comme une douce entrée en matière avant la folie de notre soirée. Mais, zut, autant pimenter toute cette soirée non ? Puis, ce n’était pas de ma faute si je n’étais qu’un gamin en la présence d’Alex. Aussi, sans la moindre hésitation, plantant mon regard défiant dans celui d’Alex, je soufflais.

Celui qui termine ses shots en premier a le droit de donner un gage à l’autre…

Nous entrions dans le premier bar qui se dessinait devant nous sans nous poser la moindre question parce que c’était bel et bien ça le but de la soirée : ne plus se poser de questions sur quoi que ce soit. Je voulais simplement vivre l’instant présent en compagnie d’Alex. Je désirais uniquement me foutre la tête en l’air en me fichant de tout le reste et de tout le monde. C’était ce dont j’avais follement besoin en cette soirée. Je voulais effacer Lukas de mon esprit et oublier tout ce qu’il pourrait être en train de faire en Nouvelle-Calédonie. Je ne voulais pas me mettre à l’imaginer déposant ses mains sur le corps d’une femme… Une de ces fucking groupies qui adorerait le voir jouer de la guitare et chanter. Je ne voulais pas me mettre à l’imaginer s’offrant à un autre homme. Damn it. Non. Lukas s’était barré en Nouvelle-Calédonie pendant plusieurs jours. Il m’avait prévenu à la dernière minute comme si je n’étais rien et il s’était envolé avec ses amies. Je devais simplement tourner la page et cesser d’y penser. Il était libre. J’étais tout aussi libre. Ou peut-être pas si libre que ça puisqu’un autre homme s’invitait continuellement à l’intérieur de ma tête. Nixon cognait tout le temps dans mes pensées. Ce sexy tatoué pour qui je tombais de plus en plus. J’étais devenu un peu trop accro à Nixon passant beaucoup de temps chez lui, avec lui. Je développais des sentiments pour le bel artiste rencontré dans un cours de dessin. Des sentiments sans doute un peu trop puissants. Des sentiments qui risquaient de me détruire peut-être si au final il se rendait compte que je n’étais pas assez bien, pas assez simple ou peut-être pas assez intéressant. Nixon risquait peut-être de mettre fin à tout comme Milo l’avait fait avec moi quelques semaines plus tôt. Milo… Il m’avait brisé le cœur comme cela n’avait jamais été fait auparavant. Il avait même piétiné le futur idéal qui se dessinait dans ma tête. Ce futur que je me voyais déjà tout construire avec lui. Ce futur où j’étais censé lui offrir cette bague qui ornait encore mon cou. BORDEL NON ! Il fallait que je cesse de réfléchir. Je voulais effacer toutes ces choses de ma tête. Il fallait que je les oublie à tout prix et c’était ce que je comptais faire lors de cette soirée. Sans la moindre hésitation. Sans le moindre recul. Il n’y aurait pas la moindre limite à ma consommation d’alcool ce soir. Je me doutais qu’Alex risquait d’être beaucoup plus sage que moi… Ou peut-être que je parviendrais à l’entraîner dans ma folle déchéance. J’en avais tellement envie. Je voulais follement abaisser toutes les barrières que le jeune homme pouvait dresser pour conserver le contrôle et le dessus sur l’alcool. J’avais envie qu’il plonge dans la folie de cette soirée avec moi en se foutant de tout. Se foutre du passé, du présent, du futur. Se foutre même des conséquences de cette soirée. Je voulais qu’il fasse comme moi : profiter et vivre en se disant que tout ce qui se passerait ce soir resterait entre nous et n’aurait pas la moindre incidence. Ce n’était qu’une soirée et ça pouvait devenir tellement bon. Je voulais boire jusqu’à n’en plus pouvoir. Je désirais danser jusqu’à ne plus sentir mes jambes. Je voulais faire le con jusqu’à parvenir à tout oublier et peut-être même finir par ramener un homme dans un lit. Ouais, peut-être bien. M’installant au comptoir avec Alex, il me demandait de lui parler des potins que j’avais à souffler et oh putain s’il savait. Il y avait tellement de potins qui cognaient à l’intérieur de ma tête. Il y avait tant de choses dont j’avais follement envie de parler. Néanmoins, je ne pouvais pas le faire comme ça. Je ne pouvais guère me lancer sans entrée en matière. Il me fallait de l’alcool. Il me fallait ce liquide salvateur pour délier ma langue parce que je ne savais même par où commencer pour en parler. De toute manière, je voulais l’entendre lui d’abord. Je désirais l’écouter en premier parce qu’il m’était toujours plus aisé d’écouter les autres que d’ouvrir ma propre bouche. Sans doute une dérivation de mon métier de barman allez savoir. Mais, avant tout, il fallait boire et Alex ne le refusait pas. Bien sûr que non. Notre soirée était faire pour ça. Pour cet alcool. Notre soirée était également faite pour ces retrouvailles qui me faisaient tellement de bien. Alex m’avait cruellement manqué. Il fallait réellement que je me mette à voir le jeune homme plus régulièrement parce que je me sentais bien quand il était là. J’avais l’impression que tout se mettait enfin sur pause. Les problèmes. La voix. L’angoisse. La réflexion. J’avais l’impression de pouvoir vivre une parenthèse dans mon enfer quotidien et c’était tellement agréable. Je comptais en profiter et je notais dans un coin de ma tête de ne plus attendre aussi longtemps avant de le revoir. Me perchant sur le tabouret au bar, vingt shots ne tardaient pas à être commandés auprès du barman. Et, en attendant de pouvoir donner vie à cette descente, je soufflais qu’Alex avait des potins à me raconter en premier. Il m’avait dit qu’il m’en parlerait ce soir de son date Tinder et j’étais foutrement curieux. Je désirais les détails de ce rencard. Lorsque le jeune homme me soufflait qu’il avait presque oublié, un sourire amusé se dessinait sur mon visage et je rétorquais du tac au tac.

Presque oublié ? Damn c’était si nul que ça ? Ou tellement bien que ça t’en as retourné la tête ? Ou peut-être qu’il y a autre chose ?

Trop de questions Neal. Trop d’interrogations. Mes sourcils se fronçaient et je détournais la tête pour cesser de fixer Alex comme si je cherchais à décoder ce qui était passé sous silence au travers de ces propos si vagues. Comment pouvait-il avoir presque oublié un rendez-vous qui s’était déroulé quelques jours plus tôt ? Que s’était-il passé pour qu’il l’ait presque oublié ? Ou il avait juste presque oublié qu’il devait m’en parler ? Shit. Je n’en savais foutrement rien, mais j’avais follement envie de comprendre et de savoir maintenant. Est-ce que son rendez-vous avait été vraiment nul ? Est-ce que son rendez-vous avait su lui retourner la tête ? Ou est-ce qu’il y avait quelque chose d’important qui s’était passé entre temps et qui lui avait totalement fait oublier ce rendez-vous Tinder ? Je ne savais pas. Mais, j’espérais obtenir bientôt les réponses à mes questionnements. J’attendais sagement qu’Alex ouvre la bouche. Un sourire amusé finissait par prendre place sur mon visage tandis que le barman déposait enfin une commande de shots devant nous. Dix pour Alex. Dix pour moi. C’était parfait. Mes yeux pétillaient d’envie. Tout mon être piétinait d’un désir fou. Je voulais tellement ces verres. Je désirais follement cet alcool dans mon corps. Et plus encore parce qu’après tout ces dix petits verres me semblaient beaucoup trop légers. Ce n’était que le début d’une longue soirée n’est-ce pas ? Ce n’était que pour bien commencer une soirée qui s’annonçait déjà exceptionnel. Dix shots… Ce n’était vraiment pas grand-chose pour moi. J’avais l’habitude de boire tellement plus. J’avais l’habitude de me foutre dans des états pitoyables. Ce soir, en présence d’Alex, mon état le serait peut-être un peu moins puisque je n’étais pas certain de prendre de la drogue pour augmenter toute cette folie… Enfin, je n’en savais rien. Peut-être que je finirai par aller en consommer en cachette d’ici quelques heures. Peut-être que je ne saurais pas résister à la tentation de me foutre un peu plus en l’air allez savoir. Quoiqu’il en soit, ces dix petits verres ne semblaient pas être un grand défi à relever pour moi au contraire de mon compagnon de soirée. Alex n’était pas un grand adepte des beuveries sans fin. Il lui arrivait de boire, mais jamais autant que moi. Jamais aussi rapidement que je pouvais le faire lorsque j’étais lancé. Jamais dans un tel excès. Non. Alex était souvent celui qui gardait un peu plus la tête froide que moi. Je savais qu’en sortant avec lui, je pouvais lui faire confiance afin de rentrer en toute sécurité à la fin de la soirée. Pourtant, ce soir, ce n’était pas ce que j’avais envie. Non. Ce soir, mes prunelles croisaient les siennes et le défi tombait sans la moindre hésitation. Je lançais ce putain de défi comme si je savais que j’avais envie d’ébranler les limites du jeune homme. Celui qui terminait ses shots en premier avait le droit de donner un gage à l’autre. Ce n’était pas mesquin… Ou peut-être un peu. Mais, cela me permettait de donner la nature de cette soirée qui commençait et qui devait me permettre de tout effacer. Alex ne tardait pas à réagir en me disant que c’était de la triche puisque j’avais plus d’expérience que lui avec tout cela. Un rire franchissait aussitôt mes lèvres et j’haussais simplement les épaules en guise de réponse. C’était sans doute de la triche, mais cela en restait amusant. Surtout pour moi qui avait la possibilité de gagner. J’avais aussi la possibilité de perdre dans le fond. Je pouvais prendre mon temps et laisser Alex gagner. Je pouvais lui laisser l’opportunité de me donner le gage qu’il souhaitait pour voir un peu ce qu’il était prêt à faire ce soir. Ouais, je pouvais… Mais, rien ne soufflait que j’allais réellement le faire. Alex attrapait son premier shot et je faisais de même attendant sagement le départ. Ce départ qu’il lançait avec un décompte et un go. Ce départ que je suivais à la lettre. Je n’avais pas besoin de tricher pour tenter de gagner. C’était parti. Et… BINGO ! Je reposais le dixième verre me tournant légèrement vers Alex. Un grand sourire ornait mon visage parce que, comme cela était prévisible, je venais de gagner le duel. En terminant mes shots avant lui, j’avais le droit de lui donner un gage et je m’en réjouissais comme un gosse qui venait de gagner le meilleur des prix. Fronçant les sourcils, je babillais « Voyons voir… Qu’est-ce que je vais bien pouvoir te demander ? » Je me la jouais diabolique. Je me la jouais réel méchant alors que nous savions sans doute tous les deux que je ne le forcerai à rien. Si jamais il refusait le défi, je n’insisterais pas et nous retournerions à boire. Ma langue glissait sur mes lèvres tandis que je frottais doucement mon menton comme en quête de l’inspiration. Et, finalement, soudainement, je demandais « Et si tu nous interprétais un tube des Spice Girls avec une sublime chorégraphie en montant sur la scène ? » D’un signe de tête, j’indiquais l’espèce de petit podium qui se trouvait au fond de la salle et qui lui permettrait d’attirer l’attention de tout le monde. Ça sonnait plutôt bien comme défi. Ça me plaisait bien. En attente de sa réponse pour savoir s’il allait relever le défi ou pas, je commandais une bière auprès du barman laissant le soin à Alex de décider s’il voulait reboire tout de suite ou attendre. Damn, ces shots n’étaient clairement pas suffisant. Je devais boire. Il fallait que l’alcool coule à flot.

La curiosité faisait partie de mon être depuis toujours. Depuis que j’étais gamin, je ne pouvais pas m’empêcher de poser mes prunelles curieuses un peu partout autour de moi tandis que le flot de questions quittait mes lèvres. Lorsque mon père ramenait certaines de ses enquêtes à la maison, j’avais toujours envie de découvrir de quoi il s’agissait. Je désirais seulement m’intéresser à son travail et créer un lien avec lui. Bien évidemment, cette envie m’était rapidement passée lorsque papa m’avait trouvé à fouiner dans ses dossiers de travail et qu’il m’avait enfermé dans la cave tout un week-end après m’avoir donné une bonne correction. Heureusement pour moi – ou peut-être malheureusement – cela n’avait aucunement éteint ma curiosité maladive. Je me contentais de l’assouvir en toute discrétion auprès de mon père développant alors de plus en plus de talent pour me faufiler. Je n’hésitais cependant pas à assouvir pleinement ma curiosité de gamin ailleurs que cela soit à l’école ou avec ma mère. Je posais des milliers de questions sur tout, tout le temps. Lorsque maman avait ouvert sa boutique, je l’avais supplié plus d’une fois pour pouvoir l’accompagner sur son lieu de travail tout simplement parce que j’avais envie d’observer. Je désirais découvrir ce qu’elle faisait et comment elle le faisait. Et, malgré l’enfer s’abattant continuellement sur moi, cette envie de découverte n’avait jamais cessé au fil des années. Elle s’était amplifiée, même au sein de la mafia. Je ne m’étais jamais lassé de découvrir quand bien même je m’étais fait engueulé plus d’une fois parce que je fourrais mon nez partout. Au final, ma curiosité m’avait servi. Elle me servait encore aujourd’hui. Ce n’était pas pour rien que je savais me débrouiller dans de nombreux domaines. La découverte et l’exploration portaient leurs fruits. Je savais manier une arme à feu à la perfection ne manquait jamais ma cible. Je savais me défendre grâce à des années de boxe et de coups intenses qui me permettaient de résister mieux à la douleur. Je possédais des bases en médecine qui me permettait de me soigner tout seul si je ne voulais pas qu’on apprenne que je m’étais blessé. J’avais aussi eu le temps d’apprendre tellement de choses sur le trouble Borderline pour le gérer tout seul sans aide extérieur. Qu’y avait-il d’autre ? La basse, la mécanique, l’ingénierie et depuis peu la peinture… La curiosité était un vilain défaut, mais elle faisait partie de moi et j’en étais fier parce que, sans cette curiosité, je n’aurais sans doute pas été aussi loin dans mon existence. Ce soir, ma curiosité ressortait et je ne pouvais pas la contrer. Je ne pouvais pas l’effacer de mon existence quand bien même il aurait peut-être fallu parce que je risquais de devenir trop chiant. Mais, zut, je ne pouvais pas face à Alex. Pas ce soir. Cela faisait des semaines que je n’avais pas vu le jeune homme. Cela faisait des semaines que nous n’avions pas réellement échangé et j’étais trop curieux de savoir où il en était dans sa vie surtout au vu de nos dernières brèves discussions par message. Je désirais savoir comment il se sentait. Et, bien évidemment, je voulais l’entendre me parler de ce rendez-vous Tinder qu’il avait eu parce qu’il était convenu que nous en parlions ce soir. C’était même lui qui m’avait dit que nous en discuterions. Posé au comptoir, je n’osais pas ouvrir la bouche pour satisfaire la curiosité qu’il pourrait avoir à mon égard. Je n’osais pas souffler toutes ces choses qui cognaient dans ma tête et que j’aurai aimé lui dire. Je voulais lui parler de Lukas. Je désirais lui parler de Nixon. Néanmoins, il me fallait beaucoup plus d’alcool dans le sang pour le faire. Il allait me falloir beaucoup d’alcool pour oser babiller sur ces relations amoureuses parce que j’avais trop peur du jugement qui cognerait derrière mes aveux. Alex ne serait pas méchant. Néanmoins, je savais que mes relations n’avaient rien de normal et je n’étais pas prêt à l’entendre sobre. Alors, je voulais boire pour parler et satisfaire la curiosité du jeune homme. Je voulais aussi le faire boire pour qu’il oublie toute mes confessions le lendemain ou peut-être juste pour être sûr de ne pas avoir à en parler de nouveau. Je voulais le faire boire pour réellement lâcher prise sur nos vies oppressantes et si rapides. À mon interrogation, mon ami ne tardait à me dire que je n’imaginais pas la semaine de dingue qu’il venait d’avoir. Il croyait que c’était là le seul moment où il pouvait souffler. Souffler… Ouais, non, ce ne serait pas vraiment ça. Il allait plutôt pouvoir tout laisser tomber. Le rire du jeune homme me poussait à sourire, mais je ne pouvais pas m’empêcher de m’inquiéter suite aux mots qu’il venait de souffler. Est-ce que quelque chose n’allait pas ? Est-ce qu’il avait des problèmes ? Pourquoi avait-il autant eu une semaine de dingue ? Avait-il enchaîné les rendez-vous Tinder au final ? Je n’en savais strictement rien. Alex tournait autour du pot depuis que nous étions assis ici. Il babillait un peu trop dans le vent et mon ventre se tordait toujours plus comme si j’attendais que la mauvaise nouvelle tombe. Comme si je savais que l’orage arrivait. Mes yeux se posaient alors dans les siens et je demandais soudainement.

Allez arrête de tourner autour du pot et dis-moi tout

Les yeux rivés dans ceux d’Alex, je pianotais sur le bar. Je n’étais pas patient. C’était sans doute l’un de mes plus grands défauts par moment. J’avais trop de mal à savoir attendre dans de trop nombreuses circonstances. Cela devenait difficile pour moi lorsque l’inquiétude commençait à cogner à l’intérieur de mon être. Depuis le début de la soirée, Alex se contentait de voguer légèrement sur mes questions et je me demandais bien ce qu’il pouvait y avoir. De quels problèmes ne voulait-il pas parler ? Ou bien qu’est-ce qu’il cherchait à me cacher ? Je n’en savais rien et ça tordait douloureusement mon ventre. Alex ne répondait pas précisément à mes interrogations. Il n’offrait pas le moindre détail. Il semblait juste balayer trop rapidement et je n’en pouvais plus de devoir attendre en silence. Je ne pouvais plus rester sagement silencieux à côté de lui à ne rien dire en attendant qu’il se décide à délier sa langue. Pas ce soir. Je ne pouvais plus l’être après tous ces mots, après tous ces silences. C’était quand même censé être l’une de ces soirées où nous pouvions parler pendant des heures de tout et de rien sans limite. C’était l’une de ces soirées où Alex était censé pouvoir se confier à moi sans se soucier de quoi que ce soit et je pouvais faire de même. Alors, je l’invitais à parler. Je l’invitais à tout me raconter parce que j’étais prêt à tout entendre. J’étais même prêt à me faire assommer par l’histoire si elle était longue. Je voulais qu’il ose parler. Je désirais qu’il ose se confier au lieu de tourner autour du pot. De mon côté, il me faudrait de l’alcool avant de parler. Qu’est-ce qu’Alex attendait lui ? Avait-il aussi besoin d’alcool pour pouvoir babiller ? Qu’il me le dise clairement alors. Qu’il me souffle qu’il lui fallait quelques verres avant de se confier parce que sinon je n’allais pas pouvoir cesser de m’inquiéter et je continuerais à être trop chiant en le questionnant. L’alcool finissait d’ailleurs par pointer son nez dans notre soirée. Les shots arrivaient devant nous. Dix chacun et c’était chouette. J’avais tellement besoin de ces verres pour me détendre. J’avais tant besoin de cet alcool pour être en mesure de m’ouvrir ce soir et peut-être d’obtenir des conseils de la part de mon ami. Je voulais boire sans la moindre limite. Je désirais tellement me foutre en l’air. Et, putain, je savais que je pouvais me foutre en l’air sans inquiétude. Si Alex gardait la tête froide, il s’occuperait de moi veillant que je ne fasse pas de conneries. Je lui faisais une confiance aveugle. Si Alex sombrait avec moi dans la déchéance alcoolisée, nous n’aurions qu’à aller nous échouer dans l’un des multiples hôtels peuplant la rue. Ouais, c’était aussi aisé. Le plan était clair tant et si bien que je n’hésitais pas à lancer un défi à mon ami. Le premier à terminer ses dix shots pouvaient donner un défi à l’autre. Ça nous permettrait de détendre l’atmosphère. Peut-être que ma proposition était un peu de la triche parce que je buvais clairement plus qu’Alex. Je buvais si souvent, en très grande quantité. Néanmoins, ce n’était pas pour autant qu’il ne pouvait pas gagner. Je pouvais toujours le laisser gagner… Alex attrapait son premier shot et je faisais de même écoutant le décompte qui glissait entre les lèvres du jeune homme. Je laissais peut-être même passer quelques secondes après le go avant de porter le premier verre à mes lèvres. Et les dix étaient enfilés. Vite. Trop vite. Ma tête se tournait vers Alex et un énorme sourire glissait sur mon visage parce que je venais de gagner. J’étais le gagnant et je m’en réjouissais comme un gosse devant une vitrine de jouer. Tant de possibilités s’offraient à moi et l’air diabolique glissait sur mon visage. Un éclat de rire franchissait mes lèvres lorsqu’Alex laissa son front s’échouer sur le bar. Il soupirait avant de me joindre dans le rire. Et, après quelques secondes en quête d’un défi pas trop compliqué et amusant, je finissais par lui demander d’interpréter un tube des Spice Girls avec une chorégraphie sur la scène. Alex m’offrait une mine dépité, mais il ne refusait pas. Bien au contraire. Il me lançait même ce ‘cap’ qui agrandissait le sourire sur mon visage. Pendant qu’il se rendait sur le podium, je commandais une bière auprès du barman. Il fallait que je boive. Toujours plus. Je voulais me noyer. Je voulais sombrer. Soudainement, les premières notes de Wannabe se faisait entendre et un rire m’échappait. Mes prunelles se dirigeaient sur le podium et sur Alex. Est-ce que je devais le filmer pour garder un souvenir ? Oh bordel ouais, il le fallait. Sortant mon téléphone de ma poche, je lançais l’enregistrement déposant mon movile sur le comptoir après avoir bien cadré. Et, mes prunelles se reposaient sur le show-man. Alex m’offrait un spectacle digne de ce nom. La chorégraphie. Les paroles. La bonne humeur. Tout était là et je profitais de ce spectacle. Un pur délice pendant lequel je sirotais ma bière ne perdant pas une miette du show de mon ami qui se donnait à fond. Il se faisait applaudir et je me joignais à ces applaudissement gueulant même pour saluer sa prestation. Je m’empressais de couper l’enregistrement et de ranger le mobile dans ma poche alors qu’Alex venait me rejoindre sur son tabouret en me demandant ce que j’en disais avant de rire. Un rire si communicatif qui entraînait le mien tandis que je soufflais bien vite « J’veux tellement un autographe ! » Un grand sourire de gamin surexcité glissait sur mon visage tandis qu’il commandait une bière. Portant la mienne à mes lèvres, je me tournais complètement vers lui déposant un coude sur le bar et appuyant ma tête dans ma main avant de dire « Non, franchement tu as un véritable talent mon chou ! J’suis sûr que tu pourrais faire des covers en ligne et devenir célèbre. » J’acquiesçais doucement avant de porter de nouveau ma bière à mes lèvres la terminant trop vite. D’un signe de la main, j’en commandais déjà une nouvelle tandis que je babillais.

Oh, au fait, après ce super casque, la prochaine chose que je te ramène c’est une perruque et une tenue de Spice Girls parce que j’suis certain que tu serais à tomber dedans et ton show sera encore meilleur.