the sound of reverie  ★ ─ w/ @Veïa Alvisio

Je rougissais légèrement à tes mots, parce que j’étais pas franchement habitué d’avoir des compliments. Disons qu’avoir des dates ne faisait pas partie intégrante de ma vie. J’étais pas de ceux qui sortaient souvent. Geek qu’on m’appelle, associable aussi des fois, quand je fais aucun effort. « Tu veux me faire rougir, c’est ça ? » que je disais d’un sourire discret. Quoi qu’il en soit, j’appréciais pas mal cette soirée avec toi et je me dis que c’était le début de quelque chose qui pouvait aller plus loin ? A voir comment tout ça évoluerait. « C’est gentil, merci » Encore une fois, un sourire se dessinait sur mon visage afin de te montrer ma reconnaissance. Je l’étais pour de vrai en plus, je me disais que c’était une façon assez cool que d’apprendre d’autres choses de la vie, sortir de son cocon douillet avec nos habitudes ancrées. « Ouais mais… » Je soupirais, avant de me résigner. « Je te la rendrai d’une manière ou d’une autre, je m’en fais la promesse » Et je te tirais la langue, preuve de mon immaturité quelque fois sortie de son terrier. Et puis en parlant de place, je te proposais ma poche mais ça semblait pas être ce que tu souhaitais de base, ce que je peux parfaitement comprendre en soi. « Je pense que t’es bien partie pour en avoir une attitrée »  Parce que mine de rien, le courant passait pas mal entre nous et je me demande comment pourrait se passer la suite si on continuait sur cette voie. Un tchin entre nos shots avant de l’avaler cul sec. Et puis forcément, ta main levée vers le barman indiquait que tu voulais réitérer l’expérience. « Maintenant on fait quoi ? On peint le reste de nos visages ? » disais-je en riant tout en attrapant de la peinture avec mes doigts, pour laisser une longue trainée le long de ta joue.

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« Le vert reste ma couleur de prédilection, tu l’as deviné d’un coup d’un seul. Bravo ! Pas besoin de faire de moi le drapeau du Portugal » De l’humour un peu trop intello pour le coup, mais je pouvais pas cacher qui j’étais. Nature peinture qu’on dit, c’était moi. Tant pis si ça pouvait laisser à désirer, moi je n’avais rien à me reprocher. En tout cas, tu semblais apprécier le moment, ton sourire laissait entendre ça tout du moins. Je n’argumentais pas sur le reste, même si j’étais tenté de le faire. Disons que je n’avais qu’une parole et j’avais du mal à accepter les cadeaux sans retour. Je me débrouille tout seul depuis tout petit, ça n’allait pas changer du jour au lendemain, sous prétexte que ce n’est pas nécessaire. Et je rougissais un peu plus à ta langue tirée, qui me faisait rire mine de rien. Puérils, voilà ce qu’on était. Mais c’était pas plus mal de laisser l’adulte derrière nous le temps d’une soirée. En tout cas, ça restait de bonne augure tout ce qui se passait puisque tu étais heureuse de voir que je te laissais une place dans ma vie, au bout d’une vingtaine de minutes qu’on est face à face. Pour rester dans le thème de la soirée, mes doigts parcouraient ta peau, ta joue pour être plus précis, mais avec de la peinture dessus, ce qui laissait une magnifique trace le long de ton visage. Tu étais un magnifique tableau à présent et j’étais assez fier de ce que j’avais fait. Et forcément, tu ne me laissais pas sur mon reste, puisque tu t’attaquais à moi en retour. « Je pense qu’à ce niveau-là, on a tous les deux perdus depuis le début » disais-je en rigolant avant de tremper ma main entièrement dans la peinture pour la mettre sur ton autre joue, la recouvrant entièrement de couleur bleue. « Tu serais même de l’ordre d’un Picasso à présent ! » Et c’était une magnifique vue pour le coup.

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« J’aurais préféré avec un peu plus de jaune et moins de rouge et vert, si tu vois ce que je veux dire » Je n’étais pas rabat joie, loin de moi cette idée. J’étais juste… Je sais pas, tatillon sur les bords. Mais c’était une partie de mon charme il parait. Et puis, dans le fond, je me fous pas mal des couleurs que t’as foutu sur mon visage, l’important était qu’on passait un excellent moment tous les deux et je ne regrettais pas du tout d’être venu si précipitamment. De toute façon, on était digne d’être des œuvres d’art à présent, aussi bien toi que moi. La peinture recouvrait notre peau, visage ou main, et le sourire sur ton visage ne cessait d’illuminer le moment présent. J’étais content que tu passes une bonne soirée en ma compagnie. Tu dois pas savoir que la confiance que j’ai en moi n’est pas haute, sur une échelle de zéro à un. Mais qu’importe, tu savais me captiver et c’était certainement un très bon point. C’était pour ça que mes remerciements se résumaient à ma main bleue sur ton visage, et un sourire agrandi sur le mien. « Je pense que c’st envisageable. Par contre, faudra bien préciser à la clientèle que tu n’es pas une œuvre à vendre » D’une part, parce que tu es inestimable, et d’une autre part, je voulais être le seul à pouvoir profiter de l’œuvre que tu étais ce soir. Des shots arrivaient et tu me tendais le mien avant de venir te venger, comme tu l’avais prédit. Enfin, je pensais surtout que tu allais m’embrasser, sauf que rapidement, mes cheveux se trouvaient être le torchon de tes doigts. Je me mis à rire, avant de secouer la tête et attrape le verre que tu me tendais, prêt à trinquer pour cette soirée pour le moins inoubliable. « À notre talent artistique qui n’est plus à prouver à présent ! » confiais-je en soulevant le verre à shot vers toi, attendant que tu viennes percuter le tien au mien dans un son distinctif, signal indiquant qu’on pourra boire juste après.

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J’esquisse un sourire à tes mots. Ça peut se faire, oui, mais c’était sur une légère partie de ta peau puisque presque l’intégralité avait été déjà utilisée par d’autres couleurs. Nos visages étaient totalement recouverts et c’en était presque débile, mais assez drôle pour que je puisse m’en foutre royalement. Quand je rentrerai, je prendrai une douche et l’affaire sera réglée. Qu’importe ce que peuvent penser les gens dans le fond, tant que j’ai passé une bonne soirée - et toi aussi - c’est tout ce qui importe. Des jeux, des regards, c’était pas pour autant qu’on allait passer à l’étape suivante. Peut-être étais-je mieux sous l’étiquette d’ami à tes yeux, j’en sais rien. Il n’empêche que j’ai ressenti une légère frustration quand ton visage s’est éloigné du mien, pourtant si proche et à la fois si loin. J’aurais voulu sentir tes lèvres contre les miennes, sentir ton cœur battre contre ma poitrine. Mais rien n’y fait. La frustration est là et se lit peut-être sur mon visage. Je n’ai aucune idée de comment je peux être lisible. Livre ouvert ou livre fermé ? Telle est la question. « Ce sera avec plaisir » Un sourire sincère, une envie de m’évader de nouveau avec toi. C’était peut-être un peu “précipité”, je sais pas. Ce n’était pas forcément le bon mot d’ailleurs. Mais qu’importe, l’idée de me retrouver de nouveau ici avec toi, dans le but de boire, de s’amuser et de partir dans un monde qui est le nôtre m’attire pas mal, je l’admets. Et je te regarde appliquer le jaune sur tes lèvres, ce qui renforçait un peu toute l’oeuvre que tu pouvais être actuellement, et ça me faisait sourire. C’était sans compter la surprise de ton annonce. T’embrasser ? C’était quelque chose que je voulais faire mais sans être sûr de ce que toi tu voulais. Et visiblement, c’était réciproque. Interdit pendant quelques instants, je finissais par passer ma main le long de ton cou, mon pouce posé sur ta joue, alors que mon visage s’approchait du tien pour venir t’embrasser, sans attendre mon reste. Et c’est fait, mes lèvres retrouvaient les tiennes pour partager un baiser langoureux et peut-être encore un peu timide au premier abord, mais plus assuré par la suite, je l’admets.

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Peut-être était-ce l’alcool qui désinhibait un peu tout ce que je pouvais mettre comme barrière autour de moi, peut-être. Ou alors j’étais réellement moi à tes côtés et je me laissais aller comme un homme devrait le faire. Je sais pas. Dans tous les cas, je prenais cette invitation à venir l’embrasser, malgré tout le jaune sur tes lèvres. Comme ça, de prime abord, c’était pas très attirant. Mais je voulais ça, je voulais échanger ce moment avec toi, et peut-être même plus qui sait. Alors je ne réfléchissais pas plus que ça, et mes lèvres retrouvaient les tiennes sans chercher plus loin. Timide dans un premier temps, je retrouvais rapidement de l’assurance, et tu m’aidais à rendre le moment encore plus simple et appréciable. C’était comme si c’était écrit, et les choses se faisaient toutes seules. Redressé au dessus de la table qui nous séparait, je laissais ma langue se lier à la tienne, danse effrénée qui ne semblait pas se finir, jusqu’au moment où si, tu finissais par te détacher, me laissant alors pantois. J’en voulais plus, beaucoup plus. Rouvrant doucement les yeux pour les poser sur toi, je me rasseyais sur le siège qui était mien, sans te lâcher du regard. « Je suis pas si timide que ça » Je me rassurais par ces mots, je l’admets. Peut-être que je l’étais en fin de compte, ou peut-être tu m’intimides parce que tu as ce grain de folie que je n’ai pas et j’ai peur de ne pas être à la hauteur ? Je n’en sais trop rien. Ta chaise se rapprochait de la mienne, mon regard restait posé sur toi, pour n’en louper aucune miette. J’avais même des frissons quand ta main retrouvait la mienne, au point que j’en perdais toute notion de raison. « Ça n’arrivera pas… j’suis pas fuyard » Non, j’assume cette attirance que j’ai pour toi et je revenais à la charge pour t’embrasser de nouveau, sans crier gare, finissant de rapprocher ma chaise de la tienne pour qu’on soit côte à côte, plus simple pour continuer cet échange que j’avais initié pour la seconde fois.

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