La petite mort. L’épectase dont il pourrait souffrir avec le sourire aux lèvres. L’orgasme ensemble, celui qui se partage et qui relie les cœurs. Voilà que Victor se sent de nouveau vivant. Et dans un dernier soupir, il se détend sur le lit pendant que Camila se met sur le côté pour venir se caler contre lui. Il la serre un peu plus, embrassant sa tempe, le dessus de sa tête, chaque centimètre carré de peau qu’il a souffert de manquer ces derniers jours. Bordel. C’était devenu une telle addiction qu’il ne s’était pas rendu compte à quel point il était en carence Wildingham. Et elle a raison sur toute la ligne. C’est épuisant, ces batailles où les mots coulent comme du sang sortant d’une carotide. Il fallait être fou pour se donner du mal comme ça avec une facilité maladive. Mais même si c’était douloureux, il la prierait de revenir à chaque fois parce qu’eux deux, c’était écrit. Pas Pluton, pas Louison. Eux deux, Camila et Victor. Ils se créeraient leurs propres souvenirs, le futur qu’ils rêveraient d’avoir. C’était loin d’être gagné. Mais la force qu’ils avaient à se faire la guerre, ne pouvaient-ils pas la placer dans la construction et l’amour ? « I agree. » La solution, concrètement, il ne l’avait pas. C’était bien trop complexe et tordu, leur relation, que même une psychologue deviendrait dingue à les écouter se chercher la merde. Mais peut-être qu’en mettant chacun de l’eau dans son vin, ils seraient capables de trouver un terrain d’entente ? « Tell me exactly what is wrong with me for this relationship and i can work on it. » Et il serait prêt à étudier, à se renseigner, à voir un psychiatre en perso s’il le faut pour que ça fonctionne. Il n’abandonnerait pas. Même si c’était dramatique, même si c’était violent et douloureux, même si le monde lui tomberait sur la tête, il se devait d’être une meilleure personne, arrêter de grogner sur les personnes qui s’approchaient de Camila –sauf les cons qui la veulent dans leur lit-, prendre sur lui, et apprendre, surtout apprendre à lâcher prise. Et ça, c’était une toute autre histoire.

Il leva les yeux au ciel quand elle lui dit que tout allait très bien chez lui, il savait très bien que ce n’était pas le cas. Et que même s’il n’était pas l’homme le plus parfait, il l’aimait, et c’était indescriptible à quel point il vivait pour elle au quotidien. Humainement, ils en chiaient autant l’un que l’autre pour se comprendre et assumer une relation qu’ils n’arrivaient pas à canaliser mais au moins, ce qu’ils étaient en train de faire là, c’était un pas de plus vers la guérison et la reconstruction. Ils essayaient de réparer plutôt que de jeter les miettes de cette relation à la poubelle. Et elle lui expliqua concrètement ce qu’elle lui reprochait. Et c’était sur le ton de la conversation et non du reproche. C’était sincère et ça venait du cœur, et un bout de son estomac se tordit. Quelle honte. Quelle honte était-il pour infliger ces émotions à la seule femme qu’il aimait réellement. Quel genre d’homme rabaissait sa femme comme ça sans en prendre conscience ? Un fils de pute comme lui. Il sentait le rouge lui monter aux joues, bien trop déçu par lui-même de l’avoir aidé dans sa descente aux affaires. Il caressait doucement son épaule, sa peau qui brillait de milles petits cristaux, elle était un diamant à elle toute seule. « Oh god… » Il savait qu’il n’était pas tendre. Il ne s’était pas rendu compte à quel point il ne l’avait pas été. Victor, c’était un caractériel, mais à ce point-là ? Il était pitoyable. « I’m so… so sorry. I never thought i was such a… jerk. » Il soupirait fortement. Il était mal à l’aise parce que putain, ce n’était pas comme si elle ne le rendait pas heureux, bien au contraire. Et lui, il s’amusait à détruire tout ça en un claquement de doigt. Petit être pitoyable qu’il était capable de montrer aux autres. « No, of course not. I mean… i think when i talk like that, i want to make you feel enrage because it’s my only weapon and you’re vulnerable and i can… take over you. It’s easy. » C’était criant d’honnêteté mais putain que c’était humiliant d’avouer. Il ne s’en rendait pas compte, mais de travailler sur l’analyse de ses comportements, un exercice plutôt complexe, ça lui faisait monter à l’esprit les erreurs qu’il commettait. « You have a past. And i can’t control that, i can’t erase it. I had Louison. That’s all. I don’t mention my step-mother, but i just had Lou. And… after, it was one night stand, all the time. You’re my first real relationship since her. And i don’t know how it works and… i supposed wrong, i guess. » Il tournait un peu la honte. Il était pathétique.

Il s’écrase Victor. Il ne dit rien. C’était peut-être ça, qui n’était plus cohérent. Que Victor se laisse faire et aille dans le sens de Camila. Et que même s’il faisait preuve d’honnêteté, il se sentait profondément blessé par le fait qu’elle ne comprenait pas le manque de confiance qu’il pouvait avoir. Mais ce n’était rien d’autre que ce qu’il méritait. Alors il hochait gentiment la tête, en haussant l’épaule. Il s’abstiendrait d’être si probe, la prochaine fois. Il se contentait juste de regarder droit devant lui. Il n’avait pas de de grandes attentes, c’était juste qu’il ne comprenait pas la facilité de Camila à parler avec des mecs qui voulaient d’elle dans leurs lits et que le doute qu’elle leur laissait plané l’amusait. Peut-être que c’était parce qu’il était solitaire, qu’il avait peu de contact autour de lui que ça faisait la différence. Qu’il serait sûrement incapable de faire le quart par peur de blesser Camila. Il passait une main sur sa nuque, des tensions qui s’y créent et qui s’y déposent lentement pour le nouer et lui tirer des grimaces de douleur. « I know Cam, i would feel like shit. » C’était la vérité. Pure et stricte. Il ne s’était pas rendu compte de ses propos. Camila lui répétait sans cesse qu’il lui parlait mal depuis le début de la conversation, il avait compris. « I’m sorry i’m not someone else. » Après Pluton, elle avait dû se retrouver avec lui. C’était un mauvais coup du sort de subir la foudre de bien trop de parts pour elle et il ne savait pas encore s’il était l’homme pour elle. Pas après ce qu’elle disait. Mais son égoïsme l’empêchait de partir pour la libérer. Il l’aimait bien trop pour ça, c’était une bouée de sauvetage, une perle d’oxygène dans une noyade. « I can’t be more honest, i'm sorry if it's painful, i'll try to be more... softy. » Ce n’était pas ce qu’il devait se passer ? De l’honnêteté même si elle blessait ? Il fermait sa bouche, à double tour, s’il le fallait. Il attendrait patiemment l’éclair qui jaillirait.