C’était la résignation qui le faisait tenir, en fait. Parce qu’il ne penserait plus à lui, mais qu’à elle. Il avait été un être égoïste à vouloir son bonheur, ses plaisirs, ses besoins juste à lui. Quand on était un couple, on se donnait à cent pour cent pour l’autre. Et lui, il n’avait eu que faire de la descendre à maintes et maintes reprises. Et plus Camila se confiait à lui comme ça, plus il sentait de la honte venir rosir ses joues. Ce sentiment de déshonneur, c’était ce qu’il vivait de plus dur. Parce que plus elle avançait dans son récit, plus il se rendait compte du monstre qu’il avait été, des insultes et des coups, des regards plein de jugement, il avait cru pouvoir la dompter alors qu’en fait, elle était un lion en cage depuis des mois et il l’avait maintenu dans l’ombre alors qu’elle ne méritait que de briller. Quel genre d’homme avait-il été ? Victor resserait sa prise. Comme s’il ne voulait pas qu’elle s’envole. Jamais dans les airs, toujours sur terre. Parce qu’elle avait été toute bousillé par lui. A lui donner raison, c’était une victoire pour lui. Mais pourquoi aller contre sa volonté quand elle l’avait tant défendu ? Alors il haussait les épaules. Victor était persuadé que la solution pour aider Camila aurait été un suivi psychologique, peut-être des médicaments et beaucoup d’amour, mais il s’en était débarrassé comme une vieille serpillière en la foutant dans un établissement psychiatrique. Elle n’avait rien eu à faire là-bas, pour preuve, ça avait empiré plus qu’autre chose. « But you make me happy. Most of the time. » Il sourit légèrement. Il y avait beaucoup de vérité parce qu’il n’avait jamais eu autant d’amour que depuis qu’il était avec elle. Il avait ressenti des flots d’affection et de tendresse, beaucoup trop de patience qu’il avait découvrir au fil du temps, le regard toujours à sa recherche. Chaque instant, volé ou réel, avait sa signification. Et il glissait lentement sa main vers son ventre, provoquant le destin pour venir jouer avec sa peau pour l’instant loin d’être tendu. « I’m not leaving you, Cam. I’m here. For you and for her. I'm not going to run. I want the big picture with you. » Et il venait poser ses lèvres sur les siennes, baiser chaste, celui qui offre des promesses de changement, en espérant que cette fois-ci, ça serait la bonne. Peut-être que la roue tournerait en leur faveur ? Il passait une main sur sa joue, les larmes de Camila qui se mêlait à sa barbe si mal rasé depuis plus d’une semaine. « A trip will be risky. For the first three months. If you want to… » keep it ? Mais il tairait les derniers mots. Il ne serait pas ce fantôme plutonnien qui plane au-dessus de la tête de Camila, comme une épée de Damoclès. Il irait dans son sens, ne prononcerait plus son nom, ne la blesserait plus. Croix de bras, croix de fer. « What do you need ? » Peu importe, il remuerait ciel et terre pour lui amener même le plus petit des grains de sable du Sahara.

Il y avait du tourment dans tous ses rêves depuis plus d’une semaine. Il y avait de la peine et du supplice dans chacune de ses respirations. Et Camila, elle le voulait lui. Vraiment ? Elle caressait son visage de ses lippes chaudes et pulpeuses, et lui, le gamin apeuré, il se laissait faire en chercher un peu plus de contact, à glisser ses mains sur son épiderme pour y créer des frissons, des petits piques sur sa peau tendrement. Il respirait un peu plus fort et sa langue provoquait la sienne, effrenné, avide d’un manque de son corps. Elle avait perdu quelques kilos, encore. C’était maladif, désormais. Il l’aiderait. Il lui montrerait que le monde est fait de jolies couleurs, même si elle ne le regardait qu’en noir et blanc. Elle serait en avant de ses poésies et de ses films, elle aurait le pouvoir d’être qui elle souhaite, reine, sirène ou déesse. Ce serait elle, toujours. Contre le monde entier, il serait son glaive, son épée. Et elle s’assit à califourchon et Victor relève la tête légèrement pour ne pas lâcher ses lèvres. Ses mains sur ses cuisses, il ressert ses doigts, grimace légèrement à la douleur de ses poings mais essaie de le cacher. Il fallait arrêter de montrer ce qu’il ressentait, ça rappellerait à Camila les erreurs à ne plus commettre, les sensations à ne plus avoir. Il ne fallait pas qu’elle pense à lui, pas maintenant, quand il redécouvrait le corps de Camila, à nouveau. Il glissait ses mains sur le bas de son tee-shirt pour lui retirer, et il regardait son corps de son nombril qui allait offrir un petit habitant jusqu’à ses yeux qui brûlaient de désir. Il laissa tomber l’autre bande de son autre poing, pour qu’il puisse avoir sa peau jusqu'au bout de la paume de main. Il posait ses lèvres entre ses seins, venait sous son menton, sa mâchoire. Mon dieu, elle était d’un érotisme, c’était foutrement bon, avec beaucoup de désespoir qui ne ternissait pas la peau laiteuse de Camila. « I missed you… so so much. »

Voilà qu’il sent le bas de sa cage ventrale prendre beaucoup de chaleur. Son corps à nu, elle était divine, elle sentait bon, elle avait un goût sur la peau légèrement salée, mais qui portait sur la langue de Victor du pétillant. Victor, d’une main qu’il libère rapidement, retire son haut, bien trop chaud, transpiration qui perle sur les traits de son corps. Pourquoi n’arrivaient-ils pas à garder cette osmose tout le temps ? Ils s’entendaient bien, sur le plan sexuel. C’était nerveusement qu’il frôlait ses fesses du bout de ses phalanges, et la main de Camila venait prendre son membre en main. Finalement, d’oublier son traitement, à défaut d’avoir un rejet de greffe, portait assistance à sa libido qui était en train de mourir dans l’œuf. Il se rallongeait un peu quand elle le poussait contre les coussins pour se laisser faire, mais il sentait que sa virilité était si tendue qu’elle lui faisait mal. Il avait envie de plus, et il jetait sa tête en arrière pour lâcher un râle de plaisir qui résonnait dans la chambre. Si ses mains se crochetaient sur ses hanches, Victor ne pouvait pas s’empêcher de peut-être lui faire mal. C’était de la voracité, il avait envie de mordre dans sa peau et d’y laisser sa trace, comme un vampire en manque du plus beau sang de l’univers immortel. « Get up. » Juste un peu, histoire qu’il puisse faire passer son pantalon le long de ses jambes. Il le jetait sur le sol, pour redécouvrir Camila comme la première fois. Cette fois surtout, où ils s’étaient avoué leur amour. Il avait cette impression d’avoir une pluie de paix, qui s’abattait dans la chambre de l’hotêl de sa famille. Alors peut-être que le chaos s’était immiscé par le trou de serrure, mais la chaleur de ce moment charnel apaisait les raideurs des temps à venir. Plus compliqué, plus effrayant. Mais bien plus beau. « You’re amazing… you know that ? » Il n’en revenait pas. Elle le voulait entre ses jambes, lui, le clochard. Et elle avait du désir pour lui, c’était fou.

Bien sur qu’il y a malgré tout une tension qui dépasse l’affection. Ils se font un peu la gueule, ils se disputent et s’embrassent, ils se foutent le feu mais ils ont besoin de l’autre pour éteindre les braises. C’est toujours comme ça, tendu, mais ça finissait par se calmer et la respiration reprenait son souffle naturel. Parce quand Camila n’était pas à ses côtés, l’air de Victor s’empoisonnait et l’oxygène irrespirable. C’est pour ça que quand ses lèvres venaient attraper les siennes de cette façon, il était comme un alcool devant sa dose d’éthanol, en fibrillation cardiaque et manque totale de cohérence. Il était dépendant de cette nana qui lui chamboulait sa vie dans les moindres recoins, au-delà de tout, de tout le monde. Elle dansait sur lui et son corps, putain, son corps qui ondulait, moulé dans un marbre pur, à la peau mate, aux courbes si géométriques. Elle n’avait pas conscience que même les cicatrices qu’elle possédait par des moments de doutes et de désespoirs lui conféraient des coups de pinceaux d’un artiste en devenir aux peintures italiennes. Elle méritait d’être exposée au Louvre, loin de la Joconde, cette femme fade comparée à Camila. Il sentait son corps bien trop proche du moment d’extase et de son petit trépas orgasmique. Il se retenait tant qu’il pouvait, prenant sur lui et se concentrant, surtout, mais ça faisait bien trop longtemps qu’entre lui et Camila rien ne se passait. Alors juste en dessous d’elle, là, c’était son tombeau dans un linceul de soie, des fleurs tout autour de lui. Il la regardait rebondir et putain, c’était de la voir prendre son pied qui l’excitait le plus, à Victor. Elle était belle, putain. Jamais elle ne s’en rendrait compte ? Et elle portait la vie. Discussion à venir, intérêt commun, peut-être ? Il ne savait pas ce que ça signifiait ni même ce qui allait se passer mais ils finiraient pas, un jour, être sur la même longueur d’onde pour tout. Il la tirait contre lui pour donner les derniers coups de reins, habitué à ne se servir que d’une jambe pour faire désormais tous ses mouvements, et il l’embrassait passionnément, inassouvi de son amour, insatiable de ses lèvres. Elle était la lumière au bout du tunnel.