J'ai mis ma rancune et ma jalousie de côté pour t'inviter à passer la soirée chez moi. Braeden avait décidé de passer la nuit ailleurs donc autant en profiter. Soirée toute simple, dîner puis film avant de pouvoir m'endormir dans tes bras. Malgré les points noirs qui viennent obscurir notre relation, je t'ai toujours autant dans la peau. Tu m'es vital autant que l'oxygène. Neuf heures du matin, mes paupières se sont ouvertes et le lit vide de ta présence. Un simple mot, comme quoi tu avais quelque chose de prévu ce matin t'obligeant à partir comme une voleuse. D'un air penaud, j'ai trainé mon corps lourd jusque dans la cuisine. Je pensais qu'on allait petit déjeuner ensemble mais finalement je me retrouve seul devant ma tasse de café et mon bol de céréales au chocolat. Sans ta compagnie, je me suis planté devant mon mac que j'ai oublié d'éteindre la veille au soir. Bon nombre de pages sont restées ouvertes. Je les ferme une par une mais une retiens mon attention. Un site dont je ne me rappelle pas avoir naviguer dessus. J'en lis quelques lignes et je manque de m'étouffer. Planning familial. Avortement. Numéro de téléphone. Non, non, non. Impossible. Tu ne peux pas faire ça Willa. Tu n'as pas fait ça. Je refuse de croire que ton affaire de ce matin a à un rapport avec cela. Pourtant impossible de renier l'évidence. Rapidement, j'enfile un jean, un t-shirt, une veste et ma paire de baskets pour quitter l'appartement. Dehors un froid glacial m'enveloppe de toute part. J'avais oublié la baisse des températures. Rapidement je trouve un taxi à qui je donne l'adresse qui était affiché sur le site. Je tente de t'appeler une fois, puis deux...dix fois même mais toujours cette foutue messagerie. Mon rythme cardiaque s'emballe tout autant que mes pensées. Pourquoi tu me fais ça Willa ? Pourquoi tu m'en as pas parlé ? T'as pas envie d'enfants je le sais mais pourquoi tu ne nous laisses pas en discuter ? Est ce parce que cet enfant n'est pas le mien ?... Je ne sais pas, je ne sais rien et j'angoisse à tel point que je m'en mord la lèvre jusqu'au sang. Le taxi se stoppe dans la rue et je tend les quelques billets avant de sortir pour m'engouffrer dans ce bâtiment ô combien terne. La respiration haletante, je crie ton nom." Willa ? " Des dizaines de paire d'yeux me scrutent mais à cet instant je n'en ai que faire. Tout ce que je veux, c'est te retrouver et t'empêcher de faire une bêtise. Je vois un petit panneau indiquant une salle d'attente alors je passe la porte pour m'y engouffrer espérant ne pas être trop tard. T'es là. Recroquevillée sur une chaise. Mon coeur se serre au point que j'ai l'impression d'avoir un infarctus. Mais je trouve quand même la force de venir jusqu'à toi, d'attraper ta main." On s'en va Willa. " Partir loin d'ici, loin de ton idée saugrenue d'avortement peu importe les circonstances.

C'est en ayant fait un malaise la semaine dernière en quittant les cours que j'ai été chez le médecin. Je me sens... mal, un peu nauséeuse, sans pour autant vomir, mes seins me font mal, j'ai des bouffées de chaleur sans effort physique, et je suis fatiguée, très fatiguée. Tous ces symptômes devraient me mettre la puce à l'oreille, car je les ai déjà vécu, il y a un an et demi de cela, voir deux ans, je ne me souviens plus exactement. Mais j'ai pas voulu entendre mes pensées. Je me suis dit que c'était un coup de froid ou je ne sais pas. C'était inimaginable pour moi de faire un test de... grossesse. Putain. Mais mon médecin m'a téléphoné, ayant reçu les résultats de ma prise de sang et sa voix répétait en boucle dans ma tête "félicitations". Même pas la suite, juste le "félicitations". Mon monde s'est écroulé. J'ai commencé à faire une crise de panique, j'ai balancé mon téléphone et le choc a brisé mon écran en mile éclats. Enceinte, je suis enceinte. Non, tout sauf ça. Quelle idiote d'avoir voulu essayer de le faire avec Beau sans capote. Bordel. Je me gifle. Ok, dans ma tête c'est déjà tout tracé. Je peux pas garder ça, et je vais rien dire à mon mec. Car je le connais, lui il veut être papa un jour, mais ce ne sera pas avec moi. Ce sujet est bien trop conflictuel, moi je peux plus parler de ça. Alors, avec tout le courage du monde, morte de peur, je regarde vite sur son pc, pendant qu'il est à la douche, le planning familial le plus proche pour avorter. Je suis arrivée chez lui pendant la soirée, car j'ai besoin de lui, de sa présence, quand je ne suis pas trop dans mon assiette. Et le lendemain, à 9h pétante, j'ai quitté le lit en laissant un mot et je me suis rendue dans ce putain d'endroit qui fait flipper... Je suis là, assise dans un coin rempli de monde en train d'attendre mon tour. il y a une maman avec son bébé qui pleure, des jeunes filles, un couple, et moi, moi je suis la seule fille, alone, qui stresse sa vie. Je culpabilise. Beau va me détester, il va l'apprendre, je peux pas lui mentir. Mais je préfère lui dire tout ça après l'avortement, que je sois sûre et certaine qu'il ne m'influencera pas à regretter mon choix. Même si je l'aime de tout mon coeur, que je veux faire ma vie avec, je ne veux pas qu'un bébé se mette entre nous, nous sépare, nous déchire, car c'est exactement ce qu'il s'est passé avec Lenny... Les minutes passent et je pense à Hendrix, mon enfant de 8 mois qui vit à LA. Et c'est avec tendresse et tristesse que je regarde la dernière photo que son père m'a envoyée, la semaine dernière. Soudain, je lève mon visage vers un gars qui déboule de nulle part et qui m'attrape la main. " Beau... " que je dis d'une voix tremblante. Mon coeur saigne. Merde, comment il a su ? il a mis une puce sur moi ou quoi ? Je me lève mais mes pieds n'ont pas envie de bouger. " il... il faut que je le fasse. " je renifle, et merde, je vais me mettre à pleurer. Je serre mes ongles entre tes doigts. Pourquoi tu rends tout ça compliqué ? Pourquoi tu n'es pas resté au lit ? Tout se serait arrangé, pour une fois, je me serais sentie utile pour réparer mes conneries.

✧. ❛ love on top. i know nothing's perfect but it's worth it after fighting through my tears and finally you put me first. it's you.

Je le sais que les enfants, c'est un sujet tabou te concernant. Preuve en est la dernière fois qu'on en a vaguement discuté par message, tu t'es braqué. Aujourd'hui tu ne te braques, tu fais bien pire en te murant dans le silence et en me tenant éloigné de ce sujet qui est dilemme entre nous. Je comprends parfaitement que tu sois réticente à l'idée d'être mère une seconde fois, je comprends tes peurs mais moi je ne peux pas me taire. Je crois que j'ai mon mot à dire, encore plus s'il s'agit de notre enfant. Enfin j'ai bien du mal à réaliser cette bombe, tant je suis effrayé par ce que tu t'apprêtes à faire. Que cet enfant soit le mien ou non, je ne peux décemment pas rester chez moi à attendre que tu rentres comme si de rien n'étais. Tu n'as pas le droit de me cacher cela malgré toutes les excuses que tu pourras me fournir. Certes c'est ton droit. C'est toi qui porte la vie et tu auras le dernier mot mais j'ai le droit de parole. Tu ne peux pas décider à notre place. Et surtout tu ne peux pas affronter cela toute seule. T'es beaucoup trop fragile pour vivre une expérience traumatisante comme celle-ci. Déterminé à te faire changer d'avis, je presse ta main dans la mienne, t'implore de quitter cet endroit. Tu n'avorteras pas aujourd'hui, pas tant qu'on aura pas eu LA discussion. De nouveau ton visage est terne, comme si tu portais tout le malheur de ce monde sur tes maigres épaules. Je déteste les moments comme ceux-là. J'ai envie de crier de toutes mes forces mais ma gorge reste serrée. Péniblement tu te lèves, un lourd chagrin se ressent dans tes mots qui ne me plaisent pas. T'as beau planter tes ongles acérés dans ma peau, je ne ressens aucune douleur physique. Mon corps est anesthésié. Je t'oblige à te rassoir pour éviter que tu ne tombes à terre et je me met à genoux devant toi, tentant de capter ton regard." Pas tant qu'on n'en a pas parlé. " Je reste camper sur mes positions." S'il te plaît. " T'as le droit de me détester si je te fais culpabiliser. Mais tu n'as pas le droit de me retirer ma voix de père...

Je voulais pas ça... pas ce regard de pitié, pas ce froid qui glace mon coeur. Y'a un truc qui pousse de nouveau dans mon ventre. Un être que je n'ai pas voulu, encore une fois. Je suis maudite ou quoi ? Si j'ai voulu garder mon premier bébé, celui-ci, non, je peux pas, j'ai ce blocage, j'ai ce traumatisme, je ne ferai pas deux fois la même connerie. Tout se passait bien, j'avais réussi à trouver l'équilibre émotionnel avec Hendrix. J'avais transformé sa chambre en bureau, avec Beau, ce n'est pas pour tout recasser et remettre un berceau. Même si savoir que l'enfant vient de l'être le plus cher à mes yeux, je peux pas, vraiment. Ma gorge se noue quand Beau se met à genou devant moi et je ferme les yeux pour cacher mes larmes. il veut m'attendrir, me faire culpabiliser. Me retourner le cerveau. No way. " c'est mon corps Beau. " mon corps, mon choix, et voilà. Je suis butée, je reste sur mes positions et je ne pense même pas à lui. Je retire mes mains et je croise mes bras contre mon ventre. Je tourne la tête ailleurs en essayant de paraître forte. " trouve une autre fille à mettre à cloque pour te rendre heureux, mais pas moi. " là je suis vraiment sèche dans mes mots, mais j'essaye de le faire fuir, quitte à le blesser. Je veux qu'il s'en aille, qu'il oublie ce passage et qu'il me laisse faire. " laisse-moi. va-t-en. " que je répète en le regardant finalement, toujours accroupi, ses mains sur mes genoux. Allez, encore une fois c'est moi qui ai le rôle de la méchante, de celle qui fait de la merde, qui boit trop, qui fume, qui délire totalement. C'était trop beau pour être vrai, que tout aille bien, faut toujours que je fasse tout foirer. Ok, je suis pas la seule responsable, un bébé ça se fait à deux, mais je veux arranger tout ça toute seule, point final.

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T'es capable du meilleur comme du pire et malheureusement en ce jour, je devais faire face à la pire facette de toi. Tu le sais pourtant que je déteste que tu me passes sous silence des sujets importants. Je te l'ai même répété dernièrement. Bêtement, je pensais que le pire était derrière nous mais ça c'était sans savoir que tu pouvais si facilement tomber enceinte. Je crois que si j'avais su, j'aurais fait en sorte qu'on continue de se protéger comme il se doit. Je préfère largement vivre avec le fait que tu ne veux pas d'enfants plutôt que de savoir que tu es capable de tuer notre future nous, sous prétexte que c'est ton corps. Je le sais ça. Je le sais que même si on en discute, c'est toi qui aura la décision finale car je ne peux pas te contrôler là dessus. Tu refuses de me regarder, tu refuses de voir cette peine et cette frayeur que j'affiche sur mon visage, des arguments qui je sais sont capables de te faire changer d'avis. Ce qui signifie que j'ai encore une chance malgré que t'essayes de me blesser avec des paroles que tu ne penses pas." Ne dis pas des choses comme ça Willa. Je ne serais pas heureux avec une autre même si cette dernière me donne un enfant. " Je m'en contrefiche des autres filles, je ne les regarderai jamais comme je te regarde, avec cette passion dévorante qui grandit chaque jour en moi. Et même si tu oses avorter, je ne cesserai jamais de t'aimer. Je soupire à ton énième rejet avant de m'asseoir à tes côtés, tentant de capter ton regard, carressant ta joue humide." Je resterai Willa peu importe ce que tu décides de faire. Je resterai pour t'écouter, pour parler calmement... " et pour finir ma phrase j'ai besoin d'une grande inspiration." Je resterai aussi si tu penses qu'avorter est la bonne solution. Tu n'as pas à subir cela toute seule. Tu le sais que je t'en tiendrai pas rigueur. Oui je serais triste, peinée qu'on en arrive là mais je respecte ta décision. " Jamais je t'abandonnerai peu importe ce qu'il s'ensuit." Mais je crois que tu te précipites. Tu te braques. T'as encore le temps de choisir ce que tu veux non ? " Enfin j'imagine que tu n'es qu'à quelques semaines. Je l'espère surtout, ça nous donnerai du temps." N'agis pas sur un coup de tête parce que tu as peur. "

En fait, je suis un problème impossible à résoudre. Je suis un mystère, un casse-tête chinois. Je trouve souvent des solutions seules à mes emmerdes, aux choses qui impactent mes proches. Et cette fois-ci, je ne veux pas prendre la même solution que la dernière fois. Je ne veux pas revivre une grossesse difficile, accoucher dangereusement plus tôt que prévu, faire un post-partum, abandonner mon enfant et se faire abandonner en retour par le père. Non, j'veux pas. Je veux garder Beau que pour moi. Pas d'enfant, rien ni personne ne se mettra entre nous. " choisir quoi ? de rendre la vie d'un enfant malheureux ? de laisser quelqu'un se mettre entre nous et me séparer de toi ? Non Beau, ça, je peux pas. " j'ai quand même une petite flamme dans mon coeur, celle qui me dit que Beau acceptera ma décision, qu'il sera toujours à mes côtés. J'aimerais y croire, mais ses belles paroles tu vois, Lenny les a prononcée une fois et j'en ai jamais plus entendu parlé. " Sérieusement Beau, toi-même tu as dis qu'être père à 24 ans c'est trop tôt. Alors qu'est-ce que t'essayes de faire au juste ? Tu m'as menti c'est ça ? " je scrute son visage. Je lève les yeux en l'air et je frotte mon nez. " putain d'hormones. " et oui, elles reviennent me faire chier. " j'ai pas peur d'être tombée enceinte, j'ai peur de te perdre toi... regarde Lenny, il est... " je soupire. il est avec Hendrix loin de tout ça, loin de ma vie " c'est de ma faute, c'est moi qui ai voulu qu'on ne se protège plus, c'est moi qui dois réparer tout ça. " certes, tu peux dire que tu l'as voulu aussi, mais c'est moi qui t'ai proposé l'idée. Maintenant, nous voilà bien. Je suis étonnée à quel point je peux être débile parfois.

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Est ce que je pensais que je devrais affronter cette situation un jour, non ? En même temps vu mon taux de relations avec des filles, les chances étaient presque minimes mais c'était sans compter sur ta personne. Tu m'en fais voir de toutes les couleurs, bien comme mauvais et malgré toutes ces péripéties, je resterai présent. J'ai appris qu'une relation de couple était faite de hauts et de bas, en partie grâce à toi. Je n'apprécie pas forcément traverser le creux de la vague mais j'ai pas le choix et surtout je dois me montrer fort, pour toi. Toi petit animal fragile qui te précipite dans la gueule du loup. Mais c'est peu étonnant compte tenu de ton passif avec les enfants. Enfant que tu considères comme un obstacle pour nous deux." Qu'est ce qui te fait dire que c'est le même schéma qui va se répéter ? Je ne suis pas Lenny. Je suis ton petit ami qui t'aime peu importe les circonstances, avec ou sans enfant. " Jamais, ô grand jamais j'aurais l'idée saugrenue de briser notre potentielle famille. Tu devrais le savoir que la famille est une valeur importante à mes yeux." Je ne t'ai pas menti. J'étais sérieux en disant qu'être père à 24 ans n'est pas la meilleure des idées qui soit mais si jamais ça devait arriver, j'assumerai pleinement cet enfant et je l'aimerai évidemment. Comment ne pourrais je pas chérir un enfant offert par celle que j'ai toujours aimé ? " Crois moi que ce cadeau, je ne m'en priverai pas, à la différence de toi. Je soupire alors que tu fais le parallèle avec Lenny, une fois de plus." Je ne lui ressemble pas Willa. Mais tu sais, je suis certain que Lenny apprécierait de te voir. Hendrix encore plus. " Tu n'es peut être pas prête maintenant mais tu ne pourras pas rester muette envers eux toute ta vie, et d'ailleurs je ne le permettrai pas. Passant mon bras dans ton dos pour que tu viennes te coller un peu à moi, j'essaye de relativiser." Ne porte pas ce poids sur tes épaules toute seule. On est deux, Willa. Deux responsables et il serait mieux qu'on prenne cette décision ensemble, en tant que couple. " Je suis ouvert aux deux possibilités tant qu'on en parle à tête reposé." Un café et une discussion pour peser les pour et les contre, c'est tout ce que je te demande s'il te plaît. " Tu peux bien m'accorder cela.

C'est le destin c'est ça ? De tomber en cloque si facilement. Je peux même pas parler de ça avec ma mère, surtout pas mon père qui n'a jamais rencontré Hendrix, jamais pris de mes nouvelles. La famille pour moi, je ne peux même plus dire que ça soit une grande valeur à mes yeux. Je n'en ai plus, je n'ai personne. Mon propre enfant est bien séparé de moi. Certes, je peux aller le voir, mais je fais aucun effort. C'est comme si c'était mieux comme ça... que sa place est auprès de son père et de sa belle-mère. Je ne veux pas replonger dans tous ces vieux souvenirs. J'peux pas. Beau ne semble pas apprécier que je le compare à Lenny. Mais si je garde l'enfant, ce sera comme ça tout le temps. Ce sera infernal. Je passe mes mains sur mes yeux, je soupire, j'ai envie de boucher mes oreilles et de disparaître mais je reste là. Je le laisse parler, mon Beau. Je suis juste incapable de dire quoi que ce soit, je suis perdue... il ne veut pas lâcher l'affaire. Alors j'hoche la tête et j'accepte de parler. " d'accord. " je renifle et on va dans le café le plus proche, au chaud. Je reste recroquevillée sur ma chaise, mes bras entourent mes genoux contre mon ventre et je perds mon regard dans mon café qui devient froid. Puis je brise le silence. " je suis prête à t'écouter, à entendre les pour et les contre, selon ton point de vue... " et comme je suis là, il va falloir énormément me convaincre. Je pose mon regard dans le sien et je déglutis. Par réflexe, j'allais poser ma main sur mon ventre, mais même ce geste, il ne me fait plus rien. C'est comme si j'avais un parasite en moi. " mais interdiction de se crier dessus. " pas de disputes, pas d'insultes, rien, juste une conversation entre adultes, même si on est chacun buté sur notre position qui n'est pas la même.

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Je refuse que tu prennes cette décision seule, que tu n'en fasses ta tête une fois de plus même si je comprends que tu puisses être effrayée. Mais on est deux dans cette histoire. Un couple uni pour le meilleur et le pire (de manière non officielle). Couple qui n'a malheureusement pas le même point de vue sur les enfants mais ce n'est pas nouveau que tout nous oppose. Le mot enfant est tabou pour toi et depuis le départ d'Hendrix j'ai tenté d'éviter ce sujet qui de toute façon n'était pas vraiment à l'ordre du jour dans notre relation. Mais ça c'était avant aujourd'hui, avant qu'on n'ose prendre ce minuscule risque. On a du te refiler une pilule du lendemain périmée, non ? Bref le pourquoi du comment n'est pas la question actuelle. J'obtiens de toi ce que je veux depuis le début: une discussion entre adultes afin d'éviter que tu ne fasses tout dans mon dos. Nous trouvons place dans un petit café qui ne paye pas de mine, mais au moins il semble tranquille. Je nous commande deux tasses de café, histoire de consommer quelque chose mais je crois que ni toi ni moi avons l'envie de le boire." Ce n'est pas mon genre de gueuler en public. " Je suis expert pour me faire tout petit dans ce monde." Et puis je te l'ai dit, je ne veux pas te forcer la main, juste que tu me comprennes. " Que tu tiennes un peu compte de moi. Je le mérite non ?" Je commencerai avec les pour. " Ce que tu n'as as envie d'entendre je le sais alors je fais tout pour peser mes mots." Un enfant serait le plus cadeau que tu puisses me faire. Et puis nous deux ce serait un beau mélange non ? " J'essaye de détendre l'atmosphère malgré le contexte peu glorieux." De mon avis un second enfant pourrait t'aider à te reconstruire, à apaiser ta peine par rapport à Hendrix. " Combler le manque et te prouver que tu pourrais à toi même que tu n'es pas si mauvaise mère que tu ne le penses." Parce que je t'aime tout simplement et qu'on pourrait former une très belle famille à trois. " Et je crois que je vais m'arrêter là pour le moment, que tu puisses réfléchir à mes mots.

Je suis là, assise sur cette chaise, dans un coin, avec Beau. On regarde notre café qui s'évapore mais personne n'y touche une goûte. Je me sens toute fragile, je tremble comme une feuille. J'ai réussi à rouvrir la plaie sur mon coeur, qui se fend de plus en plus. J'en ai marre... à chaque fois que je remonte la pente, une main invisible me pousse et me fait tout dégringoler. J'ose pas regarder Beau dans les yeux, je ne veux pas avoir cette discussion. J'ai envie de me boucher les oreilles et de crier toutes les larmes de mon corps jusqu'à me briser les cordes vocales. Dans ma tête, c'est le feu. Même si mon corps en boule et mes yeux qui fixent le vide font plutôt penser que je suis absente. Beau commence à parler et je bas des cils lentement en le regardant. Voilà, il me fait culpabiliser maintenant. Je déglutis. il continue sur sa lancée. Son plus grand cadeau... il m'aime... merde. Je me rends compte que si je refuse, si je lui prive de ça, je vais briser quelque chose en lui. Ma mère avait l'habitude de dire que pour être heureuse, je devrais faire des sacrifices, je ne pourrais pas penser qu'à moi. Un mal pour un bien. Donner à Beau cet enfant qu'il veut tant, et le garder auprès de moi, heureux et épanoui. Fuck, ça se bouscule dans ma tête. Je ferme les yeux, je passe une main sur mon front et je soupire. Ma réponse provisoire était toute prête du genre : " je te donnerai un enfant beau, mais pas tout de suite. " ce qui viendrait à tuer cette chose que l'on a faite à deux, dans mon ventre. Et si après l'avortement, je pourrais plus tomber enceinte ? Non parce que, c'est prouvé, ça réduit les chances par la suite. Je relève la tête vers lui. "c'est ce que je m'apprêtais à te dire mais... je ne veux pas que ça casse quelque chose entre nous, je ne veux plus que ce sujet devienne tabou et... je pense que tu as peut-être raison, y'a qu'avec un autre enfant que je peux surmonter ça et puis... tu es là. " je pleure, mais pourquoi je pleure ? Je regarde par la fenêtre, je fais une pause, puis je reprends : " si on fait ça, si on garde cet enfant, si on décide de former une famille... il me faut de la stabilité, beaucoup de stabilité, savoir que tu seras toujours là, que tu ne partiras pas. si je fais ça beau, si j'accepte de garder notre enfant, c'est avant tout par amour pour toi. " je prends ses mains, je m'avance pour poser mon front contre le sien. J'ouvre fort fort mon coeur là. il se rend pas compte à quel point je donne tout de moi, je lui donne tout, mon âme, tout mon être et toute ma vie pour le rendre heureux. " en échange, je veux devenir ta femme. " que je souffle, toujours les yeux fermés. Mon cœur arrête de battre. J'ose pas lire l'expression de ses pupilles. J'ai peur, peur qu'il ne veuille pas me donner cette opportunité. Si on veut un enfant, faudrait peut-être faire les choses dans l'ordre. Moi ce serait sa plus belle preuve d'amour et le plus beau cadeau qu'il puisse me faire.

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