Bambi n'avait aucun regret, même si pousser son ami proche à faire une cure de désintoxication restait l'une des décisions les plus difficiles à prendre de son existence. A plusieurs reprises l'italienne avait tenté de venir le voir, mais s'était retenue, non pas par colère ou pour le punir, mais parce que cela ne faisait pas partie du processus de soin. Il fallait qu'il s'en sorte seul, lui avait-on dit. Mais aujourd'hui, autant dire que la future maman ne s'attendait pas à ce que Milow lui envoie carrément son chauffeur. Souhaitait-il la voir ? Sans nul doute. Bambi ne chercha pas à comprendre et pris la voiture sans demander son reste, le stress au bord des lèvres. A son arrivée, elle vit un transat libre, et le jeune allemand assit en face, sa guitare à la main, dont il grattait légèrement les cordes. Pour le moment, la demoiselle n'avait pas osé lâcher le moindre mot, de peur de dire une connerie. La brunette comprit rapidement que la chanson lui était destinée, et elle fut si touchée par cette attention que, après s'être assise, les larmes commencèrent à couler doucement le long de ses joues. Elle attendit qu'il ne finisse sa belle mélodie avant de s'essuyer les yeux, la respiration saccadée. Pourquoi tu veux que je te pardonne ?

Bambi sentit son cœur se serrer en voyant Milow baisser la tête une fois la chanson terminée. Il devait avoir honte et pourtant, l'italienne ne lui en voulait en aucune façon. Déjà qu'elle n'était pas rancunière en tant normal, elle comprenait en prime toute la souffrance qu'il avait dû endurer pour en arriver là, pour s'en sortir, en y étant contraint en prime. Ses propos lui arrachèrent plusieurs larmes, que l'italienne s'empressa certes d'essuyer au fur et à mesure mais qui la poussèrent à venir le serrer dans ses bras sans attendre. Espèce de coglione ! C'était bien la première fois qu'elle le traitait de couillon, dans sa langue natale qui plus est. Comment as-tu pu penser une seconde que je t'en voudrais ? Tu n'étais pas toi-même... je ne peux qu'imaginer toute la souffrance que tu as dû endurer, cette bataille que tu as dû mener seul alors que je ne pouvais même pas te rendre visite pour t'encourager... expliqua-t-elle en le serrant davantage encore. Tu ne me perdras pas Milow... tu es un pote trop cher à mon cœur, on est une équipe, envers et contre tout !

Même si Milow mit un certain temps avant de serrer son corps fragile contre lui, une fois qu'il eut cette réaction, Bambi laissa à nouveau quelques larmes couler. Ses hormones la malmenaient assez facilement en temps normal, mais là, le trop plein d'émotion ne pouvait pas être plus important. Peu importe ce qui se passait après, ce qui lui restait à l'esprit, c'est que son ami s'était battu pour devenir sobre et le rester. Rien d'autre n'importait à son esprit pour l'heure. Mais elles y sont gravées ! Qu'est-ce que tu crois ? fit-elle valoir d'une voix douce, en esquissant même un petit rire. Arrête de te blâmer... je pense que tu as assez souffert, que tu as suffisamment été puni pour tes erreurs tu sais. Et puis tu me connais, je n'ai jamais été partisane du fait de juger les autres pour leurs erreurs, en ayant moi-même fait dans ma vie... reprit-elle avant de s'écarter doucement pour mieux éclater de rire. Le simple fait de retrouver Milow et son humour lui faisait un bien fou, et lui permit une fois de plus d'essuyer ses yeux, se décidant à ne plus verser une larme. L'heure n'était pas aux pleurnicheries mais bien à la détente et aux retrouvailles. C'est ça... t'as mis exactement le doigt dessus ! Comment diable pourrais-je me priver une fois encore de ton joli minois et de ton humour imbattable ! rit-elle encore une fois de bon cœur. Toutefois, l'étonnement fut bientôt de mise lorsque son pote sortit deux thermos de Starbucks, ainsi qu'un paquet de fraises, la faisant rougir au passage. Tu veux m'encourager dans mes envies débiles ? arqua-t-elle un sourcil, follement amusée. Je confirme... un bon Starbucks, c'est la vie ! Tchin tchin alors ? A ta sortie et à ta nouvelle vie !

Milow ne semblait pas convaincu des arguments de Bambi mais cela ne faisait rien. La future maman était certaine de réussir à le convaincre en la matière, à force d'efforts et de constance. Ce qui demeurait sûr, avant toute autre chose, c'est que la brune ne comptait pas le lâcher d'une semelle. Non pas qu'elle n'ait pas confiance en sa nouvelle sobriété, mais plutôt qu'elle s'inquiétait pour son ami et que son bien-être lui tenait à cœur, vraiment. Voilà la raison pour laquelle le rire de l'italienne fut rapidement de retour sur le devant de la scène, s'émerveillant du fait que le jeune Lowell ait pensé à ses possibles envies de femme enceinte. Non seulement c'était amusant, mais également mignon comme tout. De quoi faire fondre littéralement la demoiselle, tel un petit caramel sucré au soleil. Okay je profite ! Mais me taire, là tu m'en demandes trop chou ! éclata-t-elle de rire une nouvelle fois, avant de chiper une fraise et de mordre dedans non sans une délectation suprême. Pour sûr, Milow avait tapé dans le mille, et Bambi aurait pu manger des kilos de ce fruit cliché quitte à en dégoûter par avance ses deux jumeaux à naître... Effectivement tu devrais appeler Maxence et lui dire de me gaver de fraises... ça c'est sûr ! poursuivit-elle sur le ton de l'humour, avant que son ami ne la pousse à parler d'elle. Sujet délicat, comme toujours, mais la sicilienne s'y prêtait bien volontiers pour leurs retrouvailles. Donc comme tu as sûrement dû le voir je suis enceinte... de jumeaux, un garçon et une fille, que l'on va nommer Jack et Chiara avec Max... j'accouche bientôt et je suis morte de trouille, à cause des risques, de ma maladie, et je t'en passe et des plus mûres ! Sinon je me suis pris la tête avec mon cher et tendre dernièrement...

Même si les joues de Bambi s'étaient mises à rougir légèrement en parlant d'envies que Maxence pouvait aisément combler, hélas, côté sensualité, ils devaient attendre l'accouchement pour réellement se lâcher. Disons que côté culinaire, je suis la plus heureuse du monde ! Il comble même mes envies les plus bizarres... et dieu sait combien j'ai envie de mélanges bizarres en ce moment ! rit-elle de bon cœur, sans hésiter une seconde. A croire que la future maman n'avait plus été en mesure de rire depuis des lustres, et que le besoin s'en faisait désormais sentir. En tout cas, c'est le sentiment qu'elle dévoilait peu à peu, y compris en mettant en lumière une récente brise de bec d'avec son cher et tendre, sur laquelle Milow eut tôt fait de rebondir, effaçant d'un coup d'un seul le sourire de la jolie italienne... J'ai découvert par hasard qu'il avait été marié. Il a divorcé aussitôt, c'était à Las Vegas, il y a des années et une union sans importance mais il ne m'en a pas parlé et découvrir ce genre de secrets m'a fait prendre conscience qu'il ne me disait pas tout. La preuve, durant notre dispute, il m'a même avoué, comme ça, sans crier gare, s'être récemment découvert une jumelle...