Un visage d'ange carrément ? Je hausse les épaules, insouciante comme je sais si bien le faire, le regard rieur. J'ai toujours aimé que Kale me complimente, et encore maintenant, j'en raffole, comme si je n'en avais jamais assez. Retrouver mon ami Côme avait été un soulagement, mais Kale était vraiment la dernière personne que je m'attendais à croiser sur le campus. Ce dernier m'apprend qu'il est chez les Winthrop, la confrérie de Harvard où on retrouve uniquement le sexe masculin. Toujours plus de testostérone. Et que dire de ta confrérie ? Je ne t'aurais sans doute pas vu ailleurs. J'ai beau ne pas toutes les connaître sur le bout des doigts, je connaissais les caractéristiques de chacune et la Winthrop House était parfaite pour lui. Ta colocation se passe bien ? Autant essayer de savoir s'il était avec une fille ou un mec. La curiosité est un vilain défaut Kelsey. D'autre part, Kale me demandait de mes nouvelles. Que dire ? Après presque dix ans sans se voir, on en avait des choses à se raconter. Je m'installais sur le banc, encore plus petite que je ne l'étais déjà à ses côtés. Je sais même pas par où commencer. Lâchant un petit rire, je croisais mes bras avant de reprendre. En fait je ne suis pas fille unique, j'ai deux petits frères. Comme je les aime ces deux là. D'ailleurs, j'aimerais que Kale ait l'occasion de les rencontrer un jour. J'ai été à la fac à Santiago, et tu me connais, je sortais pas énormément.. En bref : j'ai bossé comme une dingue toutes ces années.

C'est vrai que la Winthrop House est la maison qui me correspond le plus. Pas assez riche pour être Eliot, pas assez fêtard pour être Mather. Quoique la Quincy correspond aussi à quelques-unes de mes qualité. L'humanitaire, l'entraide, je connais bien tout ça. Enfin, je suis de la maison rouge et j'en suis fier. Kelsey me questionne sur ma colocation, je n'y suis pas depuis longtemps alors je ne connais pas encore très bien mes colocataires. Oh, tu sais je n'y suis pas depuis longtemps. Même pas quelques jours. Mais, Abel et Hannie ont l'air sympa ! Je ne me doute pas une seule seconde qu'elle soit jalouse. Dans ma tête, elle m'a oublie et n'éprouve donc plus rien pour moi. Un peu de nostalgie, c'est tout. On s'assit sur le banc, tu me déclares avoir deux petits frères et que tu as étudié à Santiago. Super, ils s'appellent comment ? Je veux savoir leur noms, évidemment. Ah ouais, j'espère que tu préféreras Harvard. Moi, j'ai loupé ma Maîtrise du coup j'ai retapé mon année et là je commence ma première année de Doctorat. Et, je n'arrive pas à décoller mon regard su sien, mon sourire sur ma face.

Je ne pouvais pas m'empêcher de ressentir une pointe de jalousie en apprenant que Kale était en colocation. Pourtant, je n'en ai pas le droit, pas après tout ce qui s'est déroulé entre nous. Ce dernier m'informe alors qu'il est avec deux personnes -c'est toujours mieux qu'une fille seule avec lui. M'enfin. On commence notre coloc en même temps dis donc ! Dire qu'on aurait presque pu tomber dans le même appart, ça craint, je ne sais pas comment j'aurais réagi. Kale me demande alors le nom de mes petits frères qui sont restés au Chili, ils sont plus jeunes que moi. Le plus grand s'appelle Mariano, et le petit dernier Diego. De bons petits prénoms d'origine latine, rien de bien surprenant. Si j'ai hérité d'un prénom américain, c'est de par ma famille adoptive. Kale m'explique ensuite qu'il a redoublé. J'affiche une petite moue, compatissante, espérant que Harvard ne soit pas aussi difficile que ce que les gens disent. J'ai toujours eu un excellent niveau mais je suis terrorisée à l'idée de rater mon année. Waouh chapeau ! Je suis fière de toi. Certainement qu'il se fichait du fond de mes pensées, mais il fallait que je lui dise, ça me tenait à cœur. J'espère juste qu'on aura un super boulot après toutes ces études ! C'était l'objectif principal. Me détendant petit à petit, j'appréciais beaucoup sa présence, il m'apaisait.

Quelle coïncidence ! Je me mets à rire, ç'aurait été plutôt bizarre de me retrouver en colocation avec Kelsey. Je ne sais pas comment j'aurai réagi, mais je pense que j'aurai été pendant longtemps très gêné. Non pas que ça me dérange, au contraire, mais avec tout ce temps qui s'est écoulé, je ne sais pas si elle arriverait à me supporter. Mariano et Diego, des prénoms typiquement latins, je m'en doute bien. Sa famille biologique vient du Chili, donc... Merci, ça me touche énormément. C'est sincère, je suis réellement touché qu'elle soit fière de moi. C'est vrai que pour l'instant, la vie me réussit plutôt bien. Elle parle de futur profession, c'est un peu le point noir de ma vie. Quel boulot aurais-je après mes études ? Je me pose souvent la questions, je ne sais pas encore ce que je veux faire clairement. Tu compte faire quoi après tes études toi ? Je suis curieux de savoir. Petit, on s'imaginait faire des boulot invraisemblable.

Spoiler:

Pour une coïncidence, c'en aurait été une belle. Je ne sais pas si j'aurais pu me retrouver avec lui en colocation, je n'imagine pas ma réaction d'ailleurs. Cependant, je suis très heureuse de le retrouver à Harvard, sachant que je ne connais presque personne ici. Je ne cesse de le regarder, étudiant les moindres traits de son visage, qui me rappellent bien des souvenirs. Il a vieilli, mûri, et pourtant je trouve qu'il n'a pas changé. C'est toujours mon Kale. Quand il me remercie, je ne peux m'empêcher de sourire à mon tour, je suis également touchée que mon avis compte encore. Décidément, même si on ne s'est pas vus depuis presque une décennie, l'avis de l'un et l'autre comptera toujours. Je rêve de me lancer dans la neurochirurgie, je suis en internat depuis l'année dernière, c'est génial. J'en ai encore pour quelques années mais je pense être bien partie. Je lâche un petit rire, me rendant compte que les études, c'est loin d'être fini pour moi. Heureusement, la partie théorique est passée et la pratique est un régal. Et toi ? Vu ta carrure, je te verrai bien dans le sport, genre boxe ou rugby. Non mais c'est vrai, regardez moi ce gars, affûté comme j'en ai rarement vu.

La neurochirurgie ? C'est un domaine qui semble assez lourd au niveau des études, surtout si comme elle me le dit, il lui reste encore quelques années à faire encore. Contrairement à moi, il ne me reste que deux ans, en comptant bien sûr cette année là. Je suis pressé, les études, je n'ai jamais réellement aimé ça. Pour autant, je sais que plus les études sont hautes, plus le salaire est haut après. Mes parents vont pouvoir être fiers de moi, d'ailleurs j'ai hâte de leur annoncer la nouvelle : j'ai retrouvé Kelsey. Ou, on s'est retrouvés. Par un pur hasard. J'étudie en Sport et Education Scolaire. Mais, je t'avoue que je en sais pas encore quoi faire plus tard. Journaliste sportif, professeur... Trop de métiers ! Je souris, continuant alors sur ma lancée : Rugby obligé par rapport à nos origines. Mais, je préfère le Foot US. Après, j'essaye de pratiquer un peu de tout ! C'est vrai que j'essaye d'être le plus multifonction que possible. T'as chercher à me retrouver via les réseaux ? Une question pas si anodine que ça, j'ai toujours essayé de la retrouver via Facebook, Instagram. Aucun résultat.

J'ai toujours connu Kale comme étant quelqu'un de sportif. Je ne suis absolument pas étonné d'apprendre qu'il étudie dans ce domaine, et je trouve d'ailleurs que cela lui convient à merveille. J'aimerais d'ailleurs le voir jouer au foot US, sport que je connais peu, et puis si c'est pour le voir courir sur un terrain je ne dis pas non évidemment. Toujours assise sur le banc, je me lève un peu précipitamment, me rendant compte que la fraîcheur commençait à vite pointer le bout de son nez. Tu as encore un peu de temps pour réfléchir, je suis sûre que tu feras le bon choix. Contrairement à moi par exemple. Autant je peux être très organisée concernant mes études, mais sentimentalement parlant pas du tout. Je viendrai te voir jouer alors. S'il veut bien de ma présence au stade. S'il veut bien me voir tout court en fait. Nos retrouvailles sont peut-être joyeuses sur le moment, mais est-ce que cela va-t-il durer ? Je n'en ai pas la moindre idée. Kale me prend de court en me posant cette question en rapport avec les réseaux sociaux. Pour être honnête, je n'ai pas cherché, de peur de tomber sur des choses que je ne voulais pas voir. Je.. Non. Je soupire, une nouvelle fois mal à l'aise, mais j'essaie de ne pas me laisser abattre. Avec ce que je t'avais fait subir, j'étais obligée de tirer un trait, pour mon propre bien. Égoïste ? Complètement sur ce coup là.

Deux ans, c'est clairement ce qu'il me reste pour me décider sur mon avenir et il ne faut pas que je me trompe. Après, je peux toujours être le personne à changer de métier tout les ans, avoir un style de vie bien différent que les citoyens lambdas. Puis, elle me déclare vouloir venir me voir jouer. Ce sourire que j'ai sur mes lèvres s'écarte de plus en plus alors que je lui réponds : Avec plaisir! Tu seras ma cheerlader attitrée alors ! Je me mets à rire, l'imaginant dans la tenue des pom pom girls et m'acclamer. Une image plutôt drôle que j'ai donc en tête. Puis, je reprends la conversation sur un sujet un peu plus sérieux : elle et moi. Nous. Je hausse les épaules, mon regard se lève jusqu'à Kelsey qui s'est levée. Oui, je comprends... Ou pas, mais je ne veux pas chercher le pourquoi du comment. Je sais que je dois simplement profiter de son retour avec moi, je prends sa main, l'amène à s'asseoir sur mes cuisses et je la prends dans mes bras. Ayant vu qu'elle est froid, je me dis que la réchauffer serait pas plus mal.

Cheerleader ? Moi ? Mon dieu. Je n'ai jamais été très douée en danse et voltige, et honnêtement, je pense que je ne le serai jamais. Si ça peut faire plaisir à Kale que je me trémousse comme une andouille, ainsi soit-il, mais je pense qu'il me faudrait deux trois verres avant. J'ai déj) du mal à mettre un pied devant l'autre alors danser... Je suis très maladroite dans la vie de tous les jours, excepté quand je travaille, je suis plus habile que jamais - et heureusement vu que je suis dans le domaine de la neurochirurgie. Quand nous venons à parler de nous et de notre histoire, je perds mes moyens, surtout quand j'observe sa réaction. Il fait mine de comprendre mais je sais qu'au fond, il n'en est rien. Je pense que même dans dix ans, aucun de nous ne trouvera une explication à tout cela. Avant que je puisse rétorquer quoi que ce soit, Kale me tire vers lui pour que je puisse m'assoir sur ses genoux. Je ne suis pas à l'aise avec cette proximité, me sentant plus vulnérable que jamais. Délicatement, ma tête vient se poser contre sa clavicule, me laissant porter par cet élan. Comment ai-je pu l'abandonner ? Cette question ne cesse de se répéter dans mon esprit depuis nos retrouvailles. Pardonne moi. murmurais-je alors dans un souffle, me serrant un peu plus contre lui comme si ma vie en dépendait. J'étais brisée de me rendre compte de mon erreur, certainement la pire de toute ma vie jusque là.

Je ne sais pas vraiment ce qui me prend, mais j'emmène Kelsey à s'asseoir sur mes cuisses, la réchauffant de mes bras. Être aussi proche d'elle, ça fait tellement longtemps mais rien n'a changé pour l'instant. Elle est toujours la même personne que j'ai connu dans mon enfance. Toujours la même Kelsey. Longtemps, mes yeux se perdent dans son regard alors qu'elle me demande de lui pardonner, je pense que c'est déjà fait... pas la peine de me le demander. Pourtant, j'ai l'impression de ne plus être maître de mes pensées et mes actes. Ma main se pose sur la joue de la jolie blonde, je dépose mes lèvres sur les siennes. Un baiser, un simple et court baiser. Je finis par la regarder. Je suis désolé, j'aurai peut-être pas du... Je baisse ma tête, réfléchis quelques secondes avant de regarder Kelsey à nouveau. Ou non, j'en avais envie...