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I LOVE HARVARD
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    Waves of Past
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    JONATHAN & BENJI

    ► WAVES OF PAST
    The wind blew strongly and made high waves

    _______________________________________


    _______________________________________

    Une bombe à retardement. Le genre de bombe comme dans les films d'actions, avec un compte à rebours écrit en gros chiffre rouge. Le genre qu'il faut deviner si c'est le fil rouge ou le fil bleu pour la désactiver. Moi, je ne cherches pas à arrêter le chrono. Je cherches à tirer sur tous les fils qui la feront sauter plus vite. Parce qu'il est comme ça Tommy. Il a pas changé. Si je joue assez longtemps sur son égo, il parlera. Ou plutôt, il gueulera. Suffit de viser juste et d'attendre.

    Et j'ai pas besoin d'attendre très longtemps. C'est même instantané après ma réplique sur les talons hauts. C'est ça le poisson, mords à l'appât, ouvre ta gueule. Prêt à le contenir quand il s'approche, je le vois cependant arrêter face à moi, son visage à moins d'un pouce du mien. Et il beugle. J'ai gagné.

    Il jacasse, explique plus ou moins. Personne lui prendra son honneur et sa fierté, il restera droit, il continuera d'exister. Malgré le froid et la grêle, la pluie et les tempêtes, le capitaine continuera à mener son navire et bla. bla. bla. Arrêtes de te vanter Tommy et dis-moi des trucs qui m'intéresse. Lorsqu'il dit avoir été effacé son regard se pose sur Jonathan et je surveille ses gestes, en faisant un moi-même pour le bloquer s'il veut avancer. Tu passeras pas ma hauteur, mec alors fait même pas un pas en sa direction. Mais il ne bouge pas, continue de blablater. En gros, il est devenu invisible. Ma mère nous faisait passer sous les radars, lui a été gommé des registres. Qui peut faire ça, je sais pas. De toute façon, c'est pas ici que j'obtiendrai une réponse à cette question. D'ailleurs, l'attention de Tommy est désormais braqué sur Duff qui finit bien vite par lui répliquer. Quand l'un se jette sur l'autre, je croise le regard du brun qui m'accompagne et en réponse à sa question, je me contente d'un signe de tête vers la porte. Ça sert à rien de rester. Je m'assure qu'il passe devant et avant de sortir, je murmure :

    - Ton flingue, caches-le.

    Ça serait stupide de se faire remarquer pour ça.

    ***

    Ayant atteint le camion, je vais du côté passager et glisse rapidement ma main entre l'interstice de la cabine et de la boîte. Un déclic se fait entendre et j'ouvre la portière pour qu'il grimpe. Je fais le tour du camion et répète la manoeuvre avant de me glisser à l'intérieur aussi. Ouvrant le coffre à gants, je récupère les clés avant de refermer d'un geste sec. Non, je ne suis pas particulièrement heureux. On a des réponses, on a des questions, ça, ça va. C'est autre chose qui me fatigue.

    - Boucle ta ceinture, fis-je simplement en faisant pareil.

    Je m'engage sur la route à nouveau, mais je ne me dirige pas vers l'hôtel. Je prends plutôt l'autoroute et me dirige vers le sud.

    ***

    Une heure de route plus tard, on a atteint les Keys, petit chapelet d'îles au sud de la Floride. Key West, la dernière île, est d'ailleurs le point le plus au Sud des États-Unis. Mais, pour le moment, je me contenterai de la première : Key Largo. Je gare le camion sur une aire de repos, éteint le moteur et fait signe à Jonathan de débarquer. Je n'ai pas dit un mot depuis qu'on est parti. Et là, c'est le temps de s'expliquer. L'endroit est tranquille, alors on aura la paix. Je fais quelques pas vers la pente douce et gazonné qui se rend jusqu'à la mer intérieur. De l'autre côté de la route, c'est l'océan. M'assurant que le copilote est à côté de moi, avant de le fixer.

    - Ton flingue, d'où tu le sors? demandais-je froidement. Et me dis pas de conneries, Jonathan.

    Je déteste les armes à feu. Je les ai en horreur. Je sais les manier seulement parce que j'ai appris à chasser. L'ennui, c'est assez rare qu'elle serve pour une bonne raison. Alors, lui, je veux savoir pourquoi il en a une.

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    ► Waves of the past


    ”Key West”


    Pour toute réponse il me demande de sortir. Sage décision, je ne veux pas me retrouver ici.
    Apparemment Tommy n’utilisait pas ses poings, il hurlait juste, secouait Duff. Ce dernier le lui rendait bien mais toujours attaché, il ne pouvait pas se soustraire.
    Pourquoi est ce que, même avec tout ce que je sais de ces deux la… ils me faisaient pitié ? Je ne passe pas beaucoup de temps à me morfondre que Benji me demande de cacher mon flingue.
    Ah ouai putain! Je reviens sur terre, me rappel de son existence dans ma main, le sachet de pois dans l’autre, je le vois sortir, me précipite vers le réfrigérateur et remet le tout, après avoir minutieusement essuyé l’arme de mes empreintes.
    Referme et sors.

    Je ne comptais pas rentrer avec moi, jamais de la vie !  J’ai aucune idée de ce pourquoi ils l’avaient utilisé… et surtout leurs prendre cette arme les auraient vraiment fait rager.
    Arrivé prés de la voiture, je sens à peine l’effleurement de Benji quand il passe par la portière passager pour ouvrir. Il me rends mes affaires de la boite a gants et me demande de boucler ma ceinture.
    Je le fais par réflexe, l’esprit assaillit par plein de questions, que je retranscris dans les notes de mon téléphone. J’écris tout. Je renomme l’enregistrement Audio de ce qui s’est passé, Parce que oui j’en ai lancé un sur mon téléphone, juste avant le coup de poing de Duff…
    Je me masse la mâchoire, encore douloureuse, et continue à écrire. Des notes par ci ou par la, ne me rends même pas compte de ce qui se passe autour de moi.
    Le fait qu’on ne se dirigent plus vers l’hôtel.
    Le fait que Benji soit aussi silencieux.
    Non pas que d’habitude on dansait la gigue …
    Mais quand je n’ai plus rien à écrire et que je relève la tête vers son profil, je ressens cette vague de tension que je ne comprends absolument pas.
    Rangeant mon téléphone je me met dans l’observation religieuse du décor. Il parlera … quand il le voudra. Quand il en aura envie, quand il aura assimilé toutes ces informations.
    Et la je lui dirais ce que j’en pensais … En attendant, je regarde le décor alentour.

    On s’arrête quelque part, et je me rends vite compte que ce n’est pas l’hôtel. Quelques pas derrière lui, époustouflé par la vue offerte, je n’ai cependant pas trop le temps de la contempler qu’il me demande d'où sors mon flingue.
    Je le regarde sans comprendre.
    De quel flingue …? Ah oui ! Mon show de tout à l’heur… est ce qu’il est énervé contre moi ?

    Ce n’est pas le mien

    Je réponds, me tournant complètement vers lui, le visage aussi sérieux que l’était le sien. Je ne veux pas l’emmerder encore plus et rajoute

    Je l’ai trouvé dans le congélo des Barrow, la ou je l’ai remis déjà.

    Levant les mains pour illustrer mes propos , voilà plus de flingues.

    Je ne voulais pas l’utiliser je voulais juste le garder sur moi le temps qu’on était la, pour pas qu’on l’utilise sur nous. Quoi que ça aurait été difficile de l’utiliser vu que…

    Je passe la main dans ma poche arrière

    J’ai enlevé les balles du chargeur…

    Je les sors et les lui montre dans la paume de ma main puis explique :

    Je ne me fais pas autant confiance pour garder un pistolet chargé dans les mains.


    Ou n’importe ou près de mes fesses.


    Flashback -----

    J’ouvre le réfrigérateur, sors le sachet de petits pois et trouves un pistolet derrière. Je m’arrête de respirer. Duff dans l’autre pièce continue a parler… et moi ici je sors l’arme, je la regarde, ouvre le chargeur précautionneusement, en sors toutes les balles qui passent dans ma poche arrière, puis au moment de le remettre la ou je l’ai trouvé… j’ai une moue. Pourquoi pas la garder ? Faudrait pas qu’ils aient l’avantage, au cas ou ils pourraient la recharger.
    Je le passe à la lisière de mon jean, entre ma ceinture et ma peau.
    Putain ce que c’est froid !


    Fin Flashback ----

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    Arrêtés sur une aire de repos de Key Largo, j'attends des explications de Jonathan. Savoir comme ça se fait qu'il se trimbale un pistolet. Je veux bien qu'en sol américain, y'a pas besoin de permis de port d'armes pour en avoir une, mais y'a quand même une raison derrière normalement. Et c'est assez rare que ça en soit une bonne. Parce que "pour me protéger"... mon cul! La plupart des zigotos qui la sorte celle-là, c'est ceux qui sont trop pressés de la gâchette et qui vont tirer comme des attardés à la première occasion. Oui, je déteste les fusils. Et, ouais, je parle en connaissance de cause pour avoir, malheureusement, côtoyer ce genre de zigotos. Pas que j'aie peur de ses machins, pas que je sache pas m'en servir, au contraire, mais devrait avoir un examen psychologique qui vient avec la vente. Et c'est pas une question d'être pacifiste, je suis le premier à utiliser mes poings quand ça dégénère. Sauf que c'est ça l'idée : je me sers de mes poings. En général, je prends pas la vie de quelqu'un. J'ai jamais été acharné à ce point. Mais, bref…

    Je fixe Jonathan quand il m'explique que ce n'est pas le sien. Il sortait d'où alors? À la suite, je lève les yeux au ciel! Oh c'est pas vrai! Il a une idée de ce qu'il vient de faire au moins? C'est pour ça qu'il est retourné en cuisine avant de partir? Lorsqu'il me montre les balles et me dis qu'il ne se fait pas assez confiance pour garder un pistolet chargé en main, je le fixe avant de saisir les projectiles sans délicatesse et, dans un geste rageur, les envoyer au plus loin que je peux dans l'eau.

    - T'as une idée de ce qui aurait pu arriver? demandais-je abruptement en me tournant vers le brun. T'aurais fait quoi si c'était le pistolet de Duff et que Tommy en avait eu un, chargé, lui? Tu réalises qu'il est assez cinglé pour nous tirer dessus sans hésitation? Et pas juste sur moi parce que j'ai un passé merdique en commun avec lui, il t'aurait tiré dessus aussi! Et...

    Je lui tourne le dos brusquement, jurant un bon coup, tentant au mieux que je peux de ne pas lui crier par la tête. Je me mords la lèvre, gesticule un peu en faisant quelques pas pour m'éloigner. Il réalise pas! Ou il a pas réalisé sur le coup. Il a cru que c'était une bonne idée. Faut relativiser. Il est rien arrivé.

    - Respire Benji, marmonnais-je faiblement pour moi-même.

    Je passe mes deux mains dans mes cheveux vers l'arrière pour essayer de me calmer, puis finalement oblique vers la mer, descendant rapidement la pente pour me laisser choir dans l'herbe en fixant les vagues qui viennent s'abattre dans les galets à un mètre à peine de mes baskets. Le regard rivé sur les crêtes, je tente de placer ma respiration en rythme et de calmer mes pulsations cardiaques. Ça toujours fonctionné. Depuis que j'ai compris le principe, y'a jamais eu un faux pas. Et c'est pas comme si j'en avais pas eu besoin souvent! Déjà ça fait effet et je me calme. J'en soupire et me passe une main au visage, mes pupilles revenant rapidement sur le paysage qui s'étend devant moi.

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    ► Waves of the past


    ”Key West”


    J’ai l’habitude d’être culpabilisé.
    C’est le passe temps favoris de ma mère.
    J’ai aussi l’habitude qu’on critique ce que je fais.
    ça c’est plutôt la particularité de mon père.
    J’ai, depuis longtemps, créé une carapace, le genre de protection qui filtre leurs paroles... en prends le côté positif. Le genre : “Ah tu as été accepté à la Eliot House? Il t’as fallut 2 jours de plus que ce que ton père a fait pour y arriver” Entendre par là “On est fier de toi fiston, tu marches sur les pas de ton père”...
    Je suis devenu insensible. Ou plutôt j’essaie de croire que je le suis, pour pouvoir sourire, après, et continuer ma vie “d’insouciance”.


    Alors pourquoi?
    Pourquoi est ce que, quand Benji lève les yeux au ciel, pendant mon explication, je me sens pire qu’une merde?
    Je me recroqueville mentalement. J’ai un moment d’incertitude. Un sentiment de culpabilité.
    Quand il éclate… Je … Je ne veux plus être ici, devant lui, avec la mer à côté, près de cette vue purement magnifique.
    Pourquoi est ce que ses paroles, que le son des vagues rugissantes n’arrive pas à couvrir, me donnent envie de reculer?
    Une envie que je ne suis pas, parce que paradoxalement je suis tétanisé.
    Ce n’est pas de la peur. Je n’ai pas peur de lui. Il ne me fait pas peur. Il ne me ferait pas peur même s’il me menaçait parce que d’une certaine manière je sais, qu’avec lui il ne m’arrivera rien.
    Ce sentiment n’existe pas dans tous ceux que je ressens.
    J’ai juste… Honte.
    J’aurais pu nous mettre en danger. Cette éventualité est claire maintenant. J’aurais pu LE mettre en danger, car , chevaleresque qu’il est, il se serait mit entre moi et Duff ou Tommy ou n’importe qui. J’aurais pu lui faire du mal, parce que s’il m’était arrivé quoi que ce soit… il s’en serait voulu.
    Moi et ma stupidité. Moi et mon impulsivité.
    Prendre l’arme en ce temps là m’avait paru être la chose à faire, la meilleur idée possible, je n’avais rien calculé, comme d’habitude. Ou plutôt j’avais tout calculé mais dans la limite de ce que je connaissais de la vie.
    Et qu’est ce que j’en sais…? Rien. Je suis un goss de riche qui a passé son temps entouré par des être insipides, dans des endroits de gosses de riche, protégé par l’argent de ses parents. Je ne connais du monde que ce qu’on a bien voulu me faire voir, que ce que j’en ai découvert sur internet, ou dans les films, les livres , les jeux. La fiction.
    J’ai eu des “aventures” … celles ou je sors du droit chemin pour … une petite bifurcation: Faire le mur pour aller voir la fille qui habite au village voisin … Suivre le fils de la gouvernante dans le fond du jardin de notre manoir. Rien qui puisse se rapporter, de près ou de loins, à une expérience de la vie.


    Mais si j’ai pris cette arme, c’était pour … je sais pas.
    Me sentir utile? important peut être?
    J’ai cru que c’était une bonne idée.


    Je ne bouge pas. Pas même quand il tourne les talon et se dirige vers la plage.
    Je ne veux plus bouger d’ici, adossé sur la portière de sa voiture.
    Sauf que je DOIS le faire. Je dois lui expliquer. Et demander pardon.
    Toute cette tension, les informations qu’il a découvert, la rencontre avec ses “amis” du passé, ce qu’ils ont dit à propos de sa mère, la fatigue que je lui ai provoqué, hier, avant hier… Tout cela devait le mettre hors de lui.
    Je ne suis qu’un spectateur dans tout ça. Ou plutôt je suis le spectateur maladroit... le sidekick, qui provoque plus de merde qu’il n’aide.
    Et j'apprécie, en quelque sorte, sa grande maîtrise de lui même.


    Je me décide de me mettre en marche, redoutant l’instant ou je serais à sa hauteur, vu que je n’ai aucune idée de ce que je vais dire.
    Oh non, aucune!
    Je m’arrête quelque pas derrière lui. Il avait pris place dans l’herbe, j’étais resté debout. La mer le calme…
    à quel point?

    Je suis désolé

    Bon début mais après.

    Je n’ai pas pensé à toutes les éventualités. Ce n’est pas dans mes habitudes de côtoyer des gens de la trompe des Barrows, et je n’ai pas pris en considération qu’une arme peut en signifier une autre.

    Mettant les mains dans les poches, mes yeux se tournent vers les vagues. Je ne sais même pas s’il m’entends, mais je continue a parler, d’une voix résigné et grave.

    Je peux rentrer aujourd’hui si tu veux. Je comprendrais.

    Oui il aurait raison de l'exiger

    Je te laisserais continuer à interroger les gens sans moi et ne t’aiderais que pour les recherches sur leurs passé.

    Je prends mes décisions au fure et a mesure que je parles.

    Je suis désolé


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    JONATHAN & BENJI

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    Assis dans l'herbe, les genoux pliés et les avant-bras posés sur ceux-ci, je tente de me calmer, le regard posé sur la mer. C'est tranquille. Le vent n'est pas spécialement fort aujourd'hui, alors les vagues non plus, même si c'est tout ce qu'on entend. Je me concentre sur l'eau turquoise, l'avancé des remous qui viennent s'abattrent non loin de mes pieds. Un instant, je ferme les yeux, respirant à fond et me concentrant sur les bruits ambiants : le bruit des oiseaux, des voitures... Ça me semble loin, même si c'est juste à côté. Les pas de Jonathan qui s'approchent. J'ouvre les yeux, m'attendant à le voir apparaître dans la périphérie de mon regard. Il stoppe avant. ...et s'excuse. J'en retiens un soupir. De culpabilité pour lui avoir crié dessus. Pour sensiblement avoir passé mes nerfs sur lui alors qu'il n'en est pas majoritairement la cause. Il ne savait pas, tout simplement. N'a pas vécu dans ce genre d'environnement. Ne pouvait pas savoir. Lorsqu'il parle de repartir, je baisse la tête. C'est pas ce que je lui ai demandé. Relevant la tête, je la tourne juste assez pour pouvoir le regarder par-dessus mon épaule, du coin de l'oeil.

    - Je te boufferai pas si tu t'approches Jonathan, lui lançais-je. Je me calme, l'informais-je en pointant la mer, ne sachant pas s'il aura retenu ce que je lui ai dit dans la piscine ou non. Navré t'avoir crié par la tête, m'excusais-je.

    D'un signe, je l'invite à se rapprocher. Que je n'aie pas besoin de parler trop fort et qu'on puisse profiter de la tranquillité de l'endroit un peu. Je ne compte pas remonter dans le camion avant un petit moment. J'en ai besoin.

    - Tu n'as pas besoin de repartir. Ou du moins, je ne te le demandes pas. Cependant, si c'est ce que tu as décidé, j'irai te mener à l'aéroport, lui promis-je.

    Il est libre de quitter s'il le souhaite. Je ne le retiendrai pas si son idée est faite.

    - Je t'avais dit au départ que c'était dangereux de me suivre ou de te mêler de mes histoires, dis-je en le regardant. Ton aide m'est très précieuse, admis-je sincèrement, mais ça ne vaut pas la peine que tu risques t'être blessé.

    Je sais pas moi-même dans quoi je m'embarque exactement en remontant le filon qu'on a trouvé. Je connais mon passé, celui que j'ai vécu, mais tout ce qui concerne mon père est noir et semble tumultueux. Qui plus est, je me rends compte que je connais peut-être moins ma mère que je ne le croyais. C'est pas super agréable.

    - Je reste à Miami, encore un jour ou deux, pour voir si ce que Tommy a dit est vrai. S'il est surveillé comme il le prétend, je risque de voir quelqu'un débarquer à l'hôtel pour venir me causer. J'irai peut-être voir une ou deux personnes moi-même, aussi. Libre à toi de décider si tu restes ou si ce qui vient de se passer t'as échaudé et que tu ne veux pas risquer de revivre un truc du genre.

    Parce qu'il pourrait, après ce qui s'est passé. Surtout aux vues de ma réaction en arrivant ici. Je dois passer pour un psycho, ou de quoi du genre…

    - Je ne t'en veux pas pour le fusil, ça t'as semblé être une bonne idée et t'as voulu aider, ajoutais-je finalement. Ça a quand même bien servi, admis-je avec un faible sourire en coin en le regardant à nouveau.

    Juste que ça aurait rapidement pu dégénérer, mais pas besoin de remuer le couteau dans la plaie, je crois qu'il a compris. ...et, ouais, je dois vraiment avoir l'air atteint d'un dédoublement de personnalité sévère.

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    Lien du postLun 19 Déc - 22:17
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    ► Waves of the past


    ”Key West”


    Sa première phrase m’arrache un rictus: qu’il dise qu’il n’allait pas me bouffer si je m’approche... J’avais, alors, essayé de sourire, mais je me sentais toujours aussi mal.
    Le soleil de l'après midi, fut le parfait alibi pour la tête que je tire. Je plisse les yeux, et lui, continue en disant que l’eau le calme, information que je m’étais rappelé un peu plus tôt, j’étais juste pas sûr du degrés... je me rends compte, maintenant, que ça le change complétement.
    Fascinant.
    Suivant sa demande inarticulé, je me sens un peu moin coupable en s'asseyant à côté de lui, et copiant sa posture. Ne lui répondant pas tout de suite, quand il me donne le choix entre partir ou rester.
    En temps normal, j’aurais peut être répondu du tac au tac, peut être avec une autre personne j’aurais déjà pris ma retraite… Peut être. Sauf que la, allongeant les jambes, et les croisant à la cheville, tout ce que j’ai envie de faire c’est le laisser parler, de me reculer et de m’appuyer sur mes poignets.
    J’ai encore cette boule à la gorge, ne m’étant pas complètement pardonné mon impaire, même quand Benji valorise mon aide, même quand il essaie de me déculpabiliser. Je ne réponds donc pas, tout de suite.

    Et surtout pas, après le petit sourire en coin qu’il a quand il se retourne vers moi.
    Il est … Beau.
    Quand il sourit, le bleu de ses yeux s’illumine. Il… rajeunit.
    Un autre type de boule se loge au fond de ma gorge. L’envie de rapprocher ma main de lui et le toucher. Heureusement que j’étais toujours appuyé dessus, cela m'empêche d’encore me ridiculise, me contentant de lui rendre son sourir.
    Je ne veux toujours pas répondre.
    J’ai peur de dire ce qu’il ne faut pas et de tout gâcher.

    Laisse moi le temps Benji, pensais je. Je dois encore m’habituer à tout ça. Ma propre réaction à tes paroles de tout à l’heur, me fait peur. Ils m’ont beaucoup trop touché, beaucoup trop affecté pour que je puisse me reprendre aussi vite.

    Paradoxalement, c’est sa présence, et ce qu’il vient de me dire qui m’aident à me reprendre.

    Je ne veux pas partir

    Finis je par dire, après plusieurs minutes de silence.

    Je veux rester ici et t’aider. J’ai pas aussi peur du danger que tu peux en avoir pour moi. Essentiellement, parce que je ne sais pas à quoi je m'expose, tu auras beau me prévenir, je n’ai jamais rien vécu de pareille et ne sais pas a quoi je m’attends. Mais je ne veux pas te laisser seul ici. Surtout pas après ce qui vient de se passer.

    Me redressant, je m'essuie les mains l’une dans l’autre, et me tourne vers lui, scrutant son visage

    Pas que j’aie peur qu’il t’arrive physiquement quoique ce soit, même si cette éventualité … me fait froid dans le dos. Je ne veux juste pas que tu revoie ces gens de ton passé, seul. Je ne veux pas que Duff ou Tommy ou putain de Tayler Ryan jouent avec tes nerfs, qu’ils te chamboulent, ou… peut être te font mal.

    Je ne spécifie pas le type de “mal”, préférant reporter mon regard vers les vagues, l’eau, la mer, peut être même la meilleur amie du jeune homme à côté de moi

    Même si je sais que tu pourras t’en sortir. Tu as une grande maîtrise de tes émotions … ça ne me surprends même pas. Sauf que ce n’est pas une raison suffisante pour que j’aie envie de te laisser seul.


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    Lien du postMar 20 Déc - 4:41
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    JONATHAN & BENJI

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    Après la mini crise de nerfs que je viens de piquer, il a tout de même le courage de venir me trouver. Il s'excuse d'ailleurs pour la colère qui m'a traversé et je me retiens de soupirer. Ce n'est pas comme si je pouvais réellement lui en vouloir. Ce n'est pas un univers auquel il a été confronté comme je l'ai toujours été. Les réflexes et les habitudes que j'ai, il ne les a pas. Tout comme je n'ai pas ses manières ou sa façon de voir les choses. On est différents. On vient de milieux différents. Et il a juste voulu aider. Ce que moi, j'ai crains, lui ne l'a pas calculé. Et c'est peut-être aussi bien. Parce que s'il avait perçu tout ça en pleins milieu de son action, là, ça aurait été le bordel!

    J'essaie de lui faire comprendre que je ne lui tiens pas rigueur, mais si son idée de partir est faite, j'irai le reconduire à l'aéroport. Cependant, on ne se recroisera pas tout de suite à Boston. Je reste ici, et je ne le lui cache pas. Notre interrogatoire de cette après-midi m'a appris quelques trucs, mais je pourrai probablement tirer autre chose de Miami. J'attends le contre-coup aussi. Voir si le mot de ma visite chez Duff et Tommy se répandra et si je n'en aurai pas une visite à mon tour. Le problème étant que je ne sais pas qui se sera.

    Un moment de silence s'installe entre nous et je le laisse à ses pensées, me concentrant sur le paysage. C'est bien un des trucs qui m'a manqué pendant les quatre ans en Alaska. Les plages sont loin d'être pareilles! Au final, c'est peut-être une bonne chose que je sois parti, je ne sais pas combien de temps encore je serais resté avant que la piqûre de la route ou de la mer ne se fasse à nouveau sentir. Et que je ne puisses plus y résister.

    Me sortant de ma contemplation et de mes hypothèses, je tourne la tête vers Jonathan alors qu'il parle à nouveau. Il reste apparement. Et ça semble être entré dans sa tête que ce sera dangereux, même s'il admet ne pas savoir à quoi il s'expose. On a progressé depuis notre dernière conversation texto, avant qu'il ne m'avise que son billet d'avion était réservé. Il m'explique encore et ça finit par me tirer un nouveau sourire en coin. Un mouvement et je m'étire la main pour aller lui ébouriffer la crête de cheveux.

    - C'est que la fouine s'inquiéterait pour moi, ma parole, fis-je, moqueur.

    Le lâchant, je me replace sensiblement comme j'étais. Machinalement, je passe deux doigts sur ma cicatrice sur mon avant-bras droit, mon regard suivant mon mouvement.

    - On ne vient pas du même milieu, Jona. T'as pas été immergé là-dedans et t'as enfin l'air de te rendre compte que c'est pas un jeu ou un film, ou n'importe, lui fis-je remarquer en le regardant à nouveau. J'ai bien des souvenirs qui sont beaucoup moins joyeux que l'épisode que tu viens de vivre. Tout autant que je ne sais pas ce qui se passera dans les prochains jours. Si tu peux vivre avec ça, alors je ne vois pas d'inconvénient à ce que tu restes. Seulement mon but n'est pas de te traumatisé ou que tu te retrouves blessé. S'il arrive quelque chose - altercation, visite, etc. - et que je te dis de faire une action, fais-la simplement, demandais-je.

    Même s'il veut m'aider, si y'a une situation qui le requiert, je préfères encore qu'il me laisse seul et qu'il parte.

    - ...même si t'es du genre à me tenir tête pour savoir sur quoi je passerai la nuit, ajoutais-je encore pour me moquer.

    Parce que je sais que si je lui demande, il fera probablement sa tête de mule sur le coup. Mais je crois qu'on peut statufié désormais que je ne lui demanderai pas pour rien non plus, alors il devrait comprendre. Je veux simplement qu'il le fasse, même si c'est pas sa volonté première. Rendu là, c'est que je calculerai que les risques sont trop grands pour lui.

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    ”Key West”


    Sa réponse me fait sourir. Surtout quand il tends la main et me caresse les cheveux.
    Les mouvements de ce genre me faisait toujours me sentir comme un petit garçon.
    Sauf avec lui.
    De toute les manière, tout avec lui me semble différent, nouveau, et délicieux.
    J’aurais pu fermer les yeux, rien que pour profiter de cette caresse, si ça ne m’avait pas semblé aussi débile, vu que le geste était purement amicale.
    Je souris alors, en réponse à sa petite incurvation sur ses lèvres. Son sourire en coin, que je continue à fixer jusqu'à ce qu’il se mette à parler.
    ça à beaucoup de sens, ce qu’il dit est logique. Mais je me connais. Je penserais, peut être, sur le coup que je détiens la bonne réponse, une meilleur solution.
    Après aujourd’hui, je ne crois pas que je pourrais désobéir à n’importe lequel de ses ordre...à part un seul.
    Ou plutôt un nombre d’entre eux… ceux ou il me demandera de le laisser tomber, pour me sauver.
    Autant ne pas le lui avouer tout de suite.J'acquiesce.
    Sauf quand il ajoute que je suis du genre à lui tenir tête pour savoir sur quoi il passe la nuit… ma bonne humeur me revient et j’ai une forte très forte envie de lui dire “Sur Moi”. Je m’en empéche, me mordillant la lèvre, et me contentant de le regarder.

    Je vais essayer.

    Dis je enfin

    Je veux dire je vais écouter ce que tu me dis, et suivre ton conseil. A la mesure du possible. Je ne te laisserais par exemple jamais seul si c’est pour sauver mes miches, même si tu me le demande...

    Je l’avoue finalement, suivant du regarde le geste de sa main et remarquant, pour la première fois cette cicatrice qu’il masse... je continue distraitement la réplique que j’avais commencé et formulé dans mon esprit, en voyant d’autres traits rougeâtre à côté du premier.

    ...La fouine elle a peur pour toi oui.

    Puis le fixant dans les yeux je lui demande

    Comment est ce que tu t’es fait ça?

    Je rapproche mon indexe de ces blessure depuis longtemps refermé, dans l’intention de les toucher, mais sans le faire. J’ai l’impression que je ne devrais pas.

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    Ha ben tiens! Ça m'aurait étonné qu'il acquiesce gentiment et du premier coup! Est-ce que j'arriverai à lui dire de faire quelque chose sans qu'il me tienne tête une fois? C'est à se le demander! Je me contente de secouer la tête, un peu découragé, mais le sourire toujours au coin des lèvres parce que il va "essayer". Mes avis qu'on va encore se confronter pour ça. Mais, vu son caractère et le mien, je commence à me dire que c'est normal. Il est exubérant, semble toujours positif - sauf peut-être quand il est sous médicamentation - et on peut pas nier son hyperactivité. Moi, je tends plus vers la neutralité. Ou du moins, j'essaie. Mais je sais aussi que je bouille facilement - j'éclate en un claquement de doigts par moment, comme précédemment - et je sais aussi que je suis assez chiant parfois. De plus, je ne parle pas beaucoup. Tandis qu'il parle pour deux. On est aux antipodes, en gros. Mais même si ça clash, je ne lui demanderai pas de changer. Y'a déjà assez de monde qui doivent le faire selon ce qu'il m'a raconté à propos de son amnésie et tout. Et je déteste qu'on me demande de le faire. Alors voilà. C'est juste de s'adapter, si on continue de se côtoyer.

    Je rigole doucement, tout en souffle, quand il me dit me dit s'inquiéter pour moi. Y'a pas besoin, j'ai connu bien pire. À sa question, suivant la direction qu'il pointe, j'arrête de rire. Je passe une main par habitude, pour cacher les cicatrices sur mon poignet et détourne la tête. Ouais, quand je disais que j'ai connu pire. Fixant l'horizon, je masse, un instant, mes deux poignets. Ils sont dans le même état, presque des miroirs. Et c'était assez volontaire. L'idée n'est pas de moi. J'ai jamais demandé, jamais voulu que ça m'arrive. Je fais avec c'est tout.

    - Les cicatrices rondes, c'est des brûlures de cigarettes, finis-je par dire.

    Abaissant les genoux, je pose mes avant-bras dessus, arrêtant de me malaxer les poignets pour les laisser respirer. Ça devient sensible si je joue trop avec. Même si ça fait bien des années qu'elles sont là.

    - Les lignes, c'est des marques de lames, ajoutais-je.

    S'il peut les yeuter à sa guise, moi, de mon côté, je veux pas le regarder. J'aime pas voir l'espèce de mélange de pitié et d'horreur qui passe dans le regard des gens quand j'en parle. Pour le peu de fois que ça a pu arriver. Un temps, j'avais toujours des bandages, ensuite y'a eu l'époque où les manchettes anti-sueurs était à la mode - c'était laid, mais vachement pratique dans mon cas - et maintenant, je portes parfois des bracelets et la montre de mon père depuis quelques mois. Là, trop énervé, j'ai simplement oublié de la remettre. Elle ne cache pas tout, mais dévie le regard sur elle. Je fais pas exprès de flasher tout ça non plus. C'est pas le meilleur des sujets pour moi, même si je consens à en parler par moment. Rarement.

    - Et avant que tu ne poses la question : non, je n'ai pas essayé de me suicider. Y'a pas une seule de ses marques qui soient de moi.

    Parce que c'est ce que Beth en avait déduit. C'est ce que beaucoup en ont déduits. C'est ce que ça a l'air aussi. Parfois, je déments, comme là. D'autres fois, je laisse couler. Parce que c'est parfois moins chiant de laisser les autres faire leur propre scénarios que d'essayer de leur expliquer ce qui s'est réellement produit. Ouais. C'est une belle histoire tout ça.

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    Lien du postJeu 29 Déc - 20:41
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    ► Waves of the past


    ”Key West”


    Je n’arrive pas à détacher mes yeux de ses poignets.
    Sa voix n’explique pas vraiment ce que j’étais entrain de voir. Marques de cigarettes et lames.
    Quand il continue en spécifiant qu’il ne se l’était pas fait lui même, je remonte les yeux vers les siens

    Je ne l’ai jamais pensé.

    Et c’était vrai. Je n’avais jamais pensé qu’il s’était infligé cette aberration. J’allais lui demander qui est ce qui le lui avait fait, c’était ma prochaine question. Je n’allais, en aucun cas, l’accuser d’avoir essayé de se faire du mal.
    Cela dit, et si je laisse parler la logique, ce serait normal qu’un enfant ayant vécu dans des conditions tel que celles des Barrows puisse éventuellement penser à se suicider.
    Mais pas Benji.
    N’est ce pas?
    Je ne sais pas. Mais je le crois. Même quand je sais que, peut être, je ne sais rien de lui, je le crois.

    C’est des gens comme les Barrows qui ont fait ça?

    Des hommes que fréquentait sa mère?
    A bien y regarder on peut voir que ces blessures ne sont pas aussi fraîches pour lui avoir été infligé ces dernières années, mais aussi, vu sa force, on peut facilement déduire , qu’il a appris à se défendre dès l’adolescence.
    Et donc…

    T’avais quel âge quand on t’as fait ça?

    Demandais je blême. Appréhendant la réponse.

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