Le soleil est déjà haut quand j’ouvre les yeux. La journée, la baignade et l’après… tout ça a réussi à me permettre de m’endormir assez profondément pour que je ne me réveille pas à chaque mouvements à mes côtés. Et, étonnamment, Jona est encore à moitié sur moi. À croire que ça l’a assomé lui aussi. Jusqu’à maintenant. Puisqu’il s’éveille, bougeant lentement avant de se lever sans un regard et se diriger vers la salle de bain. Ça me donne vaguement une idée de ce à quoi je peux m’attendre par rapport à ce qui s’est passé.

Pendant qu’il s’affaire, je m’étire et fini par m’asseoir dans le lit. Un regard circulaire et j’essaie de repérer mon maillot. Je le trouve par terre, près du pied du lit. Le récupérant, je l’enfile et l’attache avant d’avancer vers la partie « salon » pour récupérer ma veste que je passe aussi. Revenant sur mes pas, je m’installe dans le cadrage de porte de la salle de bain, attendant de croiser le regard de Jonathan dans le miroir. Cependant, mon le mien glisse un moment sur sa silhouette et j’en penche légèrement la tête sur le côté. Très appréciable. Surtout avec les souvenirs de la nuit dernière. Bien que… il m'a fait perdre mes repères. Sa délicatesse m'a pris de court et je me suis retrouvé immobilisé face à sa douceur. À l'opposé des contacts que j'ai pu avoir. C'est ...déstabilisant. Autant ce qu'il a fait que de savoir que c'était aussi agréable.

Redressant la tête, je croise ses pupilles et me racle légèrement la gorge, autant pour reprendre mes esprits que pour parler clairement. J'ai la voix rauque le matin, je le sais.

- Je vais prendre une douche et me changer, l'informais-je. Je reviens ensuite. Tu nous commandes à déjeuner?

J'ai pas envie de me prendre un bain de foule, alors si on peut rester dans le calme de nos chambres, ça me conviendrait bien.

Un signe de sa tête de sa part et il me pointe la douche, m'informant que je peux prendre mes aises.

- J'ai des trucs à récupérer dans ma chambre. Et des vêtements aussi, lui indiquais-je simplement.

Propres. J'ai que mon short et ma veste qui sentent encore un peu l'algue, mais surtout l'humidité. Pas de baskets, pas de portefeuille. Et faudra que je récupère mes clés et mon cellulaire. Ma mère, c'est tel que tel, je peux l'appeler d'un peu partout et elle ne s'inquiète pas si je ne réponds pas une journée durant. Blondie, par contre, c'est le seul numéro qu'elle a pour me rejoindre. Et je ne sais pas si elle n'a pas essayé un appel. Un cauchemar durant la nuit ou n'importe.

Les mains à ma veste depuis qu'il m'a parler de la douche, je vois Jona se mettre sur la pointe des pieds pour m'embrasser. Moi qui pensait qu'il allait vouloir la jouer "On s'est amusé, c'était hier, aujourd'hui on revient à la normale"... ha bah non apparemment. Alors je réponds présent. Toujours appuyé au cadrage, ma main libre glisse jusqu'au bas de son dos. Un peu pour le soutenir, un peu pour la proximité. Mes lèvres goûtent à nouveau les siennes, éveillant les souvenirs d'hier soir. Sauf que, ce matin, il ne goûte que la menthe de son dentifrice. Et moi, je sens encore un mélange d'océan, de relan d'humidité, de sueur et de sexe. Délicatement, je me détache et coule un regard vers la douche.

- Je vais quand même devoir passer chercher mes vêtements, argumentais-je. Mais… j'imagine que ça peut attendre un peu, finis-je pas affirmer, passant un doigt sur la fermeture éclair de ma veste pour l'ouvrir. Tu viens avec moi?

Parce que s'il me dit d'y aller tout seul, autant passer à ma chambre. Et si on se partage le jet, ça m'indiquera un peu plus ce qui se passera entre nous à l'avenir. J'irai me changer ensuite. J'aurai peut-être plus de morceaux au puzzle pour comprendre exactement ce qui s'est passé hier soir et pourquoi j'ai réagi de la sorte.

Son regard amusé, le choix de ses mots et son attitude en générale… D'accord, je doute vraiment que c'était que l'amusement d'une nuit. Il s'amuse peut-être, mais, si c'est le cas, je suis devenu son joujou préféré alors ça risque de durer quelques temps encore. Autant jouer.

- J'adore l'eau, je te l'ai déjà dit, lui fis-je remarquer avec un sourire en coin lorsqu'il me demande si je le suis.

Que ce soit la mer, la piscine ou la douche. Ça réussit toujours à me calmer et m'apaiser si besoin. Donc c'est pas rare de me voir vider le réservoir. Dans un hôtel, ça risque d'être plus difficile. Mais bon, y'aura personne pour venir se plaindre et si c'est le cas… ben basta! Ça change rien pour moi. Alors je retire ma veste, la coinçant dans le support à serviette. Les mains sur l'attache de mon maillot, je marque un vague temps d'arrêt. L'habituelle hésitation qui me prends quand il est question que quelqu'un ne voit ma taille. Si moi, je ne suis pas capable de supporter la vue de toutes ces marques qui me zèbrent les hanches, comment quelqu'un d'autre pourrait le faire? Pourtant s'il a laissé entendre une intonation de surprise en les voyant hier, il n'a pas agi comme je l'aurais prévu. Ce n'est pas ce que j'ai connu. Il m'a totalement débalancé. Sa délicatesse était aussi déstabilisante qu'agréable. Un vague coup d'oeil à son attention et je tente le coup. Aller! On a vu pire, je suis certain. Mon maillot allant voir le sol, je passe la porte vitrée pour le rejoindre sous le jet d'eau et dès que celui-ci touche mes épaules, je me détends progressivement. Mes yeux se ferment tandis que j'offre mon visage à la pression. Ce que ça peut faire du bien! Un vague soupir, autant qu'il est possible de le faire ainsi placé, et je me recule pour ne plus monopoliser l'espace, passant une main sur mon visage pour enlever l'eau restante et mes yeux glissent plus bas pour croiser deux pupilles brunes.

Un soupir de bien-être franchis mes lèvres quand je pénètre dans la douche et que le jet d’eau touche ma peau. Un instant, j’oublie alentour pour profiter de ce calmant qui détend mes muscles. Je n’ai pas réellement eu de quoi stressé ce matin et vu la nuit qu’on a passer, c’est pas pour les mêmes raisons que je serais tendu. Je suis juste constamment sur mes gardes, parfois plus alerte que je n’en ai réellement besoin. Alors mes muscles sont constamment crispés, au moins un peu. Sauf quand je suis dans l’eau. Là, j’ai l’impression que rien ne peut m’atteindre.

…sauf peut-être un brun, jurant, qui a décidé de pousser un peu trop sur l’eau chaude. Par automatisme, je pose une main à son dos pour le soutenir. Ici, c’est pas tant de se noyer le problème, mais il pourrait s’amocher sévèrement s’il tombe. Croisant mon regard, il s’excuse et explique qu’il est du genre goofy. C’est pas gagné d’avance!

- Hyperactif et maladroit, de mon point de vue, ça doit pas faire super bon ménage, remarquais-je en passant une main au visage, plaquant mes cheveux courts vers l’arrière.

C’est peut-être même étonnant que je ne l’aie pas encore vu tombé ou qu’il ne soit pas couvert d’ecchymoses, s’il a deux pieds gauches comme il le dit.

- Je vais avoir besoin de trainer une trousse de secours en tout temps, alors? me moquais-je doucement.

Faudra que je vérifie, parce que si c’est le cas, je crois pas que celle qui se trouve dans le camion soit vraiment efficace. Elle ne doit pas même pas être considéré comme complète.

Mon regard glisse dans son dos un moment, jusqu’à sa chute de reins, avant de remonter.

- T’es rouge près des omoplates, constatais-je.

Il est maladroit. C'est officiellement dit. Il ne l'a pas encore prouvé en plein, mais ce n'est pas particulièrement nécessaire. Je n'ai pas besoin de le traîner en urgence à l'hôpital pour le croire. Après s'être contorsionner pour tenter de voir les dommages, il entreprend plutôt de se faire mousser. Profitant du jet d'eau, dont je diminue encore un peu la température pour ne pas empirer l'état de sa peau, je laisse mon regard traîner sur sa silhouette. Jusqu'à ce qu'il se retourne et me salue. Un rire en un souffle et un léger sourire apparaît au coin de mes lèvres. Sauf avec ses médicaments, ça semble être le genre de mec toujours souriant. Probablement du genre à avoir une petite attention pour ses proches à tous moments simplement pour le plaisir de les voir heureux à leur tour. Me penchant pour récupérer la bouteille de savon dans l'alcôve derrière lui, j'arrête mon visage à quelques centimètres à peine du sien, mes yeux plantés devant les siens.

- Salut, répondis-je avant de poser mes lèvres sur les siennes.

Sa manière. Ma manière. Il s'est pas gêné tantôt, alors pourquoi je le devrais? Vu que ça ne semble pas le déranger outre mesure, je continue comme je fais normalement. J'ai envie, je fais. À moins de voir ou sentir une résistance quelconque. Dans ce cas, j'arrête. Me redressant, je me détache pour le laisser à son savonnage, avant de commencer à mon tour.