- C'est seulement mon opinion. Je le dis pas pour te flatter dans le sens du poil. C'est vraiment ce que j'ai remarqué; ta fille a l'air de t'aimer et semble heureuse, soufflais-je avec un sourire doux. C'est vrai que je ne les ai pas vu souvent ensemble, mais c'est ce qui ressort comme impression. Et c'est déjà beaucoup plus que bien d'autres gens qui se disent parents et n'en sont pas la moitié…

Attachant à nouveau la chaînette avec l'anneau à mon cou, je refourgue le pendentif au fond de ma poche. L'explication de ma proposition ne semble pas faire de nouvelle et j'ai un léger rire à sa remarque.

- Oui, je sais que tu peux être direct, hochais-je en récupérant mon verre de vin. Gardant sous silence que j'en ai quelques fois fait les frais, j'oscille plutôt la tête, pesant un argument, tournant ma langue avant d'ouvrir la bouche : C'est un trait que tu as qui est, peut-être, à double tranchant parfois, à toi de me dire, mais je ne te le reproche pas; t'as une manière de t'exprimer que je n'ai pas et, d'un sens, je l'apprécie, avouais-je en lui offrant un sourire.

Il est très direct, peut-être trop parfois, mais il a aussi une facilité à s'exprimer peu importe son avis sur qu'importe la question. Je ne doute pas que ça a pu le placer dans des situations délicates parfois, mais il ne perd pas pour autant qui il est, se tenant droit pour son avis et le restant. Ça nous a valu quelques prises de têtes auparavant, mais… honnêtement, ce n'est pas un trait que je souhaiterais le voir perdre. Et même s'il est parfois cru dans ses paroles, s'exprimant sans filtre, ça fait tout de même parti de ses charmes à mon sens.

Mon regard se posant sur le spectacle, je suis prêt à laisser un silence plus apaisé s'installer entre nous. Pourtant alors que je prends une nouvelle gorgée de vin, mon geste bloque alors que j'abaissais mon verre. Tournant la tête vers Jaysaël, je ne peux m'empêcher de le fixer quelques longues secondes pour savoir si j'ai bien entendu. Avalant finalement le peu d'alcool que j'avais en bouche, déposant mon verre, lorsque je réalise qu'il désire réellement savoir. Conversation délicate. J'en penche la tête un court instant, tournant cependant mon regard vers la scène lorsque je la relève, n'étant pas capable de soutenir le regard de Jaysaël pour le moment, puisque je ne suis pas plus fier de la fin de cette histoire que je ne peux l'être de celle avec lui, mais je n'ai pas l'intention de la lui cacher. Je préfère être franc, même si ça me fera possiblement perdre des points.

- Je… Commençais-je, jouant avec mes doigts nerveusement, hésitant sur la formulation. On est resté ensemble un an environ. Puis, sa grand-mère est décédé et il a voulu retourner voir sa mère et surtout son petit frère. Mais je n'ai pas pu répondre "oui" à une proposition qu'il m'a fait : le fiancer, le suivre. J'ai pas pu, expliquais-je avec franchise. C'était pas le bon moment… Pas la bonne raison… Pas le bon mec…, avouais-je finalement, en secouant légèrement la tête. Il est retourné vers sa famille à Londres, je suis resté près de la mienne à Boston, laissais-je savoir, bien qu'il doit avoir compris. Je l'ai blessé tout autant que j'ai pu te blessé, reconnus-je en étirant le bras pour récupérer ma coupe. Je suis doué pour ça apparemment, crachais-je contre moi-même avant de prendre une gorgée de vin, découragé de ma propre personne. Raison pour laquelle je n'ai, depuis, eu que quelques flings passagers avec des mecs qui ne cherchait clairement pas à se poser, disparaissant de ma vie en moins de deux mois. Me laissant insatisfait, cherchant encore le contact humain régulier, mais en un sens, soulagé de pas faire de mal à personne une nouvelle fois. Mais il a suffit que je me retrouve en face de Jaysaël en commençant le boulot pour que mon coeur se mette à faire le fou et il a suffit d'un baiser pour que le reste de mon corps veuille le suivre tête baissée. Et y'a que lui pour me faire ça.

• @Jaysaël S-Castellan

Je le fixe en silence, attendant la réponse à ma question. Je sais que je vais regretter cette indiscrétion parce que dès qu'il commence à me parler de lui, j'ai déj l'envie de me lever et de lui dire de tout laisser tomber. Après tout, il n'est pas revenu vers moi à son retour pour ce mec. Il l'a choisi lui plutôt et moi... Et.. Quoi ? Fiancé ? Je fronce les sourcils. Ok. Je vois plus clair. Je porte ma main à mon visage, me pinçant l'arrête du nez pour rester calme, pour me maitriser et continuer de l'écouter. Il a refusé, balançant des excuses comme il s'est si bien le faire mais j'ai surtout compris une chose. Ce type a quitté Boston et c'est uniquement cela qui les a fait rompre. Je suis vraiment trop con. Je suis vraiment le dindon de la farce pour lui en fait. La mâchoire crispé, j'en viens à formuler une constatation. "Au final, il ne serait pas partit vous seriez toujours ensemble." Je me laisse retomber dans le fond de mon siège, les bras croisés sur mon torse, le visage marquant probablement bien mon agacement. Mon envie de me lever et de quitter les lieux se faisant toujours de plus en plus présente, ma jambe témoignant de cela de part l'agitation qui la prend. "Et moi, je ne suis qu'un bouche trou dans l'histoire." Et ça fait putain de mal de constater cela, mais je ne peux m'en prendre qu'à moi-même d'avoir poser la question initiale, j'aurais été bien mieux en restant dans l'ignorance en me disant juste que c'était parce qu'ils ne s'aimaient plus... Pas parce qu'ils y avait un océan entre eux, pas parce que leurs priorités ont été différentes pour eux comme pour nous à l'époque. Sauf qu'avec ce type, ils avaient discuté avant le départ tandis que moi, j'avais juste été abandonné comme une vieille paire de chaussettes. "S'il revient demain, tu feras quoi ?" Le questionnais-je alors tout en sachant que quoi qu'il me dise maintenant, ça ne changera plus rien, parce que je serais toujours le con de l'histoire au final, celui qu'on prend et qu'on jette, celui que l'on oublie et remplace facilement.

Je secoue la tête de droite à gauche à sa conclusion. Non, on ne le serait pas, parce que j'ai rompu avec lui. C'était pas la proposition qui était le problème, c'était que je réalise que y'avait qu'une personne de qui je voulais l'entendre et que c'était pas la personne qui se trouvait devant moi. Même si j'ai pas chercher à aller déranger Jaysaël ensuite non plus. Je leur souhaitais de faire une vie heureuse à tous les deux et pour ça, c'était préférable que je reste loin des deux. C'est le boulot qui nous a remis nez à nez, parce que, j'aurais pas cru que l'université avait des locaux communs entre les filières, bien que, ça soit logique en un sens.

Voyant Jaysaël s'enfoncer dans sa chaise, les bras croisés, crachant sa déduction, j'étouffe un soupir. J'aurais dû me douter que ce serait sa conclusion… Mais après, est-ce que je peux réellement lui en vouloir de le prendre ainsi? Pas tellement non. Ouvrant la bouche pour lui expliquer que c'est pas ça, je la referme pourtant lorsqu'il me questionne à nouveau. Le fixant un instant, je finis par articuler :

- Qu'il revienne demain, dans un mois ou dans trente ans, ça changera pas que je ne suis plus avec lui et que je ne le serai pas dans le futur non plus, indiquais-je, tentant de garder une voix calme. Je lui souhaite tout le bonheur du monde, mais c'est pas moi qui peut lui offrir. Je contrôle pas ces sentiments, mais moi, j'aime quelqu'un d'autre. Et de savoir si cette personne m'aime encore, si elle veut bien de moi dans sa vie… c'est à toi de me dire quand tu le voudras ou quand tu le sauras, conclus-je en toute franchise. Je peux pas le forcer à m'aimer, mais rester avec quelqu'un alors que je sais clairement que c'est pas lui que je désire, je trouve pas ça honnête. Et si ça me condamne à des faibles flings ici ou là jusqu'à la fin de mes jours, soit. Ce sera toujours mieux que de blesser quelqu'un encore…

• @Jaysaël S-Castellan

Le visage fermé, je me permets encore de le questionner pour tenter de savoir jusqu'à quel point il est capable de se foutre de ma gueule car au final, c'est bel et bien de cela dont il est question maintenant. Je le fixe, attendant sa réponse qui semble avoir un peu de mal a venir et quand il me répond, je ne peux réprimer un rire de franchir mes lèvres. Un rire pas joyeux, un rire qui trahit plutôt le fait que je ne le crois pas le moins du monde, que la confiance au lieu de la retrouver, il est encore entrain de la perdre encore plus parce que je ne peux pas croire en ses paroles. "Ah parce que tu as mit tes sentiments pour moi sur pause le temps que tu as été en couple avec lui et une fois qu'il est partit, t'as recommencé à m'aimer?" Je rigoles devant la connerie qu'il vient de me dire, parce qu'il me prend vraiment comme un con. Je viens appuyer mes avant-bras sur la table entre nous. "J'ai jamais cessé de t'aimer moi. Je me suis jamais remis en couple sérieusement après ton départ et j'ai jamais été jusqu'à presque me fiancé avec quelqu'un." Lui lançais je alors en pleine figure. "Alors non, ne me dit pas que tu m'aimes encore parce que si c'était le cas, t'aurais jamais été avec ce type pendant ?" Je réfléchis un instant à la durée qu'il m'a dit juste avant. "Un an." C'est pas rien un an, c'est qu'il y avait des projets commun, une bonne entente et des putains de sentiments. "Arrête de me mener en bateau Oliver."

Discussion qui ne mêne nulle part, sinon en arrière… J’ai envie de quitter, de sortir fumer, de partir, de le laisser me détester. Par facilité, par crainte… Pourtant, je reste le cul sur ma chaise, me contentant d’émettre un soupir alors que je joue nerveusement avec mes propres jointures.

- J’essaie pas de te mener en bateau, je te dis la vérité, expliquais-je, la voix légèrement affaiblie. J'ai jamais été un soldat, même si, là, je dois l'être …sans lever les armes qui plus est. Et je me doute que tu voudras peut-être même jamais la croire, mais j'ai pas arrêté de t'aimer. J'ai tenté de me convaincre que tu serais mieux sans moi après tout ce que je t'avais fait subir et le peu que je peux être. Ça efface pas mes sentiments à ton égard, avouais-je calmement. Si je ne suis plus avec lui c'est pas parce qu'il est parti, c'est que la question qu'il m'a posé, c'est pas de lui que je voulais l'entendre, j'aurais jamais pu lui dire oui. Qu'il revienne demain, qu'il me demande de revenir avec lui changerait rien; je ne retournerais pas avec lui. Et c'est pas parce qu'il est parti que je reviens vers toi, pas parce que je suis seul depuis un moment, c'est parce que t'as toujours été celui qui me fait chavirer et que j'avais beau essayer de tout faire taire, je peux pas mentir à ce point quand t'es près de moi, lâchais-je avec un faible sourire à son attention. J'ai pas plus à t'offrir que lorsque je suis parti malheureusement, alors je sais toujours pas si ça sera suffisant, avouais-je avec franchise. Et c'est égoïste de te le demander, mais je veux quand même essayer de pouvoir te mériter, indiquais-je, totalement conscient de ma propre bêtise et de ma propre désillusion.

Je suis qu'un gamin brisé encore même si j'ai pris quelques années. Et si je me compare à lui, j'ai simplement l'impression que la différence entre nos vies est encore plus grande qu'avant, comme s'il avait un bon contrôle sur sa destinée alors que je trébuche encore et que je sais pas trop marcher droit. Alors qu'est-ce qu'il irait foutre de ma présence à ses côtés, avec tout ce que je lui ai fait traverser.

• @Jaysaël S-Castellan

Mon regard reste rivé sur lui alors qu'il me répond. On passe vraiment d'un état à l'autre, de vrai montagne russe et de ce fait nous ne profitons même pas du repas, ni du spectacle. Je n'ai pas faim et en réalité, j'ai hâte que cela se termine pour pouvoir quitter les lieux en ayant une bonne excuse, parce que je ne compte pas me lever et décamper comme ça. Pieds et poings liés en quelques sortes, obligé de faire face à cette discussion plus que blessante pour moi parce que j'ai posé les mauvaises questions, parce que j'ai voulu croire que c'était rien entre eux et au final, c'est tout l'inverse et je n'arrive pas à croire ce qu'il me dit maintenant. J'entends ses arguments, mais je ne les acceptes tout simplement pas, parce que sinon ça serait trop simple, parce qu'accepte tout ça, je ne peux juste pas le faire, parce que je ny crois pas et ce même si je suis bien placé, en vue de mon domaine professionnel pour savoir que tout un chacun à ses propres pratiques, ses propres croyances et que nous ne sommes pas conditionner à fonctionner de la même façon. Si moi j'essaie de toujours être droit et réglo, ce n'est pas le cas pour les autres et donc pour lui. "Donc t'es entrain de me dire que chaque fois que tu baisais avec ce type, tu pensais à moi ?" Ma question est peut-être encore une fois trop cash, trop vulgaire même, mais c'est bien ce qu'il sout entend non ? Je le fixe donc un instant avant de finalement encore prendre la parole pour réagir à tout ce qu'il vient de me dire. "En tout cas, merci d'avoir penser un seul moment pendant tout ce temps à me demander ce que moi j'en pensais et ce que je voulais." Il m'avait souvent reprocher de ne pas tenir compte de ses sentiments, de douter de lui, de ne pas tenir compte de ses sentiments à l'époque quand je laissais malgré moi entendre, à cause de la jalousie, qu'il pouvait se taper tout Boston dès que j'avais le dos tourner. Et au final quoi ? Il a fait pire que moi, il nous à détruit, il m'a détruit parce qu'il a juste pas eux les couilles de venir me parler, de me demander ce que moi je pensais de tout ça.

Je tente de garder mon calme, à cause de l'endroit, mais aussi parce que de grimper au front contre lui n'a jamais rien donner de bon. Qui plus est, je n'ai pas envie de dire quelque chose que je regretterais, je préfère tenter d'avoir encore le contrôle de moi-même et de ce que je dis. Pourtant sa question me fait réagir plus que ce que je tente de faire.

- Oh for Pete's sake… marmonnais-je en me pinçant l'arrête du nez. C'est pas ce que j'ai dit, soupirais-je à l'attention de Jaysaël en relâchant mon visage, ma main retournant sur la table.

Jusqu'à quel point je me suis bercé en illusions pour croire que tout se passerait plus ou moins …facilement? Non. …correctement? Non. …mieux que ça, i guess. Pourtant ce n'est pas comme si je l'ai jamais vu en colère ou blessé et tout ce que ça peut en donner verbalement. Avec ce que j'ai fait, il a de quoi m'en vouloir pour des siècles, alors comment j'ai pu croire qu'il m'attaquerait pas de la sorte aussi si j'essayais de l'approcher à nouveau? Et stupidement peut-être, j'ai pas pour autant envie de reculer… Bestiole idiote que je suis qui reste sur place pour se faire fusiller. Ou tente même encore d'avancer dans le champ de mine que peut être ce genre de conversation. Parce que je rêve encore de voir ses yeux doux à mon attention. Bestiole idiote, je vous ai dit…

- T'as raison, je l'ai fait… soupirais-je à nouveau. Je t'ai même fait subir ce que je crains le plus; qu'on m'abandonne, que les personnes à qui je tiens le plus disparaissent de ma vie... J'avais une raison pour sauter dans cet avion - et je suis sûr que tu l'aurais compris -, mais j'avais pas de raison pour t'avoir laissé dans le silence ensuite ou pour avoir fuit quand je suis revenu en ville. La peur, la lâcheté, c'est pas des bonnes raisons. Mais c'est derrière quoi je me suis caché. Et t'as pas à me croire quand je te dis que je suis désolé pour ma stupidité de l'époque, mais ça reste que je le suis, expliquais-je, sincèrement désolé de l'avoir blessé.

J'ai été con, j'ai été lâche …et malheureusement, je peux pas revenir en arrière pour effacer ce que j'ai fait. Je peux toujours essayer de réparer maintenant, s'il me laisse le faire, et je sais que ça prendra du temps. Mais quand bien même que je dois y mettre des années, je le ferai… Je connaissais que trop peu la valeur de que j'avais entre les mains à l'époque et j'ai paniqué. Et là que je le sais, alors qu'on se croise régulièrement, j'ai encore la frousse, mais je la laisserai plus gagner.

And if I could turn back the clock
I'd make sure the light defeated the dark
I'd spend every hour, of every day
Keeping you safe
And I'd climb every mountain
And swim every ocean
Just to be with you
And fix what I've broken

• @Jaysaël S-Castellan

Et voilà un juron qui franchit ses lèvres, en même temps, c'est compréhensible vu ce que je viens de lâcher. "Alors c'est quoi que tu as dit ?" Le questionnais je avec cette pointe d'agacement dans ma voie. Impatience qui se marque de plus en plus également, parce que je suis certain qu'en réalité il se fout bien de ma gueule en disant tout ça, parce que c'est pas logique ce qu'il me balance. Cette histoire de n'avoir jamais cessé de m'aimer alors qu'il a été dans une relation stable avec un autre gars après m'avoir abandonné comme une vieille chaussette. Donc oui, je désire sincèrement une explication autre que ce qu'il me balance, quelque chose de logique, quelque chose qui ne se résume pas en je t'ai toujours aimé, mais j'ai quand même aimé un autre type en parallèle. Tu crois pas en l'amour multiple, cette histoire de polyamoureux t'as clairement du mal. On n'aime jamais deux personnes de la même façon ni même en même temps. Il faut que l'un disparaisse pour que l'autre arrive. T'es trop terre à terre pour cette théorie alors même que tu étudies depuis des années des tribus et autre cultures qui sont polygame.

Le visage toujours fermé, je le regarde, l'écoute me parler et hausse les épaules en attrapant mon verre de vin pour en boire une longue gorgée. Je crois sincèrement que j'ai besoin d'alcool pour me détendre un peu, pour ne pas monter dans les tours. "Et qu'est-ce qui a changé entre avant et maintenant ?" Pas moi en tout cas, enfin si, mais chez lui, qu'est-ce qui fait que maintenant, il me supplie presque à genoux de lui laisser une seconde chance et le avant quand il m'a juste tourné le dos et a juste oublié mon existence. "C'est parce que tu ne peux plus faire comme si je n'existais plus ?" C'est la seule raison possible après tout parce qu'à force de me croiser dans les salles communes des professeurs, il ne devait pas y avoir autre chose. Surtout que dès le départ, j'ai été plus qu'exécrable avec lui.

Un soupir franchit mes lèvres. Je sais pas comment le lui expliquer sans le braquer. parce que pour ça, je suis certain que peu importe ce que je dirai, je suis assuré que ça ne passera pas bien. Et ça me fait chier. Mais y'a que moi à blamer pour ça.

- Toi et lui, vous êtes très différent, commençais-je, bien que je doute sincèrement que ce soit une bonne avenue. Je t'ai fui, j'ai fui ce qu'on aurait pu être… Parce que j'avais peur de ce que ça pouvait représenter, du peu que je pouvais être et que je pouvais t'apporter, de tout ce que j'ai pu te faire perdre. Et comme un con, j'ai tenté de passer à autre chose. D'être avec lui. Mais ça m'est revenu au visage assez rapidement : ma vie avec quelqu'un, réellement, y'a qu'avec toi que je la voulais. Mais après quasi deux ans d'absence, après tout ce que je t'ai fait subir, je pensais pas que tu accepterais de même me regarder, alors j'ai continué mon chemin tout seul en essayant de me faire à l'idée, expliquais-je.

J'aurais dû rentrer et retourner vers lui directement. J'aurais dû l'appeler en apprenant pour maman. J'aurais dû lui téléphoner après avoir atterri dans cet aéroport, emprunter le cellulaire de Jason pour lui expliquer… Mais je l'ai pas fait. Et me voilà bien des années plus tard, à lui demander de me donner une chance alors que je la mérite clairement pas.

Prenant une gorgée de vin à mon tour, j'entendans sa question. Déglutissant, je n'ai cependant pas le temps d'ouvrir la bouche qu'il en pose une autre. Mon regard s'attristant, je baisse la tête une seconde avant de la relevé. Je me déteste tellement pour les cicatrices que je lui ai donné.

- Moi, principalement, admis-je. Je ne fuis plus à la première difficulté. J'essaie d'être un homme meilleur et pas juste un gamin qui sait pas avancer coincé dans un corps adulte qui se laisse porter par le vent, expliquais-je, me référant aux dernières années. Mais ce qui a vraiment tout changé... c'est ça, indiquais-je, fouillant dans ma poche pour sortir mon porte-feuille, puis un carton qui y était soigneusement gardé, et que je lui montre. Le carton qu'il y avait avec le bouquet qu'on m'a livré aujourd'hui. Quelques mots, indiquais-je. Aucune promesse réelle, admis-je, bien conscient de ce fait. Mais plusieurs possibilités lancées en l'air. Et j'ai envie de les saisir si tu me les offres. …et de plus jamais les lâcher, avouais-je.

• @Jaysaël S-Castellan

Je l'observe, un certain agacement présent sur mon visage, dans mon regard, mais je me fais violence pour rester là pour poser les cartes sur la table et ainsi tenter d'avancer. Au pire ça me permettra de tourner la page une bonne fois pour toute sur notre histoire d'antan. Au pire je me relèverais après tout ça, parce que j'ai besoin d'avancer en fait, après tout ce temps à marcher à reculons à cause de lui. Trop d'années ont passée depuis la fin de notre couple et pourtant, je suis encore comme un con attaché à ce nous qu'on était à l'époque, ce nous qu'il a envoyé valser du jour au lendemain, ce nous qu'il si facilement remplacer par un vous, un eux. Je n'ai plus été dans l'équation et pourtant il tente de me faire croire que si et je ne peux réprimer un petit rire nerveux à cela. Un rire non contrôlé, parce que j'aimerais le croire dans le fond, croire que pour lui j'ai toujours eu une place quelconque dans son coeur et dans son esprit, mais c'est trop dur de le croire, trop dur parce qu'il m'a remplacé, qu'il à vécu une autre histoire peut-être même plus longue que la nôtre alors que moi, j'ai juste stagné comme un crétin alors que j'avais tout envoyé valsé pour lui. Je l'écoute donc parler, me balancer tout ça, me dire ces mots qui m'agacent et qui me font du bien en même temps. Tumulte de sentiments dans ma tête, je ne sais plus quoi penser, alors je porte mon verre de vin à mes lèvres pour en boire une gorgée avant de finalement lui poser d'autres questions, de chercher à comprendre...

L'écoute, je me renfonce dans ma chaise, collant mon dos contre le dossier, les bras croisés sur le bord de la table. Je le fixe, ou bien peut-être que je le dévisage un peu, je n'en sais rien. Je baisse mon regard sur la carte que je lui ai écrite, je n'aurais réellement pas du faire cela. Je soupire un peu. "Sans ça tu n'aurais rien fait je présume donc." Soufflais je alors, laissant entendre un reproche parce que c'est au final moi qui ai provoqué tout ça, moi encore une fois qui prend les risques et pas lui parce que lui c'est parce qu'il a capté maintenant que j'avais encore des foutus sentiments pour lui alors que l'inverse je ne suis pas certain que ça soit le cas. Il se joue peut-être juste encore de moi et j'ai clairement pas envie qu'il me plante une seconde fois, j'ai clairement pas envie de lui tendre l'autre joue pour me faire baffer.