Le regard posé sur toi, j'avais un doute que tu m'écoutes vraiment pour le coup. T'étais bien trop focalisée pour pouvoir vraiment écouter ce que j'avais à dire. Et là, je me demandais bien ce qui pouvait se passer dans ta tête, vraiment. C'était un mystère qui restait entier. Tu étais un mystère, si je devais être honnête. J'aimais ce que j'avais découvert jusqu'à présent mais parfois, la frustration était telle que c'était compliqué d'envisager quoi que ce soit. Sourire qui s'agrandit quand tu reprenais la parole. « oui, ça ira » J'avais presque envie de te demander où t'étais partie mais tu cherchais déjà la venue d'un employé. C'était une blonde qui arrivait, tout sourire avec son calepin. Tu donnais ta commande et je rectifiais la fin. « avec cornichons. je les récupérerai » Coup d'œil vers toi, sourire complice, avant de donner ma commande. « un double cheese bacon, frites et milkshake à la vanille s'il vous plait » Les cartes redonnées et voilà que je la remerciais avant qu'elle ne s'en aille. Attention revenue sur toi, mains posées à plat sur la table. « le 22, pour une semaine » Je te retournais même pas la question, toi je savais que dans les quelques jours qui suivront, tu t'envoleras pour l'Amérique du Sud, retrouver ta meilleure amie. Ton été était bien moins organisé que le mien et ça me créait certaines angoisses rien que d'y penser, mais je sais pertinemment qu'on trouvera bien le temps de passer du temps ensemble.

On est tous les deux et ça me suffit finalement. Toi et moi. Retrouvant un semblant de relation qui est loin d'être chaotique comme elle a pu l'être ces dernières semaines. Tu m'as manqué, plus que tout. C'était vraiment dur d'avancer sans toi et avoir droit à un message de ta part la semaine dernière, ça a rabattu toutes les cartes. Et forcément, je sais pertinemment que les choses ne vont pas changer en un claquement de doigts. Alors je prends tout ce que tu m'offres, tout simplement. « tu sais à peu près quand tu vas rejoindre aurea ? » Histoire de se faire un petit ordre d'idées. Je sais bien que tu ne prévois pas à l'avance mais c'est pour savoir si on a deux jours ou une semaine. « un jour ?! c'est cruel ! même ne serait-ce qu'une heure c'est cruel... » Taquin, j'aimais quand on était comme ça, insouciant. Puis ta main venait retrouver la mienne, celle ornée d'une attelle, avec la question qui devait sûrement faire écho à beaucoup de choses finalement. Main qui se redresse doucement pour laisser mes doigts glisser entre les tiens. « ça va maintenant oui » que je disais, sourire timide sur les lèvres. Le regard rivé sur cette table, sur ces mains liées, avant de le relever pour capter le tien.

« ça va, ça nous laisse une semaine, à peu près » et ça me rassurait un peu. J'avais capté qu'on se verrait pas beaucoup courant juillet alors autant en profiter à fond du peu qu'on avait. J'avais imaginé que tu partes dans trois jours et que ton départ serait plus que douloureux. Il le sera, forcément, mais pour mieux se retrouver par la suite je l'espère. « une minute c'est le bon deal » que j'disais en souriant, un léger rire s'échappant même de mes lèvres. J'aime quand t'es taquine, quand tu rigoles avec moi. Quand la complicité s'installe un peu plus à chaque instant. C'est ce que je voulais pour nous tout le temps. Pas juste à petite dose. Mais c'était pas quelque chose que je pouvais t'imposer trop rapidement. Donc je me délectais de ces moments quand ils se présentaient. Ton regard tombe sur mon bras, sur l'attelle visible, noire sur la peau blanche. « ouais... je me repose au max, j'essaye de pas faire de mauvais mouvements et.. j'évite de taper contre un mur accessoirement » que j'disais en rigolant, prenant à la dérision les choix douteux que j'ai pu faire ces derniers temps. Pouce qui caresse doucement ta peau tout en hochant la tête à tes mots. « je... crois que.. » Mais pas le temps de terminer, les plats arrivaient et le contact était rompu pour pouvoir mettre les assiettes face à nous. Je remerciais la serveuse avant de reposer mon regard sur toi. « à moi les cornichons ! »

« c'est acceptable » Mais je me rendais compte que j'allais devoir parler de tout ça à Leo et Pansy, redoutant forcément leur réaction. Ils avaient décalé leur départ pour le Summer Camp pour pas me laisser solo, je me sentais presque mal de devoir les abandonner. En tout cas, peu importe, tant que j'étais heureux avec toi, c'était le principal, non ? Je n'avais pas de doute qu'ils sauraient t'accepter. Je haussais les épaules à tes mots, ne pouvait qu'approuver. Oui c'était puéril et je pouvais pas retourner en arrière dans tous les cas. La douleur n'était plus trop là, sauf quand je forçais trop. Pour l'instant, ça allait, c'est ce qui m'importait. Puis les plats arrivaient enfin et l'odeur venait directement titiller les narines. Un plaisir, vraiment ! J'me mettais à rire à te voir avec autant d'entrain, avec autant d'envie. Les yeux qui pétillaient, c'était un délice pour les miens. J'aimais te voir comme ça, aimer les petits plaisirs de la vie. Peu importe que tu me piques une frite ou non. De toute façon, j'en faisais de même, piquant dans ton assiette pour aller la tremper dans la sauce barbecue aussi. « bon app' b- » Je toussais pour tenter de faire disparaitre la lettre qui s'était immiscée, engloutissant quelques frites au passage. Puis je récupérais les cornichons pour les mettre en compagnie de ceux présents dans mon burger. « merciii ! » Double dose, j'adore ! J'attrape le sandwich et l'apporte à ma bouche alors que tu cherchais à savoir ce que je commençais à dire. Je terminais ma bouchée, reposant le burger dans l'assiette avant de hausser les épaules. « j'crois que c'est à l'hôpital que j'ai compris que j'étais tombé amoureux de toi » que je finissais par dire d'une traite, ne voulant pas que ça crée le moindre malaise chez toi. Pour dire vrai, je pense que j'ai eu le coup de foudre, quand je t'ai vu au ski. Ce qui expliquerait sûrement un peu toute mes réactions suivantes.

J'étais bien là, avec toi. Dans un diner, avec un burger et des frites. Rien de plus n'était nécessaire à mon bonheur. Si, mes meilleurs amis. Mais dans l'absolu, j'avais tout ce qu'il me fallait à mes côtés et c'était certainement ce qui m'importait le plus. On attaquait tous les deux nos repas, appréciant les saveurs salées sur nos papilles. Que ce soit les frites, la sauce, ou encore le burger en lui-même. J'avais double dose de cornichons en plus, ce qui m'arrangeait encore plus. « alors, t'as le goût des cornichons ? » que je demandais après ta première bouchée du burger, mangé avec les couverts. C'était étrange de te voir le manger comme ça, ayant pour habitude de les manger à la main mais je respectais. Chacun sa façon de faire. Puis avouant alors ce que je comptais te confier de base, tu manquais presque de t'étouffer, ce qui me mettait presque en alerte, avant de voir que tout allait bien. « parce que... c'est là où on s'est le plus ouvert, toi et moi... où on a commencé à vraiment se lier l'un à l'autre. où j'ai commencé à t'avoir vraiment dans la peau » Sûrement parce qu'on était les versions les plus vulnérables de nous-même. Qu'on a eu peur l'un pour l'autre à chaque instant.