tw ✧ aucun pour le moment

   Il savait que sa présence dans cette maison ne coulait pas de source. Tout comme il reconnaissait qu’il se permettait une sacré familiarité qu’il n’était absolument pas certain d’avoir mérité en débarquant ainsi à l’improviste à la chambre d’Haiwee.

Desperate time calls for desperate measure,, à ce qu’on dit. Il espérait sincèrement qu’elle ne lui en tiendrait pas rigueur…

« Je passais naturellement dans le coin, et je me suis dit que je passerais te dire coucou… »

Son demi-sourire artificiel ne trompait bien entendu absolument personne. Surtout pas ceux qui le connaissait pour, justement, toujours pratiquement avoir une idée derrière la tête…

« Je suis vraiment désolé de te déranger comme ça, sans pré-avis… »

Son visage adopta une expression immédiatement plus sérieuse.

« J’ai besoin d’aide. Et je crois que tu es la personne la mieux placée pour me l’apporter. Mais je comprendrais quand tu aies d’autres projets, je t’assure. »  

tw ✧ Disparition, crimes raciaux

Alors qu’Haiwee le laissait gracieusement rentrer dans son milieu de vie, William se rappela toute la promiscuité de ces maisons universitaires. Sans vraiment l’avoir cherché, il se retrouvait dans l’intimité de l’étudiante, son sanctuaire. Il dût contrôler son esprit inquisiteur qui souhaitait tout parcourir des yeux, réalisant que rien ne l’autorisait à déambuler dans cet univers. Il regretta amèrement son manque de tact, alors qu’il s’imaginait l’inconfort de la situation inverse, où il aurait à partager un café avec son amie dans sa propre chambre à coucher.

Il se tasse donc légèrement du cadre de porte pour venir s’installer contre un mur, gardant le regard rivé sur celle dont il espère obtenir l’aide.

Son ouverture et sa générosité fait rapidement naître un sourire sur ses lèvres, rendant toutefois la suite légèrement plus difficile.

« Je ne te cacherai pas que je suis intimement convaincu que tu planifies toujours une bonne heure ou deux à ton horaire quotidien au cas où je débarquerai à l’improviste, mais ma maman ne me pardonnerait jamais l’impolitesse de le dire ouvertement»  

Sourire en coin, il poursuivit en déballant le cœur du raison de sa présence ici.

« Je… on m’a assigné un nouveau cas ce matin…»  


Il marqua une courte pause, pour chercher les mots justes.

« Deux jeunes femmes sont portées disparues depuis 72h… Elles se prénomment Aiukli et Orenda. »  

Il espérait que d’énoncer leur nom la préparait à comprendre où il s’en allait avec ça, et pourquoi il était venu la trouver. Sans devoir nommer la chose.

« Les policiers ont… manifestement fait de leur mieux, mais je ne te cacherai pas que je n’ai vraiment pas beaucoup de pistes avec lesquelles travailler. Les deux ont quitté la réserve de Black Feet pour venir étudier à Boston il y a respectivement deux et trois ans. Aiukli est à la faculté de droit de Boston College. Orenda fait du génie civil au MIT.  »  

Il tendit deux photos imprimées, tirées des réseaux sociaux des disparues.

« J’ai besoin d’un autre angle de vue, pour ne pas que ce cas se termine comme bien d’autre du genre…»  

tw ✧ Disparition, crimes raciaux

Il avait longuement hésité avant de décider de se rendre ici, à la Adams House. Il savait qu’il replongerait Haiwee dans un maëlstrom de négativité, à défaut de savoir comment nommer ce mélange indistinct de misogynie et de racisme avec lequel elle devait composer depuis probablement avant même son adolescence. Comme si le fait d’en être directement victime ne suffisait pas, voilà maintenant qu’il venait maintenant en plus lui demander de porter un morceau encore un peu plus gros du fardeau. Un peu honteux de ne pas mieux comprendre le phénomène, il se demandait s’il n’était pas, lui-même, en train de contribuer au problème, en l’amalgamant d’office aux problèmes que rencontraient actuellement les deux disparues.  

L’émotion qu’il lisait dans les yeux de la journaliste en herbe lui fit regretter amèrement sa décision. N’était-ce pas justement le travail de gens comme lui de protéger les gens comme elle contre de telles atrocités ? Il manqua s’excusa, mais se ravisa face à l’hypocrisie évidente du geste. Il savait fort bien ce qu’il faisait en venant en ici…

Bien entendu, le caractère bien trempé de la jeune femme reprit le dessus et elle s’empara des photos qu’il lui tendait. C’était une guerrière. Probablement même plus que lui ne le serait jamais…

Il demeura silencieux alors qu’elle examinait les visages, les traits et les histoires qu’ils dissimulaient, se concentrant pour sa part à lire ce qui se dessinait sur celui bien en chair qui se trouvait devant lui. Attendant patiemment une étincelle qui ne serait pas la sienne, pour tenter de lever des ténèbres qu’il ne comprendrait probablement jamais.

Et, puis soudainement, elle apparut.

« Ah ouais ?»  

Il n’en espérait pas tant. Et même si le passé aurait dû le mettre en garde, le voilà qu’il se surprenait à nouveau à sous-estimer la demoiselle de Wind River.

« Oh, oui, bien sûr, je t’en prie. Je vais t’attendre à l’extérieur, le temps que…»  

Il commença à s’exécuter tout en acquiesçant lors qu’elle lui communiqua toute l’importance de se dépêcher. Il n’eut pas le cœur que dans le métier, après les 72 premières heures, généralement…

Il arqua les sourcils lorsqu’elle mentionna disposer des clés de son lieu de travail occasionnel et il marqua une courte pause avant d’ouvrir la porte.

« Tu me raconteras ton plan en route, mais hors de question de jouer les héroïne, d’accord ? »  

Alors qu’il refermait la porte derrière lui pour lui laisser un brin d’intimité, il se demandait bien ce qu’elle avait en tête. Mais après tout, il aurait été idiot de solliciter son aide pour ensuite l’empêcher de prendre l’initiative. Il allait simplement devoir s’assurer que rien de tout ceci ne puisse revenir nuire à la carrière bourgeonnante de son amie.

tw ✧ Disparition, crimes raciaux

Ils marchèrent en silence alors qu’ils quittaient la résidence des Adams, ses corridors définitivement peu appropriés aux conversations entourant le cas pour lequel ils se retrouvaient tout deux réunis. Et tout autre sujet aurait paru hors de propos.

Une fois à l’extérieur, ils retrouvent un plus grand anonymat, leurs paroles se dispersant beaucoup plus facilement dans le grand air frisquet. Il l’écouta attentivement tandis qu’elle lui exposait l’espoir auquel elle se rattachait, et il ne put s’empêcher de sourire brièvement face à la débrouillardise de la jeune femme. L’idée se tenait – même si William la voyait peut-être d’un autre angle que Haiwee. Parce qu’il savait qu’une histoire de violence contre les populations autochtones aurait probablement la cote, à cette époque. Et que les journaux avaient besoin d’un public…

« C’est…. Vraiment une bonne idée. Je suis garé juste là. La voiture bleue,»   mentionna-t-il en désignant l’Audi qui occupait une place réservée à l’administration, pas très loin de l’entrée de la résidence universitaire. Il espérait qu’elle lui pardonnerait cette petite transgression des règles d’Harvard…

Il débarra les portières et s’installa derrière le volant, ne reprenant la conversation qu’une fois engagé sur la route.

« On connait effectivement beaucoup de choses sur elles. Lieu et date de naissance, liste de tous les membres de la famille, un registre de leurs activités des 6 derniers mois. J’ai demandé à un analyste d’éplucher leurs réseaux sociaux.»  

Il poussa un bref soupir tandis qu’il se rappelait avoir parcouru exactement les mêmes étapes lorsque le dossier d’Haiwee lui était jadis tombé entre les mains. Il avait alors appris énormément de chose sur cette étudiante studieuse et impliquée, incluant un profil psychologique après aussi détaillé… qu’inexact - presque deux ans plus tard, maintenant, il pouvait l’affirmer - , mais absolument rien qui ne pouvait expliquer le comment du pourquoi de quelqu’un aurait décidé de s’en prendre à elles.  

« Elles viennent de la même réserve. Ont fréquenté la même école. Le frère d’Ayuki était dans la classe d’Orenda. Orenda a un peu parrainé Ayuki lors de son arrivée à Boston. Elles ont habité 6 mois ensemble lors de l’arrivée de cette dernière., puis Ayuki a déménagé avec 2 de ses collègues de classe.  Elles semblent bien intégrées à leur milieu de vie. Elles ont des cercles sociaux relativement distincts les unes des autres, avec un petit noyau qui s’entrecoupe. C’est sur ceux-là que les policiers ont concentrés leurs efforts. Les deux performent bien à l’école. Pas de petits amis dans le portrait. Aucun de leurs amis n’a rapporté de bouleversement houleux dernièrement… Des étudiantes et des citoyennes modèles.»  

Il garda pour lui-même la conclusion qu’il n’aurait pas pu tiré avant sa rencontre avant la représentante des premières nations : s’ils s’était agit de deux jeunes femmes blanches, il ne leur serait probablement jamais rien arrivé…