Jeudi 26 Mai. Dans la nuit.

Cigarette coincée au coin des lèvres, je profitais des dernières minutes de ma pause dans la ruelle à l’arrière du Lord Hobo. Je profitais de cette pause pour déconnecter ma tête de l’Enfer et détendre mon être de l’horreur. Je profitais de cette pause pour tenter d’effacer le cauchemar qui ne cessait jamais de me courser lorsque je me retrouvais dans le bar. L’incident était passé et révolu depuis plus d’un an maintenant, mais ça restait plus fort que moi. Encore plus depuis l’arrêt de mes médicaments pour mon trouble Borderline. Encore plus depuis que ma vie était bien trop stricte et fermée. Mes démons tentaient de trouver d’autres façons de me saccager et rejouer l’incident du Lord Hobo en était une. Ce saccage m’obligeait à prendre des pauses de façon plus régulières si je voulais tenir la totalité de mon service. J’en avais rapidement discuté avec ma boss et ça lui convenait de cette manière. Ça convenait à tout le monde ainsi. J’aurai pu démissionner purement et simplement. Après tout, j’avais mon job de mécanicien à côté également et je pourrais y augmenter mes heures si je quittais le bar. Pourtant, je ne pouvais guère me résoudre à prendre cette décision. Gamin attaché au lieu qui lui avait offert une chance. Gosse un peu trop lié au monde de la nuit qui avait besoin de continuer à y travailler. Balançant ma cigarette terminée, je soufflais un coup avant de trouver le courage de passer de nouveau la porte arrière du bar. Le bruit était toujours aussi fou à l’intérieur. Le monde affluait toujours autant malgré la fermeture qui approchait. Hochant brièvement la tête face à la question silencieuse de mon collègue du soir pour signifier que j’allais bien, je me remettais bien vite dans mon rôle. Mes iris sombres balayaient le bar pour capter les nouveaux clients ou ceux qui attendaient un nouveau verre. Je ne tardais pas à trouver des personnes concernés m’approchant avec un sourire que les autres qualifiés toujours de trop charmeur malgré tous mes efforts pour juste avoir l’air sympathique sans charmer. Je prenais la commande m’empressant de les servir jetant un bref coup d’œil à un tabouret qui venait de bouger dans mon champs de vision. Je n’avais pas regardé la personne encore. J’avais juste remarqué qu’un nouvel arrivant était là. Terminant de servir mes clients, je me détournais pour aller vers le nouvel arrivant. Mon être se figeait un instant. Mon cœur s’arrêtait un bref moment. Côme. C’était Côme qui se trouvait là face à moi. Côme qui me commandait un whisky pur avec un glaçon sans rien dire de plus. Pas de doux propos. Pas de tentatives de discussions. Aucun geste à mon égard si ce n’était ce sourire amical. Ouais, vous avez bien lu. Un sourire putain d’amical venant de Côme ! Je buguais un bref instant avant de m’atteler à la préparation de son verre. Un verre que je déposais devant lui sans même croiser son regard. Un verre que je laissais m’empressant de me détourner et de jouer le garçon bien trop occupé par les clients de ce soir. Heureusement pour moi, ce n’était pas compliqué à faire tant le bar était bondé.

Le temps filait à toute allure. Les minutes s’écoulaient tandis que j’évoluais le long du bar. Tantôt à servir de nouveaux verres, tantôt à discuter avec ces clients qui voulaient parler, tantôt à m’échapper pour fumer une cigarette et mettre pause au film catastrophique dans ma tête. Mes iris sombres se posaient régulièrement sur Côme qui se trouvait là. Côme qui avait mauvaise mine. Je n’osais pourtant pas aller le voir pour tenter d’en savoir plus. Je n’osais pas m’approcher et commencer un dialogue. Je ne lui parlais plus depuis un long moment. Il ne me parlait plus non plus pour tout vous avouer. J’avais l’impression que tout était terminé un peu comme à mon départ d’Italie. Quand je m’étais enfui dans d’autres pays et que la page s’était simplement tournée. Là, personne ne s’était enfuis. Nous étions toujours tous les deux à Boston. Néanmoins, la page s’était lentement tournée avec le vent de la vie. Mon mariage, mon exclusivité, la Mafia, les changements dans la vie de Côme avec un gamin et un voisin qu’il semblait fréquenter régulièrement, nos disputes régulières, nos rapprochements impossibles… Les choses s’étaient accumulées poussant la page à se tourner en totalité. Chacun sa vie à présent non ? C’était en tout cas ce que j’avais fait retirant la bague qu’il m’avait offert et qui trônait autrefois autour de mon cou. Le tatouage demeurait sur ma peau parce que Côme était important tout de même et que je ne voulais pas juste l’effacer. Mais, ce que je pouvais éloigner, je le faisais. Je ne portais plus cette bague. Je ne faisais plus le moindre pas vers lui. Sage gamin exclusif et marié. Discutant avec un client régulier qui insistait de nouveau pour me redonner son numéro parce que je ne lui avais pas écrit la dernière fois, j’entendais soudainement la voix de l’ancien mafieux qui m’interpellait. Et… La déception cognait quelque part. Il se contentait de me faire signe qu’il partait. Il se contentait de me demander de faire mon boulot non. Coupant court à la conversation avec l’étranger, je m’attelais à mon boulot venant ramasser le verre de Côme. Un verre au sein duquel se trouvait la serviette en papier. Mais, elle était étrange non ? Fronçant les sourcils, je la dépliais suivant mon instinct. Les mots se dessinaient alors sous mon regard. Des mots Italiens qui me faisaient frémir. Le mauvais pressage était là quelque part. Si vous saviez à quel point j’aurai aimé ignorer les mots et simplement m’enfoncer dans mon existence. Ne pas prendre de risquer et suivre le chemin bien droit que je me devais de suivre. Mais, putain, je ne pouvais pas. Je ne savais pas faire ça. Pas en voyant ces mots. Pas en sachant que Côme était venu me les adresser. Alors, m’empressant de terminer mon service, je me retrouvais trop rapidement dans la rue à réfléchir. Réfléchir pour savoir où Côme était allé. Chez lui ? Dehors ? À l’hôtel ? F*ck it. Je n’en savais rien. Laissant mes pas me guider, j’optais pour commencer la quête à l’hôtel. C’était plus proche du Lord Hobo. Et, s’il ne s’y trouvait pas, je laisserai tomber. Franchissant les portes de l’hôtel, je m’empressais de grimper les étages pour me retrouver devant cette porte que je connaissais un peu trop bien. Ma main s’apposait sur la poignée et je tentais ma chance. La porte s’ouvrait instantanément. J’entrais sans m’annoncer. J’avançais pour découvrir Côme allongé sur le lit. Il n’avait vraiment pas l’air en bon état. Ses yeux étaient fermés et il avait l’air de respirer difficilement. Ou peut-être que ce n’était qu’une hallucination. Je restais à distance. Gosse éloigné du lit. Gamin éloigné de Côme. Je me tenais là à l’observer avant de souffler « Tu sais que tu ne peux plus me baiser. » Les mots étaient froids. Les mots étaient réels. Les mots étaient emplis d’une pointe de déception. Ils glissaient pour faire réagir le jeune homme et surtout mesurer l’amplitude de la situation. Bordel, dans quoi est-ce que je me fourrais encore ?

Cela faisait des mois que tout avait changé. Même si j’en avais conscience, ce soir venait le confirmer plus grandement encore. Même si je le savais, ce soir venait me faire atrocement mal. Ce soir, je me prenais cette claque en pleine face. La réalité de ma situation avec Côme me revenait en plein visage et elle piétinait un peu trop le cœur qui avait été tant meurtri par le passé. L’ancien mafieux était venu au Lord Hobo au cours de cette soirée et il n’avait rien tenté à mon égard. Aucun geste. Aucun mots doux. Aucune demande particulière autre que celles attribuées à mon rôle de barman. Aucun surnom. Rien. Non. Ça n’avait été qu’un verre et un départ que j’avais trouvé peut-être un peu trop rapidement. Ça n’avait été qu’un verre et une fuite. Pourtant, l’échange ne s’arrêtait pas là. Le jeune homme m’avait laissé un message Italien sur une serviette. Il m’avait adressé ce message au mauvais pressage qui me poussait à rapidement quitter le travail dès lors que l’occasion était là. Perdu dans la rue, je ne savais pas trop où me rendre. Côme n’avait laissé aucune consigne claire. Côme n’avait offert aucune indication réelle. Je ne savais pas où il était parti et je laissais alors mes pas me guider. Je laissais le destin m’emmener pendant que la tête cogitait. Côme. Mon histoire avec l’Italien était plus que compliquée. Pendant de longues années, nous avions été une sorte de couple secret en Italie. Un couple sans en être réellement un car mes sentiments étaient pour Antonio. Et, quand la supercherie d’Antonio était devenue claire pour moi, mon histoire avec Côme s’était amplifiée. Nous avions alors plus ressemblé à un couple à ce moment-là. Un couple bien caché jusqu’à ce que je finisse par bouleverser le destin et fuir l’Italie. Puis, Côme et moi nous étions retrouvés à Boston. Tous les deux là. Tous les deux libres. Tous les deux à vivre quelque chose. Une histoire particulière. Un couple particulier. Et, il y avait eu Lukas et Nixon. Puis, il y avait eu mon mariage avec Lukas et cette exclusivité nouvelle. Cette exclusivité qui donnait vie à une distance avec Côme. Cette exclusivité qui apportait la fin de mon histoire avec l’ancien mafieux. Je ne pouvais pas faire autrement. Je n’avais pas le droit d’emprunter un autre chemin. Me tenir loin de Côme était la meilleure des choses à faire et le jeune homme semblait l’accepter. Des mois de silence. Des mois sans le moindre échange. Et, ce soir, tout se bouleversait. J’aurai dû me tenir à l’écart. Encore. Toujours. Pourtant, ce n’était pas ce que je faisais. Je me retrouvais à l’hôtel qui avait été témoin de nos retrouvailles. Je me retrouvais dans cette chambre d’hôtel et Côme se trouvait là. Vivant. Mal en point. Je restais à distance soufflant quelques mots pour le pousser à réagir et pour me permettre de mesurer réellement dans quel état se trouvait le jeune homme. Je lançais la pique pour tenter de comprendre l’ampleur de la situation. Côme ne tardait pas à se redresser sur le lit s’installant en position assise. Je ne bougeais pas de ma place. Debout. À plusieurs mètres. Je ne bougeais pas malgré mon désir de m’approcher. Il y avait cette petite voix qui hurlait pour que je m’approche de lui. Il y avait cette voix et ce pressentiment. Il y avait ce quelque chose qui me criait que Côme n’allait pas bien. Je le savais simplement. Et la confirmation ne tardait pas à m’apparaître.

Le regard de Côme s’était posé sur moi, mais il avait été beaucoup trop court. Nos regards s’étaient croisés furtivement pendant quelques secondes avant que le jeune homme ne baisse les yeux. Il me fuyait et, même si j’avais envie de me dire que ce n’était que la normalité à cause de ma situation sentimentale, je savais qu’il y avait plus que ça. Tellement plus. La voix de Côme s’élevait d’ailleurs. Faible. Beaucoup trop lointaine. Ce n’était pas qu’une impression. Ce n’était pas une putain d’hallucination. Il s’agissait de la réalité. Côme n’allait pas bien. Je pouvais le parier de ma vie. J’étais certain de ne pas me tromper. Observant l’ancien mafieux, je tentais de trouver la faille qui me permettrait de savoir ce qui se passait. Je tentais de trouver la petite chose qui me donnerait un indice. Et, en attendant de la trouver, je tentais de le divertir par mes mots. Des mots qui l’obligeaient à baisser encore plus sa garde. Des mots qui m’offraient du pouvoir. « Tu m’as déjà baisé Côme ! » Bien sûr qu’il l’avait fait. Rarement. Uniquement quand je le suppliais. Gamin en manque de brutalité. Gosse en désir de bestialité. La majorité du temps, Côme me faisait l’amour c’était vrai. Et, quelque part je savais que, même lorsqu’il me baisait, il me faisait l’amour. Ça finissait toujours par basculer. Lui trop amoureux, doux et prévenant. Il savait si bien combler le besoin tout en y amenant sa touche d’amour. J’en avais conscience. Pourtant, je jouais encore sur les mots pour tenter de découvrir l’horreur de ce soir. Les yeux du jeune homme se fermaient. De nouveaux mots lui échappaient tandis qu’un simple « Bien » passait entre mes lèvres. Il n’y avait rien de plus à dire. Il savait qu’il ne pouvait plus me toucher. Je le regardais glisser ses doigts derrière son oreille pour y caresser le tatouage d’étoile qui me représentait. Ça me faisait brièvement sourire. L’inquiétude revenait en le voyant serrer les dents. Le soupir m’échappait. Le « Fait chier ! » était marmonné entre mes lèvres. Je me sentais trop concerné. Je me sentais sombrer. J’observais Côme quelques minutes encore restant parfaitement à distance tandis que le duel faisait rage dans ma tête. Un duel que l’ancien mafieux remportait. Gamin incapable de lui résister. Gosse pour qui il avait bien trop d’importance. Retirant ma veste, je me dirigeais vers la salle de bain pour attraper la trousse de secours que Côme planquait ici. Je revenais bien vite dans la chambre m’approchant du lit et de Côme avant de déposer la trousse de secours sur la table de nuit. Et, sans rien dire, je me déshabillais. Mon tee-shirt valsait. Mon pantalon disparaissait. Mon boxer s’effaçait. J’avais parfaitement conscience de mes actes et je me répétais que je faisais ça uniquement pour ne pas me tâcher. Côme était blessé. Je le savais. Je le pressentais. Et, je voulais éviter de me retrouver avec du sang sur mes vêtements. Je n’avais pas envie de donner des explications. Être nu était donc mieux. Ma main se déposait sur l’épaule de Côme pour le pousser à se rallonger. La douceur se mêlait à la fermeté. Posant mon regard sur lui, je soufflais « Qu’est-ce que tu as fait ? Où sont les blessures ? » Les interrogations tombaient dans l’attente de réponse. Et je les voulais dans l’immédiat ces réponses. Je le laissais clairement entendre. Gamin pressé. Gosse stressé. Côme avait obligatoirement fait quelque chose pour se retrouvait dans cet état. Il était obligatoirement blessé pour avoir un tel comportement. Nu devant lui, j’ouvrais la trousse de secours déjà prêt à m’atteler au rôle d’infirmier. Je ne pouvais pas le laisser mal en point. Je ne pouvais pas juste l’abandonner derrière. Alors, j’allais le soigner, prendre une douche, me rhabiller et filer pour retourner dans ma bulle alors qu’il replongerait dans la sienne. Sans moi.

La porte était close. La fuite était impossible. Enfin, non c’était un mensonge ça. La fuite était possible. Personne ne me retenait de force au sein de cette chambre d’hôtel où je n’aurai peut-être pas dû mettre les pieds. Je n’avais aucune aucune arme posée sur la tempe pour m’obliger à rester dans ce lieu en présence de Côme, cet ancien mafieux un peu trop particulier à ma vie. Il n’y avait aucune menace pesant sur moi ou ma famille pour me pousser à rester auprès du jeune homme. Non, il n’y avait rien de tout cela. La fuite était donc parfaitement envisageable. Pourtant, elle ne l’était pas réellement. Pas pour moi en tout cas. Gosse qui ne pouvait guère se résoudre à abandonner Côme sur place. Gamin incapable de le laisser souffrir sans lui apporter la moindre aide. Parce que, ouais, c’était sûr et certain : Côme souffrait. Côme était blessé. Le message en Italien sur la serviette, le choix de cette chambre très proche du Lord Hobo et la totalité de son attitude le prouvaient. Je le connaissais. Il fuyait mon regard comme s’il avait quelque chose à cacher. Il restait posé sur le lit trop peu réactif aux mots qui glissaient entre mes lèvres alors que ça aurait pu le faire bondir. Tout ça ne lui ressemblait guère. Ce n’était pas lui. Ce n’était pas nous. Côme n’allait pas bien. Et, pourtant, quelque part, ça restait nous. Ancrés l’un à l’autre. Incapable de s’abandonner. Incapable de s’éloigner. J’étais dans cette chambre et je refusais de faire demi-tour. Je refusais de laisser le jeune homme sans en savoir plus, sans avoir agit. Alors que je faisais diversion avec les mots, mes iris sombres ne quittaient pas le jeune homme. Je tentais de percevoir la faille dans un geste, dans un souffle, dans un mouvement. Je tentais de récupérer les indices qui pouvaient être semés pendant que son esprit était occupé à rétorquer à mon attaque. Mais, putain, c’était Côme face à moi et, quand il voulait me cacher quelque chose, il devenait très doué. Encore plus quand je ne pouvais pas réellement l’attaquer avec de la provocation qui mènerait au sexe. Je n’avais plus le droit d’utiliser cet atout. Mari fidèle qui devait être sage. Je ne pouvais plus me servir de ce pouvoir si magique. Il le savait autant que je le savais. La réplique glissait entre mes lèvres et Côme réagissait. Un peu plus vivement. Un peu plus franchement. Et, putain, ouais il était blessé. Il y avait cette mini grimace qui avait déformé son visage un instant. Ce mini trait qui prouvait qu’il était blessé. Je ne savais pas où. Je ne savais pas à quel point. Mais, à présent, j’étais encore plus certain que je ne pouvais pas l’abandonner là. Marmonnant un simple « Bien… » en réponse aux derniers mots soufflés concernant la baise, Côme allait comprendre que le sujet n’était pas vraiment là pour le débat. Il allait savoir que ce n’était qu’une distraction et que je n’avais pas envie de m’aventurer sur ce terrain de parole. N’est-ce pas ? Parce que, putain, je ne voulais pas continuer à parler de ça. Pas alors que ça éveillait des images dans la tête. Pas alors que ça réveillait des envies dans le corps. Pas alors que nous ne pouvions plus rien faire. Côme serrait les dents et je soupirais incapable de me décrocher. Incapable de m’en aller. Retirant ma veste, je filais dans la salle de bain pour m’équiper de la trousse de secours avant de revenir dans la chambre pour me rapprocher du lit où Côme se trouvait et où je ne pouvais le laisser à son sort. Je déposais la trousse sur la table de nuit avant de me déshabiller entièrement. L’idée n’était peut-être pas la meilleure. Me mettre nu en présence de Côme n’était pas le bon plan. Mais, je ne faisais ça que pour éviter les tâches. N’est-ce pas ? Ce n’était que pour ça hein ? C’était ce que je ne cessais de me répéter mentalement.

Déposant ma main sur l’épaule de Côme, je le poussais à suivre le mouvement imposé pour qu’il s’allonge de nouveau sur ce lit. Ce geste aurait pu avoir une connotation sexuelle. Avant. Pas aujourd’hui. Surtout pas avec une blessure en jeu. Avant, je n’aurai pas hésité à pousser ce jeu beaucoup plus loin. Néanmoins, ce soir, ce n’était que pour pouvoir agir. La douceur se mêlait à la fermeté tandis que je l’interrogeais sur ses blessures et ce qu’il pouvait avoir fait pour se blesser. Je voulais obtenir des réponses rapides. Je désirais agir au plus vite. Je désirais m’effacer plus rapidement possible. La lumière rouge ne cessait de clignoter à l’intérieur de mon esprit. Je savais que j’étais en danger aux côtés de l’ancien mafieux. Le danger était là foutrement inévitable. Encore plus alors que j’étais nu. Le stress pulsait dans mon corps poussant mon cœur à cogner de plus en plus fort. À mes mots, Côme sursautait et je ne bronchais pas. En revanche, l’ancien mafieux se mettait à sursauter en me voyant et je ne pouvais m’empêcher de sursauter jetant un coup d’œil derrière moi. Gamin qui avait peur d’être surpris. Gosse qui pensait que quelqu’un d’autre se trouvait là. Cependant, la question de Côme faisait entendre la réalité et je me retournais de nouveau pour poser mes iris sombres sur lui. S’il n’avait pas été blessé, nuls doutes que je lui aurais donné un petit coup sur l’épaule pour m’avoir foutu la frousse comme ça. Putain, il ne manquerait plus que Lukas débarque ici et nous trouve comme ça. Je n’avais pas envie de ces histoires. Soupirant, je lançais sans savoir me retenir « Et toi tu m’expliques pourquoi tu sursautes en me voyant à poil ? Je suis devenu répugnant ?! » Les mots m’échappaient sans que je ne sache les contrôler. Ils passaient la barrière des mes lèvres sans que je ne parvienne à les freiner. ELLE cognait dans la tête pour crier que oui il me trouvait sans doute répugnant à présent. Après tout, des semaines qu’il ne m’approchait plus et qu’il ne me parlait même plus. C’était fort possible. Déglutissant difficilement, je détournais les yeux pour ouvrir la trousse de secours. Et, tout en me concentrant sur l’inventaire de la trousse, je répondais à sa question tout de même « J’suis nu parce que j’veux pas salir mes fringues avec ton sang. Pas la peine d’inquiéter mon mari ou de subir un interrogatoire. » J’insistais sur le mon mari alors que je savais à quel point Côme détestait m’entendre souffler ça. J’insistais sur cette dénomination parce qu’il m’avait fait peur et qu’il avait su réveiller la voix dans ma tête alors que je n’avais pas besoin de ça putain. Le soupir passait entre les lèvres de l’ancien mafieux qui m’offrait enfin une réponse. Sa plaie au bas ventre s’était ouverte de nouveau après un coup de couteau. Levant les yeux au ciel, je marmonnais froidement « Faut vraiment arrêter tes conneries Baldini ! » La distance était dans les mots. La froideur était dans la voix. Mes iris sombres se posaient sur la blessure dévoilée alors que je fouillais dans la trousse de secours pour prendre le nécessaire. Le rire nerveux passait la barrière de mes lèvres en entendant les derniers mots du jeune homme. Me tournant vers lui avec le nécessaire de soin, je rétorquais alors « Tu vas pouvoir te contrôler des heures entières si c’est nécessaire. Cela ne le sera pas je te rassure. Juste quelques minutes. Une demi-heure maximum. »  Ouais, cela devrait être suffisant pour m’occuper de la blessure. Déposant le nécessaire sur le lit à côté de Côme, j’inhibais un linge de désinfectant. Mes iris trouvaient celles de Côme un bref instant comme pour le prévenir que ça allait piquer, comme pour être certain que je pouvais commencer. Gosse préoccupé malgré la froideur. Gamin incapable de rester de marbre même quand il voulait se planquer derrière ses murs. Baissant de nouveau les yeux sur la blessure, je m’approchais à peine de Côme. Déposant un genou sur le lit, je me penchais légèrement pour atteindre la plaie et j’y appliquais le désinfectant tout en soufflant de nouveaux mots pour capter l’attention de Côme sur moi « Tu n’es pas en état de faire quoi que ce soit. C’est pour ça que tu vas pouvoir te contrôler. Tu es blessé. Et, même si tu en avais envie, ce dont je doute d’ailleurs, tu ne serais guère capable de me baiser alors que tu es dans cet état. » Oh non, il n’y avait aucun risque. La plaie n’était pas très profonde. Néanmoins, sa situation et son état ne permettaient pas à Côme d’être libre de ses mouvements. Il ne pourrait jamais me baiser avec cette blessure. Je ne risquais rien. Rien ne se passerait dans cette chambre même si j’étais nu. Quelque part, j’étais rassuré de cette réalité. Quelque part, j’en étais dégoûté. Je terminais de désinfecter la plaie avant de relever les yeux sur Côme comme pour lui demander la suite des événements. Est-ce qu’il voulait que je m’occupe de lui faire des points pour refermer la blessure ? Ou est-ce qu’il préférait s’en charger tout seul ?