Le 4 mars…

« Bonsoir, un colis pour Angèle Roy. » « Bonsoir, oui c’est moi. » Je fronce les sourcils et prends le paquet qu’on me tend. Pas de reçu à signer , pas de mot sur la boite, rien… Déposant celui-ci sur mon lit, je prends le temps de l’ouvrir avec précaution, bien que je ne pourrais pas le renvoyer. Une note… Evidemment , la date était si proche, j’aurais dû me douter que cela venait de lui.. Bill. Je soupire en pensant que demain mon bijou ne serait plus mien. Il en serait le nouveau propriétaire.
Mes yeux s’ouvrent grand de surprise quand je tente de chasser ses pensées en me préoccupant du contenu de la boite. Je passe ma main sur le tissu écarlate d’une magnifique robe. La levant pour admirer la beauté de cette merveille que je n’aurais jamais osé acheter, même regarder en boutique à vrai dire… Je ne savais même pas si j’aurais osé passer le pas d’une enseigne qui vendait ce genre de vêtements, je remarque qu'elle est pile à ma taille… Et mon regard se fronce quand je découvre le reste du paquet. Des dessous… Deux ensembles similaires, mais de deux tailles qui diffèrent. Je soupire en comprenant. Il voulait le contrôle de la situation… Très bien, je ne pouvais le laisser me penser trop "fragile" pour porter ce genre de tenue.


Le 5 mars...

Peu avant l’heure je me garais alors sur le parking juste à côté de ce bar écris sur la note. Je n’avais aucune idée du public qu’accueillait cet endroit, mais au vu de la merveille que je portais… Classe je supposais. Le trajet avec ma Firebird n’avait pas été si simple. Dernier moment en sa compagnie. Mon regard rempli de larmes que j’avais de plus en plus de mal à retenir, mais ce léger makeup ne pouvait pas finir en carnage, pas maintenant. Je devrais attendre d'être seule, chez moi pour laisser mes émotions prendre le dessus.
Un sac dans le coffre avec l’argent. Il pourrait avoir ses deux milles euros. Ou presque, j’allais devoir lui annoncer qu’il en manquait. J’étais une femme de parole, il les aurait ce mois-ci, mais la mort de mon père avait été un peu compliquée à gérer et les clients ne s’étaient pas bousculés. Bill n’étant plus là… J’étais pas là plus digne de confiance selon bon nombre d’entre eux, alors je devrais le payer en plusieurs fois... S'il acceptait.

Nerveuse, sur mes talons, empruntés à Lila, vêtue des dessous à ma taille (les autres dans le coffre avec l’argent), et de cette robe sublime, que j’avais presque honte de porter...Pas qu'elle ne m'allait pas, non, loin de là, je me sentais belle, j’adorais cette robe, elle épousait merveilleusement bien mes formes, me mettait extrêmement bien en valeur d'ailleurs, mais elle valait bien trop, elle n'était pas faîtes pour une femme comme moi… J’entrais dans le bar, animé par un pianiste. Je me mis à chercher Bill du regard, il devait être ici non ? À moins qu’il soit pas encore arrivé… Là, il m'attendait à une table, seul. Un peu de courage, ça va aller.

Fendant la foule, tentant de paraitre forte et confiance sur ses talons trop haut pour moi, trop peu habituée, j’arrivais près de cette table un peu à l’écart.« Bonsoir Bill…Merci.  » Je me posais alors à table avec lui. « J’espère ne pas vous avoir trop fait attendre. » Je posais les clefs de ma Firebird devant moi. Ma main sur le porte-clef, je n’arrivais pas à lâcher celui ci des yeux, à glisser les clefs vers Bill, pas encore, je ne voulais pas me dire que c'était déjà le moment. « Dites moi, pourquoi cette robe ? »


@William Bennett    

Mon corps se mouvant, je me déplace dans ce bar, piano bar au vu des notes de musique qui arrivent à mes oreilles. Je trouve Bill et le rejoins rapidement, sentant les regards sur moi, cette robe trop rouge, ces talons trop hauts, je n'étais pas des plus à l'aise mais je tente de ne pas me prendre les pieds entre eux ou je ne sais quoi…
Installée devant lui, la table séparant nos corps, je ne perds pas ma confiance, elle se tasse, j'ai peur qu’elle ne se fasse la malle, mais pour le moment elle est là, je me tiens le dos droit, mon regard se veut puissant, sans peur, alors que j’ai dû retenir mes larmes, et que là encore avec le porte clef de ma firebird entre les doigts. Je suis déchirée de devoir lui donner. Mon regard toujours sur les clefs, je n’ai pas été trop longue visiblement.

Sa voix m’électrise, je ne sais plus si je suis en colère ou simplement envouté par ce timbre de voix si sur. Direct. Franc. Alors que mes yeux reste rivée sur la dernière partie de mon trésor, celle que je vais lui remettre, mon tout… J’ose demander pourquoi cette robe, et ses dessous par la même occasion même si je tais ce détail. Alors que ses mots arrivent à moi, je redresse mes iris azurs pour les plonger dans les siennes, mes joues se teintent instantanément de rouge. « Neuf..? Vous exagérez certainement beaucoup... » Robe ou non, il y avait très certainement ici des femmes bien plus désirables qu’une gamine en talon haut, se voulant audacieuse pour ne pas faire remarquer ses jambes qui tremblent et ses larmes qui pointent le bout de leur nez…

« Elle doit être hors de prix. Je l’ai mise pour vous montrer que votre investissement n’était pas vain, mais je vous la ferais parvenir après l’avoir porter au pressing, je ne la remettrais pas après cette soirée. » Il était hors de question que je la garde, cadeau ou non, elle n’était qu’un leurre… Et moi je ne pouvais la conserver. Je n’aurais pas pu la remettre sans penser qu’elle était aussi un appât une manière de me tenir entre ses griffes, d’être prisonnière de lui… Et pourtant je la porte, parce que je veux aussi lui prouver que je ne me dégonflerais pas. Que je n’étais plus une gamine. « Vous vouliez me voir dedans, autant vous montrer ce qu’elle vaut , c’est chose faite… » Je sens ma voix trembler, je contrôle encore, et je prie pour qu’il n’ait rien entendu.


« Choisissez donc pour nous. Une chanson qui pourrait donner le ton pour cette soirée. » Je veux voir ce qu’il a en tête, je veux savoir pourquoi ce soir? Pourquoi ici? Pourquoi tout ça? Et pas un simple échange de clef. Qu’est ce qu’il se cache au fond de ces billes dorées? Qu’est ce qui se trame en toi, Bill ?  

@William Bennett (<3 Aucun soucis ;) )

« Peu importe que je fus de leur monde ou non, je n’appartiens à personne… Même dans leur rêve. Je ne veux être à personne. » Jamais. C’était prendre trop de risque et puis… J’étais encore quasiment vierge alors si c’était appartenir dans ce sens-là. On était bien loin du compte, même pour une personne de confiance. « Et puis comment pouvez vous dire tout ça de moi sans même me connaître ? » Tournant et retournant le porte-clefs entre mes doigts, hésitant encore à lui donner, hésitant à lui remettre le seul lien que j’avais encore avec mon père, hormis le garage. Mais c’était trop tard, le prix avait été fixé et cette voiture, ma voiture, mon bijou, allait me permettre de réduire considérablement la dette.

Un petit sourire amusé sur les lippes, je me demande s’il se doute un seul instant que ce ne soit peut-être pas innocent si j’ai enfilé cette tenue. Montrer que je n’étais pas du genre à partir à la première difficulté, montrer cette confiance pour le remboursement... Surtout, alors qu’il manquait une petite partie de la somme, comme ce soir. Mais il aurait son dû. Rapidement. « Mon quotidien me convient, et .. Je ne suis pas super à l’aise avec ce genre de chaussures. » C’étaient plus les talons hauts qui étaient ennuyeux à porter que cette merveille carmin.

Un petit rire m’échappe entendant ses mots, si je ne comptais pas la mettre, lui pourrait la revendre quand elle serait de nouveau en sa possession, mais son argumentaire était plutôt convainquant. « Je ne compte pas la garder.. Vraiment, je … Ne veux rien de vous. » Si nous étions dans une relation particulière la sincérité était vraiment une chose qu’on pouvait tous les deux se vanter d’avoir. Et ce soir, je l’étais. « Alors elle ira dans une association, ou ailleurs. » Mais je ne la vendrais pas, je ne veux pas de son argent, pas plus que je ne lui dois déjà, je ne veux pas que cet homme ait encore un peu plus, beaucoup plus d’emprise sur moi.

Choix qui lui revient, il écrit sur un petit bout de papier. Gorge qui se sert quand il parle de la firebird. Je n’ai rien laissé dedans, il est d’origine, la radio était ma seule compagnie, sinon mon téléphone et une enceinte. Mais là… Je ne veux même pas répondre à ses mots, serrant un peu plus le porte-clefs dans ma paume. Je ne pouvais pas lui laisser… Je lève les yeux au ciel quand il se lève, commander,… Je voulais rapidement partir, je ne voulais pas profiter de cette soirée, enfin. Pas avec lui. Mais je ne sais pourquoi, je commande alors deux bières et suis du regard l’homme, grand, musclé, et élégant qui se dirige vers le piano.
« Je.. Je sais… » Lui laisser ma belle. Ces mots me faisaient si mal que je serais prête à laisser ici les clefs et partir en courant, mais la serveuse apporta les bières. « Je suis plus brune que blonde. »

Les pianistes interviennent et cette fois, je fronce légèrement les sourcils mon regard se reportant sur Bill… Un long frisson me parcourt à ses mots, je connaissais la chanson… Mais les paroles n’étaient pas plus positives pour l’âme à sauver plutôt que le diable ? De lui à moi qui étions nous réellement dans cet air que les pianistes jouaient ce soir ? Lui le diable ? Moi l’âme à voler ? Ou bien, nous étions en train de nous tromper sur la finalité des choses. « Il manque un peu d’argent. » J’ose alors dire. Si je dois affronter le malin autant le faire droit dans les yeux. « J’ai dû faire crédit à une cliente, mais elle revient dans le mois pour me payer. » Explications inutiles, il donnerait la note pour les conséquences de ce manque.

@William Bennett

La bière devant moi, je n’arrive cependant pas à en boire une seule gorgée, j’ai du mal à la porter à mes lèvres, c’est trop, mon estomac ne la supportera pas alors que mon coeur lui rêverait de se noyer dans l’alcool pour oublier.
La mélodie résonne, je réfléchis à tout ce sens qu’il peut lui donner, mais je ne saisis pas réellement le sens. Mon aveux vient couper cette réflexion, il devait savoir, il s’en rendrait compte… Je sais que c’est un accord qu’on a passé, je sais qu’il manque une légère partie. Je comptais sur l’argent de cette voiture pour éviter de toucher à l’argent pour les courses, pour les factures… Mais visiblement j’aurais dû encore plus creuser mon trou à la banque.

Son sourire s’effaça et je compris alors qu’il était déçu… Je me demandais comment finirait cette soirée après cette révélation. Son silence était perturbant, mon coeur battait trop vite et son regard me gênait, je détournais le regard comme une petite fille prise sur le fait de la bêtise pour regarder mes mains. « Je suis une personne de confiance, l’argent va arriver, je vous le jure, je viendrais vous l’apporter, cette femme va me payé et … » Je tentais de me défendre, à voix mi basse, en paniquant, mes mots dis bien trop vite, le regard sur ses actions, papier déchiré… «Je.. » Mais je fixais ses mains, je ne trouvais pas les mots.. Il avait raison, j’avais un contrat à respecter et ... Qu’allait-il faire? Me punir? Me voler une chose que je n’avais déjà pas comme l’argent?

« Il fallait que je tente de … soulager mon père…Je vous en remercierais jamais assez d’avoir accepter. » Murmurais-je toujours en observant ce qu’il faisait , une maison… On ne remerciait pas en n’honorant pas son contrat en temps normal. Lorsqu’il sortit le briquet, je fronçais légèrement les sourcils, je n’aimais pas le feu… C’était un élément qui me rendait nerveuse, bien moins que l’eau. Il allait sortir une cigarette ou tout autre bâton de mort lente… Silencieuse je fixais la réalisation de Bill.

Avalant ma salive avec difficulté, j’eu le souffle coupé quand il mis le feu à cette maison, mes yeux s’écarquillèrent. Ça brûlait sur la table, la petite maison en cendre quand le verre claqua sur la table, sursautant au bruit brut qu’il forma. Je n’arrivais pas à bouger mon regard de cette scène. Ses mots sont clairs, et la peur me prend, je sais qu’il ne plaisante pas, ce n’est que quelques centaines de dollars, très peu, mais je ne pouvais pas prendre sa menace à la légère. « Vous.. je peux faire quelques choses… Dites moi je … je ne veux pas … » J’étais encore sous le choc. Mes clefs.. Je relevais les yeux dans les siens, les larmes étaient au bord. Pas encore, pas si vite, serrant dans mon poing les clefs de la Firebird. « Je… Dites moi comment payer cette dette ce soir, s’il vous plait, je.. je …On peut trouver une solution. » Solution ou non, la firebird serait à lui ce soir, mais... Je n'étais pas prête.


@William Bennett

Un petit manque de billets, quelques papiers de couleurs imprimés, ce n’était pas grand chose et pourtant la valeur de ce simple rectangle était tout autre entre nous. Je lui devais. C’était le deal. De l’argent tout les mois, remboursant ma dette avec intérêts… Et ma voiture. Mon bébé… Je serrais le porte clefs que mon père avait croché il y a des années à ce trousseau. Je m’en fis mal à la main voulant l’imprimer à l’intérieur de ma paume. Je ne pouvais pas… Pas encore.

Mais mon regard rempli de larmes qui ne tombaient pas, qui ne s’échapperaient pas, ne voulant pas montrer sa victoire à cet homme sans pitié… Je fixais sa main sans arriver à mettre la clef de mon bijou entre celle-ci. D’accord..  Je le regardais surprise, mes iris remontant jusqu’aux siennes. Évidemment ce n’était pas pour la firebird, pas pour ses pensées muettes qui hurlaient dans ma tête, celles de ne pas lui donner, qui le suppliaient de me laisser ma voiture…

Il recule la chaise et ce son résonne contre mon échine frissonnante. Approche… Je suis ses mouvements.. Mes yeux incapables de le lâcher du regard. Buttercup chérie… Quelques syllabes qui se glissent en moi, sinueuses se créant un chemin qui me fais frissonner d'effroi, ce surnom n'avait plus rien de rassurant. S'il l'avait seulement été un jour.
Je garde dans ma paume les clefs. Me levant timidement. M’asseoir sur ses genoux… Les jambes légèrement tremblantes caché par ma robe, je contourne la table et viens me poser à cet endroit que ses mains m’ont indiqués. Sans y être à l’aise, assise comme en équilibre pour ne pas m’appuyer sur lui. « Je.. Que voulez vous de moi..? » Fixé vers le piano bar, mon regard fuyant mais je sais qu’il m’entend.

@William Bennett