Cela fait partie, elle en est certaine, de ces moments un peu trop hors du temps. Hors de sa portée, aussi, normalement. Et même s’ils sont ici depuis quelques heures déjà, qu’elle s’est essayée à prendre ses aises dans cette chambre d’hôtel. Chambre n’étant, évidemment, destinée qu’à elle. Persuadée qu’elle n’y est pas à sa place, une indéniable ritournelle. Sur son téléphone elle a cherché les conversations attitrées aux personnes qui comptent, leur a signifié qu’elle était bien arrivée, et s’est attardée un peu plus sur ceux lui étant attribués. L’attachement à l’égard de Sheng qui ne veut décliner. Elle n’est pas persuadée qu’elle saura déployer ses ailes en se pensant esseulée. William ne s’étant pas annoncé comme un véritable allié.

Puis elle a enfilé une robe, noire à pois, un brin trop simple, mais être autrement, Haiwee ne le sait pas, elle a noué ses boucles brunes en un chignon tout aussi humble que sa tenue, et souligné sa bouche de la couleur rouge… Elle a observé son reflet dans le miroir, elle s’est cherché une contenance, une candeur, elle s’est trouvée pas assez, et elle a eu la volonté d’oublier sa peur, parce qu’elle les aime ses valeurs… Durant le trajet, elle a gardé ses lèvres scellées, le regard posé avec envie sur les lumières de cette ville qu’elle ne connaît. Haiwee, elle est éternellement impressionnée, elle ne veut jamais stopper cette découverte du monde qui lui ouvre à présent les bras. Maintenant qu’elle a osé dire à ses parents qu’elle n’y retournerait pas. Oui, elles s’émerveillent, ses prunelles, elles découvrent jusqu’à ce que le taxi s’arrête, et qu’elle s’essaie à faire taire les idées pêle-mêles qui s’entrechoquent dans sa tête.

C’est William qui descend le premier, elle en profite encore pour observer l’extérieur, elle le jure, elle grave chacune des images en son cœur. Alors il fait le tour de la voiture, et vient lui ouvrir, en un battement de cil, elle gomme son envie de fuir. « Nous y sommes. It’s showtime now. T’es prête ? » Elle a une boule dans le ventre, sur ses épaules, un poids, et déglutissant à la recherche de sa respiration, lorsqu’elle pose son pied habillé d’un escarpin offert par Elinor sur l’asphalte, elle prononce en un souffle, « Non, » elle en est malgré tout amusée, une colombe qui apprend à voler, « mais il me semble que je ne peux plus reculer. » Ce serait stupide que de le faire. Une occasion telle que celle-là, Haiwee, elle sait que ça ne se présente pas deux fois.

L’amérindienne pose sa main dans celle qu’il lui tend, et elle s’extirpe du véhicule, en s’éprouvant comme une vacillante funambule. Elle s’arme d’un sourire lorsqu’elle croise son regard, et tous les deux, côte à côte, ils font finalement face à l’entrée… « C’est grand. » elle se permet de commenter, le ton teinté de naïveté. « Tu es déjà venu avant ? » Est-ce que lui, il est plus à l’aise qu’elle dans ce genre de rassemblement ? Elle a envie d’y croire, espère qu’il est plus vaillant.    

Les yeux perdus à contempler l’espace, à noter les détails dans son esprit, comme à chaque fois. Comme avant, lorsqu’elle devait retourner chez elle. Désireuse de se souvenir du moindre relief. Car elle a cette chance, cette malédiction, de vivre ses premières fois. D’être encline à l’éblouissement, à chaque instant. D’être impressionnable aussi, par tout ce qui se cache dans cette vie. « Ne t’inquiète donc pas, Haiwee. » Mais elle n’est pas habituée, ce moment, ce n’est pas un rien au contraire, c’est un tout et elle apprend tout juste à marcher. Elle craint de trébucher. « C’est un gala. Une fête. Rien de plus. » Il amoindrit, et elle reste silencieuse afin de le remercier, sans lui préciser qu’elles sont peu nombreuses les célébrations auxquelles elle est allée. « Tu n’as qu’à être toi-même et à essayer de t’amuser. Tout le monde n’est ici que pour profiter d’un repas payé par le gouvernement. » Puis aux fêtes, habituellement, il n’y a pas ledit gouvernement.

Alors elle s’y accroche, à ce bras tendu, comme à une bouée de sauvetage, elle contre par avance le futur naufrage. Elle n’ose pas imaginer ce qu’elle va bien pouvoir leur énoncer, ses croyances qu’il lui faudra décrire. « C’est effectivement massif. » C’est peu dire, « Non, je n’y suis jamais venu avant. » Elle en craque un sourire, amusée, un baptême à deux partagé, « Je n’ai pas exactement les jalons nécessaires pour être invité d’office à ce genre d’événements. Ça viendra, peut-être. Ou pas » Elle aimerait rétorquer, mais elle ne s’y connaît pas assez. Elle apprendra, mentalement, elle le promet. Parce qu’il a bien voulu, dans son monde, la faire entrer.

Et dans leur marche, l’agent les arrête, elle en détourne à son égard sa tête, quand il avise avec bienveillance, la briefe sur leur future danse, « Mais rappelle-toi bien de deux choses. Tout d’abord, tu es la seule ici présente qui a été sélectionnée au mérite. » Un mérite que lui seul le lui a accordé, parce qu’elle a survécu à cette balle perdue. « Tous les autres, ils y sont parce qu’ils ne se sont jamais posé la question de s’ils y avaient leur place ou non. » Elle opine, la Haiwee gamine. « L’univers ne demande jamais non plus – il ouvre la porte à qui veut la franchir, tout simplement. » Comme une destinée dépeinte. Légitime malgré ses craintes. « Deuxième chose – peu importe ce qui t’intimide présentement, ce n’est absolument rien comparé à tous ces regards qui vont se poser sur nous et qui vont se demander qui est la jeune et jolie conquête de Bennett. » Alors qu’elle buvait ses paroles, elle ne peut retenir un rire à l’entente de la finalité. Elle en hausse avec naïveté les épaules, pour répondre à son clin d’œil, égayée ; « Je peux survivre aux rumeurs, » après tout, sur elle, des tas ont été prononcé, faute de sa différence, de sa nativité, « et puis ce qui compte, c’est que moi je sais où se trouve mon cœur. » A Boston, certainement à râler, intimement amourachée, elle espère qu’il n’est pas avec une autre, afin de se venger de cette absence qu’elle trouvait justifiée, importante à ses yeux, à ses côtés valeureux… « Alors même pas peur. » Elle inspire lentement, prompte à faire son entrée dans l’univers des grands. « À vous l’honneur, mademoiselle Wind River, de m’ouvrir la porte de votre charmant manoir. Quand vous serez prête. » Elle pince ses lèvres maquillées, elle essaie de ne pas les mordre, pour ne pas les ruiner, parce qu’à cette peinture désignée, elle n’est pas non plus habituée. Naturelle amérindienne. A la recherche de candeur qui ne semble plus couler dans ses veines.

Elle mime le fait de replacer les volants de sa robe, et se cramponne à nouveau à son bras. « Chez moi… » songeuse en observent la devanture une énième fois, pensant au chalet, à ce semblant de ranch dans lequel elle a été élevée, au tipi qui trône en hommage à leurs ancêtres dans leur jardin… Radicalement opposée à cette société, la blague aussi chaleureuse soit elle, elle possède le don de la faire douter. Elle n’est pas où d’être, elle se devrait. Elle hésite encore, dans son corps, ça la dévore… Et puis, elle chavire, parce qu’elle ne craint pas le pire, elle se trouve assez de confiance, elle n’a pas fait tout ce chemin pour rien. Haiwee, elle désire avoir la force de changer les destins. « Alors en scène. » Et cette porte, délicate, elle la pousse enfin, du plat de la main.      

La colombe, elle est si obnubilée par ce qu’elle éprouve à l’égard de l’étudiant Adams, qu’elle ne le voit pas, le mal à se trouver aux côtés de William ce soir. Elle se moque du qu’en-dira-t-on, elle sait où commencent et meurent ses émotions. Mais une énième fois, elle est victime, de ses propres lacunes, de ces idées que les autres peuvent se faire, en jugements, l’univers d’aujourd’hui est si expert… Seulement, elle se veut valeureuse si bien qu’elle s’arme d’un soupir, encline à la naïveté, elle écoute les pulsations de son cœur, ils battent la mesure, d’une tendre mélodie qui accompagne cette nouvelle aventure. Haiwee, elle se refuse à ce que cette nuit se transforme en torture.

Et parce qu’elle pousse la large porte, ils s’infiltrent à l’intérieur de la bâtisse, elle s’essaie à ne pas être trop expressive, mais la lueur qui scintille dans ses orphelines noisettes parle déjà assez pour elle. Haiwee, elle est submergée par cette nouvelle entrée dans le monde, par son avancée dans un univers qu’elle ne connait, qui était encore hier, indubitablement éloigné. Elle guide et se laisse porter à la fois, elle ne remarque que peu les personnes présentes, s’intéresse à la décoration, jusqu’à ce qu’il présente les invitations, qu’on leur conte la suite de la soirée, elle écoute, assidue, tente de tout retenir pour ne pas trébucher au moment où ils se trouveront dans le cœur des festivités. Elle le promet, elle désire marquer. Poser son empreinte sur cette soirée.

Puis les voilà à hauteur de la salle de réception. Ça tambourine, et elle ne saurait même plus dire sur quels détails son regard décline… Quand la voix de William la ramène à la réalité. « Hey Boss, » elle observe alors l’homme interpelé. Elle ébauche un sourire, simple, contrit, se répétant qu’elle est à sa place, ici. « Ah, Bennett! L’homme de l’heure. » Elle sourcille, elle a déjà perdu le fil. « Tu connais le sénateur Cornyn ? » Ses pupilles, elles jonglent entre les deux. Voir trois. « J’étais justement en train de lui raconter comment nous étions parvenus à coincer Bernarhdt grâce aux Panama Papers. » Elle cherche rapidement dans sa mémoire, pour reconnaitre les appellations dont ils parlent. Puisque depuis qu’elle a franchi les murs de l’université, elle a du se gaver d’histoires, afin de tout rattraper.

Cependant, dans la fouille de son esprit, elle note, la manière dont William sourit, une expression qu’elle n’avait jamais encore vu sur lui, jusqu’ici. « Enchanté de faire votre connaissance, Agent Bennett. C’est toujours un plaisir de rencontrer ces jeunes hommes qui protègent notre pays de la corruption. » Une fois ne sera pas coutume, car il craque un rictus encore, et Haiwee comprend, sensorielle, que la discussion ne va pas de soi. « Sénateur Cornyn, tout le plaisir est pour moi. » Alors il fait donc partie de ceux-là, de ceux qui jouent avec les apparences, n’est-ce pas ? « Laissez-moi vous présenter Haiwee. » De sa réflexion, la brune en est immédiatement tirée, elle stoppe sa contemplation de son compagnon, pour la reporter sur les deux inconnus, son attention. « Elle étudie la politique à Harvard, et elle a eu la grande générosité de m’accompagner ce soir. » C’est l’inverse qui est vrai, mais elle arbore, elle, un véritable sourire, sincère, touchée. « Oh, une future collègue ! C’est un réel plaisir de vous rencontrer. Dites-moi, Haiwee, qu’est-ce qui vous a attiré dans la politique ? » Elle reste perturbée par la facilité avec laquelle ses doigts se sont liés aux siens, méfiante, là aussi, d’instinct.

Mais parce qu’il semble enjoué, gavé d’un entrain envers elle, elle se déleste de son appréhension, autant que du regard de celui qui a eu le droit à Boss comme dénomination, pour ne garder que la force de ses convictions. Ce qui l’a poussé dans la politique ? C’est son enfance, dans son entièreté. C’est son désir de sauver les opprimés. C’est sa volonté de se battre pour les libertés. « Je viens d’une… » Haiwee, t’as pas le droit de buter, pas sur le départ quand elle est encore si loin l’arrivée, « petite ville, vous savez, le genre d’endroits que l’on met trop souvent de côté. » Elle reste fière à ne pas en douter, bien que sa Wind River, elle ne l’ait pas citée… Loin d’être honteuse de ce qu’elle est, mais elle a eu le loisir de voir à quel point, ils sont vites catalogués les amérindiens. Et si elle veut tenir le pouvoir dans le frêle de ses mains. Haiwee sait qu’elle doit taire l’identité de son destin. Jusqu’à les avoir charmés, de cette douceur qu’on lui connaît. « J’aimerais éradiquer les césures. Que tous les peuples soient égaux. » Une étudiante, remplie à ras bord d’idéaux. Elle se met à rire, passablement gênée, glissant ses doigts pour replacer une mèche factice, « C’est utopique, je sais. » Et pour parfaire, elle se laisse porter. « Alors je vous répondrais que le plaisir de la rencontre est partagé et que la politique, l’envie de gouverner, je l’ai dans le sang depuis que je suis née. » Et pour elle, c’est assez. Ambitieuse comme elle ne l'a jamais été. Haiwee, elle ne s’aperçoit pas, de combien, là, juste là elle peut briller.      

Elle a l’impression que la seconde de silence suivant ses mots dure une éternité. Assurée que les battements de son cœur se sont arrêtés. Dans l’attente de la réaction des hommes qui l’entourent, elle s’interroge presque sur la forme de ses paroles, leurs contours. Est-ce qu’elle saura devenir celle qu’elle a espoir d’être un jour ? « Et bien, voilà qui est rafraîchissant ! » Un soupir soulagé, et elle jauge la sincérité de cette expression enjouée. « C’est exactement le genre de passion qu’il nous faut chez la nouvelle génération, à cette époque où les gens se désintéressent de la politique. » Elle craque un sourire, se retient de baisser son regard, inconsciente de sa candeur, de sa beauté, « Ravi d’avoir fait votre connaissance, Haiwee. » Approuve d’un hochement de tête, l’air satisfait. « Et maintenant, je vous prie de m’excuser – je dois aller payer mes respects au Sénateur Collins. » Elle trouve amusante, sa manière de surjouer, lorsqu’il fait glisser sa main à la commissure de ses lèvres, mimant de confier une vérité. « En plus, il me doit un verre parce qu’il a parié sur les Bengals. » Le maniement des apparences reste d’après elle un étrange secret. « Amusez-vous bien, jeune gens. Oh, et félicitations encore pour votre travail, agent Bennett. » Elle se note mentalement, de le questionner sur les félicitations qu’on vient de lui renouveler, tandis que l’homme au statut de « boss » s’éclipse à la suite du premier.

Alors ce n’est qu’après son départ qu’elle éprouve la sensation de récupérer le rythme de sa respiration. Elle revient à la réalité tandis qu’elle l’écoute articuler. « ‘Éradiquer les césures’ – comme c’était bien dit, Haiwee. » C’était irréfléchie, incalculé, certainement, à ses yeux, pas assez. « T’as vraiment ça dans le sang ! » Il lève sa coupe, et elle en ébauche un sourire indécis, entremêlant les mots dans son esprit. « Nous n’en avons jamais vraiment parlé, mais est-ce que tu vises une carrière politique ? » Elle visait le fait d’y croire, oui, de se passionner, tout en sachant qu’elle était destinée à rentrer. Maintenant… Tout semble différent. « À te présenter à des élections et tout ça ? » Les perspectives sont redistribuées, et des cartes, elle en a des tonnes en main, il paraît.

Suivant les directives qu’on leur signale au micro, ils se déplacent vers les tables désignées, sur ce chemin, elle s’essaie à développer. « Pour être honnête, je n’ai jamais cru que ça pouvait être une réalité. » Les rêves souvent on pense qu’ils ne servent que lorsqu’on a les yeux fermés. Elle tortille ses doigts, se perd un peu dans les idéaux qui se couplent à ce chez elle où elle n’a plus vraiment de toit. « Avec mes parents, on avait un accord. » Finalement, ils arrivent à bon port. Au niveau des sièges qui leurs sont réservés, elle remarque ce petit carton, avec calligraphié dessus, son nom. « Je devais rentrer, après. » Après Harvard, après les études, après la vie, la vraie. « Retourner vivre avec ma communauté. »  Elle prend place, s’assoie, invitée par sa main, « Enfin, c’est délicat. » Lorsqu’on ne connaît pas les lois qui règnent là-bas. « A présent… » qu’elle est répudiée, elle avoue qu’elle avance à tâtons, la boule au ventre, sans contrôle aucun sur les aléas de son destin. Chanceuse de pouvoir l’écrire de sa propre main. Même si cela signifie sans le soutien des siens. « Pourquoi pas. » Ils sont si nombreux les choix.       

Il est vissé sur son visage, son sourire, tandis qu’il poursuit la conversation, ne se rendant même pas compte d’à quel point, il peut avoir raison. « On dirait que quelqu’un a beaucoup réfléchi sur sa vie dernièrement. » C’est peu de le dire, parce qu’elle a essuyé un parfait ouragan. De sa situation, un énorme retournement. Et elle se doit de trouver qui elle est vraiment, à présent, sans la pression de ses parents. « C’est un moment aussi merveilleux que terrifiant, » il a toujours les mots juste, lorsqu’il vient à lui parler, de ceux qui font écho à l’intérieur d’Haiwee, de la colombe qui réapprend à voler, « quand on se retrouve à l’intersection entre son passé et de multiples possibilités d’avenir. » L’évidence encore une fois, elle n’aurait su l’énoncer mieux que toi. « Le problème, c’est que je crains d’échouer, de ne pas savoir correctement choisir. » De ne pas devenir la meilleure version d’elle-même. D’être celle qu’elle désire et non celle qu’on attend. « T’inquiète pas, tu t’en sortiras. » Elle n’en est pas autant certaine, mais de toutes les manières, il est clair qu’elle n’aura, pour le coup, aucun autre choix. Si lesdites possibilités sont multiples, abandonner n’est pas à envisager. « C’est juste la version mentale de la puberté. » Elle en craque un rire, circonspect, « On passe tous à travers, avec plus ou moins d’acné. » elle l’apprécie, sa légèreté, son envie – elle croit – de dédramatiser tout ça, « Mais dis-moi, qu’est-ce que tu as pensé du sénateur ? » Elle se laisse surprendre par la question, puisqu’elle ne s’attendait pas à ce que sa tirade s’achève sur ce point-là.

Pour toute réaction, elle inspire longuement, se permet de garder le silence, le temps d’une respiration. Elle réfléchit au fait de se montrer totalement honnête, si elle en a le droit alors qu’ils sont entourés de personnes qu’elle ne connaît pas. Seulement Haiwee, elle a du mal à jouer, à prendre des pincettes pour empêcher sincérité. Cependant, elle se fait pudique, afin de lui souffler, le visage baissé, vers lui, tourné, à l’abris des oreilles qui pourraient traîner, un simple, « Faux. » pour toute description de l’homme qu’elle vient de rencontrer. Jouer des apparences est une chose avec laquelle le monde de la politique sait jongler. Haiwee va devoir apprendre, elle ne peut feindre l’ignorance, ou bien d’être trop naïve afin de l’entendre. Et se reprendre afin de préciser, « enfin, surtout ton boss, à dire vrai. » Quelque chose l’a dérangé dans ce qu’elle a pu lire entre les lignes de son visage, des paroles balancées, de son envie de ne pas longtemps traîner à leurs côtés.
Et chemin se faisant, elle prend ses aises, petit à petit, elle écoute William les présenter, manier les mondanités avec une aisance dont elle essaie de s’inspirer. Profitant d’un silence lorsque le premier plat leur est proposé, elle contemple l’assiette, la petitesse du plat proposé, peu connaisseuse de la gastronomie, il est vrai que ça l’a fait tiquer. Elle glisse à son accompagnateur une question venue la titiller depuis tout à l’heure. « A combien de soirée de ce genre tu as déjà assisté ? » Car pour elle c’est la première, et elle ignore si elle pourrait s’y habituer, elle qui est née dans la simplicité.